Aller au contenu principal

Débat général: les pays insulaires appellent à un tournant urgent de l’action multilatérale au lendemain du « Ground zéro climatique » subi par le Pakistan

Pays
Monde
+ 9
Sources
UN GA
Date de publication
Origine
Voir l'original

AG/12450

SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME SESSION,
10E & 11E SÉANCES PLÉNIÈRES – MATIN, APRÈS-MIDI & SOIR

Les appels pressants de plusieurs dirigeants de petits États insulaires en développement (PEID) se sont fait entendre aujourd’hui, à la tribune de l’Assemblée générale, pour que soit pris de toute urgence un tournant dans l’action multilatérale face au dérèglement climatique. Si la communauté internationale permet à tout un pays de disparaître en raison des changements climatiques, quel espoir reste-t-il? a ainsi alerté M. Kausea Natano, Premier Ministre des Tuvalu, pays qui risque de devenir inhabitable d’ici à 20 ou 30 ans.

En écho à la guerre en Ukraine, évoquée tout au long du débat, le Premier Ministre des Fidji a appelé à faire face à « l’autre guerre -la guerre climatique- que l’humanité mène contre elle-même, nos écosystèmes et l’océan ». Notant que les petits États insulaires paient le prix le plus élevé des changements climatiques dont ils ne sont pas responsables, M. Josaia Voreqe Bainimarama a souhaité que la COP27, qui se tiendra en novembre prochain en Égypte, permette de créer un mécanisme de dédommagement venant s’ajouter au cadre de financement de l’après-2025. Il a aussi demandé que 10% des 750 milliards de dollars attendus au titre de ces financements soient réservés à ces pays.

De plus, pour que les financements concessionnels destinés à l’adaptation soient attribués plus systématiquement aux PEID, plusieurs d’entre eux, dont les Îles Salomon par la voix de leur Premier Ministre, M. Manasseh Danukana Sogavare, ont souhaité voir se concrétiser l’utilisation d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel. Le Premier Ministre du Royaume des Tonga a remercié à cet égard le Groupe de haut niveau des Nations Unies pour la publication, d’ici à la fin de l’année, du rapport intérimaire sur le développement d’un tel indice. M. Siaosi ‘Ofakivahafolau Sovaleni a aussi demandé que la question des changements climatiques devienne un point permanent de l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

Plusieurs propositions d’ordre juridique ont aussi été émises dans l’objectif d’apporter des solutions. Le Président du Vanuatu, M. Nikenike Vurobaravu, a plaidé pour l’élaboration d’un traité de non-prolifération des combustibles fossiles pour réduire progressivement la production de charbon, de pétrole et de gaz. Il a aussi, de même que les Premiers Ministres de Sainte-Lucie et de Maurice, MM. Philip Joseph Pierre et Pravind Kumar Jugnauth, recommandé l’inclusion du « crime d’écocide » dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI). La question des changements climatiques pourrait d’ailleurs être portée devant le Tribunal international du droit de la mer, a-t-il rappelé en saluant le travail de la Commission des petits États insulaires (COSIS) à cet égard. Il a vanté en outre l’initiative des nations du Pacifique de demander à la Cour internationale de Justice (CIJ) un avis consultatif sur les obligations existantes, en droit international, de protéger les droits des générations présentes et futures contre les effets néfastes des changements climatiques.

Le « Ground zéro climatique » vécu par le Pakistan est un autre exemple de l’urgence de ce sujet, comme l’a exposé le Premier Ministre du Pakistan venu témoigner de l’ampleur de la catastrophe climatique qui a noyé un tiers de son pays et touché 33 millions de personnes. Rappelant que le Pakistan fait partie des 10 pays les plus vulnérables aux changements climatiques, qui émettent moins de 1% des gaz à effet de serre, M. Muhammad Shehbaz Sharif a demandé que ces pays bénéficient d’une compensation appropriée.

Cette journée a aussi été marquée par un appel du Président Mahmoud Abbas implorant l’ONU à protéger la Palestine « comme elle protège les autres peuples ». « S’il vous plaît, protégez-nous contre la violence d’Israël », a-t-il lancé dans un discours suivi de cris venant des rangs réservés au public et scandant « Free Palestine! ». Après avoir promis que la Palestine n’aura pas recours aux armes et luttera contre le terrorisme, M. Abbas, intervenant au nom de 14 millions de Palestiniens dont 5 millions subissent une occupation depuis 54 ans, a exhorté Israël, les États-Unis et le Royaume-Uni à admettre leurs responsabilités dans ce « crime perpétré contre la Palestine ».

Le conflit en Ukraine est resté d’actualité, plusieurs délégations européennes fustigeant l’agression russe, à l’instar du Président du Conseil européen, M. Charles Michel, qui a accusé la Russie d’avoir déclenché une guerre « contre un ennemi imaginaire » en conjuguant « violence des armes et poison du mensonge ». « Les menaces de la Russie de recours à l’arme nucléaire nous rappellent le Moyen-Âge bien plus que la grandeur de la Russie », a asséné le Premier Ministre de la Belgique, M. Alexander de Croo. Son homologue du Luxembourg, M. Xavier Bettel, a répondu à ceux qui appellent à lever les sanctions contre la Russie que la priorité est plutôt de mettre fin à la guerre.

Parmi les autres préoccupations sécuritaires exprimées, le Président du Burkina Faso, M. Paul Henri Sandaogo Damiba, a justifié le renversement d’un « régime élu démocratiquement mais chaotique », le 24 janvier 2022, pour faire face à l’insécurité grandissante et à la désintégration progressive de l’État. Le Président de Chypre, M. Nicos Anastasiades, a regretté les insuffisances de l’ONU pour traiter l’invasion turque de son pays en 1974, alors que le Premier Ministre de la Grèce, M. Kyriakos Mitsotakis, a rejeté les revendications turques sur la souveraineté des îles grecques au motif qu’elles sont sans fondement. Sur le plan de la reconstruction après conflit, le Premier Ministre de l’Iraq, M. Mustafa Al-Kadhimi, a dit attendre un soutien supplémentaire de l’ONU pour les zones touchées par l’occupation de Daech. Plusieurs droits de réponse ont été exprimés en fin de séance.

À noter qu’en cette journée internationale des langues des signes, la Première Ministre de la Nouvelle-Zélande, Mme Jacinda Ardern, qui a notamment sensibilisé sur la lutte contre la désinformation et la manipulation en ligne, a exprimé quelques mots dans cette langue ainsi qu’en Maori.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, samedi 24 septembre, à partir de 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. JOSÉ RAMOS-HORTA, Président du Timor-Leste, a réaffirmé son engagement contre l’extrême pauvreté, la malnutrition et le retard de croissance infantiles, promouvant à ces fins l’allaitement et la réduction drastique de l’utilisation des formules artificielles, ainsi que le soutien financier et en nature aux femmes enceintes et aux mères.

Il a rappelé que le Timor-Leste avait subi de nombreuses catastrophes liées aux changements climatiques, des saisons sèches prolongées suivies d’inondations, la pandémie de COVID-19 et, désormais, les conséquences économiques généralisées de la confrontation entre la Russie, l’Ukraine et l’OTAN. Il a détaillé les mesures prises par son gouvernement pour faire face à la crise de la COVID-19, notamment les limitations à la libre circulation et des biens et la fermeture des écoles, notant que ces mesures et les efforts des autorités sanitaires, de l’OMS et des autres agences de l’Organisation des Nations Unies avaient permis d’éviter une crise sanitaire.

M. Ramos-Horta a souligné que le Timor-Leste ne connaissait aucun conflit interconfessionnel et qu’il était le premier État à avoir adopté la Déclaration sur la fraternité humaine. Il s’est félicité des progrès importants de son pays dans sa préparation à l’accession à l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Il a expliqué que des missions d’experts avaient conduit des évaluations couvrant les trois piliers de l’organisation, avant de dire son espoir, sur la base de leurs rapports ainsi que de ceux des agences des Nations Unies, des institutions de Bretton-Woods, de la Banque asiatique de développement et d’autres missions étrangères, de voir le Timor-Leste devenir onzième membre de l’ASEAN en 2023. Il a également émis le souhait de devenir membre de l’Organisation mondiale du commerce.

Notant l’importance des revenus générés par les champs de gaz et de pétrole de la mer du Timor en partenariat avec l’Australie, le Président a indiqué être entré en négociation avec ses partenaires afin de développer le champ de gaz du « Greater Sunrise ».

M. Ramos-Horta a déclaré que l’aide destinée aux États les plus pauvres ne devait pas être supprimée ou réorientée pour répondre à la crise des réfugiés causée par la guerre en Ukraine, rappelant à cet égard qu’en 2015, l’aide des donneurs de l’aide publique au développement avait ainsi été réorientée pour faire face à la crise des réfugiés en Europe.

Si les États du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États disposent de l’autorité morale dans leur confrontation contre la Russie, ils risquent de perdre le soutien de l’essentiel du monde, a poursuivi M. Ramos-Horta. Faisant observer le contraste existant entre leur réponse au conflit ukrainien et celle accordée aux autres conflits dans le monde, il a déclaré que les États du Sud percevaient là un double standard. Il a cité en exemple le cas du Myanmar et le silence des pays du Nord face à la guerre menée contre son peuple.

Les conséquences de ce conflit ont obligé de nombreux États à accroître leur dette, a déclaré le Président, avant d’exhorter les États du Nord à octroyer des enveloppes financières pour aider à protéger les plus faibles contre le double choc de la COVID-19 et de la guerre en Ukraine.

M. Ramos-Horta a également appelé à la solidarité des milliardaires en Asie, en Afrique et en Amérique, qu’il a invités à se réunir lors d’un sommet historique, organisé par le Secrétaire général, pour s’engager dans une vision et un plan d’action visant à débarrasser l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine de l’extrême pauvreté, de la malnutrition infantile, ainsi qu’à fournir de l’eau potable et des installations sanitaires à chaque communauté pauvre, des vaccins et des services de santé publique de base, de meilleures installations éducatives, de meilleurs logements avec des énergies renouvelables et une connectivité pour un meilleur accès à l’éducation et aux affaires.

Le Président a enfin exhorté la Russie, l’Ukraine et l’OTAN à ravaler leur orgueil, examiner leur politique passée, qui les a menées à un suicide commun et à éloigner leur forces de leurs frontières respectives, afin de laisser les Ukrainiens reconstruire leur pays et leurs vies et à permettre aux Russes de se retirer en sécurité à leurs frontières.

M. PAUL HENRI SANDAOGO DAMIBA, Président du Burkina Faso, a souligné l’urgence et la responsabilité historiques des acteurs internationaux face aux crises de l’époque: terrorisme, conflits, changements climatiques. Préoccupé par la recrudescence du nationalisme, du repli sur soi et du jeu des rivalités entre puissances, il a dénoncé « les acteurs qui étalent au grand jour leur vision d’un monde unipolaire, monocolore et conforme à leurs intérêts ». Évoquant des questions internationales non résolues telles que la Palestine, le Sahara occidental, l’embargo contre Cuba, la réforme du Conseil de sécurité où les changements climatiques, M. Damiba en a appelé à « la prééminence du droit et au triomphe du bon sens ».

S’agissant de la situation au Burkina Faso, le Président a justifié le renversement d’un « régime élu démocratiquement mais chaotique », le 24 janvier 2022, par un groupe de jeunes patriotes qui « s’est vu contraint de prendre ses responsabilités ». S’il a ainsi reconnu que cette interruption de l’ordre constitutionnel était « illégale », il l’a toutefois jugée « nécessaire et indispensable » face à « l’insécurité grandissante et à la désintégration progressive de l’État ». Il a dénoncé la gestion politique calamiteuse d’une crise sécuritaire ayant poussé plus d’un million et demi de Burkinabés à fuir leurs foyers et privé d’éducation un demi-million d’enfants. Déclenché par une situation sans précédent, le Président a estimé que le mouvement du 24 janvier bénéficiait et bénéficie toujours du soutien de la population. Pour y faire face, le Gouvernement de la transition a établi un plan d’action en quatre points: lutte contre le terrorisme, réponse à la crise humanitaire, refondation de l’État et réconciliation nationale. M. Sandaogo Damiba a affirmé que le Burkina Faso était « un verrou pour freiner une expansion terroriste » vers les pays côtiers, Bénin, Togo, Ghana et Côte d’Ivoire. Avertissant que la situation actuelle menaçait aussi la paix et la sécurité internationale et pouvait avoir des répercussions, sécuritaires et migratoires, en Europe et de l’autre côté de l’Atlantique, il a estimé que les efforts de la communauté internationale restaient en deçà des réalités du terrain.

Saluant la mise en place d’une mission d’évaluation stratégique conjointe ONU - Union africaine sur la situation au Sahel, le Président a lancé un appel aux partenaires techniques et financiers du Burkina Faso pour couvrir un manque de 4,6 milliards de dollars dans le budget du pays qui s’élève à 18 milliards de dollars. Il s’est félicité du « compromis dynamique » trouvé avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) le 3 juin 2022 qui instaure une période de transition de deux ans afin d’organiser des élections en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel. Concluant son intervention, M. Damiba a déploré que le Sahel soit devenu le théâtre de rivalités stériles et de convoitises qui déstabilisaient les pays de la région. « Nous avons besoin d’aide, mais d’une aide qui nous aide à nous départir de l’aide qui tue l’aide! » s’est-il exclamé.

M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, s’est demandé pourquoi les décisions du Conseil de sécurité restaient dans leur écrasante majorité des « certificats attestant de violations » du droit international et pourquoi les accords internationaux n’étaient pas mis en œuvre. Selon lui, la perte progressive de crédibilité des Nations Unies découle du fait que l’application du droit international passe après la défense des intérêts propres des États Membres les plus puissants, que des alliances issues de la guerre froide perdurent et autorisent que ces États violent le droit international, et que le monde fait face au retour des politiques hégémoniques de certains États désireux de créer de nouveaux empires « aux dépens de plus petits États ».

