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La faim dans le monde augmente, les mariages précoces aussi

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World Vision
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Lorsque les populations ne peuvent subvenir à leurs besoins par manque de ressources financières, ces dernières sont parfois contraintes d’envisager des mesures désespérées : réduire la qualité et la quantité des repas, vendre le bétail et dans certains cas extrêmes, marier leurs filles pour réduire le nombre de bouches à nourrir.

Selon le dernier rapport de Vision du Monde « COVID-19 and child marriage », réalisé via le Réseau international World Vision, plus de 3 millions d’enfants supplémentaires risquent d’être mariés à cause de l’insécurité alimentaire dans lesquels ils se retrouvent plongés. La journée de l’alimentation, le 16 octobre, est l’occasion de rappeler l’importance de lutter contre la faim dans le monde pour permettre aux enfants de grandir dignement.

La faim dans le monde intensifiée par la COVID-19

La pandémie de COVID-19, couplée aux effets du changement climatique et des conflits, a eu un fort impact sur l’augmentation de la pauvreté dans le monde. En 2020, 20 millions de personnes supplémentaires ont été plongées dans l’insécurité alimentaire, dont près de 12 millions d’enfants. Plus de 41 millions de personnes dans plus de 40 pays sont aujourd’hui en situation de famine. Il s'agit d'une urgence alimentaire mondiale sans précédent.

Les familles les plus vulnérables des pays en développement ne parviennent plus à se nourrir en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et la forte baisse de leurs revenus provoquée par la crise COVID-19.

Depuis février 2020, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de plus de 50 % au Myanmar, 48 % au Liban, 29 % au Venezuela, ou encore 21 % en Ouganda. Pour ces populations, parmi les plus pauvres, la part de l’alimentation pèse de plus en plus de le budget quotidien. En Asie, selon les données de Vision du Monde, les budgets alimentaires des familles ont baissé de 35 % en 2021.

L’insécurité alimentaire augmente le nombre de mariages précoces

Avant la pandémie de COVID-19, les filles des pays les plus pauvres courraient déjà deux fois plus de risques d’être mariées que les autres jeunes filles. Aujourd’hui, le nombre de filles mariées précocement ne cessent d’augmenter.

Chaque année, 12 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans et 3,3 millions d'enfants supplémentaires dans le monde sont désormais exposés à un risque accru de mariages précoces à cause de l’insécurité alimentaire. L’année 2020 a connu la plus forte augmentation des taux de mariage d'enfants à travers le monde depuis 25 ans.

Selon les données de Vision du Monde, entre mars et décembre 2020, les mariages d'enfants ont plus que doublés par rapport à l’année précédente. En Asie-Pacifique, 82 % des enfants mariés interrogés entre avril et juin 2021 se sont mariés après le début de la pandémie. Ces études ont également démontré qu’un enfant se couchant le ventre vide a 60% plus de risques d'être marié que les enfants n’ayant jamais connu la faim.

Pourquoi le nombre de mariages précoces progresse en même temps que la famine dans le monde ?

Quand une famille n'a pas assez d'argent pour nourrir tous ses enfants, marier une fille représente une bouche de moins à nourrir et un espoir que celle-ci accède à de meilleures conditions de vie.

Dans certaines régions où la dot est toujours pratiquée, le mariage d’une fille permet également d’obtenir des animaux ou bien une certaine somme d’argent pour acheter de la nourriture.

Pour Lerato, Lésothienne de 14 ans, le manque de nourriture l'a amenée à épouser un homme plus âgé qui a promis de la soutenir.

« Chaque jour, ma mère devait s'inquiéter de ce que nous allions manger et devait littéralement faire du porte-à-porte pour demander de la nourriture. Si personne ne nous aidait, nous devions rentrer sans manger. Je pensais que me marier faciliterait les choses. » Lerato, 14 ans.

La forte insécurité alimentaire qui frappe le Lesotho est à l'origine causée par la sécheresse. Elle a ensuite été exacerbée par les pertes d'emplois dues à la COVID-19. La mère et les frères et sœurs de Lerato ne travaillent plus et n’arrivent plus à subvenir aux besoins de la famille. Alors que Lerato prenait au moins le petit-déjeuner à l’école avant la pandémie, la fermeture des établissements scolaires l’ont aussi privé de ce repas.

Pourtant, l’éducation joue un rôle important dans la lutte contre les mariages précoces. Les enfants ont 3 fois plus de risques d’être mariés lorsqu’ils ne sont pas scolarisés.

Vision du Monde, via le Partenariat international World Vision, a travaillé avec le chef du village ainsi que les services de protection de l’enfance afin d’annuler le mariage et ramener Lerato au sein de sa famille. Cependant, de nombreuses jeunes filles risquent encore d’être mariées dans l’espoir de sortir de l’insécurité alimentaire.

Nous devons agir maintenant.