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République centrafricaine: face aux assauts de la coalition CPC, le Conseil de sécurité examine une demande d’aménagement du mandat de la Mission

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SC/14418

Trois jours après que la Cour constitutonnelle centrafricaine a confirmé la réélection du Président Faustin Archange Touadéra et dans un contexte de violences commises par les rebelles de la CPC ayant coûté la vie à sept Casques bleus, le Représentant spécial du Secrétaire général en République centrafricaine et Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a demandé au Conseil de sécurité, ce matin, d’examiner les mesures les plus appropriées pour garantir une adaptation du mandat de la Mission. De son côté, la Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine (RCA) a plaidé pour la levée totale de l’embargo sur les armes dont le pays fait l’objet, « afin de permettre aux autorités démocratiquement élues d’assurer la protection des populations et la défense de l’intégrité territoriale ».

Le Représentant spécial, M. Mankeur Ndiaye, a expliqué que la situation demeure tendue sur le terrain depuis la vague de violences qui a entouré l’élection présidentielle, du fait de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), dont les connivences avec certaines personnalités politiques, notamment l’ancien Président François Bozizé, sont désormais établies. Réagissant à l’invalidation de sa candidature le 3 décembre, ce dernier avait mobilisé des éléments de certains des 14 groupes armés signataires de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, qui se sont regroupés au sein de la CPC, avec l’intention avouée d’abord d’empêcher la tenue des élections et, récemment, de provoquer la chute du Président Touadéra. La Cour constitutionnelle a pourtant validé, ce 18 janvier, les résultats définitifs de l’élection présidentielle du 27 décembre.

Alors que la CPC poursuit ses violences et ses attaques, pour attenter à la stabilité des institutions centrafricaines et à l’intégrité du territoire, M. Ndiaye a prôné une augmentation substantielle des effectifs des composantes en uniforme de la Mission, des éléments de la police et de l’administration pénitentiaire, « pour que la Mission maintienne sa posture robuste tout en disposant d’une plus grande mobilité ».

Il a aussi demandé au Conseil la prorogation de quelques mois de la coopération intermissions qui avait permis le déploiement rapide de troupes et hélicoptères de la Mission intégrée des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). Actuellement, a-t-il alerté, des capacités cruciales (drones, hélicoptères d’attaque, capacités de franchissement et forces spéciales) font défaut. Il a donc également demandé au Conseil de doter la MINUSCA de la capacité de fournir un soutien logistique adéquat aux forces de sécurité centrafricaines, prenant exemple sur ce qui avait été fait pour la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).

Certains membres du Conseil, dont la Tunisie, ont également demandé de fournir à la MINUSCA les capacités nécessaires à l’exécution de son mandat et de renforcer les Forces de défense et de sécurité centrafricaines pour les rendre capables de contrôler tout le territoire. Pour que l’armée centrafricaine soit en mesure de contrôler ce vaste territoire, la Ministre des affaires étrangères et des Centrafricains de l’étranger a demandé la levée totale de l’embargo sur les armes. Cet embargo, a-t-elle regretté, a fini par affaiblir totalement l’État, privé de moyens d’assurer la protection de sa population et la défense de l’intégrité de son territoire au profit des groupes armés qui continuent à s’armer et se ravitailler en armes lourdes. Elle a jugé insignifiants les dérogations et allégements apportés à l’embargo, réclamant un rééquilibrage avec les groupes rebelles qui, eux, détiennent des armes lourdes telles que des mortiers, des armes anti-aériennes, des mines anti-personnel et des lance-roquettes.

La Chine a également milité pour une levée de l’embargo, alors que la Fédération de Russie a prôné une adaptation du régime des sanctions permettant de favoriser l’extension de l’autorité du pouvoir central et la soumission des forces militaires illégales.

Rappelant que l’embargo décidé par le Conseil de sécurité vise à prévenir l’afflux en RCA d’armes qui se retrouveraient « en de mauvaises mains », la France a indiqué que sa levée dépendrait des progrès dans la réalisation des objectifs fixés par le Conseil, à commencer par la gestion des armements et des munitions. Elle a prévenu que de nouvelles sanctions pourraient être adoptées contre ceux qui s’opposent à ce processus, et que tous les acteurs qui ont appelé à la haine et à la violence ou commis des violations des droits de l’homme, du droit international humanitaire et de l’accord de paix, et qui ont contribué à la désinformation, seront tenus responsables de leurs actes. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont rappelé que le Conseil avait approuvé toutes les demandes de fourniture d’armes présentées par la RCA, et qu’aucune demande n’était en suspens.

L’aggravation de la situation humanitaire a également inquiété les délégations, étant donné que 100 000 civils ont fui les violences, dont plus de 60 000 qui ont gagné un pays voisin. La Norvège a plaidé pour que l’acheminement de l’aide humanitaire se fasse de manière sûre et sans entrave.

