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République centrafricaine : Rapport de situation, 26 octobre 2022

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CAR
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OCHA
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FAITS SAILLANTS

  • Les acteurs humanitaires ont pu à mi-parcours fournir une assistance vitale à 1,2 millions de personnes soit 60% de la cible du Plan de Réponse Humanitaire 2022.

  • Des milliers de centrafricains affectés par les récentes pluies diluviennes.

  • Après plusieurs années de déplacement, les acteurs humanitaires et de développement aident les personnes déplacées et les réfugiés à reprendre une vie normale.

  • Avec 50% de la population ne mangeant pas à sa faim, la RCA compte l’une des plus grandes proportions de personnes en situation d'insécurité alimentaire critique dans le monde.

  • La communauté humanitaire en RCA planifie d’assister 2 millions de personnes en 2022. 461,3 millions de dollars américains sont requis.

CONTEXTE

Des inondations continuent d’affecter sévèrement la Centrafrique

Depuis juin 2022, les inondations en République centrafricaine (RCA) ont affecté environ 85 300 personnes, détruit plus de 2 600 maisons et 18 500 hectares de cultures, endommagé de nombreuses autres infrastructures et déplacé plus de 6 000 personnes. Fin septembre, six écoles étaient encore occupées par les personnes sinistrées, compromettant la rentrée scolaire 2022-2023 pour 10 000 enfants.

Plus de 176 villes et villages ont été touchés par les inondations dans 12 des 17 préfectures du pays. La Préfecture de la Vakaga, dans le nord, a été la plus touchée avec 24 000 sinistrés, suivie de la capitale Bangui (20 400 victimes) et de la Préfecture de l'Ouham (13 000 victimes). Ces dernières inondations interviennent à un moment où les besoins humanitaires ont augmenté de manière exponentielle dans tout le pays, plus de 63% des Centrafricains ayant besoin d’assistance et de protection, soit 3,1 millions de personnes.

Les dernières inondations de forte ampleur ont été enregistrées en 2019 lorsque 100 000 personnes ont vu leurs maisons inondées et détruites, et leurs sources d’eau polluées, poussant la plupart au déplacement vers des sites temporaires ou en famille d’accueil. En cette période-là, 3% de l’ensemble des personnes déplacées l’étaient suite aux catastrophes naturelles.

Pour répondre à la situation actuelle, la stratégie du gouvernement consiste en une assistance humanitaire dans les quartiers touchés, couplée aux activités de prévention et de relèvement.

Des sinistrés en besoin d’assistance

Depuis juillet, le Ministère de l’action humanitaire, de la solidarité et de la réconciliation nationale réunit les intervenants étatiques spécialisés, les représentants des arrondissements affectés, les acteurs humanitaires et de développement, ainsi que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) pour la mise en place d’une structure de réponse coordonnée cofacilitée par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

En complément des efforts du gouvernement, la communauté humanitaire a fourni une réponse d'urgence multisectorielle à plus de 43 000* personnes. 11 000 familles ont reçu des kits d'abri pour reconstruire leurs maisons et 10 000 familles ont reçu des articles ménagers essentiels, tels que des seaux, des couvertures, des matelas et des ustensiles de cuisine. Des dizaines de milliers de comprimés de purification d'eau ont été distribués pour prévenir les maladies d'origine hydrique, des puits et des forages ont été réhabilités, des cliniques mobiles ont permis aux personnes d’avoir accès à des soins médicaux, et de la nourriture, de l'argent liquide et des coupons alimentaires ont été distribués, ainsi que des fournitures scolaires.

Le plus grand nombre de personnes a été assisté dans la Préfecture d'Ouham avec 17 300 personnes, suivi par 17 000 personnes dans la capitale Bangui. Cependant, de nombreuses personnes sinistrées n'ont pas encore reçu d'assistance – les ressources sont rares et l'accès physique à certaines régions affectées est très difficile pendant la saison des pluies, comme dans la Vakaga, où 24 000 personnes ont été affectées par les inondations, ainsi que dans la Haute-Kotto. Selon les prévisions météorologiques, il est à craindre que des nouvelles inondations surviennent d’ici la fin de la saison des pluies, qui dure d’avril à octobre.

