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Évaluation à miparcours - Rapport de synthèse - Initiative « Lever les obstacles » du Fonds mondial, juillet 2022

Países
Camerún
+ 19
Fuentes
Global Fund
Fecha de publicación
Origen
Ver original

AVANT-PROPOS

L’une des leçons les plus importantes de l’histoire de la lutte contre le VIH est que les interventions biomédicales seules ne suffisent pas à faire face à une maladie aussi redoutable.
Il faut aussi s’attaquer aux injustices qui rendent certaines personnes particulièrement vulnérables à la maladie et les empêchent d’accéder aux services de santé dont elles ont besoin. Il en va de même pour la tuberculose, le paludisme et d’autres maladies, dont le COVID-19.

Malgré des progrès considérables, le VIH et la tuberculose sont toujours fortement stigmatisés.
Dans de nombreux pays, les protections juridiques et politiques contre la discrimination à l’encontre des personnes vivant avec le VIH ou la tuberculose sont faibles ou inexistantes. Les lois et politiques sévères contre la consommation de drogues et le travail du sexe, la criminalisation des relations intimes entre personnes du même sexe et de la transmission du VIH, de même que les inégalités profondes entre les genres, continuent de nuire à l’accès aux soins de santé. Les personnes en détention se voient refuser le niveau de soins auquel elles ont droit. En raison de ces violations des droits humains, beaucoup trop de personnes sont laissées pour compte.

L’initiative Lever les obstacles du Fonds mondial est un projet novateur visant à lutter contre ces injustices, concrétisant ainsi l’engagement du Fonds mondial à intensifier et à compléter les programmes d’élimination des obstacles liés aux droits humains et au genre. Grâce à Lever les obstacles, nous avons versé des fonds de contrepartie à effet catalyseur et fourni un soutien technique pour stimuler le développement et la mise en œuvre de programmes nationaux de lutte contre les injustices qui continuent de nuire aux avancées dans l’éradication du VIH, de la tuberculose et du paludisme.

Il s’agit d’inculquer aux personnes touchées par le VIH, la tuberculose et le paludisme les connaissances et compétences nécessaires pour comprendre, exiger et garantir leurs droits humains en matière de santé. Les fournisseurs de soins de santé, les policiers, les agents pénitentiaires, les juges et les parlementaires doivent pouvoir fournir des services efficaces à toute personne vulnérable à la maladie. Cette initiative représente un investissement sans précédent en matière de droits humains liés à la santé. Dans les vingt pays où le projet Lever les obstacles a été mis en place, les investissements dans les programmes de réduction des obstacles liés aux droits humains entravant l’accès aux services de santé sont passés de moins de 9 millions de dollars US au cours du cycle de financement avant le début de l’initiative (2014-2016) à 78 millions de dollars US dans le cycle suivant (2017-2019), et à plus de 130 millions dans le cycle en cours (2020-2022). Fait particulièrement notable, les pays participant à l’initiative ont augmenté les investissements dans ces programmes à partir de leurs principales allocations de fonds en plus du financement à effet catalyseur mis à disposition dans le cadre du projet Lever les obstacles.

Le Fonds mondial consigne avec soin les progrès réalisés grâce à l’initiative Lever les obstacles afin d’en tirer des leçons et d’améliorer les programmes et leurs retombées. Au début du projet, nous avons établi, pour les vingt pays, des données de base sur l’étendue et la nature des obstacles liés aux droits humains et au genre et sur les programmes en place pour y remédier.
Le présent rapport donne une vue d’ensemble des résultats de l’évaluation à mi-parcours des activités soutenues par l’initiative Lever les obstacles. Les pays participants font d’importants progrès dans le développement et la mise en œuvre de réponses nationales exhaustives aux obstacles liés aux droits humains et au genre qui entravent l’accès aux services de santé.
Pour remédier à ces obstacles, il doit impérativement y avoir du mouvement et des actions, tant pour les politiques que pour les programmes. Lever les obstacles vise ces deux aspects.
L’initiative a uni diverses parties prenantes, notamment le gouvernement, la société civile et les communautés, qui se rallient aux efforts pour s’attaquer aux injustices dans les programmes nationaux de lutte contre les maladies. Elle a renforcé le soutien aux principales organisations communautaires et à leurs alliés. Elle a réuni le gouvernement et la société civile dans la conception de plans nationaux pour des réponses exhaustives en matière de droits humains, en collaboration avec des groupes directeurs mis en place pour améliorer la coordination et l’intégration des programmes.