Comme le Représentant spécial, les membres du Conseil ont invité à forger une solution politique durable en RCA, ce qui passe par le dialogue inclusif, avec la participation des femmes notamment, et le soutien des garants que sont l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine et Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), M. MANKEUR NDIAYE, a rappelé que la Cour constitutionnelle avait validé, ce 18 janvier, les résultats définitifs de l’élection présidentielle du 27 décembre, en confirmant la réélection du Président sortant, M. Faustin Archange Touadéra. Il a indiqué que la situation demeure tendue sur le terrain depuis la vague de violences qui a entouré le premier tour des élections, du fait de la nouvelle coalition dénommée Coalition des patriotes pour le changement (CPC), dont les connivences avec certaines personnalités politiques, notamment l’ancien Président François Bozizé, sont désormais établies. Il a aussi rappelé que depuis le 3 décembre, date de la validation de la liste définitive des candidats par la Cour constitutionnelle, et du rejet de la candidature de l’ancien président Bozizé, ce dernier a mobilisé des éléments de certains des 14 groupes armés signataires de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, qui se sont regroupés au sein de la CPC, avec l’intention avouée d’abord d’empêcher la tenue des élections et, récemment, de provoquer la chute du Président Touadéra. Ces violences menées dans les régions par les groupes armés alliés -UPC, 3R, MPC, ainsi que certaines factions du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) et des anti-balaka– contre les populations civiles, les autorités publiques, les Forces de défense et de sécurité et la MINUSCA, mettent à l’épreuve les capacités de la Mission à assurer ses tâches essentielles de protection des populations civiles dans un contexte politique tendu, exacerbé par des clivages identitaires.

Le Représentant spécial a remercié le Conseil qui a permis le déploiement rapide des troupes et des hélicoptères de la Mission intégrée des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) dans le cadre de la coopération intermission. Ceci a permis non seulement d’augmenter les capacités de la MINUSCA, mais aussi de remonter le moral du personnel qui travaille dans des conditions particulièrement difficiles, surtout avec la COVID-19, a-t-il expliqué. Pour M. Ndiaye, la seule réponse durable aux défis actuels est une solution politique. De son avis, la réélection du Président Touadéra bénéficiera à la nation seulement si le nouvel exécutif est en mesure d’apaiser les esprits en bâtissant des ponts avec les acteurs politiques de l’opposition, ainsi qu’avec les couches sociales qu’ils représentent. Il a souhaité un gouvernement « encore plus intégré », les éléments les plus radicaux devant être remplacés par des membres plus impliqués dans la paix et la réconciliation. Par ailleurs, un dialogue renoué avec les éléments des groupes armés qui ont opté pour rejoindre la CPC, mais qui n’ont pas commis des crimes graves, sera fondamental pour cheminer sur un parcours de réconciliation qui permette de stabiliser le pays sans compromettre la recherche de la justice et de la lutte contre l’impunité. Il faut parvenir à un difficile équilibre entre justice et paix. Selon M. Ndiaye, le deuxième anniversaire de la signature de l’accord de paix devrait offrir une nouvelle opportunité pour réaffirmer l’engagement des signataires aux valeurs contenues dans l’Accord.

Au sujet des défis sécuritaires actuels, le Représentant spécial a souligné les capacités tactiques limitées des éléments des Forces de défense et de sécurité, dont environ 2 600 militaires, issus du recrutement de juillet 2020, qui n’ont bénéficié que de deux mois de formation, et environ 1 000 nouveaux gendarmes et policiers. À cela s’ajoute le manque de moyens logistiques et matériels pour pouvoir mener à bien leurs missions. La conséquence est la grande désertion observée lors des premiers assauts des rebelles. Cette situation est aggravée par une faible chaîne de commandement, le manque de sanctions dû à la non-opérationnalité des institutions de contrôle interne au sein des Forces de défense et de sécurité. De même, les manquements et les violations des droits humains sont fréquents. Le Représentant spécial a donc invité le Gouvernement à redoubler d’efforts, avec un accompagnement plus coordonné et axé de la communauté internationale, pour édifier des institutions et une gouvernance durables dans le secteur de la sécurité, y compris dans la gestion des armements. Un travail sérieux sur le contrôle des frontières doit être aussi entamé. Sans cela, l’État ne pourra pas se défendre et le pays aura du mal à se relever, a—t-il averti.

Dans ce contexte, le Représentant spécial a averti que la CPC poursuivrait ses violences et ses attaques, pour attenter à la stabilité des institutions centrafricaines et à l’intégrité du territoire. Comme les capacités actuelles de la Mission seront davantage éprouvées, au moment même où plus que jamais elle doit veiller à la protection des civils et faciliter la délivrance de l’assistance humanitaire, il faut établir une stratégie d’aménagement du mandat, a-t-il recommandé. Il a ainsi prôné une augmentation substantielle des effectifs des composantes en uniforme de la Mission, en l’occurrence la force, la police et l’administration pénitentiaire, pour que la Missions maintienne sa posture robuste tout en disposant d’une plus grande mobilité. M. Ndiaye a aussi demandé au Conseil la prorogation de quelques mois de la coopération intermission. Pour faire face à cette nouvelle menace qui pourrait s’installer durablement en RCA si notre demande n’était pas entendue, la réponse de la Mission et notamment de la force se doit d’être franche, nette et robuste, a—t-il suggéré.

