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République démocratique du Congo: iMMAP/DFS COVID-19 Analyse de situation, Période Janvier 2021

Países
RD del Congo
Fuentes
iMMAP Inc.
Fecha de publicación

Points essentiels

  • Aperçu épidémiologique : Depuis le début de la pandémie en mars 2020, la République Démocratique du Congo a enregistré un total de 22 841 personnes (et 1 cas probable non confirmé) contaminées par le virus de COVID-19. Parmi elles, on dénombre 673 personnes décédées. En Janvier 2021, le pays est toujours dans la phase 3 de l'épidémie (des flambées localisées commencent à fusionner, un ou plusieurs cas ou décès surviennent en dehors de la transmission connue, plusieurs générations dans les chaînes de transmission, des cas sont détectés parmi les cas de maladie respiratoire aiguë sévère), et ce depuis le 19 mai 2020 (AU 15/12/2020, AU 19/05/2020, AU 12/05/2020). Sur les 26 provinces du pays, 22 sont touchées par le virus. Kinshasa reste le foyer principal de l’épidémie avec 79.03% (18 052) des cas, suivie du Kongo-Central avec 6,15% (1405 cas) des cas et du Nord-Kivu avec 5,78% (1321 cas) des cas. Le pays a effectué à ce jour 115 450 tests (Gouvernement de RDC 31/01/2021).

  • Mesures d’endiguement et de prévention : Le premier cas de COVID-19 en République Démocratique du Congo a été identifié le 10 mars 2020 à Kinshasa : un individu de nationalité congolaise en provenance de la France. Le Ministre de la Santé a déclaré officiellement l’épidémie le jour même et a annoncé une série de mesures nationales pour lutter contre l'épidémie du COVID-19. Le risque d’une résurgence est présent et se matérialise par l’augmentation du nombre de cas enregistrés depuis le début du mois d’octobre 2020, avec une hausse notable au milieu du mois de décembre. Face à cette situation, le gouvernement a imposé, à partir du 18 décembre 2021 , un couvre-feu à partir de 21 heures dans toute l'étendue de la RDC (Gouvernement de RDC). Depuis le début de la riposte à ce jour, legouvernement travaille avec l’appui de l’OMS et d’autres partenaires à l'amélioration de ses capacités de surveillance et de la prise en charge de l'épidémie.

  • Économie : Les mesures gouvernementales prises en République Démocratique du Congo en réponse à la COVID-19 affectent l’économie à plusieurs niveaux. L’impact de la crise sur l’emploi et le revenu des ménages a aggravé la situation économique du pays, qui fait partie des plus pauvres au monde (classé 179 ème sur 189 pays selon l’IDH de 2018). La croissance du PIB a connu une baisse de 1,7% au cours de l’année 2020 contre la chute de 2,2% prévue par le FMI. De plus, l’inflation a augmenté de façon continue depuis le début de la crise sanitaire et ce jusqu’en novembre, avant de se stabiliser et d’atteindre 15% en janvier 2021. Le taux de change s’est également stabilisé après de fortes hausses en août puis en octobre. Ces stabilisations sont en partie dues au plan de sauvegarde du gouvernement qui s’appuie sur une aide internationale qui a pu combler entièrement son déficit budgétaire.

  • Sécurité : Depuis le début de l’année 2020, la situation sécuritaire se détériore en République Démocratique du Congo avec des conflits armés qui perdurent, notamment dans les régions du Nord,
    Nord-Est et de l’Est. Les groupes de populations les plus affectés par les conflits sont les retournés, puis les déplacés internes, les réfugiés et les communautés hôtes et résidents ensuite. Il a été également observé une présence particulièrement forte des groupes armés dans les régions du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l'Ituri jusqu’en décembre 2020. La présence des groupes armés entraînant de très fortes vagues de violences et d’exactions contre la population a provoqué des déplacements massifs.

  • Accès humanitaire: L’accès des acteurs humanitaires aux personnes dans le besoin en République Démocratique du Congo continue d’être limité à la fois par l’action du gouvernement, les restrictions de mouvement imposées dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19 et les attaques des groupes armés. Les incidents touchant des humanitaires en 2020 ont provoqué la mort de 10 personnes et l’enlèvement de 42 autres. La présence de mines et d’explosifs complique davantage l'accès à certaines régions, déjà entravées par des routes impraticables .

