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La situation en Afrique centrale et les activités du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale - Rapport du Secrétaire général (S/2021/975)

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I. Introduction

1. Le présent rapport fait suite à la déclaration de la Présidente du Conseil de sécurité en date du 10 août 2018 (S/PRST/2018/17), dans laquelle le Conseil a prié le Secrétaire général de le tenir informé, tous les six mois, des activités du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC). On y trouvera un compte rendu des principaux faits survenus en Afrique centrale sur le plan de la politique et de la sécurité depuis le dernier rapport, daté du 1 er juin 2021 (S/2021/517), ainsi que des informations actualisées sur la situation dans le bassin du lac Tchad, comme le Conseil l’a demandé dans sa résolution 2349 (2017).

II. Principaux faits nouveaux survenus dans la sous-région de l’Afrique centrale

A. Tendances et faits nouveaux sur les plans politique, de la paix et de la sécurité

2. Au cours de la période considérée, une action a été menée pour faire avancer la transition politique au Tchad et le dialogue national inclusif en République centrafricaine, une élection présidentielle s’est déroulée à Sao Tomé-et-Principe et les violences ont persisté au Cameroun et dans le bassin du lac Tchad. La sous-région a continué de lutter contre l’effet multiforme de la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), notamment en faisant progresser les campagnes de vaccination. La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a poursuivi sa réforme institutionnelle et la mise en œuvre de ses priorités stratégiques pour la période 2021-2025, notamment sur le plan de la paix et de la sécurité.

Tendances et faits nouveaux sur le plan politique

3. Plusieurs initiatives ont été prises pour faire avancer l’intégration régionale. Le 30 juillet, le Président du Congo, Denis Sassou Nguesso, a présidé, en sa qualité de Président de la CEEAC, la dix-neuvième Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEEAC au cours de laquelle les participants ont débattu, de manière virtuelle, des questions politiques et de sécurité dans la sous-région et adopté des décisions pour faire progresser le processus d’intégration régionale. Le 16 septembre, le Président de l’Angola, João Lourenço, en sa qualité de Président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, a convoqué le troisième mini-sommet de la Conférence internationale sur la situation en République centrafricaine. Les participants au sommet, dont les chefs d’État du Congo, de la République centrafricaine et du Tchad, ont adopté une feuille de route conjointe visant à faire avancer le processus de paix dans le pays, conformément à l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine de 2019, et ont exhorté le Gouvernement à proclamer un cessez-le-feu. Le 15 octobre, le Président de la République centrafricaine, Faustin Archange Touadera, a déclaré un cessez -le-feu immédiat et unilatéral dans tout le pays, conformément à la feuille de route conjointe de la Conférence internationale.

4. En Angola, la loi sur la réforme constitutionnelle a été adoptée par l’Assemblée nationale le 22 juin. Le 10 septembre, le Président de l’Angola a renvoyé un projet de loi de réforme électorale à l’Assemblée nationale, pour une deuxième lecture, à la suite de son adoption à la majorité des voix au parlement, invoquant la nécessité de garantir « une rivalité saine, l’équité et la vérité électorale ». Le 11 septembre, le parti de l’opposition, União Nacional para a Independência Total de Angola, a organisé une manifestation de grande ampleur, marquée par une forte présence de la jeunesse, pour exiger « des élections libres, équitables et transparentes ». Le 17 novembre, le projet de loi de réforme électorale a été adoptée en deuxième lecture par l’Assemblée nationale, tandis que l’opposition votait contre. La situation socioéconomique dans le pays a suscité des grèves dans divers secteurs. Quelques journalistes se sont inquiétés d’être pris pour cibles après avoir critiqué les autorités, tandis que d’autres étaient agressés verbalement par des partisans de l’opposition, en marge des manifestations. Des partis de l’opposition ont noté avec préoccupation l’inégalité d’accès aux ressources et aux organes de presse étatiques, en prévision des élections géné rales prévues pour août 2022. L’ex-Président José Eduardo dos Santos est retourné en Angola le 14 septembre, après une absence de deux ans. Le 5 novembre, il a annoncé qu’il briquait un second mandat en tant que Président du parti au pouvoir, Movimento Popular de Libertação de Angola, qui doit élire un nouveau président à son congrès qui se tiendra du 9 au 11 décembre 2021.

