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Tchad : engager la transition

Countries
Chad
Sources
ICG
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Cinq mois après la mort soudaine du Président Idriss Déby, les autorités tchadiennes préparent un dialogue national attendu de longue date. Dans cette transition qui doit aboutir au retour vers un régime civil, le pays fait face à de nombreux défis.

En avril, le président du Tchad Idriss Déby Itno a été tué lors d’affrontements avec le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT). Les rebelles avaient traversé la frontière depuis leur bastion libyen en convois de véhicules lourdement armés pour atteindre la capitale N’Djaména. L’armée avait alors arrêté leur progression et le président Déby s’était rendu lui-même sur le champ de bataille. Sa mort soudaine a conduit la hiérarchie militaire à nommer Mahamat Déby, son fils de 37 ans, à la tête d’un Conseil militaire de transition de quinze membres. La junte a annoncé qu’elle gouvernerait le pays durant une période de dix-huit mois, renouvelable une fois, et organiserait un dialogue national inclusif avant de transmettre les commandes du pays aux civils à l’issue d’élections. Bien qu’émettant des réserves, les alliés internationaux du Tchad ont rapidement appuyé les nouvelles autorités. Début mai, l’armée a repoussé les rebelles du FACT jusqu’en Libye. La prise en main par l’armée a rassuré ceux qui craignaient que le décès du défunt chef d’Etat plonge le pays dans la violence mais a déçu les espoirs de dévolution démocratique du pouvoir. Certaines figures de l’opposition tchadienne ont ainsi exprimé leur inquiétude vis-à-vis de la transition et de la mainmise de l’armée sur l’Etat. Le gouvernement, les responsables de l’opposition et les rebelles ont tous des avis divergents concernant l’avenir du pays. Les puissances extérieures ont quant à elles peu d’influence sur la junte.

Le Conseil militaire devrait apaiser les inquiétudes relatives à l’avenir politique du Tchad en prenant des mesures concrètes qui garantiront une transition apaisée. Il devrait accepter de ne pas prolonger la transition actuelle et réaffirmer son intention de ne pas s’éterniser au pouvoir. Il devrait également entamer les préparatifs d’un dialogue national très attendu et, en accord avec les groupes rebelles, définir les conditions acceptables pour les deux parties en vue de la participation de ces groupes aux pourparlers.