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Note sur la recrudescence des cas de viol territoires de Fizi (secteur Ngandja) et de Kabambare (secteur Bangubangu / Salamabila) (janvier 2021)

Countries
DR Congo
Sources
Protection Cluster
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Publication date

ANALYSE DE PROTECTION

Lorsque l’on lit les alertes rapportant les cas de viol ci-dessus, l’on constate que le statut des présumés auteurs varie en fonction du territoire considéré mais également de l’âge des survivant(e)s. Le statut des présumés auteurs de viol en fonction du territoire

  • Dans le territoire de Kabambare : les viols ont été commis dans le secteur de Bangubangu / Salamabila, notamment dans les groupements de Kitababeya et de Muhiya. Les miliciens Maï-Maï Malaika sont les principaux présumés auteurs de ces viols. Seulement dans un cas exceptionnel, des hommes armés (en tenue militaire) ont été désignés comme présumés auteurs.

Il faut signaler ici que le secteur de Bangubangu / Salamabila compte plusieurs gisements miniers, dont l’exploitation, peut-être du plus grand, celui de Namoya, par la société Namoya Mining, a engendré de vives revendications de la communauté ; revendications reprises à leur compte par les miliciens, particulièrement les Maï-Maï Malaika. Depuis lors, la situation sécuritaire dans le secteur s’est fortement dégradée, en raison de la présence et de l’activisme accru de ces miliciens, exposant les populations à de nombreux abus et violations de leurs droits et les femmes et les filles à des risques beaucoup plus élevés de violences sexuelles.

Des efforts importants ont été fournis par les autorités militaires pour renforcer le dispositif sécuritaire dans ce secteur. Néanmoins, il nous semble que beaucoup reste à faire, en particulier autour des carrés miniers et des zones forestières qui servent de refuge aux miliciens. En effet, la lecture des alertes du monitoring de protection atteste du fait que c’est précisément autour des carrés miniers et des axes proches des zones forestières que les cas de viol sont le plus souvent rapportés. Les carrés miniers, on le sait, sont des sites très attractifs qui offrent des opportunités de petits commerces aux femmes et jeunes filles. Or, ces sites sont pareillement des lieux de prédilection des miliciens qui y opèrent par des incursions régulières. Ces incursions à répétition accentuent la vulnérabilité des femmes et des filles qui y exercent des petits commerces. Sur les axes proches des zones forestières, de nombreux cas de viol sont aussi souvent rapportés. L’immensité de la forêt qui couvre le groupement de Kitababeya ainsi que la couverture disproportionnée en termes d’acteurs de sécurité, favorisent les mouvements intenses des Maï-Maï Malaika. Ceux-ci s’attaquent aux populations, généralement les femmes et les filles, dans les champs et celles qui se rendent des villages environnants vers le marché de Salamabila, leur arrachant tous leurs biens et les abusant sexuellement. Au courant du mois de décembre, entre le 2 et le 22, à la veille des fêtes de fin d’année, sur la route les menant au marché de Salamabila, ce sont au total 26 femmes et jeunes filles qui ont ainsi été surprises puis violées. Mais lorsque l’on sait que dans la plupart des cas, les survivantes, craignant la stigmatisation et/ou le rejet, gardent le silence sur ce qui leur est arrivé, l’on ne peut que simplement avancer l’hypothèse que beaucoup plus de femmes ont pu être violées dans ce laps de temps. D’ailleurs, des sources sur place signalent plus de 200 cas de viol enregistrés entre octobre et décembre 2020 et 56 entre le 1er et le 19 janvier 2021 qui mériteraient de diligenter une mission d’évaluation rapide à Kabambare, dans le secteur de Bangubangu / Salamabila.