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Kijiji Cha Amani fait la chasse aux désinformations en Province du Nord Kivu

Pays
RD Congo
Sources
Peace Direct
Date de publication
Origine
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Dans cet article, nous entendons James Kataliko de Kijiji Cha Amani, une organisation locale au République démocratique Congo. Son objectif est de briser le cycle des rumeurs et de la violence au Nord-Kivu en permettant aux membres du public d'accéder à des informations fiables en réponse aux besoins qu'ils ont eux-mêmes identifiés.

James Kataliko

Les rumeurs, les fausses alertes diffusées dans les villages et villes notamment par bouches à oreilles, par SMS et sur les réseaux sociaux devenaient fréquentes dans nos communautés.

La plupart des tensions, résistances communautaires et conflits en province naissent de ces faits et conduisent parfois aux violences physiques et meurtrières.

Dans cette même optique des rumeurs, actuellement le flux important des « fake news » suite à l’usage des réseaux sociaux sont aussi une autre forme qu’utilise souvent les acteurs aux conflits dans le but de manipuler ou de tromper des communautés ayant une limite à la vérité.

A l'heure d'internet, le phénomène a pris de l'ampleur et a des conséquences dramatiques. Pour Kijiji Cha Amani, nous savons que « La Paix commence par la Vérité » pour limiter les dégâts que peuvent causer les rumeurs dans nos communautés.

Il existe un risque inquiétant que de fausses informations exacerbent les conflits. C’est pourquoi l’initiative Kijiji Cha Amani en RDC fonctionne avec la devise «la Paix commence par la vérité». Depuis 2017, James Kataliko a utilisé son expérience en tant que Pacificateur et défenseur des droits humains dans la région des Grands Lacs pour diriger Kijiji Cha Amani (Swahili pour «Village de la paix»). L'objectif de cette initiative est de garantir que les résidents locaux aient accès à une source fiable et digne de confiance d'informations précises. En collaboration avec les membres de son équipe et des bénévoles, ils s'efforcent à résoudre le problème des rumeurs et de la désinformation. Dans un contexte de conflit intercommunautaire, d'attaques terroristes et de nombreux groupes armés qui se battent les uns contre les autres et contre le gouvernement congolais, c'est une tâche difficile.

Notre base et notre site web est un outil d’expertise pour faciliter l’analyse des fréquences enfin de définir les réels besoins de paix pour nos communautés. Nous avons bénéficié de l’expérience de nos frères de Una Hakika du Kenya pour nous permettre d’améliorer notre façon de travailler et intervenir sur terrain.

Kijiji Cha Amani reçoit des alertes, rumeurs provenant de toutes nos communautés souvent par SMS, sur WhatsApp et messages privés sur Facebook. Nous proposons à nos ambassadeurs communautaires actifs dans les villages une méthode des formations simples et des protections de nos sources pour leurs permettre la meilleure vérification et un feedback dans les espaces paix, s’il y a besoin.

Notre quotidien est souvent confronté aux rumeurs et des fausses nouvelles qui peuvent prédire une situation future ou des déviations simples pouvant pousser les gens vers les violences. Mais il y a une nuance importante à faire. La rumeur est tout d’abord un ouï-dire non vérifié, dont la véracité est douteuse et l’origine inconnue. C’est souvent partagé dans l’ignorance alors que son auteur croit participer à la révélation d’un fait caché, elle est dangereuse si elle ne trouve pas une clarification en temps surtout pour les messages des haines entre les tribus. La désinformation ou encore « infox » (information toxique) dans de nombreux cas. Il s’agit d’une histoire montée de toute pièce dans un but précis, qui peut viser à recueillir l’adhésion d’internautes sur les réseaux sociaux pour gagner de l’argent ou manipuler l’opinion souvent la finalité est qu’elles produisent des troubles.

Pendant longtemps, les fausses nouvelles émanaient surtout de milieux politiques. Puis elles se sont étendues à d’autres secteurs, comme la santé cas de la situation passée d’Ebola et actuellement avec le coronavirus.

Grâce à l’actuelle technologie de communication, l’information est accessible à un grand nombre de personnes à un temps réduit. Mais le grand risque est que la vérification des faits, la recherche de la vérité autour du fait et le retour au bénéficiaire pour confirmer ou infirmer, ne soit pas effectuée. Dans ces conditions, lors des grandes crises comme les massacres massifs dans les villages, des imminentes attaques par des groupes armes ou entre deux tribus, des suivis de cas des kidnappings ou crises sanitaires, on assiste à une flambée des rumeurs et désinformations. La communauté se trouve dans un besoin naturel d’alerter, informer et d’être informé.

Il arrive de fois que certains ambassadeurs communautaires deviennent victimes des attaques dans le milieu, mais cela était souvent fréquent quand nos possibilités d’alerter étaient encore minimes et en cause de manque de formation. Mais actuellement, il y a une baisse de cas d’attaques des membres sur terrain. Kijiji Cha Amani essaye d’améliorer ses qualités de prestation pour rendre un bon service.

Une exploration plus approfondie du thème des technologies numériques et de la consolidation de la paix peut être trouvée dans "Pathways for Peace", un rapport de Peace Direct.