Le Président chypriote a regretté que l’ONU, par la faute de certains pays, ne parvienne pas à se réformer ni à moderniser ses processus de décision, ce qui a pour effet de conforter « les États fautifs, qui non seulement ne tiennent pas compte du droit international, mais créent de nouveaux précédents en dehors du cadre commun de la légalité ». Il a estimé que la refonte du multilatéralisme et du système de gouvernance est plus impérative et urgente que jamais, alors que l’invasion illégale de la Russie en Ukraine fait peser le danger imminent d’une nouvelle guerre mondiale.

M. Anastasiades a expliqué que ses aspirations à une refonte des mécanismes de décision de l’ONU résultaient de l’expérience subie par son pays depuis l’invasion turque de Chypre en 1974. Il a réagi de manière véhémente aux provocations du Président Erdoğan, qui plaide à la tribune de l’Assemblée pour une normalisation des relations de la Türkiye en mer Égée et en Méditerranée orientale, alors même « qu’il menace de reprendre les îles grecques et commet des milliers de violations de l’espace aérien d’un État voisin souverain ». Il a énuméré les atteintes de le Türkiye à la souveraineté, à la composition démographique et à l’intégrité territoriale de Chypre, « île qui fait partie de l’Union européenne », ainsi que les rejets successifs de la partie chypriote turque des initiatives proposées sous l’égide des Nations Unies pour parvenir à la paix entre « les deux communautés, chypriote grecque et turque ».

« Je l’ai dit, la seule solution pour régler les conflits réside dans le strict respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, et surtout pas en les interprétant de façon révisionniste », a ajouté M. Anastasiades. En conclusion, le Président a formé le souhait de voir bientôt son pays réunifié sous les auspices d’une ONU réformée, « mes compatriotes chypriotes grecs et chypriotes turcs vivant dans la paix, la prospérité et la stabilité ».

M. NIKENIKE VUROBARAVU, Président du Vanuatu, a dit que son pays se remettait lentement de la pandémie de COVID-19, mais que la reprise devenait de plus en plus difficile avec la hausse des niveaux d’endettement, des prix du carburant et des denrées alimentaires résultant de la crise russo-ukrainienne. Ces défis sont aggravés par « une crise climatique existentielle qui dévaste déjà nos économies et nos écosystèmes ». S’inquiétant de son impact disproportionné sur les personnes pauvres et vulnérables, le Président a exigé des actions plus ambitieuses sur le climat à tous les niveaux. Personne n’est à l’abri des phénomènes météorologiques extrêmes qui ravagent actuellement nos îles, nos villes et nos États et personne ne peut échapper aux marées montantes, a-t-il averti. Alors que nous commençons à mesurer les changements climatiques non pas en degrés Celsius ou en tonnes de carbone, mais en vies humaines, le dirigeant a indiqué que les nations du « continent bleu » du Pacifique mènent une initiative mondiale pour porter les changements climatiques devant la Cour internationale de Justice (CIJ), « le seul organe principal de l’ONU qui n’a pas encore eu l’occasion de peser sur la crise climatique ». « Nous demanderons à la CIJ un avis consultatif sur les obligations existantes, en vertu du droit international, de protéger les droits des générations présentes et futures contre les effets néfastes des changements climatiques », a précisé M. Vurobaravu. Selon lui, la clarté juridique de la plus haute juridiction du monde contribuera à galvaniser l’action climatique et à renforcer l’Accord de Paris.

Le Président a ajouté que les dirigeants des îles du Pacifique soutenaient plusieurs autres outils pour lutter contre la menace des changements climatiques, avant d’appeler tous les États à se joindre au groupe de nations qui proposent d’inclure « le crime d’écocide » dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI). Il a salué le travail de la Commission des petits États insulaires (COSIS), dirigée par Antigua-et-Barbuda, les Tuvalu et les Palaos, pour porter également la question des changements climatiques devant le Tribunal international du droit de la mer. « Nous appelons à l’élaboration d’un traité de non-prolifération des combustibles fossiles pour réduire progressivement la production de charbon, de pétrole et de gaz et permettre une transition mondiale juste pour chaque travailleur, communauté et nation dépendant des combustibles fossiles », a annoncé M. Vurobaravu. Il a jugé essentiel que les États révisent et améliorent leurs contributions déterminées au niveau national à l’Accord de Paris. Enfin, il a indiqué que les États insulaires présenteront cette année à l’Assemblée générale un projet de résolution sur les changements climatiques et la CIJ.

M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, a dit prendre la parole au nom de 14 millions de Palestiniens qui vivent une tragédie en raison de la Nakba vécue il y a 74 ans, en 1948, qui s’est avérée une humiliation pour l’ensemble de l’humanité. Il a ajouté que plus de cinq millions de Palestiniens ont vécu sous l’occupation militaire israélienne depuis plus de 54 ans. Après avoir accusé Israël de détruire quotidiennement la solution des deux États, le Président palestinien a estimé qu’Israël montre par ses agissements qu’il ne croit pas à la paix et impose un statu quo par la force. « Israël continue de piller nos ressources, comme si notre terre n’appartenait à personne, en donnant une liberté totale aux colons et aux militaires qui tuent au grand jour », a-t-il dénoncé, avant de préciser que les Palestiniens sont invités à démolir eux-mêmes leurs maisons pour éviter de se voir facturer une démolition qui serait réalisée par la partie israélienne. « Israël ne nous a laissé aucune terre qui nous permettrait d’exercer notre indépendance », a déclaré le Président Abbas, avant d’assurer que les Palestiniens sont prêts à vivre avec les Israéliens.

Le Président Abbas a demandé aux États-Unis de poursuivre en justice les assassins de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh qui était aussi une citoyenne américaine. Il a déclaré que les sites sacrés musulmans et chrétiens sont ciblés au quotidien par Israël sans aucune justification. Il a aussi dénoncé la modification du contenu des livres scolaires destinés aux enfants palestiniens, arguant que leur histoire est falsifiée. « Israël applique des lois racistes consacrant un régime d’Apartheid », a aussi martelé le Président palestinien, avant de demander « qui protège Israël » et « qui lui permet d’enfreindre le droit international ». Il a indiqué que la guerre de 1948 a généré 950 000 réfugiés palestiniens, les colons étant au nombre de 751 000, soit 25% de la population totale de Cisjordanie et de Jérusalem. Il a également cité la destruction de 529 villages palestiniens et les plus de 50 massacres perpétrés. M. Abbas a demandé à la communauté internationale de pousser Israël à assumer les conséquences juridiques, politiques, morales et financières de ses exactions. « Nous sommes le seul peuple du monde à vivre encore sous occupation », a scandé le Président Abbas, après avoir demandé combien de siècles il faudrait encore attendre pour mettre fin à l’occupation israélienne. Les accords de 1993 ne sont plus valides selon lui, puisqu’ils sont violés quotidiennement par Israël.

« Comment est-il possible qu’aucune des 754 résolutions adoptées par l’Assemblée générale ni qu’aucune des 96 résolutions adoptées par le Conseil de sécurité sur la situation israélo-palestinienne n’ait été appliquée? » a demandé le Président palestinien en citant aussi les 96 du Conseil des droits de l’homme. Il a suggéré que l’ONU, pour avancer, applique au moins la résolution 181 (II) de l’Assemblée générale des Nations Unies, votée le 29 novembre 1947, qui recommande le partage de la Palestine en un État juif, un État arabe avec une zone « sous régime international particulier ».

« S’il vous plaît protégez-nous, protégez-nous contre la violence d’Israël », a-t-il lancé à l’ONU, en promettant que la Palestine n’aura pas recours aux armes et luttera contre le terrorisme. « Protégez-nous contre la violence, comme vous le faites pour les autres », a-t-il insisté, avant de regretter que personne n’ose expliquer pourquoi Israël reste au-dessus des lois. Dans ce contexte, il a exhorté Israël, les États-Unis et le Royaume-Uni à admettre leurs responsabilités dans ce crime perpétré contre la Palestine et à présenter des excuses au peuple palestinien en fournissant les dédommagements qui s’imposent. « En tant qu’État observateur auprès des Nations Unies, nous avons apporté la preuve de notre capacité à devenir un membre à part entière de l’ONU », a fait remarquer le Président Abbas, avant d’implorer l’Organisation d’accorder à la Palestine le statut de Membre à part entière. Enfin, il a rappelé que l’État de Palestine a signé des accords avec 85 États en matière de lutte contre le terrorisme, avant de rendre hommage aux nombreux prisonniers palestiniens dont des milliers d’enfants arrêtés au mépris du droit des enfants. « Avez-vous une solution? », a-t-il lancé aux États Membres, avant de conclure que l’occupation prendra fin tôt ou tard.

M CHARLES MICHEL, Président du Conseil européen, a fait observer que la Russie a déclenché une « guerre hybride » qui conjugue la violence des armes et le poison du mensonge, déclinant une série d’assertions fallacieuses venues de Moscou. Ainsi, la Russie serait menacée depuis des années par « l’Ouest », mais « c’est faux! » s’est-il exclamé. Il a expliqué que le Kremlin tente de mobiliser le reste du monde contre un ennemi imaginaire car personne n’a menacé, attaqué, ni envahi la Russie. Deuxième mensonge selon M. Michel: la guerre viserait à empêcher un prétendu génocide. « C’est faux et c’est immonde! » s’est-il insurgé. Troisième mensonge: l’agression contre l’Ukraine serait une simple opération spéciale et non une guerre. « C’est faux! » La mobilisation annoncée de centaines de milliers de réservistes ne fait que le confirmer, a-t-il relevé. Quatrième mensonge: les sanctions provoqueraient des pénuries d’aliments et de fertilisants. « C’est faux! » C’est la Russie qui a bloqué unilatéralement les ports de la mer Noire, a-t-il rétorqué. Se félicitant que les couloirs routiers ouverts par l’Union européenne aient permis de faire sortir 10 millions de tonnes de produits alimentaires d’Ukraine, M. Michel a dénoncé les menaces de la Russie de ne pas prolonger l’accord trouvé avec l’Ukraine, l’ONU et la Türkiye pour exporter des céréales par la mer Noire. Rappelant un article de Vladimir Putin, paru l’année dernière, dans lequel il estimait que l’Ukraine n’était « ni une nation ni un État légitime », M. Michel a estimé que personne n’était dupe et que des « simulacres de référendums » n’y changeraient rien.

Le Président du Conseil européen a cité la définition de l’impérialisme donnée par Modibo Keita, premier Président du Mali, lors de la fondation de l’Organisation de l’unité africaine en 1963: « la domination d’un homme sur un homme, d’une société sur une société, d’un peuple sur un peuple », estimant qu’elle s’appliquait à un pays menant une « guerre de colonisation » et agitant la menace nucléaire. L’Union européenne (UE) ne demande à personne de choisir entre l’Est, l’Ouest, le Nord ou le Sud, a-t-il assuré, expliquant qu’elle défend un ordre fondé sur des règles face à la loi du plus fort. Face à une Russie qui fait peur et à un Kremlin qui se comporte en maître-chanteur, M. Michel a décrit l’action d’une Union européenne ayant la coopération multilatérale pour ADN. « Avec nos frères africains, nous avons reprogrammé le logiciel: notre partenariat est sincèrement d’égal à égal et je plaide pour l’inclusion de l’Union africaine au G20 », a-t-il affirmé. Considérant que le droit de veto au Conseil de sécurité devait être l’exception et non la règle, il s’est prononcé en faveur d’une réforme de l’institution, ajoutant que le déclenchement d’une guerre injustifiable et condamnée par l’Assemblée générale de la part d’un des membres permanents devrait entraîner sa suspension automatique du Conseil.

Avertissant qu’en raison des multiples crises actuelles, un cinquième de l’humanité risquait de sombrer dans la pauvreté et la famine, le Président du Conseil a rappelé que l’UE avait alloué 8 milliards d’euros à la sécurité alimentaire d’ici à 2024. Il a indiqué que l’UE et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sont à l’initiative d’un traité sur les pandémies pour renforcer la sécurité sanitaire mondiale. « Nous sommes à un moment charnière de notre histoire humaine », s’est ému M. Michel, citant Winston Churchill qui, en 1946, affirmait que la Société des Nations n’avait pas échoué à cause de ses principes mais parce que les États qui l’avaient fondée n’avaient pas regardé les faits en face, pendant qu’il était en encore temps. M. Michel en a appelé à un sursaut « ensemble et maintenant ».

M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre et Ministre des affaires iTaukei, de l’industrie sucrière, des affaires étrangères et des forêts des Fidji, a condamné la guerre en Ukraine mais aussi « l’autre guerre -la guerre climatique- que l’humanité mène contre elle-même, nos écosystèmes et l’océan ». Cette guerre n’est pas menée avec des balles et des bombes, a-t-il ajouté, mais avec de l’apathie, du déni et un manque de courage pour faire ce que nous savons tous doit être fait. Face à cette « guerre que nous perdons dans chaque communauté, ville et pays de toutes tailles », et dont les petits États -ceux qui en sont les derniers responsables- paient le prix le plus élevé, il a salué le courage et la fierté que lui oppose le peuple fidjien. Il a exhorté les États les plus puissants à entendre les aspirations de ce peuple, que leur déni de réalité empêche de réaliser.

M. Bainimarama a souligné les efforts considérables de son pays pour rendre accessible l’éducation à tous les enfants et jeunes fidjiens et pour accompagner la reprise économique d’un pays « sonné » par un effondrement de la croissance de 20% en raison de la pandémie de COVID-19 et des aléas climatiques. Le secteur du tourisme a essuyé la tempête, et suite à la réouverture cette année des frontières, a-t-il dit, ce secteur recommence à embaucher des jeunes, cette résilience remarquable ayant été possible par les mesures d’aide mises en place par son gouvernement.

Contre les tempêtes qui fauchent des vies, détruisent les écoles et traumatisent nos enfants, je mets au défi les dirigeants qui émettent le plus de gaz à effet de serre de ne pas reconnaître leurs torts, a ensuite lancé le Premier Ministre fidjien, qui a dit sa résolution de reconstruire « coûte que coûte » son pays. Or, l’accès à des conditions préférentielles est difficile à cause de l’état de l’économie mondiale, a-t-il encore signalé, assurant que l’amélioration du bien-être des petits États insulaires restera « malgré tout » la priorité de leurs dirigeants. À cet égard, il a demandé la création lors de la COP27, qui se tiendra en novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte, d’un mécanisme de versement de dédommagements, lequel viendrait s’ajouter au cadre de financement de l’aprés-2025. Dix pour cent des 750 milliards de dollars attendus au titre de ces financements doivent être destinés aux petits États insulaires, a-t-il rappelé.