Le Représentant spécial a indiqué que les troupes actuellement déployées par la MINUSCA agissent sur un territoire extrêmement vaste et peu fourni en voies de communication. Par ailleurs, la force ne dispose que de forces de réaction limitée en effectif ne pouvant agir sur l’ensemble du territoire du fait de l’étendue du pays. Enfin, des capacités critiques (drones, hélicoptères d’attaque, capacités de franchissement ou encore forces spéciales) sont absentes du théâtre d’opérations. La force a donc établi une liste des capacités qui lui permettront de répondre dans la durée à cette nouvelle menace. M. Ndiaye a mentionné les 3 000 casques bleus additionnels demandés ainsi que l’augmentation du nombre d’officiers de police individuels et des unités de police constituées pour pouvoir répondre à toutes les tâches dans les bureaux de terrain. De même, au regard de l’évolution de la situation et la mise en détention de présumés combattants, la chaîne pénale se trouve mise à rude épreuve. Il faudra donc trouver une solution à la surpopulation carcérale, a-t-il dit en réclamant davantage d’officiers de l’administration pénitentiaire.

Le Représentant spécial a ensuite demandé la levée des réserves sur le soutien logistique de la Mission aux forces armées centrafricaines. Actuellement, nous ne pouvons fournir qu’un soutien logistique « limité » pour le redéploiement progressif d’un nombre « limité » d’unités des forces armées centrafricaines formées ou certifiées par la mission militaire de formation de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM-RCA), a-t-il expliqué. « Nous sollicitons du Conseil la capacité, comme cela avait été accordé dans le mandat de la MONUSCO, de fournir un soutien logistique adéquat aux forces de sécurité centrafricaines », a plaidé M. Ndiaye. Dans le même temps, pour combattre les réseaux criminels et les milices armées transfrontalières, il a demandé que l’on revitalise les commissions bilatérales, et que l’on adopte des méthodologies novatrices de coopération sécuritaire transfrontalière telles que l’institution d’un centre de fusion des renseignements à Goma par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) en novembre 2011. Sur le plan interne, un soutien technique plus accru à la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre pour la mise en œuvre de son plan d’action national de juillet 2019 pourrait aider à assurer une gestion responsable des armes et munitions du Gouvernement et à contrôler la circulation des armes dans le pays.

Enfin, alors que les groupes armés exploitent les ressources minières pour renforcer leurs propres capacités, il a plaidé pour que l’État retrouve son autorité sur cette activité. La République centrafricaine court un grave risque de retour en arrière en matière de sécurité et de consolidation de la paix, ce qui pourrait saper tout ce que ce Conseil et les partenaires de la République centrafricaine ont contribué à construire, a-t-il prévenu. Il a salué le comportement courageux des Centrafricains qui ont démontré qu’ils ne sont plus disposés à tolérer qu’on utilise la violence pour les priver d’un droit fondamental tel qu’est le droit de vote. Il a demandé à la communauté internationale de les appuyer en vue de la réconciliation, la reconstruction, le dialogue et l’inclusion. Selon lui, cette voie certes difficile reste la seule et unique capable de mener à une paix durable. Il a terminé en demandant au Conseil d’examiner les mesures les plus appropriées pour garantir une adaptation de la MINUSCA à la nouvelle situation.

Au nom du Kenya, du Niger, de la Tunisie et de Saint-Vincent-et-les Grenadines (A3+1), la Tunisie a condamné les attaques menées par la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) depuis décembre 2020, qui ont fait des morts et des blessés parmi les Casques bleus de la MINUSCA. Elle a appelé les autorités centrafricaines à mener rapidement des enquêtes et à traduire en justice les auteurs de ces actes odieux. La Tunisie s’est dite préoccupée par les efforts de déstabilisation des groupes armés et par le recours à la violence pour perturber le processus électoral et saper la transition politique et démocratique. Ces attaques rebelles croissantes aggravent considérablement la situation humanitaire déjà désastreuse. La Tunisie a aussi dénoncé le trafic et le commerce illicites, l’exploitation et la contrebande des ressources naturelles ainsi que l’imposition illégale de taxes dont se servent les groupes armés pour se financer et s’approvisionner en armes.

La Tunisie a jugé important de fournir à la MINUSCA les capacités nécessaires à l’exécution de son mandat et de renforcer les Forces de défense et de sécurité centrafricaines pour les rendre capables de contrôler tout le territoire. Il est important que le Conseil de sécurité envoie un message fort et obtienne des groupes armés qu’ils cessent leurs attaques et tous les actes de violence et d’intimidation. La Tunisie a appelé les acteurs politiques de la République centrafricaine à respecter les résultats des élections et à régler pacifiquement les différends postélectoraux.

La Tunisie a réaffirmé que la réalisation de la paix, de la stabilité et du développement durable passe par le respect des engagements pris en vertu de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation de 2019. Les élections ne sont pas les seules clefs de la stabilité. Il faut aussi, a souligné la Tunisie, un véritable processus de réconciliation, des institutions de l’État fortes et capables d’exercer le contrôle du territoire et l’accès de tous aux services sociaux de base.

La France a tout d’abord salué « l’appui essentiel » fourni par la MINUSCA au cours des événements récents, notamment l’élection présidentielle du 27 décembre, et rendu hommage aux sept Casques bleus qui ont perdu la vie depuis le début des violences, le mois dernier. Elle a ensuite insisté sur trois points, condamnant en premier lieu les violences commises par « l’autoproclamée Coalition des patriotes pour le changement », soutenue par l’ancien Président François Bozizé. Cette coalition attaque non seulement les soldats de la paix et les forces armées centrafricaines, mais aussi les civils, les personnels humanitaires et les institutions: « c’est inacceptable », a-t-elle martelé. La délégation a appelé les parties à respecter leurs obligations au titre du droit international humanitaire. L’accès humanitaire doit être garanti, d’autant plus que les besoins humanitaires et le nombre de déplacés ne cessent d’augmenter, a-t-elle souligné.