5. Au Cameroun, malgré les efforts déployés par les acteurs nationaux et internationaux, le dialogue entre le Gouvernement et les groupes armés dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest n’a pas encore pris son rythme de croisière. Conformément aux recommandations issues du Grand dialogue national de 2019, les progrès accomplis sur le plan de la décentralisation se sont poursuivis mais semblent avoir un effet limité sur le terrain, du fait de la persistance de la violence. La convention nationale des femmes pour la paix, la première à se tenir au Cameroun, s’est déroulée à Yaoundé du 29 au 31 juillet. Les participants se sont déclarés favorables à l’action de paix menée dans le pays. Du 21 au 24 septembre et du 5 au 9 octobre, le Premier Ministre, Joseph Dion Ngute, a visité les régions du Nord - Ouest et du Sud-Ouest pour évaluer l’application des recommandations du grand dialogue national et a relevé la nécessité de renforcer les efforts de communication sur ce plan.

6. Au Tchad, les autorités de transition ont progressé par rapport aux étapes clefs de la transition, malgré les problèmes économiques et d’insécurité. Le 29 juillet, le Gouvernement de transition a adopté une feuille de route relative à la tenue d ’un dialogue national inclusif à la fin de l’année 2021, dans l’optique de l’adoption d’une nouvelle Constitution et de la tenue d’élections en septembre 2022. Le 13 août, le Premier Ministre de la transition, Albert Pahimi Padacké, a désigné les 69 membres du comité chargé d’organiser le dialogue inclusif, dont 15 femmes. Les préparatifs en vue d’un dialogue national inclusif, notamment avec la participation des groupes armés, se sont poursuivis. Dans son discours à la nation prononcé le 10 août, le Président du Conseil militaire de transition, le général Mahamat Idriss Déby, a demandé à l’opposition armée de se joindre au dialogue national inclusif et, le 17 août, a demandé à l’ancien Président, Goukouni Weddeye, de présider le Comité spécial technique, concernant cette participation. Le 24 septembre, le chef du Conseil national de transition a désigné ses 93 membres, dont 30 % de femmes, qui comprend notamment des membres de la législature sortante faisant partie de l’ancienne opposition, des membres de groupes armés et des représentants de la société civile et de la jeunesse. Le 4 octobre, le comité d’organisation du dialogue national inclusif a présenté le plan de route du dialogue aux partenaires internationaux. Wakit Tama, une plateforme d’opposition influente, a continué de rejeter le processus de transition, le qualifiant de non transparent et de non inclusif, et a organisé plusieurs rassemblements pour exiger la révision de la charte de transition et un dialogue réellement inclusif.

7. Les autorités de transition ont pris quelques mesures pour ouvrir l’espace politique dans le cadre de la transition. Le 13 juillet, elles ont approuvé la première manifestation de l’opposition depuis 1990, année de l’arrivée au pouvoir de feu le Président Idriss Déby Itno. De juillet à octobre, la société civile et les groupes d’opposition critiquant les autorités de transition ont organisé plusieurs manifestations pacifiques et autorisées à N’Djamena, en faveur d’un dialogue inclusif, tandis que les manifestations non autorisées de Wakit Tama continuaient d’être réprimées. Au premier symposium des femmes tchadiennes sur la sécurité et la paix durable, qui s’est tenu à N’Djamena le 27 juin, l’accent a été mis sur une plus grande participation des femmes au règlement des conflits et à un dialogue national inclusif.