En conclusion, il a plaidé pour l’avènement d’un monde de courage et d’une économie verte et bleue et non d’une époque de guerre. « Qui est à avec nous? » a-t-il demandé, avant de conclure en lançant à l’assistance: « Ne levez la main que si vous êtes sincèrement prêts à le démonter. »

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre du Luxembourg, s’est inquiété que la guerre d’agression lancée par la Russie contre l’Ukraine, un pays voisin souverain, avec l’implication du Bélarus, fait resurgir le spectre d’une guerre mondiale. « J’ai participé au mois de mars aux efforts visant à convaincre le Président russe de négocier un cessez-le-feu et de revenir à la voie de la diplomatie », a-t-il rappelé, regrettant que cette initiative n’ait pas permis d’arrêter une guerre qui a déjà fait plus de 14 000 victimes parmi la population civile en Ukraine, dont plus de 1 000 enfants. Après avoir fustigé la volonté russe d’organiser des référendums illégaux, il s’est dit persuadé que « les citoyens russes ne comprendront pas que leurs enfants aillent mourir pour une guerre qui n’a pas de sens ». À ceux qui appellent les Occidentaux à mettre un terme aux sanctions, il a répondu que la priorité était de mettre un terme à la guerre.

Le Luxembourg est fier de poursuivre une politique de coopération et d’action humanitaire ambitieuse, en consacrant 1% de son revenu national brut à l’aide publique au développement (APD), a poursuivi le Premier Ministre. Il a décidé de porter à 220 millions d’euros sur la période 2021-2025 son financement climatique international, dont la moitié va à l’adaptation aux changements climatiques dans les pays les plus vulnérables. « En tant que chef de file européen en matière de finance durable, la place financière du Luxembourg joue déjà aujourd’hui un rôle majeur dans la mobilisation des capitaux privés requis pour financer la transition vers la neutralité carbone d’ici à 2050 », a-t-il ajouté, avant de souligner une coopération avec la Banque européenne d’investissement dans le domaine de la finance durable. Face à l’urgence climatique, le Gouvernement vient d’établir un Conseil des citoyens sur le climat. M. Bettel a précisé que les liens entre changements climatiques et droits humains et la promotion des droits des enfants font partie des priorités du Luxembourg au Conseil des droits de l’homme dans le cadre de son mandat 2022-2024. Par ailleurs, le Luxembourg a eu l’honneur de faciliter avec le Bangladesh les négociations qui ont abouti à l’adoption par consensus de la première déclaration sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Il a aussi participé aux efforts qui ont permis l’adoption par consensus de l’initiative du Liechtenstein sur le veto. Enfin, le dirigeant a salué la décision récente de créer un bureau de la jeunesse des Nations Unies avant d’indiquer que son pays était candidat au Conseil de sécurité pour le mandat 2031-2032.

M. MARK RUTTE, Premier Ministre des Pays-Bas, a appelé à l’arrêt immédiat de l’agression menée par la Russie, ajoutant que « Vladimir Putin ne s’arrêtera pas à l’Ukraine si on ne l’arrête pas maintenant ». Il a également appelé tous les États Membres de l’ONU à condamner cette attaque contre les fondations de la sécurité collective. Exprimant son admiration pour les succès de l’Ukraine sur le champ de bataille, il a estimé qu’ils validaient la stratégie du soutien militaire et encourageaient à l’augmenter. M. Rutte a considéré les déclarations de Vladimir Putin évoquant l’emploi de l’arme nucléaire comme un signe de faiblesse et de panique, estimant que cette tentative de semer la division est vouée à l’échec. Il s’est associé aux souffrances des Ukrainiens, mais aussi des Russes enrôlés de force et des millions de victimes de la faim et de la pauvreté causées par cette guerre dans le monde.

Convaincu que les « crimes horribles » commis à Boutcha ne devaient pas rester impunis, le Premier Ministre a fait savoir que son pays, qui abrite la capitale juridique du monde, avait envoyé des enquêteurs sur le terrain et accueilli la Conférence sur la responsabilité des crimes commis en Ukraine, à laquelle 45 pays ont participé en juillet dernier. Il a aussi rappelé que la justice des Pays-Bas traquait depuis huit ans les Russes responsables d’avoir abattu le vol MH17, faisant 298 victimes.

Le Premier Ministre a ensuite indiqué que les Pays-Bas sont très affectés par les changements climatiques. Relevant que 90% de toutes les catastrophes climatiques sont liées au manque ou à l’excès d’eau, il a insisté sur la nécessité d’investir dans la sécurité hydrique et s’est félicité de l’organisation conjointe, l’an prochain par son pays et le Tadjikistan, de la Conférence internationale des Nations Unies sur l’eau, appelant tous les États Membres à y participer. Rappelant que les Pays-Bas consacraient la moitié de leur effort financier pour l’action climatique à l’adaptation et à la résilience, il a assuré qu’il allait continuer à plaider pour un doublement des enveloppes consacrées à ces questions au niveau global. M. Rutte a conclu son intervention par un appel à ne pas retourner à « l’âge des guerres impériales et des fosses communes ».

M. MANASSEH DAMUKANA SOGAVARE, Premier Ministre des Îles Salomon, a constaté que l’évolution du système international a suscité un regain d’intérêts stratégiques dans le Pacifique, avec des superpuissances et des puissances moyennes qui cherchent à renforcer leur présence sur le continent bleu du Pacifique. Le droit d’établir des relations diplomatiques entre des nations souveraines est un principe universel partagé par tous les membres des Nations Unies, a rappelé le Chef de Gouvernement. Or les Îles Salomon ont été « injustement visées depuis qu’elles ont officialisé leurs relations diplomatiques avec la Chine, il y a un peu plus de trois ans. Nous avons été soumis à un barrage de critiques injustifiées et déplacées, de désinformation et d’intimidation qui menacent notre démocratie et notre souveraineté », a-t-il déploré.

Par ailleurs, les Îles Salomon ont adopté une politique étrangère -« Amis de tous et ennemis de personne »- dans le cadre de laquelle elles ne s’aligneront pas sur une ou plusieurs puissances extérieures ou sur une architecture de sécurité qui les prendraient pour cible ou tout autre pays souverain ou qui menaceraient la paix régionale et internationale. « Les Îles Salomon ne seront pas contraintes de choisir un camp », a tranché M. Sogavare. Les Îles Salomon rejoignent les autres pays du continent bleu du Pacifique qui ont signé le Traité de Rarotonga pour maintenir un Pacifique dénucléarisé, a poursuivi le Premier Ministre, en se faisant l’écho des préoccupations exprimées par d’autres pays du Pacifique concernant la proposition du Japon de rejeter dans l’océan les eaux nucléaires traitées par la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Il a par ailleurs informé l’Assemblée générale que les Îles Salomon ont désormais formalisé juridiquement la délimitation de l’ensemble de leurs cinq frontières maritimes avec l’Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Vanuatu, la France et les Fidji, ses droits et obligations étant désormais protégés « à perpétuité par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer ».

M. Sogavare a réaffirmé la lutte de son pays contre les changements climatiques. « Pour les pays les moins avancés comme les Îles Salomon, la vulnérabilité est un obstacle majeur au développement durable ». Il a donc appelé tous les États et partenaires à soutenir le développement de l’indice de vulnérabilité multidimensionnel concernant les petits États insulaires en développement. Alors que les pays insulaires du Pacifique comme le sien sont en « mode constant de redressement » après des catastrophes naturelles, il convient d’établir des mécanismes financiers mondiaux adéquats pour que la charge économique de la reconstruction ne soit pas uniquement à leur charge. Malheureusement, nous constatons que davantage de ressources sont consacrées aux guerres qu’à la lutte contre les changements climatiques, a regretté le Premier Ministre. Les pays de la région, a-t-il précisé, ont également créé une « facilité de résilience du Pacifique ». Enfin, il a salué l’initiative du Vanuatu visant à demander à la Cour internationale de Justice (CIJ) de rendre un avis consultatif sur les changements climatiques.

Mme JACINDA ARDERN, Première Ministre, Ministre de la sécurité nationale et du renseignement, de la réduction de la pauvreté touchant les enfants et des services ministériels de la Nouvelle-Zélande, a déclaré que les leçons de la COVID-19 sont à bien des égards les mêmes que les leçons des changements climatiques, à savoir que « lorsqu’une crise s’abat sur nous, nous ne pouvons la résoudre seuls ». Pour répondre aux défis planétaires, Mme Arden a proposé une double stratégie, associant l’effort collectif régional et l’utilisation des outils multilatéraux qui ont fait la preuve de leur efficacité en matière de progrès humain.

Qu’il s’agisse de climat, de commerce, de crise sanitaire ou de recherche de solutions de paix, la Nouvelle-Zélande a toujours été une adepte du multilatéralisme, a ajouté la Première Ministre. Sur l’ONU, qui est le moteur du multilatéralisme, Mme Ardern a estimé que ses principes et objectifs demeurent plus pertinents aujourd’hui que jamais, à condition toutefois qu’elle sache se réformer. En mars, a-t-elle dit, alors que nous avions le plus besoin que le Conseil de sécurité de l’ONU agisse pour la défense de la paix et de la sécurité internationales, il n’a pas été en mesure de remplir son mandat à cause d’un membre permanent abusant de sa position privilégiée.

Poursuivant ses allusions à la crise ukrainienne, Mme Ardern a affirmé que les États Membres ne renonceront jamais à mobiliser les institutions multilatérales pour se dresser contre « cette guerre illégale et les autres ». C’est pourquoi, a-t-elle ajouté, la Nouvelle-Zélande avait plaidé en faveur de l’initiative de l’Assemblée générale sur le droit de veto. Elle a ajouté qu’à terme, ce droit devrait être aboli et les membres permanents mis dans l’obligation d’exercer leur responsabilité en matière de paix et de sécurité internationales, « pour qu’ils cessent de poursuivre leurs intérêts nationaux y compris à l’ONU ».

Par ailleurs, Mme Arden a plaidé pour l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, dont son pays défend la portée humanitaire, et a exhorté la Russie à ne pas continuer de saper le régime de non-prolifération du TNP en bloquant tout progrès en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaire. Elle a également attiré l’attention sur la nécessité de lutter avec la même détermination et dans le cadre du droit international contre la prolifération de ces nouvelles armes que sont les cyberattaques, la désinformation et la manipulation en ligne. À cet égard, elle a appelé les pays à appuyer le « Christchurch Call to Action », un appel contre l’extrémisme violent en ligne lancé par la France et la Nouvelle-Zélande au lendemain de l’attentat perpétré le 15 mars 2016 dans la mosquée de Christchurch et qui avait fait 51 victimes.

M. MUHAMMAD SHEHBAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, a déclaré qu’aucun mot ne peut décrire le choc ni la transformation du visage de son pays suite aux inondations dévastatrices qui ont poussé un tiers de son territoire sous les eaux. Pendant 40 jours et 40 nuits, une inondation biblique s’est déversée sur nous, pulvérisant tout ce que nous savions sur les catastrophes naturelles et la manière de les gérer. Aujourd’hui encore, des pans entiers du pays demeurent sous l’eau, « submergés par un océan de souffrances humaines », s’est désolé le Premier Ministre. Dans ce « point zéro des changements climatiques », 33 millions de personnes sont désormais exposées à des risques sanitaires élevés, alors que plus de 1 500 personnes ont péri dans l’inondation, dont 400 enfants. Des millions de migrants climatiques sont toujours à la recherche d’une terre sèche où planter leurs tentes, avec des pertes déchirantes pour leur famille et leurs moyens de subsistance. À ses yeux, il est temps de se demander non pas ce qui peut être fait pour lutter contre les changements climatiques, mais ce qui doit être fait.

« Ce qui s’est passé au Pakistan ne restera pas au Pakistan », a lancé le Premier Ministre. Lorsque les caméras s’en iront et que l’histoire se déplacera vers des conflits comme celui de l’Ukraine, serons-nous laissés seuls pour faire face à une crise que nous n’avons pas créée? s’est encore demandé M. Sharif, en précisant que plus de 1,1 million de personnes seront acculées à la pauvreté. « La nature s’est déchaînée sur le Pakistan sans tenir compte de notre empreinte carbone, qui est quasiment nulle. Ceci n’est pas le résultat de nos actions », a-t-il affirmé. Appelant à laisser de côté les préoccupations du XXe siècle pour revenir aux défis du XXIe siècle, M. Sharif a souligné qu’à moins que les dirigeants du monde ne s’unissent pour agir maintenant dans le cadre d’un « programme minimal convenu » de lutte contre les changements climatiques, il n’y aura bientôt plus de terre pour laquelle se battre.

Pour l’heure, la priorité du Pakistan est d’assurer une croissance économique rapide et de sortir des millions de personnes de la misère et de la faim, a poursuivi le Premier Ministre. À cette fin, il a besoin d’un environnement extérieur stable, en paix avec ses voisins, y compris l’Inde. La paix demeure toutefois subordonnée à l’atteinte d’une solution « juste et durable » au conflit au Jammu-et-Cachemire, reconnaissant le droit du peuple cachemiri à l’autodétermination. Cependant, les actions « illégales et unilatérales » de l’Inde du 5 août 2019 visant à modifier le statut internationalement reconnu du Jammu-et-Cachemire et à altérer sa composition démographique ont miné les perspectives de paix et attisé les tensions régionales, a déploré le Premier Ministre, avant de décrier la répression « implacable » menée depuis par l’Inde. Il a appelé l’Inde à prendre des mesures crédibles pour créer un environnement constructif et à démontrer sa sincérité et sa volonté de prendre part au dialogue en annulant les mesures illégales susmentionnées et en mettant un terme au processus de changement démographique.

