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A la veille du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, la Confédération Caritas demande instamment de placer la dignité de la personne humaine, et non les intérêts privés, au centre de toutes les politiques alimentaires

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Alors que les dirigeants mondiaux se réunissent le 23 septembre pour le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, la Confédération Caritas exprime ses préoccupations et réaffirme ses valeurs fondamentales concernant l’avenir des systèmes alimentaires.

Dans un contexte où le monde s’efforce de sortir de la pandémie de la COVID-19 toujours en cours et où la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition exacerbées par de multiples crises humanitaires, sont en hausse, Caritas Internationalis demande instamment que toutes les discussions et décisions concernant les systèmes alimentaires mondiaux aient lieu au sein des institutions légitimes, multilatérales, fondées sur les droits humains et responsables qui existent déjà – comme le Comité des Nations Unies sur la sécurité alimentaire mondiale – et qu’elles incluent les communautés locales.

Ainsi, les petits agriculteurs de pays comme l’Ouganda ont déploré que les conversations du Sommet sur les systèmes alimentaires soient restées entre les multinationales et les grandes entreprises. Les organisations Caritas expriment également leur vive inquiétude face à un processus de suivi qui risque de saper le système actuel de gouvernance alimentaire mondiale et les principes démocratiques qui le sous-tendent, à savoir que les “voies de transformation nationales” annoncées n’ont jusqu’à présent pas offert les garanties nécessaires à une participation et une légitimité effectives.

Le pré-Sommet de juillet qui s’est tenu à Rome a aussi montré une dépendance excessive à l’égard de la technologie et de l’innovation comme solutions d’avenir, a forgé des “coalitions” potentiellement élitistes et n’a pas offert de véritable espace pour le débat public. À cette occasion, le pape François a déclaré à juste titre que “des […] intérêts économiques nous empêchent de concevoir un système alimentaire qui réponde aux valeurs du bien commun, de la solidarité et de la “culture de la rencontre””.

A la veille de cette nouvelle rencontre à New York, Caritas souhaite réitérer le message puissant du Saint-Père, en affirmant que la transformation des systèmes alimentaires pour assurer un avenir juste et durable pour tous nécessite de s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité alimentaire, d’écouter et d’impliquer les pauvres, ceux qui restent en dehors des discussions de haut niveau entre les dirigeants politiques et les puissants acteurs économiques, ceux qui sont oubliés et ignorés.

Caritas est convaincue que les politiques alimentaires à tous les niveaux doivent considérer les systèmes alimentaires de manière holistique, en s’attaquant aux causes et aux conséquences de l’insécurité alimentaire dans leur interdépendance, et favoriser l’inclusion et la participation des plus vulnérables.

Caritas souligne également l’importance de la science pour prendre soin de la Terre, notre maison commune, notamment l’agroécologie, la science des écosystèmes agricoles qui préserve leurs mécanismes et interactions naturels et permet la production d’aliments sains et nutritifs. Les pratiques et les connaissances des petits agriculteurs et leur autonomisation doivent être au centre de toute innovation ou de tout résultat technologique, ce qui nécessite d’investir dans l’agroécologie par le biais de programmes publics financés de manière adéquate, afin de parvenir à des solutions locales durables. Par exemple, lors de la récente urgence sanitaire, en Bolivie les communautés et les partenaires locaux de Caritas France ont promu des circuits courts de commercialisation pour offrir des produits agro-écologiques à la population, démontrant ainsi la résilience des systèmes alimentaires territoriaux et assurant une alimentation saine et diversifiée pendant les périodes de quarantaine.

Une consommation alimentaire plus responsable est également nécessaire dans un but de justice, pour s’assurer que les personnes les plus vulnérables aient également accès à une alimentation suffisante. Une approche d’économie circulaire devrait réorienter l’ensemble de la chaîne de valeur alimentaire afin de prévenir les pertes et le gaspillage de nourriture.

A la lumière de l’encyclique Laudato Si’, nous appelons les dirigeants et les décideurs politiques du monde entier à écouter enfin le cri de la terre et le cri des pauvres afin de :

  • Transformer les systèmes alimentaires de manière holistique, en s’attaquant aux causes profondes de l’insécurité alimentaire et en favorisant l’inclusion et la participation des plus touchés et des plus vulnérables, comme les petits agriculteurs, dans les espaces légitimes.

  • Préserver et favoriser les systèmes alimentaires locaux, en investissant de toute urgence dans l’agriculture à petite échelle, en promouvant les marchés locaux et en adoptant un modèle d’économie circulaire pour l’ensemble de la chaîne de valeur alimentaire.

  • Investir dans l’agroécologie en tant que pilier principal des systèmes alimentaires par le biais de programmes publics financés de manière adéquate.

Caritas Internationalis est une confédération de 162 membres travaillant à la base dans 200 pays et territoires, dont le rôle est de coordonner les opérations d’urgence, de formuler des politiques de développement et de plaider pour la justice.