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République centrafricaine : Analyse de la situation des violences basees sur le genre dans douze prefectures couvertes par le HCR et ses partenaires

Pays
République centrafricaine
Sources
COOPI
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Date de publication
Origine
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RÉSUMÉ

Les conflits armés et les déplacements forcés de populations sont des facteurs aggravants de la vulnérabilité des filles et des femmes, puisque les exposant à un risque accru de violences sexuelles et basées sur le genre (VBG). Parmi celles-ci, les femmes chees de ménage, les veuves, les filles-mères, les femmes vivant avec un handicap sont davantage exposées aux VBG, principalement les violences sexuelles, le mariage forcé/précoce, les stratégies d’adaptation négatives, l’exploitation et abus sexuels et la violence conjugale. Les cas de VBG sont rapportés dans la totalité des sous-préfectures avec plus d’acuité dans les zones de déplacements des personnes déplacées internes (PDI) et dans les zones d’accueil des réfugiés, mais également dans les familles d’accueil et dans les zones de retour et de rapatriement.
Le HCR et ses partenaire (COOPI, Finn Church Aid (FCA) et INTERSOS) couvrent 12 préfectures (comprenant 41 sous-préfectures et 75 communes) de la République Centrafrique (Basse-Kotto, Haute-Koto,
Haut-Mbomou, Kémo, Lobaye, Mambéré-Kadéï, Mbomou, Nana-Gribizi, Nana-Mambéré, Ombella-M’Poko, Ouaka et Ouham). Ce sont ainsi 23 centres d’écoute opérationnels avec 31 agents psychosociaux et 537 membres des structures communautaires de protection et des comités de protection/VBG, qui couvrent ces préfectures. Ces centres reçoivent en moyenne 75 personnes par semaine. En plus, la ligne verte téléphonique gratuite Ma Mbi Si (numéro 4006), gérée par une équipe de spécialistes psychosociaux fournit un service à distance de gestion de cas et de soutien psychosocial aux survivants de VBG et oriente/réfère les personnes survivantes de VBG à travers des modalités complémentaires.
Les préfectures de Bamingui-Bangoran, Ouham-Pendé, de Sangha-Mbaéré et de la Vakaga, ne sont pas couvertes par les partenaires du HCR pour des raisons financières, d’accès physiques, plusieurs localités très insécurisées.
Ainsi un total de 1995 cas de VBG ont été documentés à travers le Système de Gestion des Informations liées à la Violence Basée sur le Genre (GBVIMS) de janvier à juin 2022 . Sur ces chires, les viols et agressions sexuelles représentent 27 pour cent des cas VBG. L'analyse de ces données indique que le service de soutien psychosocial a été sollicité et délivré à 100 pour cent des survivants de VBG rapportés et 57 pour cent ont reçu une assistance médicale dont 30 pour cent dans les 72h suivant l’incident. Néanmoins, la prise en charge holistique des besoins des survivants de VBG reste insu-isante.
De même, 1048 appels ont été reçus ou émis à travers la ligne verte Ma Mbi Si soit 175 appels en moyenne par mois.
Toutefois, il sied de noter que ce chire ne reflète pas l'ampleur du phénomène. Les cas de VBG sont sous-rapportés en raison de la stigmatisation des victimes, des pesanteurs socio-culturelles, de l’impunité des us et coutumes. Ainsi, des victimes préfèrent opter pour le silence. Par ailleurs, la distance séparant les structures de prise en charge et les villages constitue aussi un défi pour l’accès aux soins.
La majorité de ces cas sont également commis dans des zones encore insécurisées où la présence de l’autorité de l’Etat demeure faible. Comparativement à l’année dernière, on note une augmentation du nombre de cas de VBG (12 pour cent) dans certaines sous-préfectures notamment à Bria, à Bambari, à Zemio, à Obo, à Alindao et à Kaga-Bandoro.

Ceci pourrait s’expliquer par la persistance des poches d’insécurité, l’augmentation des centres d’écoute et équipes mobiles (qui collectent plus de données en rapport avec les VBG), le renforcement des sensibilisations à travers la ligne verte 4006, ainsi que l’appui octroyé aux survivants lors des déplacements vers les centres de prises de charge situés parfois très loin des villages.
La sécurité reste une préoccupation majeure de protection dans la majorité des zones de couvertures du HCR et ses partenaires. Les partenaires ont signalé certaines dicultés d’accès à des zones d’installation des populations aectées liées à la poursuite des opérations militaires dans ces zones d’une part et d’autre part, l’activité des groupes armés sur certains axes des préfectures de l’Ouham, la Nana-Gribizi, la Ouaka et la Kémo ont limité également l’accès humanitaire à certaines personnes dans le besoin. Les partenaires ont également été limités par des problèmes logistiques liés à l’Etat des routes et le manque de carburant dans la plupart des préfectures. Le contexte opérationnel est diérent selon les zones de couverture des partenaires du HCR mais les besoins restent identiques en termes d’actions préventives et d’accès aux services holistiques pour les survivants. Étant donné que 75 pour cent des PDI vivent en famille d’accueil, les femmes et filles sont très exposées aux VBG, du fait des conditions de vie dans les familles d’accueil. La précarité, la pauvreté, la promiscuité, la pression sur les ressources existantes, l’insécurité alimentaire, les dicultés d’accès aux moyens de survie et d’autres facteurs les exposent davantage aux VBG notamment les stratégies d'adaptation négatives (sexe de survie). Les auteurs présumés sont en majorité les membres connus de la communauté (67 pour cent), mais également les hommes en armes (5 pour cent). Les risques d'exploitation et d'abus sexuels (EAS) sont également à prévenir.
Les enfants sont également touchés avec 21 pour cent des cas, d’où la nécessité de renforcer les sensibilisations pour la protection des enfants contre les violences sexuelles et d’autres formes de VBG comme les mutilations génitales féminines.
La lutte contre l’impunité se poursuit avec l’appui de la Minusca, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et d’autres acteurs de la réponse juridique et judiciaire.
L’implication des leaders communautaires et religieux est primordiale et devrait être continue. Ils sont en première ligne pour un changement progressif de comportement et la lutte contre les VBG ainsi que l’orientation des cas vers les services de prise en charge. Le mécanisme de référencement est mis à jour par les acteurs à travers la coordination nationale de AoRs VBG par UNFPA.
La coordination avec d’autres acteurs de VBG et protection se fait pour une complémentarité de la réponse et une mutualisation des eorts car très peu de projets de VBG sont financés. De même, le référencement des cas est fait auprès des acteurs de la réponse.