Se tournant vers la situation en Afghanistan, le Premier Ministre a estimé qu’à ce stade, isoler le Gouvernement intérimaire ne ferait qu’aggraver les souffrances du peuple afghan. Il a plutôt prôné un engagement constructif et un soutien économique adéquat, en soulignant l’intérêt de son pays dans l’émergence d’une Afghanistan stable, « en paix avec elle-même et le monde ». Il a exhorté la communauté internationale à répondre à l’appel du Secrétaire général en faveur d’une aide humanitaire et économique de 4,2 milliards de dollars, ainsi qu’à débloquer ses réserves financières. M. Sharif a déploré en terminant la montée de l’islamophobie depuis le 11 septembre, dénonçant les « proportions épidémiques » de la suspicion, de la peur et de la discrimination à l’égard des musulmans dans le monde entier, et notamment en Inde.

M. SAMDECH AKKA MOHA SENA PADEI TECHO HUN SEN, Premier Ministre du Cambodge, a tout d’abord passé en revue les multiples crises auxquelles fait face la communauté internationale, s’inquiétant notamment des répercussions de la guerre en Ukraine, de la situation dans la péninsule coréenne, de même que des tensions autour de Taiwan. Notant que la bataille contre la pandémie de la COVID-19 n’est pas encore terminée, il a appelé à un système de santé mondial fort, au sein duquel l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)jouerait un rôle de coordination central pour renforcer les systèmes de santé nationaux. De même, il a estimé qu’un engagement multilatéral ouvert et transparent dans la distribution des vaccins est le seul moyen de se préparer et de prévenir de futures pandémies. Exhortant ensuite à changer notre mode d’action face aux changements climatiques, il a appelé à mettre l’accent sur les efforts d’atténuation, le financement climatique et le transfert de technologie. Les résultats de la COP26 doivent être mis en œuvre de toute urgence, tout en gardant à l’esprit le principe des responsabilités communes mais différenciées, a-t-il précisé.

Le Premier Ministre s’est également inquiété de la rivalité entre les États-Unis et la Chine et de ses répercussions sur les perspectives de croissance mondiale, et a appelé à renforcer le système commercial multilatéral fondé sur des règles avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en son centre. Il a aussi attiré l’attention sur la nécessité d’élaborer des politiques numériques inclusives, essentielles pour réduire les fractures grandissantes et générer de nouvelles sources de croissance. Le renforcement du développement économique vert est également indispensable pour favoriser un développement socioéconomique durable, a-t-il ajouté.

Après avoir rappelé que le Cambodge assurait cette année la présidence de l’ASEAN, M. Hun Sen a fait savoir qu’une « coordination » est en cours pour accepter le Timor-Leste comme onzième membre de l’Association d’ici à la fin de l’année ou l’an prochain. Il s’est ensuite inquiété de la situation au Myanmar et de ses implications pour la sécurité et la stabilité de l’ensemble de la région. En sa qualité de Président de l’ASEAN, le Cambodge se mobilise notamment pour renforcer la confiance entre les parties afin de permettre un dialogue politique inclusif, comme le prévoit le consensus en cinq points de l’ASEAN.

Poursuivant, le Premier Ministre s’est félicité des efforts de son gouvernement pour prévenir la propagation de la COVID-19, faisant du Cambodge l’un des pays ayant le taux de couverture de la population vaccinée le plus élevé au monde. Il a aussi cité la mise en œuvre d’une nouvelle loi sur l’investissement dans le contexte de la COVID-19, ainsi que l’adoption d’accords de libre-échange avec la Chine et la République de Corée.

Le Premier Ministre s’est félicité également du déroulement des élections communales de juin durant lesquelles 80% des électeurs inscrits ont voté de manière libre, équitable, pacifique et transparente, donnant une écrasante majorité en faveur du parti au pouvoir. M. Hun Sen a par ailleurs fait savoir qu’hier, les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) ont confirmé la condamnation à perpétuité de l’ancien Chef d’État khmer rouge pour génocide, crimes contre l’humanité et violations graves des Conventions de Genève. Ce moment historique a mis en relief la grande coopération entre le Cambodge et l’ONU par le biais du tribunal hybride pour rendre justice au peuple cambodgien qui a subi le crime odieux d’autogénocide, a-t-il dit.

M. PHILIP JOSEPH PIERRE, Premier Ministre et Ministre des finances, du développement économique et de l’économie de la jeunesse de Sainte-Lucie, a déclaré que les petits pays en développement sont ceux qui continuent de souffrir le plus d’un ordre mondial inéquitable, dans lequel les riches et les puissants ne réparent pas les torts qu’ils causent aux plus faibles. Il a énuméré les événements internationaux qui, au cours des dernières décennies, ont entravé le développement des pays comme le sien. Malgré notre petite taille, malgré notre volonté délibérée d’être une source de paix et d’amitié, malgré nos traditions démocratiques et malgré nos efforts sincères pour faire du développement de nos peuples notre premier objectif, nous continuerons de nous heurter à un monde qui nous laisse seuls, a-t-il déploré.

Pour lutter contre les changements climatiques, et parce que les institutions financières multilatérales n’ont toujours pas modifié leur fonctionnement pour faciliter l’accès des pays en développement aux ressources nécessaires à la refonte de leur économie et à leur résilience face à l’écocide en cours, il en a appelé à l’instauration d’un régime spécial pour les petits États insulaires en développement. À ce propos, il a demandé que les vulnérabilités de ces États soient prises en compte dans l’élaboration des obligations financières internationales en matière d’aide au développement. Les rouages de l’économie mondiale doivent continuer de tourner tout en nous permettant de participer de manière significative à la marche du monde, a-t-il plaidé. À son tour, il a demandé l’adoption d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel concernant les petits États insulaires en développement lors de la COP27 qui se tiendra au mois de novembre en Égypte. Il a par ailleurs souligné l’importance de parvenir à un accord sur le partage et l’utilisation durable des ressources marines situées au-delà de la juridiction nationale, cela dans le cadre des travaux du comité préparatoire pertinent. Après avoir appelé à la levée des sanctions contre le Venezuela, M. Pierre a fait part de sa grave préoccupation face à la détérioration continue de la situation sécuritaire en Haïti, assurant l’Assemblée que son pays continuera dans les prochaines semaines, au sein de la CARICOM, à œuvrer à la réunion des conditions nécessaires à la tenue d’élections libres, justes et crédibles.

M. ALEXANDER DE CROO, Premier Ministre de Belgique, a commencé son discours en racontant l’histoire de Karina, 22 ans, torturée par les soldats russes en Ukraine. Il a déclaré que face à l’agression russe, la neutralité ne peut être de mise, avant de citer cette phrase de Mikhaïl Gorbatchev: « le vainqueur n’est pas celui qui gagne la guerre mais celui qui fait la paix ». Si le monde est moins stable et moins sûr, c’est en raison du scandale d’un membre fondateur des Nations Unies déclenchant une guerre qui rappelle les heures les plus sombres de l’Europe, a accusé M. de Croo. Il a indiqué que les déclarations des derniers jours et la menace d’une guerre nucléaire attestent de la cruauté de la Russie, qui rappelle la barbarie du Moyen-Âge. « Nous devons être extrêmement clairs: cette guerre ne peut être sans conséquences pour ceux qui la livrent. » Il a appuyé les enquêtes de la CPI sur les crimes graves commis en Ukraine, en ajoutant que l’impunité ne doit avoir aucune place. Pas d’impunité pour les bouchers de Boutcha et ceux qui prennent les décisions à Moscou et en endossent la responsabilité, a lancé le Premier Ministre belge.

Il a rappelé que cette guerre ne touche pas seulement l’Ukraine, mais sème l’instabilité, la famine et la pauvreté partout dans le monde. « Nous avons tous vu les images des ports ukrainiens bloqués, des silos à grains bombardés et même de céréales ukrainiennes pillées, des images qui parlent d’elles-mêmes, celles d’un chaos semé par la Russie, et par la Russie seulement, qui met en danger la vie de centaines de millions de personnes en Afrique, en Asie et en Amérique latine. » Au beau milieu de ce chaos, l’initiative sur l’exportation de céréales par la mer Noire, signée en juillet dernier à Istanbul, est apparue comme une lueur d’espoir, a continué M. de Croo, qui a insisté sur le pouvoir rassembleur des Nations Unies.

Il a rappelé que les pays européens n’ont pas ménagé leurs efforts pour faire face à cette crise alimentaire. « Nous avons maintenu les exportations des denrées alimentaires, nous aidons l’Ukraine par des corridors de solidarité et nous apportons une aide d’urgence aux plus vulnérables dans les régions les plus touchées. ». M. de Croo a aussi parlé de ce qu’a fait la Belgique, qui a considérablement augmenté son budget humanitaire ces dernières années et qui entend continuer à travailler main dans la main avec ses partenaires humanitaires pour combler les besoins les plus urgents. Il a fait remarquer que cette crise alimentaire oblige les pays à se pencher sur les faiblesses structurelles des systèmes agroalimentaires. Pour pouvoir atteindre l’objectif du Défi Faim zéro d’ici à 2030, le deuxième objectif de développement durable, il a appelé à concevoir des systèmes alimentaires durables et résilients, des systèmes qui combinent les savoirs traditionnels des agriculteurs locaux avec les connaissances scientifiques produites par la recherche et l’innovation.

M. de Croo a ensuite évoqué la question des droits des femmes, en se disant « outré » par le sort des femmes et des filles en Afghanistan. Malgré les promesses faites, ces dernières sont systématiquement exclues de la vie publique, a-t-il constaté. Le Premier Ministre de la Belgique a rappelé qu’aller à l’école est un droit, pas un privilège, pour les garçons comme pour les filles. Enfin, M. de Croo a de nouveau déclaré que la communauté internationale ne peut pas rester les bras croisés face à la guerre en Ukraine. « Nous devons faire tout ce qui est de notre pouvoir pour aider l’Ukraine à gagner cette guerre. »

M. XAVIER ESPOT ZAMORA, Premier Ministre d’Andorre, a déclaré que la guerre en Ukraine a mis à nu les failles de l’ordre international. Elle a aussi confirmé la perte des valeurs communes qui soutiennent notre coexistence pacifique et constituent l’essence même et la raison d’être de l’Assemble générale. Il a indiqué que son pays a fait preuve de solidarité en accueillant de nombreuses familles ukrainiennes et en leur donnant la possibilité de résider et de travailler sur son territoire, tout comme elle l’avait déjà fait en 2018 lors de la crise humanitaire provoquée par la guerre en Syrie. Nous ne pouvons permettre que l’unilatéralisme s’impose, a dit le Premier Ministre. Il a expliqué que l’adhésion d’Andorre au multilatéralisme vient de la conviction qu’il faut, pour faire face aux crises, aux menaces et aux défis communs, un système multilatéral solide, fondé sur les valeurs universelles qui ont inspiré les textes fondateurs de l’ONU.

Que peut faire un pays d’à peine 80 000 habitants, dont le territoire représente la moitié de la ville de New York, face à un monde qui dépassera bientôt les 8 milliards d’habitants? À cette question, M. Zamora a répondu que son pays peut croire en sa capacité à être exemplaire, croire au rôle qu’il peut tenir face aux défis mondiaux communs depuis qu’il est entré sur la scène internationale et a adhéré aux Nations Unies, il y a 29 ans. Rappelant qu’avec son relief montagneux, Andorre est vulnérable aux changements climatiques, le Premier Ministre a parlé des mesures prises par son gouvernement pour y faire face. Il a évoqué des avancées en matière de fiscalité environnementale qui ont permis de créer un fonds vert intégralement destiné à la transition énergétique. Le fonds a permis de financier davantage de programmes et de faire de l’Andorre l’un des premiers pays au monde à proposer un transport public gratuit. De même, le pays a adopté une loi sur l’économie circulaire, laquelle stipule qu’il faut désormais réintroduire les résidus dans la chaîne de production d’ici à 2035, tout en luttant contre le gaspillage, notamment alimentaire.

Le Chef du Gouvernement d’Andorre a ensuite magnifié le système éducatif de son pays qui donne la place à trois langues: andorran, français et espagnol. C’est d’ailleurs pour cette raison que le pays apporte son soutien aux actions des Nations Unies en faveur du multilinguisme, un outil de dialogue, de communication, d’échange et un vecteur de paix, a-t-il expliqué. Enfin, le Premier Ministre a appelé à construire une nouvelle réalité dans laquelle l’égalité entre les femmes et les hommes ne serait plus seulement un droit, mais un fait.

M. PRAVIND KUMAR JUGNAUTH, Premier Ministre, Ministre de la défense, de l’intérieur et des communications extérieures, Ministre de Rodrigues, des Îles extérieures et de l’intégrité territoriale de Maurice, a estimé que nous nous trouvons à un moment décisif de l’histoire de l’humanité alors que le multilatéralisme continue d’être menacé. Après avoir subi les effets de la pandémie de COVID-19, l’impact, notamment économique, du conflit en Europe se fait maintenant sentir dans le monde entier, a-t-il noté en s’inquiétant que, face à une reprise inégale de l’économie mondiale, l’écart entre les pays continue de se creuser, notamment pour les PEID comme l’Île Maurice. Le Premier Ministre a lancé un appel urgent à la communauté internationale en faveur de la cessation des hostilités et de la résolution des différends par des moyens pacifiques.

Nous assistons de plus en plus à des phénomènes météorologiques extrêmes, marqués par une augmentation des températures et la multiplication des sécheresses et des inondations qui provoquent des crises sans précédent dans le monde entier, s’est alarmé M. Jugnauth, en appelant à éviter toute action susceptible de mener à un écocide. Il a prévenu que pour faire face à ces menaces existentielles, l’accès au financement climatique est essentiel. Maurice souhaite mettre en œuvre ses contributions déterminées au niveau national, dont le coût est estimé à environ 6,5 milliards de dollars, a-t-il expliqué. Afin de combattre les inégalités, le Premier Ministre a invité le système des Nations Unies pour le développement et les partenaires au développement à recourir à un indice de vulnérabilité qui rende compte avec précision des vulnérabilités des PEID afin de hiérarchiser l’allocation des fonds et d’accroître le financement des activités de développement.

Le Premier Ministre a jugé essentiel de restaurer la santé des océans afin de préserver la biodiversité et les moyens de subsistance, ajoutant que les négociations en vue d’un traité mondial contraignant visant à mettre fin à la pollution plastique est un pas important dans la bonne direction. En outre, comme l’ont démontré les crises mondiales récentes, le Conseil de sécurité doit être plus représentatif du monde actuel, a-t-il fait valoir, en proposant l’ajout de membres du continent africain et des PEID.

