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Malgré la bonne tenue du scrutin présidentiel et le déploiement de la Minusma, « le vrai travail ne fait que commencer au Mali », estime le représentant spécial

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Mali
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Conseil de sécurité
CS/11147
7043e séance – matin

Le Ministre malien de la réconciliation nationale et du développement des régions du nord se dit également préoccupé par une situation sécuritaire « volatile »

« En participant massivement et dans le calme au scrutin présidentiel de juillet et août derniers, les Maliens et Maliennes ont signalé leur volonté de tourner la page », a affirmé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial pour le Mali, M. Albert Gerard Koenders. « La récente cérémonie d’inauguration du nouveau Président Keita marque, a-t-il dit, le retour du Mali dans le concert des nations. »

Venu présenter le rapport du Secrétaire général sur la situation dans le pays, M. Koenders s’est également félicité de la « mise en place réussie bien qu’inachevée » de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), créée par la résolution 2100 (2013), et qui a renforcé sa présence sur le terrain en ouvrant des bureaux à Kidal, Tombouctou, Gao et Mopti.

En ce qui concerne la mise en œuvre de l’Accord du 18 juin entre le Gouvernement et les groupes armés des régions du nord du Mali, qui avait ouvert la voie à la tenue de l’élection présidentielle sur tout le territoire, y compris à Kidal, le Représentant spécial a affirmé qu’elle avait progressé, « notamment en matière de mesures facilitant le début d’un retour progressif de l’administration de l’État et de l’armée au nord du pays ».

« En dépit des avancées, le vrai travail ne fait que commencer», a-t-il néanmoins indiqué, en citant, au nombre des priorités, la tenue des élections législatives, l’ouverture de pourparlers inclusifs pour traiter des causes profondes de la crise malienne, la restauration de l’autorité de l’État et la consolidation de la sécurité sur l’étendue du territoire.

Rappelant que le premier tour des élections législatives était prévu le 24 novembre, et le deuxième tour, le 15 décembre, le Représentant spécial a souligné la nécessité d’inclure l’ensemble des partis et des acteurs dans les discussions sur la tenue de ces scrutins. « Le retour des services de base à Kidal devient urgent », a-t-il affirmé, avant d’ajouter que la question des sites de cantonnement et le déploiement coordonné des forces maliennes demeuraient également d’actualité.

Il a aussi rappelé que certains signataires de l’Accord, dont le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), avaient suspendu leur participation au Comité de suivi et d’évaluation pour non-application des mesures de confiance, avant de revenir sur leur décision. « Le Gouvernement malien a mis en œuvre des mesures de confiance en libérant 23 prisonniers et en annonçant la levée de plusieurs mandats d’arrêt », a assuré M. Koenders.

« Depuis son entrée en fonctions, le 8 septembre, mon gouvernement s’attache à résoudre les problèmes qui existent dans le nord du Mali, en poursuivant un dialogue robuste avec toutes les parties à la crise et en préparant les négociations prévues par l’Accord préliminaire du 18 juin », a déclaré le Ministre malien de la réconciliation nationale et du développement des régions du Nord, Cheick Oumar Diarrah, qui participait à la réunion du Conseil de sécurité.

Évoquant l’organisation, à la mi-septembre, de forums de sensibilisation à Tombouctou, Gao et Kidal, le Ministre malien a indiqué qu’à brève échéance, la nouvelle Commission dialogue, vérité et réconciliation organiserait des forums intercommunautaires tout en menant des investigations approfondies sur les violations des droits de l’homme et les conséquences de l’occupation des trois régions du nord.

Cheick Oumar Diarrah s’est dit confiant quant à la capacité des autorités maliennes à trouver une solution « définitive à la crise qui secoue notre pays », par le biais, notamment, des recommandations qui seront formulées dans le cadre des états généraux de la décentralisation et du plan de développement accéléré des régions du nord. « Ces recommandations figureront à l’ordre du jour des Assises nationales sur le nord, qui auront lieu du 21 au 23 octobre », a-t-il précisé.

