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Grièvement brûlé dans une attaque, Adnan vit aujourd’hui en exil au Liban. Il fait partie de ces enfants plongés au cœur de la crise syrienne

Países
Líbano
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Fuentes
UNICEF
Fecha de publicación
Origen
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Par Souleyma Mardam Bey

Adnan, 4 ans, n'oubliera jamais les deux minutes qui ont bouleversé son monde. Les flammes qui ont détruit son domicile en République arabe syrienne ont également ruiné son enfance. Il s'est échappé il y a deux mois avec sa famille et a trouvé refuge dans le nord du Liban, où ils vivent maintenant dans une pauvreté abjecte. Si ses frères et sœurs sont en train de se remettre de leurs traumatismes, Adnan, lui, a du mal à surmonter son chagrin. Son corps et son visage ont été gravement brûlés. Sa douleur est indescriptible. Le petit garçon a oublié comment parler et il commence à peine à apprendre à nouveau ses premiers mots, comme s’il n’avait jamais parlé auparavant.

Télécharger le Rapport sur la Syrie : Une génération perdue? [PDF]

Région d’Akkar, Liban, le 13 mars 2013 – Lorsque leur maison à Hama, dans l'ouest de la République arabe syrienne, a été touchée par une roquette, les parents d’Adnan n’ont pas réussi à le sortir à temps des flammes. « Il n'est pas resté très longtemps dans le feu, pas plus de deux minutes. Mais les flammes l’ont très gravement brûlé », se souvient son père.

Traumatisé, Adnan craint le monde extérieur.

Il a peur de tout

Avec un regard où se lisent l'épuisement, le désespoir et une tristesse profonde, la mère d'Adnan explique comment le choc qu’il a subi l’affecte psychologiquement dans sa vie quotidienne.

Il pleure toute la nuit et il a peur de tout, dit-elle, il éprouve un profond sentiment de désespoir quand ses parents le laissent, ne serait-ce qu’une seconde. Chaque fois que quelqu'un qui ne fait pas partie de sa famille s'approche de lui, il se sent menacé - même en présence de ses parents.

« En général, les enfants sont calmes, dit le père d'Adnan. Quand ils entendent un avion ou une voiture qui font un peu trop de bruit, ils ont peur. Mais maintenant, peu à peu, ils commencent à s'habituer et à se sentir plus en sécurité. Sauf Adnan, qui a constamment peur, surtout la nuit. Dès que le soleil est parti, il se met à pleurer. »

Adnan, ses parents et ses dix frères et sœurs ont fui la République arabe syrienne il y a deux mois et sont arrivés dans le village de Sheikh Ayash dans la région d'Akkar, dans le nord du Liban, dans un dénuement total.

« Voilà leur sort ! »

Malgré la proximité de leur pays - à 3 km à peine - les parents, frères et sœurs d’Adnan se sentent beaucoup plus en sécurité ici. Mais pas Adnan, qui se sent encore en danger.

La famille vit dans une tente de fortune plantée dans une mer de boue et de détritus - la seule zone de jeux pour les enfants. Les conditions sont extrêmement difficiles, ce qui aggrave les traumatismes d’Adnan. La douleur va en effet bien au-delà de ses brûlures, aggravée qu’elle est par la faim, le froid et l’absence de tout ce qui pourrait soulager ses besoins fondamentaux.

Adnan, ses frères et sœurs et les autres enfants estiment qu’ils ont de la chance quand ils tombent sur des navets crus par exemple. Certains d'entre eux les mangent directement, comme ça, tandis que d'autres les font chauffer un peu. Le père d'Adnan, observant les enfants réunis autour d'un feu dehors, s’exclame avec perplexité et tristesse : « Personne ne voudrait jamais manger ça, sauf des enfants syriens! Voilà leur sort! »

Les enfants au cœur de la crise

Les enfants sont au cœur de cette crise et les premiers à être psychologiquement affectés par la violence terrible dont ils sont les témoins.

Bombes, roquettes, balles, obus, - rien de tout cela n’a été épargné aux enfants.

Parce que ses parents n’en ont pas les moyens, Adnan ne suit pas de traitement pour se remettre de ses blessures physiques. Comme de nombreux autres réfugiés, sa famille a du mal à rester informée des initiatives mises en œuvre par les organisations internationales et locales pour les soutenir. C'est un défi au Liban, où la population des réfugiés s’est dispersée à travers le pays et où le nombre de réfugiés inscrits est sous-estimé.

Depuis qu’ils sont arrivés au Liban, Adnan et ses frères et sœurs n'ont jamais été à l'école : le coût du transport est l'un des nombreux obstacles qui les en empêchent.

Aider à surmonter les traumatismes

Selon le HCR, l’organisme des Nations Unies pour les réfugiés, il y a à ce jour au Liban 332 297 réfugiés syriens enregistrés ou en attente d'être enregistrés, ou cherchant un abri. Cependant, de nombreux rapports - y compris des rapports gouvernementaux – présentent des chiffres beaucoup plus élevés.

Pour soutenir les enfants réfugiés de la République arabe syrienne, comme le petit Adnan, l’UNICEF essaie d’atténuer à la fois l'impact immédiat et à long terme des atrocités qu'ils ont vécues. L'UNICEF a mis en place 37 espaces amis des enfants et un fourgon mobile desservant neuf communautés. Cette initiative vise à offrir aux enfants un large éventail d'activités psychosociales – dont bénéficient actuellement 17 062 enfants - pour les aider à soulager leurs douleurs, surmonter leur traumatisme, reconstruire leur vie et retrouver une enfance normale.