Par ailleurs, M. Jugnauth a invoqué l’avis consultatif de la CIJ du 25 février 2019, la résolution 73/295 de l’Assemblée générale et l’arrêt de la Chambre spéciale du Tribunal international du droit de la mer du 28 janvier 2021, qui ont confirmé que l’archipel des Chagos fait partie intégrante du territoire de Maurice. Pourtant, cette partie de notre territoire reste occupée, ce qui retarde encore la mise en œuvre de notre programme de réinstallation des Mauriciens d’origine chagossienne qui ont été déplacés de force dans les années 60, a-t-il regretté. Il a invité le Gouvernement du Royaume-Uni à clore ce « sombre chapitre de l’histoire » en quittant la colonie créée par le déplacement forcé de sa population. Il a demandé instamment à la nouvelle Première Ministre britannique de soutenir l’achèvement de la décolonisation de son pays et la réinstallation des anciens habitants des Chagos, comme l’exige le droit international, d’autant plus que Maurice a confirmé qu’elle était prête à conclure un bail à long terme pour la base militaire de Diego Garcia.

M. SIAOSI ‘OFAKIVAHAFOLAU SOVALENI, Premier Ministre et Ministre de l’éducation et de la formation, Ministre de la police, des services d’incendie et des services d’urgence, et Ministre des Forces armées de Sa Majesté, du Royaume des Tonga, a fait valoir qu’il nous incombe de trouver un terrain d’entente pour relever les défis multiples et complexes auxquels nous sommes confrontés sur la planète que nous partageons. Pour ce faire, il a appelé à s’unir afin de trouver la voie à suivre dans le cadre d’un système multilatéral équitable et d’une coopération respectueuse des différences mais animée par le désir commun d’un avenir inclusif. Après avoir rappelé les nombreuses résolutions de l’Assemblée générale coparrainées par son pays afin de parvenir à un règlement pacifique du conflit en Ukraine, il a noté que, malgré la distance, ses répercussions sur les prix des denrées alimentaires et de l’énergie sont ressenties par chacun d’entre nous. « Nous devons reconnaître que la situation s’est dégradée depuis notre dernière rencontre », a lancé le Premier Ministre, pour qui les objectifs de développement durable constituent une « feuille de route pour sortir des crises ».

Nous devons tenir nos promesses envers les populations vulnérables, comme celles des petits États insulaires en développement (PEID), a poursuivi M. Sovaleni. Il a estimé que l’accord qui succédera aux Orientations de Samoa sera vital afin de permettre à la communauté internationale d’appuyer pleinement les PEID, qui « sont et doivent rester un cas particulier en matière de développement ». « Nous ne sommes pas une note de bas de page, nous sommes confrontés à des vulnérabilités uniques », a-t-il insisté, avant de réclamer un indice reconnaissant les vulnérabilités des PEID. Le système financier international actuel utilise des mesures inadaptées à nos circonstances particulières et à nos vulnérabilités écologiques et économiques, ce qui restreint l’accès au financement et à l’allègement de la dette, a déploré le Premier Ministre. Il a remercié à cet égard son homologue d’Antigua-et-Barbuda et le Groupe de haut niveau des Nations Unies pour la publication, d’ici à la fin de cette année, du rapport intérimaire sur le développement d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel.

Les Tonga, a rappelé le Premier Ministre, ont été frappées en janvier par un tsunami causé par l’éruption du volcan Hunga-Tonga-Hunga Ha’apai, qui a dévasté son économie. Nous devons maintenant mieux reconstruire et renforcer la résilience nationale face aux risques de catastrophes naturelles, a-t-il reconnu. Les changements climatiques demeurent toutefois la plus grande menace existentielle à laquelle est confrontée la région du Pacifique, et les Tonga sont le troisième pays le plus vulnérable aux catastrophes naturelles, a-t-il relevé. Il a réitéré son appel pour que cette question devienne un point permanent à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

Les Tonga rejoignent les États Membres qui ont fait valoir l’importance de l’océan et des mers pour le développement durable mondial, a poursuivi le Premier Ministre. Il s’est dit confiant que les négociations visant à conclure un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale, dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, seront couronnées de succès. Il a salué en terminant l’initiative du Vanuatu de solliciter un avis consultatif de la CIJ afin de clarifier les conséquences juridiques des changements climatiques.

M. KYRIAKOS MITSOTAKIS, Premier Ministre de la Grèce, a estimé que face à l’invasion russe de l’Ukraine, les Européens ont « toutes les raisons d’être fiers » de leur réponse: avoir soutenu l’Ukraine, l’avoir dotée de moyens de se défendre contre l’agresseur et avoir imposé des sanctions punitives qui commencent à peser sur l’économie russe. Face à l’impact de ce conflit sur les prix de l’énergie, il a annoncé que son pays se détournera rapidement des hydrocarbures russes, au moyen de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables, qui sont propres mais aussi les plus sûres d’un point de vue géopolitique.

Le Premier Ministre a ensuite rappelé que, depuis près de 50 ans, les Chypriotes vivent sur une île divisée à la suite d’une invasion illégale et d’une occupation militaire. Ankara et les dirigeants chypriotes turcs insistent toujours sur des demandes inacceptables, a-t-il ensuite déploré. Il a dit que la Grèce plaide en faveur de négociations en vue d’un règlement mutuellement acceptable, ainsi que pour les mesures de confiance proposées par le Président de Chypre, Nikos Anastasiades. Le Premier Ministre a dénoncé un « agenda révisionniste et toujours plus agressif » de la Türkiye à l’encontre de la Grèce, notamment en mer Egée, ainsi qu’un rôle déstabilisateur en Méditerranée orientale, au Moyen-Orient et dans le Caucase. De telles actions sapent la paix et la stabilité en Méditerranée orientale à un moment où la communauté internationale est confrontée à une guerre en Ukraine, a poursuivi M. Mitsotakis.

Les revendications turques sur la souveraineté des îles grecques sont sans fondement et inacceptables, a-t-il martelé, en déclarant qu’elles constituent une ligne rouge. « Je ne transigerai jamais sur l’intégrité territoriale, la sécurité et la stabilité de mon pays », a prévenu le Premier Ministre. « Et pourtant, il existe une autre voie », a-t-il poursuivi avant d’adresser ce message aux dirigeants et peuple turcs: « La Grèce ne constitue pas une menace pour votre pays. Nous ne sommes pas vos ennemis. » Accusant aussi la Türkiye d’instrumentaliser les migrants en encourageant leur traversée vers la Grèce afin de faire pression sur l’Union européenne, M. Mitsotakis a assuré que la Grèce continuera à protéger ses frontières.

Le Premier Ministre a assuré que la transformation verte est au cœur du programme de réforme de son gouvernement, lequel établit une feuille de route pour une transition vers le « zéro émission nette d’ici à 2050 ». En partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a poursuivi le Premier Ministre, Athènes mène une bataille pour protéger le patrimoine culturel, non seulement des changements climatiques, mais aussi des conflits armés, du trafic illicite, de ses liens avec le financement du terrorisme, et du fondamentalisme religieux. Il s’est réjoui que la Grèce soit l’un des rares pays à n’avoir dévié d’aucun des 17 objectifs de développement durable pour 2030.

Soulignant l’importance de l’environnement marin, le Premier Ministre a annoncé que la Grèce accueillera en 2024 la neuvième Conférence internationale Our Ocean. Enfin, il a plaidé pour la coopération multilatérale dans la lutte contre les changements climatiques, sans quoi les épisodes climatiques violents de cet été deviendront la norme. Il a ajouté que la Grèce s’assurera que les pays européens coopèrent plus efficacement dans le domaine de la protection civile grâce au programme RescEU. « Nous avons une dernière chance de faire les choses correctement », a-t-il conclu.

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a fait part de la déception de petits pays comme le sien qui constatent le non-respect des promesses faites par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité d’œuvrer à la paix et au développement du monde. La confiance dans le Conseil ayant diminué du fait de leurs actions, il a invité ces membres à prendre de nouveau l’engagement d’assumer leur rôle à cet égard. À cause du veto de l’un d’entre eux, a-t-il poursuivi, le Conseil n’a pu adopter une résolution qui avait pourtant le soutien de 113 États Membres pour reconnaître que les changements climatiques sont une menace à la paix et la sécurité internationales. Selon le Chef du Gouvernement, les changements climatiques sont « la plus grave menace à laquelle fait face l’humanité ». Des milliards de dollars ont été promis pour lutter contre ce fléau, mais rien n’a été déboursé, a-t-il regretté. Au vu de cet échec, les membres de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) entendent se rendre à la COP27 en Égypte, en novembre prochain, pour demander la création d’un fonds d’intervention pour les pertes et dommages en rapport avec les changements climatiques et le réchauffement de la planète. Le Premier Ministre a insisté pour que les États responsables de cette situation respectent leurs obligations et offrent des compensations aux victimes.

M. Browne a ensuite appelé les États-Unis à lever l’embargo contre Cuba. Il a aussi salué l’initiative du précédent Président de l’Assemblée générale qui a établi un groupe d’experts de haut niveau pour réfléchir à l’établissement d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel des petits États insulaires en développement (PEID). Il a dit l’honneur qui est le sien d’avoir été désigné comme Coprésident dudit panel par le Secrétaire général et noté que son pays accueillera en 2024 la quatrième Conférence internationale des Nations Unies sur les PEID.

M. MUSTAFA AL-KADHIMI, Premier Ministre de l’Iraq, a estimé que l’histoire de son pays démontre la force de l’espoir pour surmonter les défis qui paraissent impossibles, notamment en matière de conflits politiques internes. Malgré les circonstances difficiles, les Iraquiens ont utilisé cet esprit d’espoir pour combattre le terrorisme et le vaincre au nom du monde entier, a-t-il souligné, en insistant sur les énormes sacrifices consentis pour libérer le territoire national des combattants de Daech et les empêcher d’enraciner leur idéologie destructrice. Exprimant sa reconnaissance aux alliés de l’Iraq qui l’ont fait bénéficier de leur expertise dans la lutte contre le terrorisme, il a dit attendre un soutien supplémentaire de l’ONU pour reconstruire les zones touchées par l’occupation de Daech, répondre aux besoins humanitaires, reconstruire les infrastructures détruites et permettre aux personnes déplacées de retrouver une vie normale. Le Premier Ministre a par ailleurs indiqué que le Gouvernement iraquien poursuit ses efforts pour aider au rapatriement des familles iraquiennes vivant dans le camp de Hol, en Syrie, afin qu’elles puissent regagner leurs lieux d’origine. Il a également fait valoir que le territoire iraquien ne doit pas être utilisé sous le prétexte de lutter contre le terrorisme ou de protéger la sécurité d’autres pays d’une manière qui mette en danger la sécurité et la stabilité de l’Iraq, insistant sur la nécessité de respecter les principes consacrés par la Charte des Nations Unies et les règles du droit international. Sur le plan intérieur, il s’est félicité du succès des élections d’octobre dernier, avant de déplorer que les forces politiques iraquiennes n’aient encore pu s’entendre sur la formation d’un gouvernement. Face à cette impasse, il a prôné un dialogue sérieux et transparent pour répondre aux aspirations du peuple iraquien.

Le Premier Ministre a d’autre part relevé que son pays, dont la production de pétrole a contribué au développement de l’économie mondiale depuis le début du XXe siècle, subit comme les autres les effets des changements climatiques. Nous souffrirons aussi de la réduction de la dépendance aux énergies fossiles, a-t-il anticipé, prévenant toutefois que, dans cette perspective, son gouvernement travaille à d’importants projets stratégiques en matière d’énergie verte. Il a invité la communauté internationale à soutenir les efforts consentis par son pays pour atténuer le dérèglement climatique et s’adapter à ses effets néfastes. Pour finir, après avoir rappelé son soutien inébranlable à la cause palestinienne et son appui aux pourparlers politiques intrasyriens, il a souligné la nécessité de trouver des solutions durables aux crises régionales et internationales par le dialogue, d’éviter le recours à la force et de sauver l’économie mondiale et l’humanité des répercussions de ces guerres.

M. ISMAIL SABRI YAAKOB, Premier Ministre de la Malaisie, s’est dit préoccupé par les défis liés à la pandémie de COVID-19, l’inflation et la crise financière. Il a exhorté les États Membres à créer un système monétaire international plus efficace et plus juste et souligné l’importance de la sécurité alimentaire pour tous. Le Premier Ministre a condamné les violations du droit international en Ukraine où le prix à payer pour la guerre sera élevé. Il a demandé aux grandes puissances de s’abstenir de créer des blocs qui ne feront que pousser le monde vers une guerre froide. En ce qui concerne la situation dans les territoires palestiniens occupés, M. Yaakob a estimé qu’Israël doit cesser d’être « une entité d’apartheid ».

Le dirigeant a rappelé que la Malaisie est impliquée dans le processus de paix entre le Gouvernement philippin et le Front de libération islamique Moro (MILF) depuis 2001. S’agissant de la situation au Myanmar depuis le coup d’État de février 2021, il a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pris aucune mesure. Déçu par le non-respect du « Consensus en cinq points » de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) par la junte du Myanmar, il a souhaité que ce dispositif soit relancé sur la base d’un calendrier et d’un objectif final plus clairs. Il a insisté sur l’importance de s’attaquer à la cause profonde de la crise des Rohingya. 

Sur la réforme de l’ONU, M. Yaakob a martelé qu’il est maintenant temps d’abolir le droit de veto. Concernant l’action pour le climat, les pays développés doivent assumer la responsabilité d’accroître l’aide aux pays en développement en respectant leur engagement de fournir une allocation annuelle de 100 milliards de dollars sans conditions. Sur les objectifs de développement durable, le Premier Ministre a milité pour que les nouvelles technologies permettant de passer aux énergies renouvelables soient abordables pour les pays en développement. Pour sa part, la Malaisie a introduit « une norme durable » pour l’huile de palme afin de répondre aux exigences du développement durable et s’est engagée à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% sur la base du produit intérieur brut (PIB) d’ici à 2030, a annoncé le Chef de Gouvernement.

Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh, a déclaré que les antagonismes tels que les guerres et les sanctions et contre-sanctions économiques ne sont d’intérêt pour aucun pays. Le dialogue est le meilleur moyen de résoudre les crises et les différends. Elle a salué la création par le Secrétaire général du Groupe d’intervention mondiale face aux crises alimentaire, énergétique et financière et indiqué qu’elle œuvre en son sein, avec d’autres leaders, à élaborer une solution à la mesure de la gravité et de l’ampleur de la crise que le monde connaît. Elle a précisé que le Bangladesh suit une politique de non-alignement et est pleinement engagé en faveur de la paix.

Poursuivant, la Première Ministre a détaillé les efforts de son pays pour parvenir à une croissance économique durable, en précisant que le Bangladesh fait partie des cinq économies connaissant la croissance la plus rapide au monde. Le taux de pauvreté a été réduit de 41% à 20,5% au cours de la dernière décennie, tandis que le revenu par habitant a triplé au cours de cette même décennie pour atteindre 2 824 dollars, s’est-elle félicitée. La Première Ministre a toutefois souligné la pression considérable à laquelle l’économie de son pays est soumise en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, avec notamment une inflation à la hausse. Nous prenons des mesures pour surmonter cette situation, a-t-elle dit, avant de se féliciter que son pays quitte, en 2026, la catégorie des pays les moins avancés pour celle des pays en développement.

Mme Hasina a ensuite souligné la grave menace posée par les changements climatiques, en dénonçant le cercle vicieux des promesses faites puis brisées. Nous devons changer de cap maintenant. Elle a insisté sur les mesures transformatrices prises par son pays pour mettre en œuvre l’Accord de Paris et réaliser les objectifs de développement durable. De même, elle a appelé tous les dirigeants du monde à promouvoir des actions climatiques inclusives.

La Première Ministre a évoqué la situation des Rohingya déplacés du Myanmar. Malgré nos engagements avec ce pays et des discussions avec l’ONU et nos partenaires, aucun Rohingya n’a pu regagner son foyer ancestral au Myanmar, a-t-elle regretté. Elle a insisté sur les conséquences sécuritaires, environnementales et économiques de cette présence prolongée des Rohingya, en alertant que la situation actuelle pourrait faire le lit de l’extrémisme. Si ce problème devait persister, il pourrait affecter la sécurité et la stabilité de la région, et bien au-delà, a-t-elle averti.

Enfin, elle a mentionné ce jour cruel du 15 août 1975, lorsque son propre père et père de la nation bangladaise, Sheikh Mujibur Rahman, sa mère, Sheikh Fazilatunnesa Mujib, et ses trois plus jeunes frères ont été assassinés. Au total, 18 membres de ma famille ont été tués, a-t-elle dit, en rappelant qu’elle et sa plus jeune sœur ont échappé au massacre, parce qu’elles étaient en Allemagne. En 1971, les Forces d’occupation pakistanaises ont tué trois millions de Bangladais innocents et 200 000 femmes ont été torturées et abusées. Ayant moi-même souffert, je comprends la douleur et les tourments de celles et ceux qui ont à endurer les horreurs de la guerre, des assassinats, des coups d’État et des conflits, a-t-elle dit, avant de lancer cet appel: Arrêtons la guerre, arrêtons la course aux armements et défendons les valeurs de l’humanité.

M. ANDREJ PLENKOVIĆ, Premier Ministre de la Croatie, a déploré que l’agression russe contre l’Ukraine ait bouleversé l’ordre international fondé sur des règles, le système multilatéral et les flux économiques. Les dernières annonces de mobilisation partielle en Russie, les préparatifs pour l’organisation de référendums fictifs dans les régions occupées de l’Ukraine et la menace nucléaire constituent, à ses yeux, une nouvelle escalade dangereuse. Confrontée par le passé à une agression armée, la Croatie est aujourd’hui un exportateur de paix et de stabilité, un donateur humanitaire, une destination touristique populaire et le pays qui produit « la voiture électrique la plus rapide du monde », s’est enorgueilli M. Plenković. Quels que soient les défis, notre engagement envers la démocratie doit rester plus fort, a-t-il dit. Il faut veiller à ce que les politiques et actions soient prévisibles, fiables et opportunes dans l’ensemble du système des Nations Unies, a-t-il poursuivi, en rappelant l’importance de réformer le Conseil de sécurité.

Le Premier Ministre a constaté que la situation en Ukraine a radicalement changé non seulement la sécurité, mais aussi l’architecture énergétique de l’Europe, et qu’elle menace la sécurité alimentaire mondiale. Il a appelé à rester unis et intensifier les efforts pour réorganiser les lignes d’approvisionnement en énergie, annonçant qu’au niveau régional, la Croatie contribue à la sécurité et à la diversification énergétiques grâce à son terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) sur l’île adriatique de Krk. En parallèle, il a milité en faveur d’une énergie sûre et abordable, et encouragé à réfléchir à une solution mondiale pour les prix du gaz et pour assurer une transition énergétique durable. Notre monde a changé de façon permanente, a-t-il conclu, en appelant à une coopération internationale accrue.

Mme FIAME NAOMI MATAAFA, Première Ministre du Samoa, a rappelé que nombreux sont ceux qui ont qualifié de crise constitutionnelle les événements ayant suivi les élections de 2021 dans son pays. « Le fait que je prononce aujourd’hui cette déclaration en tant que première femme Première Ministre du Samoa, et que je représente un changement de gouvernement après quatre décennies, témoigne du fait que l’État de droit a prévalu chez nous », s’est félicitée Mme Mataafa. Ensemble, nous devons faire face à l’urgence climatique, sans quoi notre planète sera perdue, a-t-elle poursuivi, en soulignant que « personne n’a d’empathie pour la guerre que le climat mène aux habitants des atolls qui voient leurs frontières maritimes disparaître rapidement avec la montée des eaux ». Le Samoa est prêt, pour sa part, à respecter ses obligations et ses engagements en matière de réalisation des ODD. Pour la dirigeante, il est nécessaire de renforcer les capacités à tous les niveaux, d’améliorer la collecte et le stockage des données et les connaissances. Quant aux systèmes financiers et de gouvernance mondiaux, ils ont désespérément besoin d’être réformés, a-t-elle estimé. L’approbation et la mise en œuvre effective de l’indice de vulnérabilité multidimensionnel constitueront à cet égard un pas dans la bonne direction pour combler les déficits de financement des petits États insulaires en développement (PEID).

Les objectifs de protection marine décrits dans la première stratégie océanique du Samoa sont alignés sur la campagne 30x30 des « Blue Leaders », ainsi que sur les appels à protéger 30% des océans mondiaux d’ici à 2030. Mme Mataafa s’est félicitée de la complémentarité de ces initiatives et a encouragé les autres à s’y associer. Avec « la famille Blue Pacific », le Samoa continue de donner la priorité à la restauration des écosystèmes marins et terrestres. Nous devons nous unir pour prévenir et réduire la pollution marine, notamment les plastiques, les marées noires, les rejets de déchets et les contaminants nucléaires. « Si nous continuons sur cette voie, nous allons pêcher dans nos océans plus de plastiques que de poissons », s’est-elle alarmée. Les effets de la surpêche et de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), constituent en effet une préoccupation majeure pour les économies du Pacifique. Les pertes de revenus se chiffrent en milliards et les dommages subis par les récifs affectent les populations de poissons qui, à leur tour, affectent des pêcheries entières dont nous dépendons pour notre subsistance, a encore relevé la Première Ministre.

M. DRITAN ABAZOVIC, Premier Ministre du Monténégro, a estimé que la crise géopolitique actuelle représente le défi le plus grave pour la paix et la sécurité internationales depuis la création de l’ONU. À ses yeux, l’agression non provoqué et injustifiée contre l’Ukraine, qui s’ajoute à des défis mondiaux tels que la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques, exige de revenir pleinement aux dispositions de la Charte des Nations Unies, car, a-t-il souligné, la violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de tout État est une menace pour tous. Outre les destructions qu’elle entraîne, cette agression russe provoque une nouvelle crise alimentaire, énergétique et financière qui affecte en premier lieu les plus vulnérables, a-t-il déploré, appelant la communauté internationale à réclamer des comptes face à de telles violations du droit international humanitaire et des droits humains. Dans ces circonstances, il est temps, selon lui, de réformer le Conseil de sécurité afin, notamment, d’interdire l’exercice du droit de veto en cas de violations graves des droits humains. Il a d’autre part jugé primordial, à la lumière du conflit ukrainien, de renforcer les normes internationales relatives à la non-prolifération des armes nucléaires, avant de se dire très préoccupé par la situation à la centrale nucléaire de Zaporijia. Pour le Chef du Gouvernement monténégrin, les experts de l’AIEA doivent avoir accès à cette centrale comme à toutes celles de l’Ukraine, afin d’assurer le respect des garanties de l’Agence et l’application du régime de vérification. Pour cela, a-t-il ajouté, la Russie doit rendre le contrôle des installations nucléaires aux autorités ukrainiennes.

Dans ce contexte, alors que l’insécurité alimentaire s’aggrave, que l’accès à l’énergie et aux matières premières se raréfie sous l’effet de perturbations commerciales et que l’inflation et l’endettement montent en flèche, l’objectif d’atteindre un monde meilleur d’ici à la fin de cette décennie s’éloigne, a constaté M. Abazovic. Il a toutefois assuré que son pays reste engagé en faveur du Programme 2030, comme en atteste la présentation en juillet de son deuxième examen national volontaire. Le Monténégro continue par ailleurs de coopérer avec différents fonds internationaux pour le climat, tout en promouvant une reprise verte au niveau national, avec pour objectif à terme de réduire de 45% ses émission de gaz à effet de serre, s’est-il enorgueilli. Il a ajouté que son pays, en tant que membre du Conseil des droits de l’homme, défend aussi un renforcement de la justice transitionnelle et de la responsabilisation, notamment au travers des travaux de la Cour pénale internationale (CPI) visant à éradiquer la culture de l’impunité. Enfin, après avoir assuré que le Monténégro reste plus que jamais engagé sur la voie de l’intégration euro-atlantique, le Premier Ministre a une nouvelle fois exhorté la Russie à cesser cette « guerre inutile » et à retirer sans condition toutes ses troupes du territoire ukrainien. « Cela ne devrait pas arriver au XXIe siècle », a-t-il conclu, appelant à « donner une chance à la paix ».

M. TERRANCE MICHEAL DREW, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a attiré l’attention sur les nombreuses menaces à la stabilité internationale, évoquant la coïncidence d’une pandémie mondiale et d’une guerre exposant la fragilité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire et d’autres biens essentiels. Il a appelé à réformer le Conseil de sécurité pour le rendre plus pertinent et représentatif pour ensuite s’inquiéter de la menace que pose la montée d’un nationalisme débridé et grossier au système multilatéral. Il a ensuite souligné que, pour les petits États insulaires en développement (PEID) et pour les personnes vulnérables partout dans le monde, il est impossible d’envisager une sécurité internationale sans sécurité climatique, insistant sur la nécessité de rester fidèle à l’action collective.

À mesure que la planète se réchauffe, a-t-il indiqué, les frustrations et l’impatience des citoyens ordinaires du monde croissent. Il a demandé à l’Assemblée générale de fournir des réponses adaptées permettant de renforcer la résistance et l’atténuation des risques, exhortant aux États d’honorer les engagements financiers pris lors de la COP26 afin de doubler les contributions au financement de l’adaptation avant 2025. Une réponse tardive menacerait davantage les nations en développement, a-t-il averti. Le Premier Ministre a également demandé la mise en place d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel afin de prendre en compte les caractéristiques particulières et les vulnérabilités climatiques des petits États insulaires en développement. Il a souligné, sur ce point, que si tous ces États étaient exposés aux risques environnementaux, les États de la mer des Caraïbes, fortement dépendants du tourisme, couraient le risque réel d’un évènement destructeur.

Poursuivant, M. Drew a indiqué qu’en dépit de l’injustice climatique, Saint-Kitts-et-Nevis continuait d’investir dans des programmes d’autonomisation sociale afin de renforcer la résilience de son peuple et de son économie, insistant sur le rôle de l’éducation. Il a fait savoir que, lors du Sommet sur la transformation de l’éducation qui s’est tenu en début de semaine, son gouvernement s’était engagé à entrer dans un nouveau pacte dans le but de réformer, transformer et revigorer le système éducatif sur la base des principes d’égalité, d’accès et d’inclusion. Il a aussi souligné que son gouvernement avait pris la décision de rendre gratuite l’éducation tertiaire.

Le Premier Ministre a également insisté sur l’importance de l’inclusion des femmes et de la jeunesse dans le développement social, y compris le développement de l’économie numérique, s’engageant à dépasser les « objectifs de Belém do Pará » en faveur de l’égalité des genres. M. Drew a par ailleurs réitéré son soutien à la participation de Taiwan au système des Nations Unies, et demandé la fin de l’embargo imposé à Cuba.

M. JOHN BRICEÑO, Premier Ministre et Ministre des finances, du développement économique et de l’investissement de Belize, a dit prendre la parole le cœur gros, plus pessimiste que l’année dernière, plus cynique et plus déçu. Où est la volonté collective de relever adéquatement les défis de notre temps? Où est notre conviction commune de travailler ensemble pour le bien de l’humanité? Où est l’espoir? a-t-il demandé, avant de passer en revue les conflits et problèmes mondiaux. Il a indiqué que les réalités économiques actuelles exacerbent une situation sociale déjà grave au Belize où la pauvreté a augmenté de 10% entre 2018 et 2021 et où 45,5% de la population souffre d’insécurité alimentaire modérée à sévère. Les homicides sont à nouveau en hausse et la relève postpandémie est retardée. Il a estimé que les ODD courent un risque réel de ne pas être atteints et que nos systèmes et institutions actuels sont brisés et impuissants face aux 3C - COVID, climat et conflit.