Dans ce contexte, la France a exhorté les autorités centrafricaines et les groupes armés à reprendre le dialogue dans les plus brefs délais, avec le soutien des garants que sont l’Union africaine et la CEEAC. Estimant que de nouvelles sanctions pourraient être adoptées contre ceux qui s’opposent à ce processus, la délégation a averti que tous les acteurs qui ont appelé à la haine et à la violence, qui ont commis des violations des droits de l’homme, du droit international humanitaire et de l’accord de paix, et qui ont contribué à la désinformation seront tenus responsables de leurs actes. Elle a ajouté que la France continuera de soutenir le renforcement de la justice centrafricaine et de la lutte contre l’impunité, formant en outre le vœu que la Cour pénale spéciale débute ses procès en 2021 et que la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation puisse démarrer ses activités en toute indépendance.

La France a également pris note de la décision de la Cour constitutionnelle qui confirme la réélection du Président Faustin Archange Touadéra, appelant toutes les parties à respecter cette décision. Elle a par ailleurs pris acte de la « main tendue » par le Président Touadéra à l’opposition démocratique lors de son discours à la nation, le 18 janvier. Invitant le Gouvernement centrafricain à concrétiser cette annonce dans les meilleurs délais en créant, avec le soutien de la CEEAC, les conditions d’un dialogue inclusif, dans le respect de toutes les sensibilités politiques et des libertés fondamentales, elle a dit compter sur le Représentant spécial pour contribuer à la réussite de ce dialogue.

En troisième lieu, la France a réitéré son appui aux autorités et au peuple centrafricains pour contribuer aux efforts de stabilisation, assurant de son engagement au sein de ce Conseil pour apporter à la MINUSCA les moyens nécessaires de poursuivre sa mission difficile. Elle a rappelé à cet égard que les attaques contre les soldats de la paix sont « constitutives de crimes de guerre ». La France a aussi salué l’aide des partenaires internationaux qui répondent aux demandes des autorités de la RCA, insistant sur la nécessaire coordination des forces militaires légitimes en présence avec la MINUSCA. Rappelant le soutien apporté par des aéronefs militaires français à la Mission et aux forces armées centrafricaines, elle a soutenu que l’embargo décidé par le Conseil de sécurité vise à prévenir l’afflux en RCA d’armes qui se retrouveraient « en de mauvaises mains ». Sa levée dépendra des progrès dans la réalisation des objectifs fixés par le Conseil, à commencer par la gestion des armements et des munitions. En aucun cas l’embargo ne doit faire obstacle au renforcement des forces armées centrafricaines, a-t-elle insisté. La délégation a enfin appelé le Gouvernement et tous les acteurs centrafricains à tout faire pour mettre un terme aux hostilités et emprunter la voie de la réconciliation.

Le Viet Nam a noté, alors que les résultats des élections du 27 décembre 2020 ont été confirmés par la Cour constitutionnelle le 18 janvier 2021, que la République centrafricaine et la sous-région se trouvent aujourd’hui à un moment critique pour la paix et la sécurité à long terme. Néanmoins, la délégation a jugé affligeant de voir que le processus politique en cours en République centrafricaine est éclipsé par la violence qui entrave les élections et le droit des citoyens de déterminer leur avenir. Mettant l’accent sur trois propositions, le Viet Nam a exhorté toutes les parties concernées à régler les différends électoraux par le dialogue et la négociation afin de rétablir la confiance, dans l’intérêt de la stabilité et du développement. « Deuxièmement, notre délégation voudrait insister à nouveau sur le rôle central de l’accord de paix », a ajouté la délégation avant d’exhorter les signataires de l’Accord à s’abstenir de toute action susceptible de détériorer la situation. Enfin, après avoir jugé indispensable le soutien continu de la communauté internationale, le Viet Nam a rendu hommage à l’aide importante de tous les partenaires internationaux et régionaux, y compris l’Union africaine, la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) et les pays voisins.

L’Irlande a remercié les « A3+1 » d’avoir proposé cette réunion « opportune ». Elle a exprimé ses condoléances aux familles des sept Casques bleus tués ces derniers jours en RCA et appelé les autorités du pays à poursuivre en justice les auteurs de ces crimes. Elle a salué l’engagement démocratique du peuple centrafricain ainsi que sa détermination à voter, même dans un contexte de violence et d’insécurité. Le travail de la société civile, en particulier les femmes et les dirigeants religieux, a été essentiel dans la facilitation du processus, ce qui montre que les processus inclusifs sont indispensables pour consolider la paix, a souligné la délégation. Elle a appelé toutes les parties prenantes à respecter la décision de la Cour constitutionnelle et a invité le Gouvernement centrafricain à s’engager de manière ouverte avec l’opposition dans un dialogue de fond. Le Gouvernement devra continuer de travailler avec les groupes signataires de l’accord de paix qui sont restés attachés à celui-ci, a-t-elle ajouté.

