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Hervé Ladsous : « Après cette phase d’urgence, nous pouvons maintenant nous concentrer sur notre tâche première, la stabilisation du pays (...) pour consolider le processus politique et l’Etat de droit avec les autorités et le peuple »

Countries
Haiti
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MINUSTAH
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Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, Hervé Ladsous, à l’occasion de sa première visite en Haïti dans ces fonctions du 9 au 12 janvier, a accordé une interview exclusive à MINUSTAH FM.

MINUSTAH FM : M. Ladsous, quel est le sens de votre visite en Haïti aujourd’hui ?

Hervé Ladsous : Des 16 opérations de maintien de la paix que nous avons à travers le monde, la MINUSTAH est clairement l’une des plus importantes. C’est aussi l’une des plus anciennes parmi nos Missions de stabilisation de sortie de crise. Je voulais donc absolument venir ici depuis longtemps et les circonstances actuelles m’en ont finalement offert l’occasion puisque nous allons malheureusement nous souvenir de la terrible tragédie qui avait endeuillé Haïti au moment du tremblement de terre en 2010. Ce sera l’occasion de nous rappeler cette terrible souffrance du peuple haïtien mais aussi de tous nos collègues et amis qui ont péri dans le cadre de leur mission dans ces circonstances tragiques.

MINUSTAH FM : Le 12 janvier 2010 reste un jour tragique pour Haïti et pour ses partenaires internationaux et l’ONU, à cause justement de ce tremblement de terre qui a frappé le pays. Trois ans après la catastrophe, quel est le message que l’ONU adresse au peuple haïtien ?

Hervé Ladsous : Le message c’est qu’après cette phase d’urgence – qui a duré quand même longtemps afin de résoudre tous les immenses problèmes qu’ont connu toutes ces populations sinistrées -, même s’il reste encore plusieurs centaines de milliers de personnes déplacées qui ont toujours besoin d’être relogées, nous pouvons maintenant pour l’essentiel nous concentrer sur notre tâche première, la stabilisation du pays.

MINUSTAH FM : Dès le 12 janvier 2010, les tâches de la MINUSTAH ont changé. Depuis cette date, quel regard jetez-vous sur le chemin parcouru par la Mission ?

Hervé Ladsous : Le chemin parcouru est considérable mais il n’est pas achevé. Il reste encore beaucoup à faire du côté haïtien comme de notre côté, les Nations Unies. Mais nous sommes ensemble avec les Haïtiens afin de trouver les bonnes solutions pour assurer la sécurité de la population qui constitue quand même une préoccupation centrale. Cela concerne, en premier chef, nos efforts continus afin d’appuyer la Police Nationale d’Haïti à se renforcer, se structurer et se former. Il y a aussi toutes les tâches qui rentrent dans le cadre du renforcement de l’Etat de droit car c’est là une des conditions pour garantir un avenir meilleur au pays.

MINUSTAH FM : La MINUSTAH entame sa neuvième année en Haïti. La stabilisation constitue le cœur de son mandat. Depuis son déploiement, qu’a-t-elle accompli sur le terrain ?

Hervé Ladsous : Je crois qu’une telle tâche n’est jamais achevée, mais on peut constater que la sécurité des personnes et des biens est mieux assurée, et que les progrès sont incontestables, mais il reste beaucoup à faire.

MINUSTAH FM : La MINUSTAH est la septième mission de l’ONU en Haïti. Que faire pour que ce soit la dernière ?

Hervé Ladsous : Je crois que plus que jamais, il nous faut travailler avec les autorités, avec le peuple pour consolider le processus politique, consolider l’Etat de droit qui est une condition nécessaire et même indispensable pour inspirer la confiance aux investisseurs étrangers. Ces investisseurs sont l’une des solutions pour créer l’emploi, une des contraintes majeures auxquelles est confrontée la population d’Haïti.

MINUSTAH FM : Un mot pour terminer sur le choléra qui affecte Haïti. La question mobilise manifestement l’ensemble du système des Nations Unies. De manière générale, quels sont les efforts en cours ?

Hervé Ladsous : Au début de l’épidémie, l’ensemble de la communauté internationale s’est mobilisée et l’Organisation des Nations Unies elle-même, pour ce qui la concerne, a consacré près de 120 millions de dollars à des mesures immédiates, pour venir en aide aux populations touchées, réhydrater les malades. A travers une série de Projets à impact rapide (QIP), elle aide aussi à créer des facilités d’assainissement, de traitement de l’eau. Tout cela fait partie des tâches d’urgence. Reste la question des fonds pour laquelle le Secrétaire général des Nations Unies a lancé en décembre dernier une vaste initiative pour soutenir le projet commun entre la République Dominicaine et Haïti d’éradication du choléra de l’Ile d’Hispaniola. Et le but que poursuit Ban Ki-moon, c’est de mobiliser dans les dix ans qui viennent 2,2 milliards de dollars pour soutenir toutes les actions qui visent non seulement la maladie mais aussi ses causes comme dans le domaine de l’eau. Il faut des réseaux qui assurent à la population l’accès à une eau propre, à une eau qui ne crée pas de situations telles que celles que nous avons connues. Dans un premier temps, l’effort va porter sur une campagne de vaccination des groupes les plus à risque. Tout cela est en train d’être mis en œuvre.