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Goma après l'éruption : Mercy Corps lance une réponse pour éviter les risques de crise sanitaire secondaire pour les communautés privées d'eau

Countries
DR Congo
Sources
Mercy Corps
Publication date
Origin
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Justine Asifiwe, 21 ans, préparait le dîner pour ses enfants lorsqu'elle a entendu des cris de plus en plus forts à l'extérieur. Sortant de sa maison en précipitation, elle a été stupéfaite de voir des flammes s'approcher au loin, tandis que la lave, rouge et chaude, se déversait sur les flancs du Mont Nyiragongo en direction de Goma.

C’est à cet instant là, que Justine est retournée dans sa maison, prendre ses deux jeunes enfants pour rejoindre la foule qui fuyait vers la frontière rwandaise. Cette nuit-là, la lave a traversé son quartier, détruisant tout sur son passage.

« Tous mes effets ont été calcinés dans la maison », a-t-elle raconté à Mercy Corps depuis un site informel accueillant plus de mille familles non loin de chez elle dans le quartier de Bushara, au nord de Goma.

Justine a été parmi les premiers à retourner dans le quartier, laissant ses jeunes enfants chez des amis et retournant vérifier les dégâts, malgré le risque permanent de gaz toxiques.

« Lorsque nous sommes revenus, nous avons commencé par faire la visite du quartier. Pour nous, la première chose à être visité était l'[infrastructure] de l’eau de Mercy Corps. C'est comme ça que nous [..] avons vu que la grande borne-fontaine et la grande citerne avaient été touchées par la lave », poursuit-elle.

Bien que la coulée de lave se soit arrêtée avant le centre-ville de Goma, les dégâts dans le quartier de Bushara, où se trouve le réservoir d'eau de 5 000 m3 et une importante canalisation d'approvisionnement en eau, ont eu des répercussions immédiates sur le reste de la ville.

« Plus de 550 000 personnes ont été immédiatement privées d'eau, soit plus d'un quart de la ville », a déclaré Tom Mosquera, directeur du programme IMAGINE, qui a dirigé les premières évaluations des dégâts pour Mercy Corps.

Le réservoir de Bushara est l'un de deux réservoirs construits par Mercy Corps dans le cadre du programme IMAGINE, financé par le gouvernement britannique. En mars 2021, les deux réservoirs, ainsi que 105 km de conduites d'eau et 185 bornes fontaines ont été remis aux autorités du Sud et du Nord-Kivu afin d'apporter de l'eau potable à 1,1 million de personnes dans les villes de Goma et de Bukavu.

Le programme a également permis de réduire la diarrhée, deuxième cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans en RDC, de 13,3 % en février 2016 à 5 % en février 2021, en fournissant aux femmes les moyens et les connaissances nécessaires en matière d'hygiène, pour assurer la sécurité de leurs familles.

Mais plus d'un mois après l'éruption, les risques de maladies hydriques, de diarrhée et de choléra sont élevés, alors que plus de 400 000 personnes reviennent à Goma après la levée des ordres d'évacuation.

Justine fait partie de ceux qui sont affectés par les pénuries d'eau.

« Avant cette éruption volcanique, Mercy Corps nous avait installé des bornes fontaines. Le fait d’avoir l’eau proche de la maison a eu beaucoup de bienfaits. Ma famille puisait jusqu’à 6 bidons d’eau par jour qui nous servaient pour la lessive, la cuisson et même la douche des enfants. Vraiment on était content d’avoir l’eau. Mais aujourd’hui nous n'en avons plus », dit-elle.

« Mon premier enfant a eu la diarrhée et, l’une de mes amies est maintenant à l'hôpital avec son enfant malade. Tout cela est dû au manque d’eau », dit-elle.

Malgré les solutions temporaires mises en place pour re-connecter les canalisations à un certain nombre de quartiers touchés, les dégâts subis par le réservoir de Bushara réduisent la disponibilité de l'eau pour les communautés. Par conséquent, certaines familles doivent se résoudre à puiser de l'eau dans le Lac Kivu et dans d'autres sources contaminées.

« Actuellement, il n’y a pas d’eau en quantité suffisante. J’ai vu les gens se bousculer pour pouvoir accéder à l’eau. Il y en a qui passent la journée entière à faire la queue à la borne fontaine pour avoir de l’eau », dit-Madeleine Kabuo, 42 ans, mère de huit enfants, se penchant pour remplir un bidon d'eau du lac de la plage du peuple du quartier Himbi.

« Nous avons manqué de l’eau même pour nous laver ce matin, c’est pour cela que je suis venue puiser de l’eau ici au lac », dit Madeleine, qui s'est réfugiée dans la maison de sa fille aînée après que sa maison à Majengo a été détruite par les flammes le soir de l'éruption. « S’il n’y a pas d’eau, comment faire pour lessiver les habits? Comment est-ce que les enfants vont pouvoir se laver ? Ce sont des difficultés pour nous, nul ne peut vivre sans eau », dit-elle.

La crise arrive au pire moment pour les habitants de Goma, alors que le pays entre dans sa troisième vague de COVID‑19 et que le nombre de cas augmente dans tout le pays. Sans un accès régulier à l'eau pour le lavage des mains, les cas de COVID‑19, qui étaient de 3 404 dans la province et de 43,019 au niveau national au 7 Juillet, continuent à augmenter.

Pour éviter une crise sanitaire, Mercy Corps travaille avec d'autres acteurs humanitaires pour fournir aux communautés un approvisionnement en eau temporaire, tout en recherchant des solutions permanentes pour réparer les infrastructures endommagées.

Avec le soutien généreux de Latter-day Saint Charities et de The Starbucks Foundation, Mercy Corps est prêt à effectuer des réparations au réservoir de Bushara, dont les parois extérieures en béton ont été endommagées par la propagation de la lave. Mercy Corps procède actuellement à une évaluation des dégâts causés par la lave au réservoir et, sur cette base, lancera les travaux de réparation nécessaires et appropriés. Ces réparations sont cruciales pour rétablir l'approvisionnement permanent en eau des parties nord de la ville et accompagner les activités menées par le parc national des Virunga et d'autres partenaires pour reconstruire les tuyaux endommagés.

À partir de la mi-juillet, Mercy Corps transportera de l'eau par camion dans les quartiers de Kibati, Buvira, Bujovu et Kahembe, afin d'approvisionner quotidiennement plus de 143 000 personnes en eau, garantissant ainsi aux familles comme celle de Justine une aide en attendant que le réseau d'eau permanent soit rétabli.

« L'eau est essentielle pour la vie. C'est vraiment la priorité pour nous », dit-Justine, qui continue à plaider pour sa communauté.

Mercy Corps travaille en RDC depuis 2007, donnant aux Congolais les plus vulnérables les moyens de surmonter les difficultés et de renforcer leur résilience face à l'une des crises humanitaires les plus urgentes au monde. La RDC compte 5,2 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, soit le deuxième chiffre le plus élevé au monde, et plus de 19,6 millions de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire. L'éruption volcanique perturbe davantage les moyens de subsistance et risque d'aggraver les besoins humanitaires actuels. L'année dernière, Mercy Corps a aidé 3,7 millions de personnes en République démocratique du Congo.