L’Irlande a souhaité que soit rompu le cycle de l’impunité, qui est inextricablement lié au cycle du conflit, pour qu’il y ait un espoir de stabilité. La délégation a donc appelé les autorités à tenir pour responsables les auteurs de violences et de violations et abus des droits de l’homme, y compris ceux perpétrés contre des enfants et ceux qui impliquent des violences sexuelles et sexistes. Inquiète également de la détérioration de la situation humanitaire en RCA, l’Irlande a jugé impératif que la route allant du Cameroun à Bangui soit sécurisée afin de permettre la circulation des marchandises dans le pays. Elle a appelé les parties à garantir un accès humanitaire complet, sûr, immédiat et sans entrave, conformément au droit international et à la résolution 2552 (2020), et à respecter les principes humanitaires. Le Conseil de sécurité doit veiller à ce que la MINUSCA dispose des ressources dont elle a besoin pour maintenir sa solide posture, a conclu l’Irlande.

L’Estonie a condamné les violences et les attaques perpétrées par des groupes armés au cours de ces dernières semaines qui ont coûté la vie à des civils, des travailleurs humanitaires, du personnel de sécurité et des Casques bleus. Ces attaques peuvent constituer des crimes de guerre, a averti la délégation, et leurs auteurs et instigateurs doivent être traduits en justice. L’Estonie a dit soutenir une réponse rapide et forte de la MINUSCA pour protéger les civils et l’accès humanitaire. En dépit des actions pour déstabiliser le processus électoral, le peuple centrafricain est allé voter et le fera à nouveau, a souligné l’Estonie qui a voulu que la décision de ce peuple soit acceptée et respectée par tous les acteurs politiques. Tout différend concernant les résultats électoraux doit être réglé pacifiquement et légalement.

La violence ne mènera jamais à la paix, a insisté l’Estonie. Elle a appelé les garants et les facilitateurs du processus de paix à soutenir la mise en œuvre effective de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation. Ceux qui s’opposent à l’Accord, au processus démocratique et aux élections doivent être tenus pour responsables de leurs actes, a martelé l’Estonie, avant de souligner l’importance des initiatives régionales et transfrontalières pour promouvoir des solutions par le dialogue politique.

La Norvège a exprimé ses plus vives préoccupations face à la détérioration de la situation politique et des conditions de sécurité en RCA. Condamnant les attaques perpétrées contre la MINUSCA, elle a jugé « inacceptable » que deux nouveaux Casques bleus aient été tués par des groupes armés ces derniers jours, et sept au total. Notant que la Cour constitutionnelle a confirmé les résultats de l’élection présidentielle du 27 décembre, la Norvège a appelé toutes les parties à les respecter. Pour trouver une issue à cette crise, il importe, selon elle, que les groupes armés mettent immédiatement un terme aux hostilités et que le Gouvernement favorise un dialogue inclusif et la participation des femmes. Dans le contexte actuel, la Norvège a appelé les autorités centrafricaines à travailler avec toutes les parties, y compris les groupes d’opposition, pour « imprimer un nouvel élan à la réconciliation ». Il convient pour cela que le Président Touadéra soit « le Président de tous les citoyens centrafricains ». À cet égard, la délégation a souhaité obtenir davantage d’informations sur la façon dont le Chef de l’État centrafricain envisage le processus de paix dans le pays.

La Norvège s’est également inquiétée de la détérioration de la situation humanitaire, au moins 100 000 civils ayant fui les violences, tandis que le nombre des personnes ayant gagné un pays voisin est désormais supérieur à 60 000. C’est particulièrement préoccupant dans un pays qui connaît les besoins humanitaires les plus élevés au monde par habitant, a-t-elle souligné. La délégation a souhaité que l’acheminement de l’aide humanitaire soit opéré de manière sûre et sans entrave afin que toutes les personnes dans le besoin puissent en bénéficier. Selon l’Expert indépendant sur la situation en RCA, a-t-elle fait observer, les groupes armés continuent de commettre des exactions, comme cela était le cas durant la période électorale. Ces groupes, regroupés notamment au sein de la « Coalition des patriotes pour le changement », utilisent en outre des enfants et se livrent à des violences sexuelles. Ces agissements doivent cesser, tout comme il doit être mis fin aux attaques contre les personnels humanitaires, a plaidé la délégation. Selon elle, la reddition de la justice est essentielle à la pérennisation du processus de paix. Avant de conclure, la Norvège s’est interrogée sur les capacités réelles de la MINUSCA, en souhaitant savoir dans quelles mesures elles pourraient être renforcées. La sécurité des Casques bleus est essentielle, a-t-elle conclu, réitérant son plein appui à la Mission.

La Chine a constaté que la République centrafricaine est entrée dans une nouvelle phase depuis la tenue de l’élection présidentielle du 27 décembre 2020. Elle a appelé à respecter le choix exprimé par la population, qui a été confirmé par la Cour constitutionnelle le 18 janvier. Après avoir regretté la persistance de violences et d’attaques, la Chine a exhorté les parties concernées à donner la priorité aux intérêts des populations, à respecter l’accord de paix, à renoncer à la violence et à résoudre leurs différends de manière pacifique. « Nous devons aider la RCA à améliorer ses capacités en matière sécuritaire », a ajouté la Chine avant d’appeler à une levée de l’embargo sur les armes le plus rapidement possible afin de permettre aux forces nationales de se doter des moyens d’améliorer leurs capacités sécuritaires, de protéger les populations et de contrôler les frontières. Enfin, la Chine a indiqué avoir soutenu les efforts de la République centrafricaine dans sa lutte contre la pandémie de COVID-19 et appuyé la logistique d’organisation des dernières élections.

