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Burundi : Rapport de situation (4 Octobre 2021)

Countries
Burundi
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Sources
OCHA
Publication date

FAITS SAILLANTS

  • Face aux effets des inondations, les efforts de la réponse doivent se poursuivre

  • Le sous-financement du Plan de réponse humanitaire (HRP) en 2021 limite l’assistance aux personnes les plus vulnérables

  • La hausse des prix des produits agricoles risque d’affecter la sécurité alimentaire des populations vulnérables

  • Intégration des ONG nationales dans la coordination de l’action humanitaire au Burundi

CONTEXTE

Face aux effets des inondations, les efforts de la réponse doivent se poursuivre

En avril et mai 2021, la montée des eaux du lac Tanganyika et du delta de la rivière Rusizi ont inondé des quartiers entiers dans les communes littorales des provinces de Bujumbura, Bujumbura Mairie, Makamba et Rumonge. Plus de 50 000 personnes ont été affectées par ces inondations, et parmi elles, 20 000 ont dû quitter leurs maisons. À la même période, en 2020, près de 46 000 personnes avaient été affectées, parmi lesquelles environ 18 000 déplacées, suite à des inondations, principalement dans la province de Bujumbura, en zone de Gatumba. Avant que de nouvelles inondations ne touchent à nouveau Gatumba en avril et mai 2021, un total de 4 924 personnes (1 733 ménages) vivaient encore dans des sites de déplacement (Kinyinya II, Maramvya Sobel, Mafubo, Kigaramango). D’après les derniers chiffres de l’OIM, 10 171 personnes (2812 ménages) vivent actuellement dans les sites de Gatumba (3 702 personnes à Kinyinya II et 6 469 à Maramvya Sobel et Mafubo). Par ailleurs, 1 703 ménages sont déplacés en province de Rumonge, et 657 en province de Makamba.

A l’issue de l’évaluation des besoins menée en mai 2021par les partenaires humanitaires, en collaboration avec la Plateforme nationale pour la prévention des risques et la gestion des catastrophes du Burundi, une planification de la réponse pour six mois a été mise en place par les acteurs humanitaires pour répondre aux besoins multisectoriels identifiés.
Cette planification implique tous les secteurs d’intervention du Burundi et vise, entre autres, à répondre aux besoins alimentaires des personnes déplacées, notamment grâce à l’utilisation de la modalité cash et la distribution d’intrants agricoles ; à garantir l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement, notamment par la disponibilisation de l’eau potable, la distribution des kits WASH et la construction de latrines d’urgence ; et à fournir des abris aux personnes qui ont perdu leur logement. La planification prévoit également un monitoring régulier de protection des personnes vulnérables (femmes, enfants, personnes vivant avec un handicap, personnes âgées) pour favoriser un accès aux services sociaux de base et de protection, y compris aux services de protection contre les VBG, en portant une attention particulière aux femmes et aux filles, en renforçant l’environnement protecteur et en priorisant les femmes et filles cheffes de ménage pour l’assistance. Un profilage des populations déplacées est en cours de validation pour mieux orienter et prioriser les réponses. Les acteurs humanitaires ont à ce jour pu atteindre 47 338 personnes (9 468 ménages), soit 72,8 pourcent des 65 000 personnes (13 000 ménages) ciblées par cette planification à six mois.

Des efforts multiformes et multisectoriels du gouvernement du Burundi, du secteur public et privé et des humanitaires, caractérisés par des distributions réalisées en nature et en cash, ont permis d’héberger les ménages les plus démunis, d’apporter une assistance alimentaire aux populations affectées, ainsi que de stabiliser le statut nutritionnel des enfants. Les latrines dans les sites de déplacés ont été éclairées, afin de réduire les risques de violences, en particulier de violences basées sur le genre.

Le Plan de réponse humanitaire (HRP) pour l’année 2021, guidé par les analyses des risques conduites dans l’Aperçu des besoins humanitaires, anticipait, entre autres, le risque que de nouvelles inondations surviennent au moment de la saison des pluies entre mars et mai, et a pris ce risque en compte dans la planification des activités de la réponse. En revanche, au moment des inondations en mai, la réponse d’urgence a été significativement limitée par la quasi-absence de stocks de contingence dans la plupart des secteurs d’intervention, ainsi que par le manque de financement du HRP, qui était seulement financé à hauteur de 15,3 pourcent début mai avec un peu moins de 30 millions de dollars reçus. Le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF) a octroyé 1,5 millions de dollars dans le cadre de « réponse rapide » afin de répondre aux besoins urgents identifiés en matière d’abri, d’assistance alimentaire et de l’eau, hygiène et assainissement (WASH). D’autres financements, à l’instar de DERF (ECHO) et Start funds de DFID ont permis de maintenir le niveau acceptable de la réponse.

Par ailleurs, les activités de relocalisation prévues dans le plan de réponse, consistant à construire des abris semipermanents sur des parcelles en dehors des zones à risque, prennent du retard car les parcelles identifiées sur la plaine de l’Imbo pour ces constructions ne sont plus disponibles. Les hautes autorités du Burundi ont chargé le gouverneur de Bujumbura de chercher des parcelles dans les hauteurs pour réinstaller ces ménages. Cette opération pourrait prendre du temps, ce qui signifie que les ménages déplacés risquent de demeurer plus longtemps dans les sites et de développer une dépendance à l’aide humanitaire. Ces activités de relocalisation font partie des solutions durables clefs qui permettront de limiter les impacts d’éventuelles futures inondations.

Les acteurs humanitaires ont également dû faire face à des défis techniques, par exemple en termes d’accès à l’eau potable dans les sites de Gatumba. En effet, la pompe à eau sur le site de Sobel ainsi que les camions-citernes de la Protection Civile approvisionnant le site de Kinyinya II en eau potable étant tous deux tombés en panne. Au lieu des 15 litres d’eau par personne et par jour recommandés, les personnes déplacées des sites ne reçoivent actuellement que 8 litres d’eau. La solution plus efficiente et économique serait le raccordement au réseau hydraulique de la Regideso.

En raison des effets des changements climatiques qui se font de plus en plus sentir à l’échelle mondiale et au Burundi, il est à craindre que des inondations se reproduisent lors des prochaines saisons des pluies. Il est donc crucial de mettre l’accent sur la mise en place de mécanismes d’alerte précoce, et que les acteurs humanitaires renforcent les activités de préparation pour limiter les effets néfastes des catastrophes, notamment en s’assurant que les stocks d’urgence soient renfloués, pour que la réponse humanitaire soit apportée immédiatement en cas de nouvelle catastrophe naturelle de grande ampleur. Les acteurs humanitaires devront également intensifier la collaboration avec les partenaires de développement pour la mise en place des mesures de mitigation, et travailler à renforcer la résilience des personnes vulnérables dans ces zones, afin qu’elles puissent encaisser de futurs chocs. Une résilience plus grande permettrait une réduction des besoins et donc de l’assistance humanitaire. Cela doit commencer par la mise en place de solutions durables pour les personnes assistées, notamment en empêchant la réinstallation dans des zones inondables.

UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs: To learn more about OCHA's activities, please visit https://www.unocha.org/.