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Barbara Hendricks se félicite des efforts de la Côte d'Ivoire pour éliminer l'apatridie

Countries
Côte d'Ivoire
Sources
UNHCR
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ABIDJAN, Côte d'Ivoire, 22 juillet (HCR) – L'Ambassadrice Honoraire de bonne volonté à vie auprès du HCR Barbara Hendricks a récemment rencontré des apatrides en Côte d'Ivoire, où elle a pu constater les efforts des autorités pour résoudre un problème affectant des centaines de milliers de personnes à travers tout le pays.

Le mois dernier, Barbara Hendricks s'est rendue dans ce pays de l'ouest de l'Afrique, qui comprend l'une des plus importantes populations apatrides de tout le continent, afin de mettre en lumière ce problème avant le lancement mondial à la mi-septembre de la campagne du HCR pour éliminer l'apatridie d'ici 2024.

« Un apatride est une personne qui vit comme un fantôme – ils sont invisibles pour tout ce que nous tenons pour acquis », a déclaré l'Ambassadrice de bonne volonté. « Imaginez le sentiment de ne pas exister aux yeux de la loi : Ne pas pouvoir aller à l'école, ni passer un examen, ni ouvrir un compte bancaire, ni voyager, ni se marier ou ni enregistrer la naissance de vos enfants. Toutes les portes sont fermées et c'est très frustrant. L'apatridie limite votre vie et la capacité de votre famille à aller de l'avant. »

Selon les statistiques du Gouvernement ivoirien, le HCR estime que 700 000 personnes sont apatrides ou de nationalité indéterminée dans le pays. Ce nombre élevé est dû à plusieurs facteurs. Après l'indépendance en 1960, les changements dans le code civil ont empêché les descendants d'immigrés d'acquérir la nationalité ivoirienne. Pendant la guerre civile de 2002 et la crise post-électorale de 2010 et 2011, la destruction des registres d'état civil et la perte de documents individuels ont rendu très difficile pour les Ivoiriens de prouver leur citoyenneté. Les enfants abandonnés ne sont pas couverts par la législation nationale et ils n'ont donc pas la citoyenneté ivoirienne. Par ailleurs, des dizaines de milliers d'enfants sont menacés d'apatridie car ils n'ont jamais été enregistrés à la naissance et ils ne peuvent donc pas prouver leur appartenance nationale.

Antoinette, 35 ans, est née à Bondoukou, près de la frontière ghanéenne, mais elle a rejoint Yopougon à Abidjan pour devenir commerçante. Même si elle est détentrice d'un certificat de naissance ainsi que d'une carte d'identité nationale ivoirienne qui lui avait été délivrée dans les années 1990, sa demande de renouvellement de sa carte d'identité a été rejetée en 2008. Depuis lors, elle doit chaque année obtenir une « attestation d'identité », un document administratif délivré par les municipalités locales et qui a peu de valeur réelle. Elle n'est pas en mesure de prouver sa citoyenneté.

Lorsque l'Ambassadrice de bonne volonté lui a demandé ce que signifie concrètement être apatride, Antoinette a expliqué « je ne peux pas ouvrir un compte en banque, je ne peux pas voter, je ne peux pas aider mes enfants autant que je le voudrais, je ne peux pas acheter des terres, c'est un véritable cauchemar. »

La Côte d'Ivoire débute tout juste une nouvelle phase de la délivrance des cartes d'identité et il reste à voir si Antoinette pourra prouver sa nationalité.

Lors de sa visite à SOS Village, un orphelinat à Aboisso à environ 115 kilomètres à l'est d'Abidjan, Barbara Hendricks s'est entretenue avec les enfants ayant reçu des certificats de naissance grâce à l'aide du HCR et son partenaire gouvernemental, le Ministère de la Justice, des droits de l'homme et des libertés publiques.

Une jeune fille s'est rappelé son arrivée à l'école de l'orphelinat en juillet 1997. Elle se sentait alors impuissante et isolée du reste de la société, car elle n'avait pas d'identité juridique. « Ce fut une véritable joie de recevoir mes documents d'identité ; je ne pouvais cacher ma joie », explique-t-elle.

Les étudiants se sont donné des pseudonymes comme celui du philosophe Denis Diderot et de l'écrivain Guy de Maupassant. Ils espéraient que leurs documents d'identité pourraient les aider dans leur ambition de devenir avocat, architecte ou historien.

Lors d'un voyage sur le terrain à Dronguine dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, Barbara Hendricks a participé à une cérémonie organisée par le HCR et son partenaire gouvernemental, le Service d'Aide et d'Assistance aux Réfugiés et Apatrides, durant laquelle les enfants ont reçu des certificats de naissance pour la première fois. Ces documents confirment leur nom, date et lieu de naissance, filiation et, surtout, ils réduisent le risque d'apatridie.

Elise est Maman de trois enfants. Elle a expliqué à Barbara Hendricks, « le fait que mes enfants aient reçu des documents d'identité me remplit de joie. Il nous a fallu un certain temps pour les obtenir du fait de la guerre. Un enfant sans-papiers est comme un enfant qui n'est pas né, il n'existe pas. Maintenant, ils ont la possibilité de faire ce qu'ils veulent, aller à l'école, au travail et avoir un avenir. »

Les autorités ivoiriennes ont effectué des progrès significatifs dans la lutte contre l'apatridie. En octobre 2013, la Côte d'Ivoire a adhéré aux deux conventions internationales relatives à l'apatridie. Le pays mène actuellement une campagne d'enregistrement permettant aux apatrides répondant à des critères spécifiques d'acquérir la nationalité ivoirienne par une simple déclaration. La Côte d'Ivoire sera par ailleurs le pays hôte d'une conférence régionale sur l'apatridie à l'automne 2014.

La mission de Barbara Hendricks en Côte d'Ivoire du 24 au 26 juin s'est conclue par des réunions avec le Ministre ivoirien de la Justice, des droits de l'homme et des libertés publiques, Gnenema Coulibaly, et la Ministre de la Solidarité, de la Famille, de la femme et des enfants, Anne Désirée Ouloto.

Le Ministre Coulibaly a souligné, « L'éradication de l'apatridie est une véritable priorité pour le gouvernement ivoirien. C'est un honneur pour nous que Barbara Hendricks ait prêté son image, sa voix et sa personne pour défendre cette cause. Toute personne en Côte d'Ivoire a besoin d'une identité et en mérite une. Vous pouvez compter sur le plein engagement du Gouvernement ivoirien pour lutter contre ce problème. »

En prenant la Côte d'Ivoire comme exemple, Barbara Hendricks a ajouté : « La Côte d'Ivoire met en œuvre des mesures concrètes pour éliminer les cas d'apatridie. Le HCR va lancer une campagne mondiale en septembre pour éliminer l'apatridie en 10 ans et veillera à ce qu'environ 10 millions d'apatrides dans le monde puissent exercer les mêmes droits que chacun d'entre nous. »

Par Nora Sturm

A Abidjan, Côte d'Ivoire