Tout comme l’engagement politique accru en matière de santé et de droits humains, les progrès mesurables dans la concrétisation des principes de droits humains en programmes intensifiés et pratiques améliorant la vie des gens de façon tangible sont encourageants. Par exemple, nous avons constaté d’importants gains programmatiques dans la lutte contre la stigmatisation liée au VIH et à la tuberculose. En tant que coorganisateur du Partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH, le Fonds mondial s’engage à lutter contre la stigmatisation. Comme le montre le présent rapport d’évaluation à mi-parcours,
Lever les obstacles a permis de produire des résultats et de mettre en place une solide plateforme assurant d’autres progrès dans l’avenir.

Lever les obstacles a aussi considérablement élargi les programmes, améliorant ainsi l’accès à la justice et mobilisant les parties prenantes pour changer les lois et politiques punitives. Ces avancées s’inscrivent dans la nouvelle stratégie du Fonds mondial, selon laquelle nous nous engageons à utiliser notre voix et notre influence pour contester les lois et politiques qui entravent la riposte efficace au VIH, à la tuberculose et au paludisme. Au cours des évaluations à mi-parcours résumées dans ce rapport, nombre d’organismes de la société civile (OSC) ont noté qu’avant l’initiative Lever les obstacles, le financement affecté aux actions de plaidoyer pour une réforme juridique et politique était très rare, et donc particulièrement prisé. En soutenant des organisations dirigées par des populations clés, le Fonds mondial a permis aux victimes d’une criminalisation injuste et de pratiques abusives d’agents des forces de l’ordre de faire entendre leur voix dans les actions de plaidoyer.

Au moment de rédiger le présent rapport, plus d’une année, voire davantage dans certains cas, s’est écoulée depuis la plupart des dernières évaluations à mi-parcours. Les progrès programmatiques sont donc probablement sous-estimés. Les évaluations de fin de parcours prévues pour la fin de 2022 et les six premiers mois de 2023 porteront sur quatre ou cinq années d’activité dans les pays participant à l’initiative Lever les obstacles. Dans le cadre de cet exercice de fin de parcours, nous comptons procéder à une évaluation quantitative et approfondie dans certains pays afin d’obtenir un portrait encore plus détaillé du fonctionnement des programmes, des problèmes qu’ils ont rencontrés et de leur incidence sur l’amélioration de la santé des personnes marginalisées.

Ne nous berçons pas d’illusions quant aux difficultés que représente la lutte contre de telles injustices. Il faut du temps et des efforts déterminés pour changer des lois ou des politiques injustes, ou pour modifier les comportements et pratiques discriminatoires, et ces efforts se heurtent souvent à de fortes résistances. Le chemin est encore long. Pourtant, l’expérience de Lever les obstacles démontre qu’en présence de financement et de soutien technique suffisants, il est possible de motiver plusieurs parties prenantes à combiner et à renforcer leurs efforts et ainsi faire véritablement avancer l’élimination d’obstacles de longue date.
J’espère que les leçons et les renseignements tirés des évaluations à mi-parcours de ce rapport sauront inspirer de futurs projets dans ce domaine d’une importance cruciale. Le Fonds mondial, conformément à sa nouvelle Stratégie, compte quant à lui élargir et accroître son soutien aux interventions pour éliminer les obstacles liés aux droits humains et au genre qui entravent l’accès aux services de santé. Ce soutien est essentiel pour vaincre le VIH, la tuberculose et le paludisme, mettre en place des systèmes pour la santé véritablement inclusifs qui ne laissent personne de côté et permettre à tous, dans tous les pays, d’exercer leur droit à la santé et au bien-être.

Peter Sands
Directeur exécutif, Fonds mondial