Pour résoudre ces problèmes, M. Briceño a appelé à une réinvention complète et audacieuse de l’architecture financière mondiale. Fini le bricolage pour concevoir des programmes supplémentaires qui reposent sur la même fausse logique. Cela ne fonctionne tout simplement pas! a-t-il tranché. Notant que le FMI est largement dépourvu de moyens de quantifier les impacts climatiques sur la dette publique et la capacité de paiement des pays, le Premier Ministre a demandé une nouvelle architecture financière mondiale capable d’identifier les menaces systémiques comme la dette et le risque climatique et de concevoir des outils à la mesure des défis. Concrètement, il faut de toute urgence une nouvelle architecture financière mondiale, dédiée à la réalisation des ODD, à l’objectif de « zéro émission nette » et au renforcement de la résilience.

Dans le cadre de ses moyens budgétaires limités, le Belize a tenté de stimuler une reprise économique, tout en restant fidèle à ses valeurs sociales, a poursuivi M. Briceño. Son économie a progressé de 5,3% au premier trimestre de cette année, mais les forces au niveau mondial sont déterminées à diminuer nos aspirations, a-t-il concédé. Il a appelé à répondre aux besoins de financement des pays en développement qui s’élèvent à 4 300 milliards de dollars, soit plus du quadruple de la capacité de prêt du FMI; et bien au-dessus des tendances de prêt de la Banque mondiale. La disponibilité de sources de financement abordables, à long terme et fiables, est indispensable pour la réalisation des ODD et la résilience climatique, a martelé M. Briceño.

Plaidant pour un financement accessible et abordable pour les pays vulnérables, il a noté qu’au cours des sept dernières années, les flux financiers vers les PEID ont diminué tout comme l’aide publique au développement qui est passée de 6,2 milliards de dollars en 2016 à 4,1 milliards de dollars en 2018. Il a appelé les institutions financières internationales à intégrer le risque climatique dans les outils de viabilité de la dette, insistant en outre sur l’importance de l’allégement de la dette pour tous les pays vulnérables. Il est urgent de parvenir à un mécanisme multilatéral de restructuration de la dette souveraine, a-t-il souligné.

Quant à l’action climatique, il a estimé que lors de la COP27 en Égypte, le G20 doit apporter de nouveaux engagements pour combler l’écart d’émissions; apporter le financement pour l’adaptation et établir une facilité de financement pour faire face de manière substantielle aux pertes et dommages liés au climat. Préoccupé par le fait que ces attentes pourraient être compromises par la dynamique du G20, le Premier Ministre a martelé que nous ne pouvons pas nous permettre un retour en arrière.

M. KAUSEA NATANO, Premier Ministre des Tuvalu, a tout d’abord demandé la réadmission de la République de Chine (Taiwan) à l’ONU, indiquant que son pays avait bénéficié d’un partenariat avec elle qui avait notamment permis d’appuyer son redressement post-COVID-19. Il a dit être préoccupé par la menace de contamination nucléaire du « Pacifique bleu », pour ensuite souligner l’urgence de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °Celsius. Le rapport du GIEC annonce clairement qu’au rythme actuel, cet objectif ne sera pas atteint. Si c’est le cas, les Tuvalu seront totalement submergées au cours de ce siècle et inhabitable d’ici à 20 ou 30 ans, s’est alarmé le Premier Ministre demandant un leadership clair sur la question. Les Tuvalu représentent une épreuve décisive de leadership: si la communauté internationale permet à tout un pays de disparaître en raison des changements climatiques, quel espoir reste-t-il?

M. Natano a indiqué que la sécurité hydrique de son pays était compromise en raison de l’infiltration des aquifères par les eaux marines, tandis que l’augmentation de la salinité des sols, du fait de la montée des marées et des inondations, compromet sa sécurité alimentaire. Les maisons et les routes sont balayées par les eaux et les récifs de coraux qui sustentent les stocks halieutiques qui meurent en raison de l’acidification des océans. C’est la première fois dans l’histoire que l’inaction collective de nombreuses nations aura rendu des pays souverains inhabitables, a-t-il dénoncé. Et cette crise sans précédent nécessite une intervention radicale.

Notant que les accords conclus à la COP26, entre autres, n’abordent pas la question des États souverains qui sont en train de devenir inhabitables, le Chef du Gouvernement a informé qu’avec les Îles Marshall, les Tuvalu ont lancé hier la Rising Nations Initiative pour combler les lacunes actuelles en matière de sensibilisation, de cadre juridique et d’engagement politique. Il a ensuite appelé à un accord mondial qui garantisse aux pays tels que les Tuvalu et les Îles Marshall une existence permanente au-delà de la durée de vie de leurs atolls, indépendamment de l’impact des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer. Un tel accord doit reconnaître et protéger notre intégrité culturelle, notre capital humain et économique et notre souveraineté. Il doit aussi protéger nos droits sur nos terres et nos océans, préserver notre patrimoine et notre droit souverain de gouverner nos citoyens, tout en assurant notre relocalisation ailleurs dans le monde, a-t-il encore détaillé, précisant que sur le plan économique, les Tuvalu peuvent subvenir à leurs besoins en utilisant les revenus de l’utilisation durable de la zone économique exclusive.

M. ABDULLA SHAHID, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a évoqué la crise climatique qui fait rage. Cette crise reste une menace existentielle, a-t-il averti, en particulier pour les PEID comme le sien. Tirant la sonnette d’alarme, il a affirmé que « pour nous, la différence entre 1,5 degré et 2 degrés, c’est la mort ». Sur le plan international, les Maldives continueront de montrer la voie en matière d’action climatique et de plaider en faveur d’une approche fondée sur les droits, a précisé le Ministre. Alors que les Maldives candidatent une nouvelle fois pour un siège au Conseil des droits de l’homme pour le mandat allant de 2023 à 2025, il a assuré que si son pays est élu, la lutte contre les changements climatiques en tant que partie intégrante du discours mondial sur les droits de l’homme fera partie de ses priorités. Sur le plan national, les Maldives ont adopté un plan ambitieux pour atteindre l’objectif zéro émission nette d’ici à 2030, a indiqué le Ministre, en précisant qu’il leur faudra un soutien international pour y arriver. Exprimant un sentiment d’urgence, il a exhorté la communauté internationale à faire plus.

« Nous devons agir avant qu’il ne soit trop tard et nous devons aussi protéger notre océan de toute urgence. » Favorable à l’initiative mondiale visant à protéger 30% des océans du monde d’ici à 2030, il a expliqué qu’au niveau national, les Maldives ont d’ores et déjà désigné 79 zones marines protégées, dont 14% de ses récifs coralliens. Compte tenu des dommages causés par les plastiques aux écosystèmes marins, une interdiction d’importation, de production et de vente de plusieurs types de plastiques à usage unique a été mise en place avec comme objectif national leur élimination complète d’ici à 2030. Dans le contexte de l’action climatique, M. Shahid a parlé du besoin de sources de financement durables et fiables. Rappelant qu’en 2009, à Copenhague, une promesse ambitieuse avait été faite, à savoir que 100 milliards de dollars seraient mobilisés d’ici à 2020, il a regretté qu’on soit encore loin de tenir cette promesse. Le Ministre a appelé les partenaires à intensifier leurs efforts pour combler la différence comme convenu dans le cadre du Pacte de Glasgow pour le climat de 2021, tout en veillant à assurer un accès à ces financements pour les pays en développement.

Le Ministre a également plaidé en faveur de l’égalité entre les sexes, arguant que pendant des siècles, les femmes ont vu leurs contributions sous-évaluées et leurs voix ignorées. Cette injustice ne peut pas continuer, a-t-il tranché, en estimant que les défis auxquels toute l’humanité est confrontée ne sauraient être réglés alors que la moitié de l’humanité est privée de son plein potentiel. « Les femmes méritent une place égale à la table » et les Maldives sont en train de mettre en place des législations en ce sens.

Le Ministre a ensuite exhorté le monde à s’unir pour résoudre les problèmes de paix et de sécurité. Il faut redoubler d’efforts pour mettre fin aux conflits et aux violations flagrantes des normes internationales qui sapent le système multilatéral que nous avons laborieusement construit au cours des 77 dernières années, a recommandé M. Shahid. Les peuples d’Ukraine, d’Afghanistan, du Myanmar et de Palestine, parmi les pays plongés dans un conflit, méritent la paix, a-t-il lancé. Enfin, il a appelé à réformer le système multilatéral et à mieux équiper l’ONU pour relever les défis contemporains et futurs. « Ce dont nous avons besoin, c’est d’une ONU 2.0 », où les jeunes sont associés à la prise de décisions, a-t-il souhaité, en applaudissant le sens pris dans le rapport du Secrétaire général « Notre programme commun »

Mme PENNY WONG, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a dit parler au nom d’un pays dont la population a plus de 300 ascendances différentes et d’une nation dont la moitié des membres sont nés à l’étranger ou ont un parent né ailleurs. Je suis l’une de ces personnes et le Parlement où je siège est le reflet de cette diversité, a-t-elle relevé, se félicitant que des Australiens autochtones aient été élus en nombre record lors des dernières élections. Le nouveau Gouvernement australien est déterminé à concrétiser le processus de réconciliation avec les Peuples premiers de notre continent, a ajouté la Ministre, selon laquelle, face aux défis de taille auxquels le monde est confronté, nous avons beaucoup à apprendre des Nations premières, tant sur le plan intérieur que dans les forums internationaux.

Dans le même esprit, l’Australie entend voir les intérêts de tous les peuples du monde pris en compte, a souligné Mme Wong, qui s’est dite inquiète que, pour la première fois, l’indice du développement humain de l’ONU ait reculé en 2020 et 2021, avec des effets disproportionnés pour les femmes et les filles. Consciente de l’ampleur de la crise mondiale liée à l’insécurité alimentaire, l’Australie a fortement augmenté son aide au développement et prépare une nouvelle politique destinée à aider les pays en développement sans les pousser dans une dette insoutenable, a précisé la Ministre. Selon elle, ces efforts sont d’autant plus indispensables que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a entraîné de nouvelles souffrances et rendu plus difficile le relèvement post-COVID-19.

Mme Wong s’est d’autre part alarmée des effets délétères des changements climatiques, avant d’indiquer que son pays s’est fixé pour objectif de parvenir à 83% d’énergie renouvelable pour son approvisionnement d’ici à la fin de la décennie. Tout en réduisant nos émissions de CO2, nous travaillons aussi au niveau régional pour soutenir les pays du Pacifique qui ont le plus à perdre du dérèglement climatique, a-t-elle poursuivi.

La Chef de la diplomatie australienne a souligné l’importance pour son pays de renforcer sa coopération économique et maritime avec les pays insulaires du Pacifique. L’Australie entend aussi établir des ponts avec l’Asie du Sud-Est afin de façonner un avenir commun et de contribuer à un équilibre stratégique dans la région indopacifique, a-t-elle expliqué. Dans ce contexte, l’invasion illégale et immorale de l’Ukraine par la Russie a pour elle valeur d’avertissement: elle laisse entendre qu’un grand pays aurait le droit d’assujettir un voisin plus petit et décider de son existence. Dénonçant une utilisation abusive du droit de veto par la Russie au Conseil de sécurité, elle a appelé la communauté internationale à ne pas rester passive lorsque les grandes puissances bafouent les règles.

Mme Wong a invité les pays de sa région à veiller à ce que la compétition géopolitique ne dégénère pas en conflit. Une guerre dans la région indopacifique serait catastrophique pour notre région et bien au-delà, a- t-elle averti, avant de rappeler aux petites et moyennes nations comme la sienne qu’elles sont plus que des pions dans le jeu géopolitique des grandes puissances. « C’est à nous de créer le monde auquel nous aspirons, c’est la raison d’être même de l’ONU », a insisté la Ministre. Soucieuse de s’acquitter de ses responsabilités pour limiter les tensions et freiner l’élan du conflit dans sa région, par sa diplomatie et au sein de l’ONU, l’Australie briguera un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour l’exercice 2029-2030, a-t-elle déclaré en conclusion, plaidant à ce sujet pour une réforme de l’organe en vue de parvenir à une représentation permanente de l’Afrique, de l’Amérique latine et de l’Asie.

M. SIMEÓN OYONO ESONO ANGUE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée équatoriale, a insisté sur la nécessité de mettre davantage l’accent sur le multilatéralisme et la coopération afin de faire face aux défis mondiaux et de relancer le développement et la croissance économique durable, en particulier pour les pays en développement. Il a notamment appelé à promouvoir la construction et le renforcement des infrastructures, y compris sanitaires, afin de faire face à d’éventuelles pandémies ainsi qu’à des maladies endémiques telles que le VIH/sida et le paludisme.

Il a mis l’accent sur la coexistence des conflits traditionnels et des défis émergents tels que la criminalité transnationale, la cybersécurité, la biosécurité, les changements climatiques et la piraterie, appelant à chercher des solutions par le biais de négociations et de dialogues inclusifs. Il a également lancé un appel aux pays impliqués dans les conflits à privilégier le dialogue, dénonçant et rejetant catégoriquement les constantes ingérences extérieures qui déstabilisent certains pays du monde.

Le continent africain, a-t-il indiqué, doit continuer à être au centre des initiatives de soutien et de financement du développement en faveur de la mise en œuvre des objectifs de développement durable prévus dans le Programme 2030 de l’ONU et l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Il a également appelé à maintenir les financements du maintien de la paix afin de faire face au terrorisme, aux migrations, à la traite d’êtres humains, à la piraterie ou au mercenariat, qui entravent le développement en Afrique. Il s’est félicité du sommet extraordinaire de l’Union africaine qui s’est tenu à Malabo à la fin du mois de mai et a salué l’initiative de sécurité globale présentée par la Chine.

Le Ministre a insisté sur la nécessité de réformer les Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, dont la structure est « l’une des grandes injustices au sein de l’Organisation » et qui constitue « un grave manquement à son esprit démocratique ». Il a réitéré la demande, contenue dans le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte, consistant à attribuer deux sièges permanents à l’Afrique et deux sièges non permanents supplémentaires au sein du Conseil de sécurité. Il a également demandé la levée de l’embargo imposé à Cuba.

