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Déclaration : Aucun d’entre nous ne sera en sécurité tant que nous ne le serons pas tous – pourquoi la réponse au Covid-19 doit être mondiale

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ICRC
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La distribution équitable des vaccins est un impératif humanitaire.

Un choix s’impose pour les dix années à venir : celui d’un monde caractérisé par davantage de justice, d’abondance et de dignité, ou d’un monde de conflit, d’insécurité et de pauvreté.

Nous nous trouvons aujourd’hui à un tournant. Le Covid-19 est une crise véritablement mondiale qui nous a tous mis à l’épreuve. Dans bien des cas, elle nous a amenés à une réflexion sur ces injustices de longue date qui se perpétuent dans des régions du monde où la pandémie n’a fait qu’ajouter une couche supplémentaire de misère, d’instabilité et de troubles. Les conséquences de la crise sanitaire ont mis en évidence et exacerbé ces inégalités, tant entre les pays qu’au sein de leurs frontières. Ses effets se feront sentir au niveau planétaire pendant des années encore.

L’impact d’une catastrophe telle que la pandémie de Covid-19 se mesure à l’aune de la tragédie des pertes individuelles et des décès, ainsi que du bouleversement de la quasi-totalité des aspects de nos vies aux niveaux national et mondial. Aucun pays de la planète n’a été épargné.

Les variants du virus, potentiellement plus infectieux et résistants aux vaccins, continueront de nous menacer s’ils ne sont pas maîtrisés dès à présent.

Nous, les signataires de la présente déclaration, représentons des organisations implantées dans des communautés du monde entier. Nous travaillons au plus près des personnes touchées par les conflits, les catastrophes et la famine et connaissons les difficultés immenses auxquelles elles sont confrontées, tout comme leur résilience même dans les pires situations.

L’économie mondiale connaît cette année sa pire récession depuis 1945. Dans certains pays, ce marasme se traduira par une aggravation considérable de la pauvreté et des souffrances ; dans d’autres, il sera synonyme de faim et de mort. Les retombées de la pandémie pèseront sur nous pendant longtemps encore. L’impact économique sera persistant, avec toutes les souffrances humaines qu’il engendrera. Une génération d’enfants, principalement des filles, ont interrompu leur scolarité et ne la reprendront pas.

Le monde a aujourd’hui un défi à relever : comment inverser cette dynamique dévastatrice en accordant une place majeure à la santé ? Nous plaidons ici pour « la santé pour tous », une approche où chaque vie humaine est jugée importante et où le droit de chacun aux soins de santé est respecté. Les populations ont besoin non seulement de la vaccination, mais aussi d’avoir accès à des personnels de santé compétents et équipés pour apporter l’aide médicale nécessaire.

Nous devons construire un monde où chaque communauté, où qu’elle se trouve et quels qu’en soient les membres, a un accès immédiat à la vaccination : pas seulement contre le Covid-19, mais aussi contre les nombreuses autres maladies qui continuent de faire des ravages et de tuer. Comme la pandémie nous l’a montré, dans notre monde interdépendant, aucun d’entre nous ne sera en sécurité tant que nous ne le serons pas tous.

Nous avons un choix à faire : entre le nationalisme vaccinal et la solidarité humaine.

Grâce à une action internationale efficace, plusieurs vaccins ont été mis au point. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Alliance GAVI et la CEPI dirigent l’initiative COVAX, qui est à ce jour le meilleur outil dont nous disposons pour nous assurer que les vaccins soient distribués aux populations du monde entier. Toutefois, l’initiative COVAX n’est destinée à couvrir que 20% de la population mondiale – les personnes les plus vulnérables dans les pays à faible revenu – d’ici la fin 2021, et rien ne garantit que cet objectif sera atteint. Dans l’intervalle, des études montrent que si nous nous limitons à ne vacciner que nos propres populations, le PIB mondial risque de perdre jusqu’à 9200 milliards de dollars (la moitié de ces coûts étant supportés par les pays à revenu élevé) pour la seule année 2021.

Mais ce n’est pas seulement une question d’argent. Pour parvenir à vacciner le plus grand nombre de personnes dans le monde, il faut résoudre des problèmes complexes en matière de logistique, d’infrastructure et d’échelle. Le Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre le Covid-19 (Accélérateur ACT) vise à accélérer la mise au point, la production et la distribution de produits de diagnostic et de traitement contre le Covid-19. L’Accélérateur ACT reconnaît la nécessité du partage d’information et le favorise – qu’il s’agisse d’informations sur les technologies, la propriété intellectuelle ou la fabrication.

Il faut cependant faire plus. Le partage d’information, le transfert de technologie et le renforcement des processus de fabrication, pour ne citer que ces aspects, exigent la participation active des États et du secteur privé.

Nous appelons donc les dirigeants mondiaux à :

  1. assurer l’accès équitable aux vaccins *entre les pays *en fournissant des vaccins, en mettant en commun connaissances et expertise et en finançant pleinement l’Accélérateur ACT, qui a pour but d’assurer l’équité dans l’accès aux outils de diagnostic, aux thérapies et aux vaccins contre le Covid-19 et dans leur déploiement ;

  2. assurer l’accès équitable aux vaccins *à l’intérieur des pays *en veillant à ce que tous les groupes de population soient inclus dans les programmes nationaux de distribution et de vaccination, quels qu’ils soient et où qu’ils vivent, notamment les communautés stigmatisées et marginalisées qui n’ont peut-être pas facilement accès aux soins de santé ;

  3. soutenir les pays sur le plan financier, politique et technique pour que la lutte contre le Covid-19 ne soit pas un objectif isolé, mais plutôt un élément important d’une stratégie de santé plus large mise en œuvre aux côtés des communautés pour améliorer durablement la santé des populations et leur accès aux soins. Dans nos différentes institutions, nous sommes déterminés à offrir toute l’aide possible pour appuyer les actions en ce sens engagées par les communautés et les autorités.

Il est temps d’agir de manière résolue. Les pays et les organisations sont aujourd’hui face à une occasion unique, qui ne se présente qu’une fois par génération, de lutter contre les inégalités dans le monde et de parer à certaines des répercussions néfastes de la pandémie. Ils rendront ainsi espoir non seulement aux plus pauvres, mais à tous les habitants de la planète.

Son Excellence Mgr Justin Welby, archevêque de Canterbury

Peter Maurer, président du Comité international de la Croix-Rouge

Son Excellence Mgr Ivan M. Abrahams, secrétaire général du Conseil méthodiste mondial

Son Excellence Mgr Emmanuel, métropolite de Chalcédoine, patriarche œcuménique

Révérend Dr Chris Ferguson, secrétaire général de la Communion mondiale d’Églises réformées

Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS

Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés

Henrietta H. Fore, directrice exécutive de l’UNICEF

Révérend Dr Martin Junge, secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale

Azza Karam, secrétaire générale de Religions pour la paix

Francesco Rocca, président de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

Rabbin David Rosen, coprésident de Religions pour la paix

*Cheikh Ahmed al-Tayeb, Grand Imam d’Al-Azhar *

Son Excellence le Cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, Rome