L’Inde a jugé « choquantes et inacceptables » les attaques contre les soldats de la paix, plaidant pour que les auteurs soient poursuivis. Selon l’Inde, les développements récents en RCA ont le potentiel de faire dérailler les progrès durement gagnés depuis 2019. Elle a noté que des situations postélectorales similaires se sont souvent transformées en une crise majeure, affectant toute la région. Compte tenu d’une histoire marquée par l’instabilité politique et la violence, la situation en RCA mérite une attention immédiate de la communauté internationale, a plaidé l’Inde.

Avec la validation des résultats de l’élection présidentielle le 18 janvier 2021 par la Cour constitutionnelle, l’Inde a appelé toute opposition, en particulier les signataires de l’accord de paix, à cesser immédiatement les hostilités et à se joindre aux autorités centrafricaines pour trouver une solution à la crise actuelle. La délégation s’est félicitée de la déclaration du Président Touadéra, qui a souligné l’importance de la réconciliation et fait part de sa volonté de travailler avec l’opposition. Tout en saluant le rôle joué par la MINUSCA pour repousser les attaques des groupes armés, l’Inde a invité a Mission à respecter le mandat qui lui a été confié par le Conseil de sécurité. Enfin, la délégation a dit soutenir les efforts visant à désamorcer la crise menés par l’UA et la CEEAC, deux garants de l’accord de paix de 2019.

Les États-Unis ont rappelé que les attaques contre les Casques bleus peuvent constituer des crimes de guerre en vertu du droit international, plaidant pour qu’elles cessent. La délégation a appelé les parties centrafricaines à respecter la décision rendue lundi par la Cour constitutionnelle concernant les élections, et à adhérer aux principes démocratiques de bonne gouvernance. Elle a appelé les dirigeants politiques centrafricains à former un gouvernement inclusif qui représente tous les Centrafricains, en s’attaquant pacifiquement aux sources sous-jacentes de tension.

En repoussant à plusieurs reprises les attaques des groupes armés, la MINUSCA a non seulement vaillamment exécuté son mandat de protection des civils, mais également contribué au processus démocratique de la République centrafricaine, ont salué les États-Unis, avant d’exprimer leur consternation face aux désertions et défections généralisées au sein de l’armée centrafricaine. « Nous avons déjà vu cette situation en 2013 et nous aurions aimé voir un changement », a dit la délégation américaine en invoquant les investissements importants dans la formation, l’équipement et le budget de la part de nombreux amis du Gouvernement de la République centrafricaine. La délégation a demandé de poursuivre en justice toutes les personnes responsables de violations des droits de l’homme.

Le soutien des États-Unis devra être réévalué à la lumière de ce qui précède, a dit la délégation, afin d’assurer une meilleure performance et une meilleure prise en charge par le Gouvernement centrafricain des tâches administratives de base telles que le paiement des salaires et le réapprovisionnement des bases opérationnelles avancées. Les États-Unis sont aussi préoccupés de la capacité des forces armées centrafricaines à utiliser correctement leurs armes et équipements. Ils ont rappelé que le Conseil avait approuvé toutes les demandes de fournir des armements à ce pays et qu’il n’y avait pas de demandes en suspens devant le Comité des sanctions. La délégation a dit être préoccupée par l’insuffisance de la coordination entre les troupes bilatérales, les Casques bleus et les acteurs humanitaires, ce qui risque d’entraver la fourniture de l’aide vitale et de saper la capacité de la MINUSCA à mettre pleinement en œuvre son mandat de protection des civils. Cela pourrait également mettre en grave danger les Casques bleus et les travailleurs humanitaires.

Les États-Unis ont en outre condamné les attaques contre les acteurs humanitaires et le vol ou la destruction d’équipements et d’autres ressources qui leur permettent de répondre aux besoins urgents. Au vu de la détérioration de la situation sécuritaire en République centrafricaine pendant la période électorale, les États-Unis ont conseillé d’apporter de meilleures solutions avant la prochaine réunion du Conseil de sécurité sur ce sujet en février.

La Fédération de Russie a réitéré son soutien aux activités de la MINUSCA et remercié les pays fournisseurs de contingents, avant d’adresser ses condoléances aux familles des Casques bleus tombés ces derniers jours en RCA. Il nous revient, au sein de ce Conseil, de prouver que ces sacrifices n’ont pas été vains, a lancé la délégation, saluant l’action des autorités qui, selon elle, ont permis de surmonter les épreuves qui entouraient la tenue de l’élection présidentielle de décembre. Pour la Fédération de Russie, toute nouvelle résolution du Conseil sur la situation en RCA devrait confirmer l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de ce pays et l’importance de la non-ingérence et de la coopération régionale. Une telle résolution devrait également confirmer l’importance du rétablissement de l’autorité de l’État sur tout le territoire, condamner les tentatives de renversement du Gouvernement par l’ancien Président Bozizé et les attaques perpétrées contre les Casques bleus. Elle devrait en outre prévoir un renforcement des moyens de la MINUSCA, saluer les efforts des partenaires internationaux pour renforcer les forces nationales centrafricaines, appeler toutes les forces politiques à respecter le processus démocratique et adapter l’embargo afin de lutter plus efficacement contre les forces armées illégales.