M. Esono Angue s’est dit profondément préoccupé par la persistance de la situation de crise causée par les activités de piraterie dans le golfe de Guinée, soulignant que leurs auteurs acquéraient des méthodes de plus en plus sophistiquées leur offrant une plus grande autonomie en haute mer. Il s’est félicité de la récente résolution adoptée par le Conseil de sécurité demandant aux pays du golfe de Guinée de criminaliser la piraterie et les vols à main armée en mer et d’enquêter, de poursuivre ou d’extrader, conformément au droit international, les auteurs de ces crimes et ceux qui les incitent, les financent ou les facilitent. Il a réitéré la proposition, déjà présentée lors de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, consistant à organiser un sommet sur le golfe de Guinée comme cela a été fait pour le golfe d’Aden, afin de concevoir une stratégie pour mettre fin aux activités terroristes qui menacent la paix et la sécurité régionales et internationales.

Mme DOMINIQUE HASLER, Ministre des affaires étrangères, de l’éducation et des sports du Liechtenstein, constatant que nous ne sommes pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) dans les temps, a appelé la communauté internationale à se souvenir de son engagement à « ne laisser personne de côté » et à se rassembler dans l’intérêt commun. Il faut revenir au multilatéralisme et redoubler l’engagement politique aux Nations Unies, a-t-elle recommandé, se désolant qu’au lieu de cela, nous assistons à une attaque frontale contre la Charte des Nations Unies elle-même. Elle a estimé que l’agression contre l’Ukraine n’est rien de moins qu’une atteinte à l’ordre mondial international établi après la Seconde Guerre mondiale. Pour sa part, le Liechtenstein s’est associé à ses partenaires de la région, et en particulier de l’Union européenne, pour s’unir à l’Ukraine et s’opposer à l’agression, où qu’elle soit commise, a souligné Mme Hasler.

Face à la paralysie du Conseil de sécurité sur la question de l’Ukraine, à cause du recours au veto, la Ministre a estimé que la résolution adoptée par l’Assemblée générale, à une écrasante majorité, le 2 mars, marquera un tournant dans l’histoire des Nations Unies. Condamner sans équivoque l’agression contre l’Ukraine était d’une importance capitale, a-t-elle fait valoir, ajoutant que cette résolution soutient la réponse internationale à cet assaut contre notre ordre mondial fondé sur des règles. Partageant le point de vue du Président Zelenskyy, elle a appelé à s’attaquer au crime d’agression, y voyant un puissant moyen de dissuasion. Les simulacres de référendums récemment annoncés pour certaines parties de l’Ukraine occupée ne sont que la continuation de cette agression, a déclaré la Ministre, estimant qu’ils tournent en dérision le droit à l’autodétermination, pierre angulaire de la Charte des Nations Unies et de l’ordre mondial.

Pour le Liechtenstein, le maintien de la paix et de la sécurité reste l’objectif principal de l’ONU. La Ministre a assuré que son pays reste déterminé à participer au changement nécessaire pour placer les Nations Unies au centre de cet effort, par la prévention, la médiation et l’action collective. C’est dans cet esprit que le Liechtenstein a soumis à l’Assemblée générale l’« initiative du veto », adoptée au début de cette année, a-t-elle rappelé. Cette initiative introduit une mesure très importante de responsabilité pour l’utilisation du veto, mais, plus important encore, elle crée un espace politique pour que l’Assemblée puisse intervenir là où le Conseil de sécurité est paralysé ou dans l’impasse, a expliqué Mme Hasler selon laquelle cela pourrait être fréquemment le cas à l’avenir. « Le veto n’a plus le dernier mot », a-t-elle affirmé sans ambages.

Du point de vue de la sécurité nationale, elle s’est dite préoccupée par les manières insidieuses dont le cyberespace est utilisé pour saper les institutions démocratiques et les fondements de nos sociétés. Faire face à ces menaces et faire respecter le droit international dans le cyberespace est donc l’un des principaux défis auxquels nous devons faire face, a argué la Ministre. Par ailleurs, en tant que partisan de longue date de la CPI, la Ministre a expliqué que son pays a soutenu le renvoi de la situation en Ukraine devant la Cour. Cette saisine est un test décisif à double titre: d’une part de l’efficacité de la Cour, et, d’autre part, de l’engagement constant de la communauté internationale à lui apporter un soutien politique et financier. C’est notre chance d’illustrer notre détermination non seulement à poursuivre les crimes commis en Ukraine, mais aussi à apporter un soutien constant à une CPI qui fait son travail de manière indépendante, à travers le monde, et pleinement conforme à son traité fondateur, le Statut de Rome, a estimé Mme Hasler.

M. ROBERT DUSSEY, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’extérieur, a estimé que la menace qui pèse aujourd’hui sur la paix était très différente d’il y a 77 ans et qu’aux conflits interétatiques d’antan, ont succédé de nouvelles formes de violences impliquant des acteurs difficilement saisissables. Il a ainsi pris note de l’extension du terrorisme en Afrique, longtemps confiné au Sahel, et mis en avant l’implication personnelle du Président togolais pour la stabilité de l’Afrique de l’Ouest, y compris comme médiateur dans la crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Il a également rappelé les récentes attaques terroristes dans le nord du Togo, avant d’affirmer que son pays ne « fléchirait jamais » face aux terroristes et de citer ses contributions à la lutte internationale contre le terrorisme, y compris les cybermenaces. M. Dussey a en outre détaillé les mesures adoptées par son pays dans le cadre de sa stratégie de lutte contre l’extrémisme violent adoptée en juillet dernier, y compris pour en combattre les causes par un important projet de développement économique de la région des savanes.

Pour M. Dussey, l’autre défi majeur pour l’humanité est celui des changements climatiques. Le Ministre a décrit les mesures prises par son gouvernement en faveur d’une gestion durable des ressources naturelles du Togo, dont un programme de reboisement de grande ampleur. Il a souhaité que la prochaine COP27 contribue à remettre la préservation de l’environnement au centre des priorités internationales et incite les parties prenantes à honorer les promesses de financement. Il a ensuite détaillé les principaux axes de la feuille de route gouvernementale à l’horizon 2025 adoptée par son gouvernement pour renforcer l’inclusion et l’harmonie sociale et garantir la paix, dynamiser la création d’emplois et moderniser le pays en renforçant ses structures.

M. Dussey a rappelé que la Déclaration adoptée à l’occasion de la soixante- quinzième Assemblée générale reflétait la nouvelle ambition multilatérale à laquelle avaient souscrit les États Membres, pour constater que « nous foulons bien trop souvent aux pieds nos engagements multilatéraux », au point de leur enlever parfois « toute leur essence, leur force et leur racine ». Il a donc demandé qu’on s’attache à la réforme du Conseil de sécurité. « L’Afrique ne veut plus s’aligner sur les grandes puissances, quelles qu’elles soient », a-t-il déclaré, reprochant à « certaines puissances » d’assigner au continent pour seul rôle d’être leur zone d’influence ou encore « une entité purement instrumentale au service de leur cause ». Il a ainsi constaté que, « quand il s’agit de voter une résolution au Conseil de sécurité, nous sommes activement sollicités d’un côté comme de l’autre ; l’Afrique est alors très courtisée, voire mise sous pression ». Mais aujourd’hui, l’Afrique veut être elle-même, « africanophone », a poursuivi le Ministre, avant de se lancer dans un vigoureux plaidoyer en faveur d’un plus grand respect des États africains, réclamant qu’ils soient enfin considérés comme de vrais partenaires.

Mme AWATIF ELTIDJANI AHMED KOIBORO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères du Tchad, a souligné que le monde se remettait difficilement du choc engendré par la COVID-19, exhortant à ne pas baisser la garde. Elle a émis le souhait de voir se consolider davantage la coopération multilatérale pour faire face aux autres crises et défis persistants et récurrents. À ce titre, elle a estimé que l’initiative du Secrétaire général « Notre programme commun » constituait un grand pas dans la bonne direction. Elle a en revanche regretté que, sept ans après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et trois ans après la proclamation de la Décennie d’action pour l’accélération des objectifs de développement durable, les objectifs soient loin d’être atteints, surtout en ce qui concerne les pays pauvres, et ne puissent l’être, si ce n’est en menant des actions vigoureuses. Elle a formulé le vœu que le « Sommet du futur » prévu en septembre 2024 puisse dégager des pistes et les moyens d’action pour arriver à cette fin.

La Secrétaire d’État a appelé à honorer les engagements internationaux en faveur du développement durable, insistant sur l’importance de l’aide publique au développement, à la mise en œuvre de mécanismes d’autonomisation économique et financière et à des politiques de développement durable en faveur des pays les moins développés et des pays en développement sans littoral. Elle a réitéré l’adhésion du Tchad aux différents appels et initiatives en faveur de l’annulation ou de la restructuration de la dette des pays en développement et a lancé un appel en faveur de la matérialisation rapide des facilités accordées à son pays par les différentes instances multilatérales, afin de répondre aux besoins pressants de ses populations.

Évoquant le processus de transition politique au Tchad, la Secrétaire d’État a indiqué que le Conseil militaire de transition et le Gouvernement de transition s’étaient engagés à mener ce processus à son terme. Le dialogue national devant aboutir à l’organisation des élections démocratiques, libres et transparentes est en cours, conformément à l’Accord de Doha du 8 août 2022, a-t-elle ajouté.

La Secrétaire d’État s’est dite préoccupée par la dégradation de la situation dans la région du Sahel et le bassin du lac Tchad, citant l’intensification des activités terroristes et leur propagation dans les régions voisines de l’Afrique de l’Ouest. Elle s’est félicitée de l’initiative des Nations Unies et de l’Union africaine pour une évaluation stratégique conjointe de la situation au Sahel afin de comprendre les causes de la crise, notant néanmoins que celle-ci ne saurait en tout état de cause être vaincue sans le retour de la paix et de l’autorité de l’État en Libye. Elle a également regretté le retrait du Mali du G5 Sahel et indiqué que la porte restait ouverte pour les accueillir.

Préoccupée par l’impasse politique en Libye, la Secrétaire d’État a exhorté les acteurs politiques à privilégier le dialogue afin de sauver le processus de paix, réitérant sa demande pour la mise en œuvre du processus « Désarmement, démobilisation et réinsertion » pour résoudre de manière durable la question des ressortissants à la solde des différentes factions militaires libyennes.

Enfin, le Tchad exhorte les États Membres à réaliser la réforme du Conseil de sécurité pour corriger l’injustice historique à l’égard du continent africain, et apporte son soutien total à la position commune africaine articulée dans le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte.

Droits de réponse

Le représentant de l’Inde a exercé son droit de réponse pour réagir aux propos du Premier Ministre du Pakistan lui reprochant d’avoir choisi cette enceinte pour proférer des accusations infondées contre l’Inde dans le but, selon lui, de détourner l’attention des méfaits dans son propre pays. L’Inde cherche la paix avec ses voisins et ne pourra jamais tolérer le terrorisme transfrontière, ni un pays qui tenterait d’annexer illégalement les territoires de son voisin, a déclaré le représentant. Évoquant des allégations ne concernant pas uniquement la région mais aussi les droits humains et les droits des minorités, il s’est interrogé pour sa part sur le sort de jeunes femmes enlevées de leurs communautés: comment peut-on parler de droits humains? Il a estimé que la volonté de paix ne sera possible que lorsque les minorités ne seront plus persécutées et lorsque le terrorisme transfrontière cessera.

Le représentant de la Türkiye a repris la parole pour répondre à la déclaration du Premier Ministre de la Grèce, affirmant que les faits décrits avaient été dénaturés. Réfutant d’avoir remis en question l’intégrité de la Grèce, il a indiqué être prêt à tenir un dialogue de fond pour régler tous les différends avec la Grèce au sujet de la mer Égée, y compris par le recours à la Cour internationale de Justice s’il était prévu dans un accord mutuel entre les parties. La Grèce manque de volonté politique pour régler les conflits, a-t-il dit soulignant les obstacles procéduraux à la compétence de la Cour. Il a par ailleurs exhorté la Grèce à assumer sa responsabilité et à arrêter de repousser les migrants en mer Égée. Il a enfin indiqué que la Türkiye continuerait d’appuyer le droit du peuple chypriote turc à l’égalité souveraine.

Prenant à son tour la parole au titre du droit de réponse, la représentante du Pakistan a dénoncé la désinformation dont use la diplomatie indienne pour diffuser le « mythe » du terrorisme pakistanais. En réalité, a-t-elle lancé, c’est la population du Cachemire occupé qui est victime du terrorisme de l’État indien. L’Inde est, selon elle, un parrain du terrorisme dans la région, comme en attestent les attentats perpétrés par ses agents chez tous ses voisins pour atteindre ses objectifs stratégiques. Au Pakistan, ces actes terroristes ont fait des milliers de victimes et des preuves ont confirmé l’implication de l’Inde, a-t-elle ajouté, avant de rappeler qu’en 2019, l’État indien a décidé unilatéralement de l’envoi de forces dans le Cachemire, transformant la région en « prison à ciel ouvert » pour huit millions de personnes. Ce faisant, l’État indien a tenté de modifier la démographie et les frontières de la région, tout en restreignant les libertés fondamentales des habitants musulmans, a-t-elle dénoncé. Pour la représentante, c’est un crime de génocide qui est perpétré en toute impunité au Cachemire occupé. Faisant état d’arrestations arbitraires, d’exécutions sommaires, de viols en réunion, elle a aussi évoqué la découverte de nombreux charniers. Nous craignons qu’il ne s’agisse que de la partie émergée de l’iceberg, a-t-elle dit, relevant que la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a recommandé la création d’une commission d’enquête sur la situation au Cachemire occupé. Plusieurs rapporteurs spéciaux ont également appelé à évaluer la situation des droits humains, tandis que des médias et des organisations humanitaires ont exprimé leur vive préoccupation, mais les autorités indiennes n’ont pas encore réagi à ces prises de position, a poursuivi la déléguée. Il est urgent, selon elle, que les commissions d’enquête puissent accéder à la région et que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité soient mises en œuvre pour ouvrir la voie à l’autodétermination de la population du Cachemire occupé. Elle a par ailleurs rapporté qu’aujourd’hui en Inde, des musulmans sont lynchés en pleine rue, dans le cadre de pogroms organisés avec la complicité des autorités. En outre, celles-ci détruisent des mosquées et réécrivent l’histoire, a-t-elle encore accusé, invitant la délégation de l’Inde à se pencher sur la trajectoire inquiétante de son gouvernement plutôt que d’utiliser des armes de désinformation massive contre le Pakistan.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.