Saltar al contenido principal

Khassim Diagne : « Depuis un an, je vois une évolution positive de la situation sécuritaire en Ituri »

Países
RD del Congo
Fuentes
MONUSCO
Fecha de publicación
Origen
Ver original

JEAN-TOBIE OKALA

Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU pour la protection et les opérations, Khassim Diagne, est arrivé mardi 27 septembre 2022 à Bunia, capitale provinciale de l’Ituri, dans l’est de la RDC, pour une visite de travail de 48 heures. Sitôt arrivé, il s’est dirigé vers le gouvernorat de province où l’attendaient le gouverneur militaire, le général Johnny Luboya Nkashama, et l’ensemble du comité provincial de sécurité. Là, M. Diagne a échangé avec ses interlocuteurs autour de la façon d’améliorer l'appui de la MONUSCO aux efforts du gouvernement congolais pour éradiquer les groupes armés actifs dans cette province d’une dizaine de millions d’habitants.

« Je suis venu exprimer notre profonde gratitude et nos remerciements au gouverneur de province pour son appui constant, son accompagnement, sa solidarité, ses conseils, son appui aux activités de la MONUSCO dans la province. Comme vous le savez, depuis plusieurs semaines, dans un certain nombre de territoires surtout dans le Nord-Kivu, mais également dans le Sud-Kivu, nous avons traversé quelques moments difficiles. Mais ce n’était pas le cas ici en Ituri, parce que le leadership du gouverneur, son engagement et son appui nous ont permis de traverser des moments difficiles », a-t-il déclaré à l’issue de la rencontre.

Khassim Diagne faisait ainsi allusion aux violentes manifestations qui ont eu lieu en juillet et août derniers à travers certaines provinces de l’est du pays, sans toutefois toucher la province de l’Ituri. La majorité de la population, qui a dit non à la désinformation et aux manipulations, a compris qu’il ne servait à rien d’ajouter de la violence à la violence.

« Nous comprenons les frustrations des populations. Nous sommes les premiers, avec l’autorité nationale, à reconnaître qu’il faut rectifier certaines choses. Notre détermination est intacte à ce niveau-là. Ce n’est pas de gaîté de cœur que nous voyons tous ces territoires sous la menace des bandes armées. Nous avons fait un long chemin ensemble depuis que le gouverneur est arrivé ici il y a un peu plus d’une année. C’est un long chemin, mais qui est jalonné de succès », a affirmé le chef adjoint de la MONUSCO.

L’Ituri compte en effet une douzaine de groupes armés dont trois qui ont déjà signé des actes d’engagement pour la cessation des hostilités : FRPI, Codeco et FPIC. Pour autant, certains éléments réfractaires de ces groupes armés et d’autres milices refusent toujours d’adhérer aux pourparlers de paix lancés il y a quelques mois dans le cadre du « processus de Nairobi » et continuent à commettre des atrocités à travers la province, provoquant ainsi la colère des populations qui supportent de moins en moins ces violences aveugles.

Khassim Diagne estime toutefois que, contrairement aux semaines précédant l’instauration de l’état de siège en Ituri, il y a aujourd’hui « une grande stabilité, même s’il y a encore quelques petits problèmes par-ci, par-là ». « Nous avançons peu à peu, mais nous avançons sûrement. L’accompagnement de la MONUSCO est total, je puis vous le garantir. Il y a encore des zones extrêmement difficiles, par exemple, l’axe Komanda-Lolwa, l’axe Mongbwalu, la zone de Kobu, etc. Nous avons décidé de concentrer nos efforts sur ces zones-là. Évidemment, ce sont des plans qui prennent du temps à se matérialiser ; mais je vous assure, moi qui suis déjà venu plusieurs fois dans cette province, que je vois une évolution positive de la situation », a-t-il fait remarqué.

Khassim Diagne a enfin réitéré la détermination de la MONUSCO à accompagner l’autorité provinciale dans l’éradication complète des groupes armés qui pullulent en Ituri.

Transcender les barrières culturelles

Au deuxième jour de sa visite en Ituri, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU pour la protection et les opérations au sein de la MONUSCO a échangé avec des représentants des différentes communautés de la province. Khassim Diagne les a félicités d’avoir accepté de se parler à travers des dialogues intracommunautaires : un pas décisif dans la recherche de la paix, a-t-il déclaré, car cela fait partie des « développements positifs » observés en Ituri.

« C’est un pas important que vous avez franchi pour la cohésion sociale. Vous avez commencé au sein de vos communautés respectives, il faut maintenant que vous alliez les uns vers les autres à travers des dialogues intercommunautaires. Je voudrais vous dire que ce que vous avez fait mérite nos encouragements et notre soutien. Continuez sur cette lancée. Ensemble, nous allons aboutir à l’étape finale qui est celle du désarmement, démobilisation et réinsertion sociale et communautaire », a-t-il déclaré.

Tout en rappelant que la MONUSCO est entrée dans une phase de transition qui devrait aboutir à son départ, M. Diagne a rappelé à ses interlocuteurs leur rôle crucial dans la réconciliation communautaire. « Je repars avec le sentiment de satisfaction de voir que toutes les communautés s’engagent pour la paix et que ce qui nous lie tous aujourd’hui, MONUSCO, gouvernement et communautés, c’est la recherche de la paix. Ne baissez pas les bras s’il vous plaît, quelles que soient les difficultés. Et mon dernier conseil, en tant que frère, c’est de privilégier la démarche en 5 P : poser les problèmes clairement et de manière commune ; identifier les personnes susceptibles de vous aider ; définir le processus à adopter pour arriver au plan d’action qui va nous conduire à la paix », a suggéré Khassim Diagne.

De nombreux obstacles franchis

Le message du Représentant spécial adjoint a été reçu positivement pas les différentes communautés qui se sont engagées à poursuivre inlassablement les efforts de dialogue pour le retour d’une paix durable en Ituri. Leurs représentants ont salué l’appui de la MONUSCO qui les a aidés à franchir de nombreux obstacles. « Aujourd’hui, nous pouvons nous retrouver ensemble, nous parler…, c’est grâce à la MONUSCO. Le territoire d’Irumu par exemple est presque calme maintenant. Depuis l’acte d’engagement, il n’y a plus de barrières illégales sur les routes, alors qu’il y a peu il y en avait une centaine où les miliciens rackettaient les populations », ont reconnu les participants.

Ils ont cependant plaidé pour un accompagnement du gouvernement pour pérenniser ces acquis en vue du rétablissement de la paix en Ituri. « Nous remercions la MONUSCO dont la présence dans les sites de déplacés a fait que les massacres de civils soient sinon arrêtés, du moins limités. L’ONU, la MONUSCO, ne sont pas responsables de la paix au Congo : c’est l’affaire de l’État. Que le gouvernement prenne ses responsabilités. Il faut occuper les miliciens qui déposent les armes pour qu’ils cessent de vivre sur le dos de la population. Nous demandons que le gouvernement aide les communautés avec de petits projets agro-pastoraux, en attendant le démarrage du Programme de désarmement et de démobilisation PDDRC-S. C’est bien les réunions, les dialogues… On peut en faire chaque jour, avec parfois de bonnes résolutions ; mais si sur le terrain l’État n’appuie pas ces initiatives, nous craignons de tourner en rond », a affirmé un leader communautaire présent à la rencontre avec Khassim Diagne, le Représentant spécial adjoint, dont la visite en Ituri s’est clôturée jeudi 29 septembre.