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Un programme intermédiaire de coopération belgo-congolaise jusqu’en 2016

Countries
DR Congo
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Sources
Enabel
Publication date
Origin
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En avril 2014, le Congo et la Belgique ont signé un programme intermédiaire de coopération couvrant la période 2014-2015. Ci-dessous, Dirk Deprez, représentant de la CTB en RDC, en donne la quintessence dans une interview.

Dans le cadre de la coopération belgo-congolaise, on entend beaucoup parler de PIC. Pouvez-vous nous dire ce que cela signifie?

Dirk Deprez : PIC signifie Programme Indicatif de Coopération. Quand on parle de PIC 2010-2013, il s'agit du Programme Indicatif de Coopération pour la période 2010-2013 qui est en cours d'exécution. Mais dans le cas du programme récemment signé entre la Belgique et la RDC, il s'agit plutôt d'un Programme Intermédiaire de Coopération qui couvre la période allant de 2014 à 2015. Ce n'est donc pas un programme au sens plein du terme, car un PIC normal couvre une période de quatre ans. Or, la RDC est en train de travailler sur une nouvelle stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté, qui est annoncée au-delà de 2016 et sur laquelle doit s'appuyer la coopération. La décision a été prise de s'engager dans un Programme Intermédiaire de Coopération 2014-2015, entre le Programme Indicatif de Coopération 2010-2013 et un Programme de Coopération plus conséquent après 2016, qui s'alignera sur la nouvelle Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté, attendue pour 2016.

Quelles sont les grandes lignes de ce programme intermédiaire ?

Dirk Deprez : Les principes de base sont les mêmes que dans le PIC 2010-2013, c'est-à-dire qu'on veut toujours une attention particulière à la bonne gouvernance : la poursuite du processus de décentralisation, les réformes de l'Etat, les réformes dans les secteurs prioritaires d'intervention... Il s'agit du premier principe. Avec néanmoins cette nuance qu'un accent particulier est mis sur un plus large dialogue multi-acteurs : le dialogue ne doit pas se limiter entre la Belgique et les Ministères techniques du gouvernement congolais. Les deux parties souhaitent l'élargir aux différents partenaires techniques et financiers ainsi qu'aux différents acteurs de la société civile congolaise pour améliorer la bonne gouvernance dans les secteurs prioritaires.

Le deuxième principe est l'engagement mutuel. Cela veut dire que le PIC n'est pas seulement un engagement budgétaire de la Belgique, mais aussi un engagement de la partie congolaise à mettre en œuvre certaines réformes, à prendre en charge certains frais requis dans le programme, à s'approprier les différents programmes et en faciliter la mise en œuvre.

Quant aux secteurs d'intervention, ils restent les mêmes : l'Enseignement Technique et la Formation Professionnelle, l'Agriculture et le Développement Rural, avec un accent particulier sur le désenclavement, mais qui sont considérés maintenant - vu leur caractère complémentaire - comme un seul secteur. La Santé, qui fut considérée comme un secteur de sortie, revient comme troisième secteur à la demande des autorités congolaises.

Un programme de coopération déléguée est maintenu et orienté vers d'autres secteurs non-prioritaires, qui sont considérés pertinents, mais mieux appuyés dans un cadre multi-bailleurs. L'amélioration de la gouvernance implique des réformes en matière de décentralisation, des réformes de l'administration publique et de gestion des finances publiques. Ces réformes sont généralement tributaires d'autres Ministères que ceux responsables des secteurs de concentration de ce Programme Intermédiaire de Coopération.

Pour appuyer ce type de réformes, la Belgique souhaite s'inscrire dans une approche multi-bailleurs et s'appuyer sur l'expertise d'acteurs reconnus en la matière. Dans le cadre de ce volet de coopération déléguée, un appui aux élections est aussi possible. Finalement, la coopération déléguée visera aussi la promotion des Droits de l'homme avec un accent particulier sur les Droits de la femme et de l'enfant.

Outre cette coopération déléguée, une réserve budgétaire est également prévue dans le PIC. Elle pourrait couvrir des interventions en priorité dans les secteurs de concentration, mais également dans les secteurs non prioritaires et être exécutées par la CTB ou via la coopération déléguée.

Des exemples d'interventions financées par la réserve ?

Dirk Deprez : Le secteur eau à Mbuji Mayi et Kindu, où nous intervenons pour augmenter l'impact de nos actions puisqu'il s'agit des lieux d'ancrage de nos antennes provinciales. La construction d'habitations, d'écoles et d'hôpitaux dans les camps militaires au Maniema avec comme objectif de stabiliser les familles des militaires, de créer un environnement avec des écoles et des activités socioéconomiques pour améliorer les conditions de vie.

L'hôpital de Panzi à Bukavu et le docteur Mukwege ont attiré l'attention de la communauté internationale sur la situation pénible de la femme congolaise, notamment concernant les violences sexuelles et les fistules. Un projet sera financé pour un appui à des hôpitaux et centres de santé afin de capitaliser l'expérience du Centre hospitalier Panzi.

Le programme intermédiaire de coopération entend améliorer les conditions de vie du citoyen congolais. Quel message lui adressez-vous?

Dirk Deprez : Le Congo est un pays fantastique, avec un peuple chaleureux. Si toutes les forces de ce pays se mettent ensemble avec une volonté de croissance inclusive, ce pays ne peut que réussir. Il y a un potentiel humain, les richesses minières, mais aussi un potentiel agricole énorme. Avec la volonté politique et la bonne gouvernance, la RDC a le potentiel pour devenir un moteur pour l'Afrique.

C'est aux Congolais de s'organiser dans ce sens ; nous ne pourrons qu'appuyer ce processus.