Pour cela, la délégation russe a exhorté les membres du Conseil à prendre en compte les arguments des autorités de RCA, notamment le rôle destructeur de l’ancien Président Bozizé, qui figure sur la liste des sanctions pour la RCA, ainsi que celui des chefs de l’opposition illégale « entrés dans l’opposition armée ». Il faut réfléchir à l’inscription sur ladite liste des chefs de groupes armés qui misent sur la violence, la priorité étant de faire progresser le processus politique, a-t-elle poursuivi. Constatant que la situation sécuritaire est devenue plus difficile fin 2020 et en ce début d’année, elle y a vu le signe que le régime des sanctions doit être adapté afin de contribuer à l’extension du pouvoir central et à la soumission des forces militaires illégales. Ces groupes, a-t-elle relevé, bénéficient d’un appui extérieur et sont souvent mieux équipés que l’armée régulière. Dans ce contexte, la Fédération de Russie a jugé essentiel que la coopération entre les forces armées centrafricaines et la MINUSCA s’intensifie, comme le souhaitent les autorités de Bangui.

Le Mexique a pris acte de la décision de la Cour constitutionnelle centrafricaine de lundi dernier, qui valide les résultats de l’élection présidentielle. Il a invité tous les acteurs politiques de la République centrafricaine à accepter ces résultats et à se concentrer sur une nouvelle étape de réconciliation nationale, dans le cadre institutionnel et conformément à l’Accord politique pour la paix et la réconciliation. Le Mexique a salué l’appel du Président Touadéra à la réconciliation en espérant que celle-ci s’accompagne de mesures concrètes permettant à tous les acteurs ayant des intérêts politiques légitimes de participer à la pacification et à la reconstruction du pays. « Il est essentiel, pour mon pays, que les femmes, les jeunes et les réfugiés occupent un espace important dans la prise de décisions politiques afin de construire une paix durable », a insisté le Mexique avant de souligner que les travaux de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation peuvent contribuer à la réalisation de cet objectif: il est donc urgent de lui fournir les bons moyens de commencer à fonctionner.

Le Mexique a ajouté que les violences de ces dernières semaines, encouragées par l’ancien Président François Bozizé, sont contraires à l’intérêt de tous les Centrafricains. Plus de 120 000 personnes ont dû fuir leur communauté en raison de la violence depuis les élections, avec de graves conséquences humanitaires, a noté le Mexique en soulignant que l’arrivée de réfugiés centrafricains en République démocratique du Congo (RDC), au Tchad et au Cameroun augmente la pression sur ces pays et illustre le potentiel de déstabilisation régionale de la situation en République centrafricaine. Face à la persistance d’abus systématiques contre les femmes et les enfants, le Mexique a jugé urgent de mieux coordonner l’action de tous les organismes du système des Nations Unies afin de répondre aux besoins humanitaires de ces populations et de protéger leurs droits. Enfin, le Mexique a souhaité que la MINUSCA soit dotée des moyens qui lui permettent de faire face à son mandat et ses missions en matière de protection des populations.

Le Royaume-Uni a félicité le peuple centrafricain pour sa détermination à exercer son droit de vote aux élections du 27 décembre, malgré les intimidations et la violence. Il a exhorté toutes les parties à renouveler leur engagement en faveur de l’accord de paix et a remercié les femmes et les hommes de la MINUSCA pour leur persévérance. Le Royaume-Uni n’a pas manqué de présenter ses condoléances aux familles et aux gouvernements des sept soldats de la paix qui ont perdu la vie depuis le mois de décembre. Toute attaque contre des soldats de la paix de l’ONU est répréhensible, a rappelé la délégation en demandant une enquête rapide.

Le Royaume-Uni a exhorté les parties à respecter la décision de la Cour constitutionnelle sur les résultats électoraux. Il est impératif que tous les acteurs politiques, qu’ils soient du Gouvernement ou de l’opposition, s’engagent dans un dialogue pacifique et constructif sur la voie à suivre, avec le soutien du Représentant spécial. Les besoins du peuple centrafricain, y compris les milliers de déplacés, doivent passer en premier, a insisté la délégation. Elle a rappelé que l’embargo sur les armes est là pour éviter d’alimenter la violence des groupes armés. L’embargo n’est pas là pour empêcher le Gouvernement centrafricain d’obtenir les équipements nécessaires à la réforme du secteur de la défense et la sécurité, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle un certain nombre d’exemptions a été mis en place. Le Royaume-Uni a donc estimé qu’il est important de maintenir ces mesures, en attendant des progrès sur les principaux objectifs fixés par le Conseil de sécurité en avril 2019, en particulier la gestion des armes. Il a demandé à la Ministre centrafricaine des affaires étrangères si son pays s’est déjà vu refuser une exemption.

Mme SYLVIE VALÉRIE BAIPO TEMON, Ministre des affaires étrangères et des Centrafricains de l’étranger de la République centrafricaine, a déclaré que son pays fait face, depuis un mois, à une agression armée menée par une rébellion dénommée « Coalition des patriotes pour le changement » (CPC), dirigée par l’ancien Président de la République François Bozizé Yangouvonda tentant de déstabiliser le pays et d’accéder au pouvoir par la force. Cette grave menace prive le Gouvernement des moyens d’exercer son droit naturel de légitime défense. La Ministre a rappelé que la grave crise militaro-politique déclenchée en décembre 2012 avait obligé le Conseil de sécurité à décréter un embargo sur les armes à destination de la République centrafricaine. L’objectif était d’empêcher les groupes armés d’accéder à des armes de guerre susceptibles d’entraîner une guerre civile aux conséquences incalculables.