8. Le 28 juillet, le Haut Représentant de l’Union africaine et Représentant spécial pour le Tchad du Président de la Commission de l’Union africaine, Basile Ikouébé, a pris officiellement ses fonctions. Le 3 août, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a salué dans une déclaration les progrès accomplis sur le plan de la transition. Il a félicité les autorités tchadiennes d’avoir créé un climat propice et les a encouragées à accélérer la mise en œuvre des tâches de la transition restantes et à s’attacher de nouveau à mener à bien la transition, selon le calendrier établi de 18 mois. Les principaux partenaires régionaux et internationaux du Tchad ont constitué le Groupe international des partenaires de soutien à la transition au Tchad, visant à mobiliser un appui régional et international en faveur de la transition sous la direction de l’Union africaine. Il a tenu six réunions à ce jour.

9. Au Congo, sur fond de problèmes économiques persistants, aggravés par la maladie à coronavirus (COVID-19), les autorités ont réaffirmé leur attachement à une gestion durable de la dette et à la bonne gouvernance. Le 21 juin, le Premier Ministre a présenté à l’Assemblée nationale le plan d’action du Gouvernement pour la période 2021-2026. Les partis de l’opposition ont continué de réclamer un dialogue inclusif pour régler les problèmes dans le pays.

10. La Guinée équatoriale a continué de pâtir de la COVID-19, tandis que des mesures étaient prises par les autorités pour encourager la stabilité macroéconomique et préparer les élections. Le 28 juillet, la plus haute juridiction de France, la Cour de cassation, a confirmé la condamnation prononcée contre le Vice-Président Teodoro Nguema Obiang Mangue pour détournement de fonds et corruption. Le 22 juillet, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord a annoncé des sanctions contre M. Obiang Mangue pour détournement de fonds publics. Le 3 juillet, un tribunal militaire a condamné deux membres des forces armées à 30 et à 50 années de prison, respectivement, pour négligence, ayant trait à une série d’expositions dans des camps militaires de Bata le 7 mars 2021, qui avaient fait 107 morts et 700 blessés. Des campagnes politiques ont commencé en prévision des élections législatives, qui doivent se tenir en 2022.

11. Au Gabon, les autorités ont porté leur attention sur la gouvernance et le relèvement économique, compte tenu des crises économique et sanitaire auxquelles le pays fait face. Le 13 septembre, le Conseil des ministres a adopté une ordonnance sur l’exigence pour les candidats à l’élection présidentielle de résider dans le pays de façon continue pendant au moins six mois de l’année, durant les deux années précédant l’élection. L’opposition a critiqué l’initiative, disant qu’elle empêchait des candidats de l’opposition de participer aux élections de 2023. Plusieurs chefs de l’opposition et alliés de l’ancien candidat à la présidence, Jean Ping, ont abandonné son mouvement au profit du Parti démocratique gabonais au pouvoir.

12. À Sao Tomé-et-Principe, le premier tour de l’élection présidentielle s’est déroulé le 18 juillet. Les candidats étaient au nombre de 19, dont trois femmes. Le titulaire, le Président Evaristo Carvalho, n’a pas brigué de second mandat. Carlos Vila Nova, le candidat soutenu par le parti du Président sortant, Acção Democrática Independente, et Guilherme Posser da Costa, appuyé par le Movimento de Libertação de São Tomé e Príncipe-Partido Social Democrata, qui domine le Gouvernement, a avancé jusqu’au second tour, lequel devait se tenir le 8 août, mais s’est déroulé le 5 septembre, du fait d’un désaccord avec la Cour constitutionnelle, portant sur l’éventualité d’un recomptage. Des missions d’observation de l’Union africaine et de la CEEAC ont félicité le pays d’avoir tenu des élections pacifiques et transparentes, tout en demandant une augmentation de la participation des femmes au processus électoral. Le 14 septembre, la Cour constitutionnelle a déclaré la victoire de M. Vila Nova, qui avait remporté 57,6 % des suffrages. Il a prêté serment le 2 octobre. La CEEAC a déployé une mission d’assistance électorale et désigné un envoyé spécial pour Sao Tomé-et-Principe dans le cadre de l’élection présidentielle.