Sur le plan sécuritaire, le Représentant spécial a déclaré que la recrudescence, en septembre dernier, d’incidents dans plusieurs localités du nord, était préoccupante. « C’est un avertissement », a dit M. Koenders, qui a indiqué qu’en dépit des opérations tactiques menées par les forces françaises, de l’augmentation graduelle de la présence des forces de défense et de sécurité maliennes et du déploiement stratégique de la MINUSMA, la stabilisation des régions du nord demeurait précaire, en raison notamment des menaces asymétriques posées par les éléments extrémistes.

« La multiplication des attentats terroristes dans le nord du pays démontre que la lutte contre le terrorisme et le crime organisé au Mali n’est pas terminée et que la situation demeure encore fragile dans toute la région du Sahel », a renchéri M. Diarrah. L’armée malienne, forte de l’appui de la MINUSMA, doit pouvoir se déployer sur l’ensemble du territoire car, a-t-il averti, « la situation sécuritaire demeure très volatile ».

M. Koenders a ensuite détaillé les divers incidents recensés, en particulier l’attaque menée fin septembre contre un camp des forces maliennes, par le groupe Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Il a aussi souligné les tensions au sein des forces armées, en évoquant notamment des échanges de coups de feu dans la ville garnison de Kati, le fief du général Sanogo. « Il est crucial, a-t-il insisté, de rétablir la discipline et la chaîne de commandement dans les forces armées et d’initier une véritable réforme du secteur de sécurité. »

Mettant également l’accent sur l’ampleur des défis humanitaires du Mali, il a déploré l’« appui timide » de la communauté internationale. « L’appel humanitaire en faveur du Mali n’a été financé qu’à hauteur de 37% », a-t-il déploré, en faisant observer que « le quasi-effondrement de l’État malien l’année dernière n’était pas une coïncidence ».

Soulignant les crises récurrentes que le pays a connues, M. Koenders a plaidé pour une « nouvelle donne » entre le Gouvernement du Mali et la communauté des donateurs, qui serait assise sur un ensemble de priorités clairement définies et un cadre de responsabilité transparent. Pour sa part, le Ministre malien de la réconciliation nationale et du développement des régions du nord a exhorté les partenaires à honorer leurs annonces de contributions et affirmé que son pays était engagé « sur le chemin de la construction d’un État de droit luttant résolument contre la corruption et l’impunité ».

En ce qui concerne la MINUSMA, le Représentant spécial a, dans le droit fil du rapport du Secrétaire général, sollicité l’assistance des États Membres afin de fournir à la Mission les éléments habilitants clefs, notamment des hélicoptères, dont elle a besoin d’urgence pour exécuter efficacement son mandat.

LA SITUATION AU MALI

Rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali (S/2013/582)

Soumis en application de la résolution 2100 (2013) du Conseil de sécurité, le présent rapport rend compte de la situation au Mali et de l’exécution du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) sur la période allant du 10 juin au 29 septembre 2013.

Le Secrétaire général rappelle ainsi que, le 18 juin, le Gouvernement de transition et les groupes armés des régions du nord du Mali avaient signé, à Ouagadougou, un accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali, dont les groupes armés signataires étaient le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). Le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CMFPR), qui ont assisté aux négociations, ont officiellement adhéré à l’Accord le même jour.

L’Accord préliminaire a ouvert la voie à la tenue de l’élection présidentielle sur tout territoire, y compris dans la région de Kidal. Cette élection s’est déroulée de manière pacifique dans tout le pays les 28 juillet et 11 août et M. Boubacar Keita a prêté serment en tant que nouveau Président du Mali le 4 septembre, se réjoui M. Ban, qui ajoute que le scrutin a été un succès tout à fait remarquable compte tenu des contraintes imposées par un calendrier électoral serré, la précarité des conditions de sécurité et le redéploiement simultané de l’administration dans les régions du nord.