Les acteurs humanitaires continuent de consolider progressivement leurs stocks d’urgence pour pallier aux lacunes non couvertes par l’action gouvernementale, dans un contexte où les ressources sont fortement sollicitées face aux besoins humanitaires en présence. A la fin du mois de septembre, seulement 71% des 461 millions de dollars américains sollicités dans le cadre du Plan de réponse humanitaire pour la RCA ont été mobilisés.

Prévenir

Ces inondations interviennent après l’adoption de la nouvelle stratégie nationale de gestion des risques et catastrophes naturelles le 13 juillet dernier. Elle est consolidée autour de quatre axes stratégiques incluant l’identification et l’analyse des risques, la gouvernance des risques de catastrophes, le renforcement de mécanismes de gestion des risques de catastrophes, et la gestion des urgences liées aux catastrophes. Cependant, l’opérationnalisation des organes de mise en œuvre attend la signature d’un décret présidentiel.

En septembre 2020, l’ONG REACH avait publié une étude des susceptibilité d’inondations dans des zones habitées. L’étude a développé un score de risque d’inondation, visant à améliorer les initiatives de préparation aux urgences, et soutenir la planification et la prise de décision. Financée par le Fonds humanitaire pour la République centrafricaine (RCA), les données de cette étude avaient été croisées avec celles issues d’évaluations multisectorielles des besoins conduites en 2019. Le résultat final avait été mis à la disposition des autorités, révélant par exemple des risques d’impact plus élevés d’inondation dans les préfectures de l’Ouham et de la Kémo (plus de 203 000 personnes à haut risque), tandis que la Nana-Mambéré et de l’Ouham-Pendé avaient des scores de risque faibles.

Cette étude a également montré que la plupart des agglomérations centrafricaines se trouvent à côté des cours d’eau et de leurs bassins versants, autour desquels se développent des moyens de subsistance des habitants. Les berges de ces cours d'eau ont tendance à déborder face à la quantité croissante des précipitations collectées dans ces bassins versants. Ainsi, si l’adaptation des infrastructures est négligée de même que la planification de contingence, les interventions en aval ne suffiront pas pour des populations déjà meurtries par plus d’une décennie de conflits et plusieurs autres chocs.

Pour une meilleure préparation

Afin d’assurer une préparation optimale face au risque d’inondation, un Comité technique opérationnel avait été mis en place en 2020 sous l’égide du Ministère de l’action humanitaire, de la solidarité et de la réconciliation nationale avec la participation de OCHA, la DGPC, la CRCA, la MINUSCA et la Mairie de Bangui. Cette nouvelle structure avait permis de coordonner des visites de terrain à Bangui afin d’identifier les zones à risque et les mesures de préparation prioritaires.

Les impacts considérables des inondations survenues ont mis en exergue des problèmes de coordination en matière de standardisation des données fournies par divers acteurs, le manque de personnes formées aux évaluations postcatastrophe naturelle, ainsi que de lignes directrices claires des évaluations. Le manque d’une plateforme commune de stockage/gestion des données, y compris la cartographie était également une des faiblesses.

En réponse, OCHA en collaboration avec l’ONG REACH et la Fédération internationale de la Croix-Rouge, a renforcé depuis 2021 les capacités de 45 volontaires de la Croix-Rouge nationale et de la Direction générale de la protection civile sur l’évaluation post catastrophe naturelle. Ils font actuellement partie des équipes qui évaluent la situation.

*D'autres personnes vulnérables que celles directement affectées par les inondations ont bénéficié de l’assistance humanitaire, par exemple les personnes qui ont bénéficié de la réhabilitation de puits dans leurs quartiers.

Infographie : Aperçu de la situation humanitaire suite aux inondations

UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs: To learn more about OCHA's activities, please visit https://www.unocha.org/.