  • Information et communication : Depuis le début de la pandémie, des campagnes de sensibilisation à la COVID-19 ont été quotidiennement organisées auprès des communautés et diffusées à la radio, la télévision, dans les médias et sur les réseaux sociaux. Malgré cela, la désinformation reste largement répandue, principalement sur les réseaux sociaux, où elle prend rapidement de l’ampleur. Les messages du gouvernement n’atteignent qu’une partie de la population avec des communautés rurales ayant plus de difficultés à obtenir de l’information à cause de l’accès réduit aux services mobiles et télévisuels.
    Les femmes semblent également rencontrer une inégalité d’accès à l’information.

  • Moyens de subsistance : Malgré la levée progressive des mesures de restriction et la réouverture des frontières début août, l’économie du pays peine à reprendre son souffle, impactant directement les conditions de vie des ménages. Le ralentissement des activités économiques a impacté tous les secteurs et tout particulièrement le commerce informel transfrontalier. Ce-dernier continue d'être fortement perturbé à cause des restrictions de mouvements encore en place avec l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi et des exigences sanitaires strictes dans les frontières représentant un obstacle majeur pour les commerçants dans les provinces d’Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu. De plus, la production, la commercialisation ainsi que la demande des biens et services ont été gravement touchées par les mesures de restrictions pendant le premier semestre 2020, notamment à Kinshasa. Les distributions alimentaires et les transferts monétaires effectués par les humanitaires vers les ménages ont été également réduits depuis le début de l'épidémie du fait des restrictions gouvernementales tel que le couvre-feu et des précautions prises par les acteurs humanitaires afin de réduire les risques de contamination. Ceci risque d’aggraver la situation humanitaire des populations ayant le plus souffert les effets de la crise sanitaire en 2021.

  • Sécurité alimentaire : La pandémie de COVID-19 a aggravé la crise alimentaire préexistante dans le pays. La fluctuation des prix des denrées alimentaires et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement de certains produits se superposent à la baisse du pouvoir d’achat des ménages.
    Selon l’Integrated Phase Classification (IPC), le nombre de personnes en insécurité alimentaire aurait augmenté de 40% entre juillet-décembre 2019 comparé à la même période en 2020. Ceci peut s’expliquer par l’accès réduit des ménages aux marchés et aux denrées alimentaires suite aux restrictions de mouvement et à la perte du pouvoir d’achat des individus. Le secteur agricole a pâti particulièrement du conflit et des inondations au Nord-Kivu et Sud-Kivu, entravant d’autant plus l’approvisionnement des marchés et donc des ménages. En novembre 2020, les provinces classées en situation de crise et d’urgence (IPC 3 -4) étaient celles de l'Ituri, Nord-Kivu, Sud Kivu, Tanganyika, Kasaï Central, Kasaï Oriental et Haut-Lomami.

  • Agriculture : Dans un pays où 62% de la population en âge de travailler dépend de l’agriculture, les mesures restrictives prises face à la COVID-19 pendant la période mars-avril 2020 ont perturbé le déroulement des activités agricoles et entraîné une baisse de revenus des ménages agro-pastoraux. Si l’impact pour la période actuelle n’est pas connu, la fluctuation des prix des denrées alimentaires sur les marchés montrent néanmoins des problèmes de production ou au moins d’acheminement des produits. En effet, beaucoup ont rencontré des difficultés à écouler leurs produits. Les limitations des mouvements transfrontaliers et nationaux ont réduit la disponibilité et l’accessibilité des intrants et du matériel agricole, aggravant les difficultés d’accès préexistantes des ménages pauvres et menaçant leurs moyens d’existence. Enfin, le contexte sécuritaire, les déplacements, les aléas climatiques ainsi que l’état de grande dégradation des routes aggravent les difficultés du secteur agricole en compliquant l’acheminement des produits et l’accès aux terres, et en endommageant les cultures.

  • Nutrition : La pandémie de COVID-19 a entraîné une augmentation des cas de malnutrition aiguë de 23% entre 2019 et 2020, le nombre de personnes malnutries passant de 4,6 à 5,8 millions. Les provinces des Kasaïs, de l’Equateur, de l’Ituri, de la Tshopo, du Haut et du Bas-Uélé, du Tanganyika et du Sud-Kivu sont les plus affectées. L'épidémie de COVID-19 a impacté les revenus des ménages et les marchés alimentaires ce qui a à la fois limité la capacité des ménages à accéder à des aliments nutritifs variés et à assurer la régularité des repas. Les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes et allaitantes sont particulièrement touchées par ces problématiques. Au troisième trimestre de 2020, la reprise du commerce transfrontalier a permis une stabilisation des marchés alimentaires et une légère amélioration de la situation nutritive dans certaines provinces comme le Nord-Kivu.