Quelque 48% des 3 345 253 électeurs –le taux le plus élevé depuis 2002– ont participé aux élections, généralement dans le calme et sans troubles majeurs à déplorer. Aucune violation grave des droits de l’homme n’a été signalée dans le cadre des élections, indique le rapport.

Les conditions de sécurité générales sont restées relativement stables, bien qu’elles demeurent précaires, comme l’illustrent les affrontements isolés qui ont éclaté entre groupes armés dans les régions du nord, la poursuite des tensions dans la région de Kidal, les cas de violences intercommunautaires dans certaines zones et la persistance de la menace d’attaques asymétriques par des groupes armés.

Les activités des groupes armés extrémistes ont diminué à la suite de l’action militaire menée par l’opération Serval et les Forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM) au début de 2013, et aucun incident majeur n’a été signalé pendant la période électorale, alors que le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) avait publiquement menacé de se livrer à des actes déstabilisateurs.

Le Secrétaire général fait observer que si l’on estime à 509 000 le nombre de personnes ayant été forcées de quitter leur foyer, en raison du conflit dans le nord du pays, et de chercher refuge dans le centre ou le sud, ou dans les pays voisins, les retours spontanés dans le nord du Mali se sont poursuivis.

Des progrès encourageants ont été réalisés en vue de l’établissement de la MINUSMA, l’une des missions les plus ambitieuses sur le plan logistique jamais entreprises par les Nations Unies », se félicite le Secrétaire général.

On s’est efforcé de veiller à ce que les contingents transférés de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) à la MINUSMA respectent les normes des Nations Unies applicables au personnel et au matériel, explique M. Ban, qui pointe les importantes lacunes restant à combler concernant le personnel et les effectifs militaires et de police autorisés.

Indiquant que la signature de l’Accord préliminaire marquait une étape cruciale dans le processus de transition du pays vers le rétablissement complet de l’ordre constitutionnel et de l’intégrité territoriale, M. Ban félicite à cet égard les parties d’avoir manifesté leur volonté résolue de trouver une solution pacifique à la crise.

Il incombe au premier chef aux signataires de l’accord et aux entités qui y ont adhéré, surtout au Gouvernement et aux groupes armés, d’en assurer la pleine mise en œuvre. Ceci rappelle que l’insécurité qui règne et les tensions qui subsistent dans certaines régions du nord, en particulier à Kidal, demeurent préoccupantes, fait-il remarquer.

Le déploiement de l’administration locale, des Forces de défense et de sécurité maliennes et de la MINUSMA, ainsi que la présence des forces françaises ont nettement amélioré la sécurité dans les grandes villes du nord. Cependant, l’insécurité, notamment les affrontements entre les groupes touaregs et arabes et le maintien de la présence de groupes armés, demeure un motif de grave préoccupation, explique-t-il.

Le Secrétaire général relève en outre que l’appui fourni par les forces françaises aux forces maliennes demeure crucial. Il importe que les acquis soient consolidés à mesure que les forces françaises se retireront et que la MINUSMA prendra la relève. C’est pourquoi, souligne-t-il, il sera essentiel de remédier aux carences de la Mission concernant les capacités militaires et de la police. Au 16 septembre, les effectifs de la MINUSMA comptaient 5 208 hommes, précise-t-il.

Le Secrétaire général invite aussi le Président Keita et son gouvernement à s’attaquer, à titre prioritaire, aux problèmes de gouvernance qu’il est essentiel de régler pour rétablir le fonctionnement efficace de l’État. Ces mesures encourageront les donateurs à verser les contributions qu’ils ont annoncées lors de la conférence tenue à cet effet en mai, à Bruxelles, et dont le pays a un besoin urgent pour lancer les programmes de relèvement et de développement, note M. Ban.

En conclusion, le Secrétaire général engage les partenaires internationaux à instituer une « nouvelle donne » en consultation avec les autorités maliennes en vue d’assurer l’application du principe de responsabilité dans le respect de la souveraineté nationale. Notant que le Sahel est aux prises avec de nombreux problèmes, il engage également une nouvelle fois les acteurs nationaux, régionaux et internationaux à appuyer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.

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