  • Santé : L’accès des ménages aux services de santé reste limité depuis le début de l'épidémie de la COVID-19 dans le pays. En effet, avec une couverture sanitaire de seulement 30% du territoire avant la propagation du virus, le pays voit son système de santé submergé par la demande accrue de soins intensifs (et d'oxygène) pour les malades du coronavirus, un manque du personnel de santé et des équipements et une grève des agent de la riposte qui dure depuis déjà presque 7 mois. Outre ces obstacles, la population fait également face à des problèmes financiers pour accéder aux services de santé mais aussi à la peur d’attraper le virus au sein des infrastructures. Ces facteurs ont mené à une baisse de consultations dans certains services, engendrant une recrudescence des décès liés au manque de soins.

  • Eau, Hygiène et Assainissement (EHA) : La pandémie de COVID-19 a entraîné une pression supplémentaire sur des services d’eau hygiène et assainissement déjà particulièrement fragiles en RDC. Bien que le pays bénéficie de la plus grande superficie d’eau en Afrique, l’accès à l’eau pour la population reste problématique. Ainsi, l’accès à l’eau potable, à des installations sanitaires mais aussi à des produits d’hygiène demeure restreint, surtout dans les milieux ruraux et chez les ménages les plus pauvres. Pourtant, cet accès est essentiel afin de limiter la diffusion de maladies hydriques au sein de la population. En effet, la récurrence de ces maladie est accentuée par l’adoption de mécanismes d’adaptation par les individus avec notamment la consommation d’eaux non surveillées voire non potables. La mise en place des gestes barrières et des mesures d’hygiène pour contrer la propagation du virus Sars-Cov-2, ont accentué les besoins en eau et produits d’hygiène et mis une pression supplémentaire sur des infrastructures en partie défaillantes.

  • Abris et articles ménagers essentiels (AME) : La pandémie de COVID-19 semble avoir eu un impact assez limité sur le secteur. Peu d’informations sont disponibles sur le logement, les services liés au logement (eau, électricité, gaz, combustibles…), les AME ou encore les ressources de construction; il est donc complexe de mesurer l’impact de la pandémie sur le secteur. Les impacts mesurables sur la population en termes d’abris et AME sont principalement dus aux conflits armés dans l’Est du pays et aux fortes inondations qui ont eu lieu lors de la saison des pluies (d’avril à novembre), détruisant un nombre important d’habitations et privant les populations d’accès à leurs terres et champs. Les populations déplacées suite à ces phénomènes, vivant sur des sites d’accueil ou au sein de familles, sont particulièrement vulnérables et à risques en termes d’abris et AME. Elles vivent souvent dans des conditions de logement précaires, exacerbant une pression existante sur les communautés hôtes et renforçant la promiscuité à l’origine de risques pandémiques et d’insécurité.

  • Éducation : Afin de faire face à la montée du nombre de cas positifs à la COVID-19 entre octobre et décembre, le gouvernement avait pris la décision de fermer les écoles à partir du 18 décembre 2020 pour des vacances anticipées. A la date du 31 janvier 2021, elles restent fermées et aucune date de réouverture n’a encore été confirmée. Après la reprise scolaire en octobre, dans des provinces telles que Sud-Kivu et Tanganyika, la fréquentation scolaire montrait une tendance à la baisse, particulièrement pour les filles de 12 à 17 ans, ce qui peut avoir un lien direct avec les mariages précoces ou les grossesses non désirées survenus pendant la fermeture des écoles. D’un point de vue général, la pandémie augmente les risques liés à la protection des enfants et exacerbe les difficultés des ménages à subvenir aux besoins des enfants.

  • Protection : La crise de protection en RDC est antérieure à l’épidémie de COVID-19 et frappe en particulier les régions de l’Est. Les régions en proie aux conflits font état de conditions humanitaires complexes et connaissent de nombreux mouvements de populations à la fois internes et internationaux. La pandémie de COVID-19 et notamment les mesures sociales et de santé publique (MSSP) ont aggravé les conditions de vie de la population entraînant une précarisation des ménages, une hausse des violences au sein des foyers et des recours plus courants à des stratégies de survie négatives. Le pays connaît -en comparaison à l’année précédente- des incidents de protection plus nombreux, notamment concernant les violences basées sur le genre et la protection de l’enfance. Les cas de violences basées sur le genre (VBG) ont notamment augmenté de 86% entre janvier et septembre 2020 en comparaison à la même période de l’année précédente.