Cet embargo, a regretté Mme Baipo Temon, a fini par affaiblir totalement l’État, privé de moyens d’assurer la protection de sa population et la défense de l’intégrité de son territoire au profit des groupes armés qui continuent à s’armer et se ravitailler en armes lourdes. Les allégements à l’embargo sont insignifiants, a dénoncé la Ministre. Il en résulte que le Gouvernement est privé de son outil de défense tandis que les forces non gouvernementales sont fortifiées par le renouvellement constant de leur arsenal. L’embargo est aujourd’hui inefficace, en a conclu la Ministre, arguant qu’il n’a permis ni d’écarter les menaces à la paix que sont les groupes armés, ni de réprimer les actes d’agression de ces derniers.

En 2020, a continué la Ministre, la situation politique a été marquée par l’organisation et la tenue d’élections groupées, le 27 décembre. Cela montre selon elle la bonne volonté du Gouvernement d’appliquer l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine entre le Gouvernement et les 14 groupes armés avec l’appui de la communauté internationale. Le Gouvernement est déterminé à sortir de la crise, a assuré Mme Baipo Temon. Elle a dit que le Gouvernement avait mobilisé l’administration et les autres parties prenantes avec l’appui de la communauté internationale pour que les élections présidentielle et législatives soient inclusives, libres, crédibles, pacifiques, transparentes et apaisées, et qu’elles se déroulent dans le respect des délais constitutionnels. En dépit de cette bonne volonté et de la décision de la Cour constitutionnelle, les partis politiques de l’opposition n’ont pas voulu adhérer au processus électoral en cherchant par tous les moyens à empêcher sa bonne tenue, a regretté la Ministre en précisant que l’ancien Président François Bozizé avait déclenché les hostilités.

Les assauts répétés de la rébellion sur les paisibles populations centrafricaines, les Forces de défense et de sécurité, les Casques bleus et les personnels humanitaires sont « inacceptables » et ne peuvent nous laisser en simples spectateurs, s’est insurgée la Ministre attribuant le contexte actuel au non-respect de l’accord de paix par les groupes armés. À cela, a poursuivi la Ministre, il faut ajouter le déséquilibre dans les rapports de force entre les Casques bleus et les groupes armés, car les forces des Nations Unies ne disposent pas de moyens suffisants et d’armes aussi sophistiquées que les groupes armés de la rébellion.

Il faut prendre des mesures collectives et efficaces pour réellement écarter les menaces à la paix, réprimer tout acte d’agression, l’extrémisme violent des actes criminels commis sur les populations civiles, la prédation sur les ressources naturelles du pays, a plaidé la Ministre en appelant à s’appuyer sur les principes de justice et de droit. Pour ce faire, et afin de ne plus adresser un message d’impunité aux groupes armés, elle a demandé la levée totale de l’embargo sur les armes à destination de la République centrafricaine, afin de permettre aux autorités démocratiquement élues d’assurer la protection des populations et la défense de l’intégrité territoriale.

Cette demande est plus que légitime, a-t-elle justifié, car c’est aux armées centrafricaines d’être en avant garde afin de remplir leur mission régalienne. Le déficit en équipements des forces armées centrafricaines est à combler afin de rééquilibrer le rapport de force avec les groupes armés qui détiennent des armes lourdes telles que des mortiers, des armes anti-aériennes, des mines antipersonnel et des lance-roquettes.

Elle a aussi expliqué que le Gouvernement, soucieux de renforcer la sécurité du processus électoral, s’était assigné comme objectif prioritaire l’activation de certains engagements bilatéraux et internationaux, dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité, en vue de permettre la reconstruction des forces armées centrafricaines et des forces de sécurité intérieures, « de manière professionnelle, républicaine, inclusive pour qu’elles soient capables d’assurer la protection des personnes et des biens ». En outre, de nombreux défis restent à surmonter, liés notamment à l’Accord politique pour la paix et la réconciliation comme la mobilisation des ressources face à la persistance des foyers de tension, la mise en œuvre effective du programme DDRR, la prédation économique par certains groupes armés, la mise en application du droit sur le régime général des armes classiques, leurs munitions et leurs composantes.

En réponse au Royaume-Uni, la Ministre a dit que l’afflux des armes actuellement en cours dans le pays est à mettre à l’actif des rebelles et non du Gouvernement. Un embargo sur les forces non gouvernementales serait efficace et adapté à la situation, a-t-elle défendu. Elle a terminé en réitérant son plaidoyer à l’endroit de tous les pays amis de la République centrafricaine pour la levée totale de l’embargo sur les armes afin que les forces armées centrafricaines retrouvent leurs capacités opérationnelles pour mettre fin à la politique de terreur, de paralysie et d’asphyxie de l’économie nationale, pour redonner confiance au peuple centrafricain face à la montée de l’extrémisme violent, de la criminalité transfrontalière et autres formes de violence inouïes.

L’opinion nationale est en haleine et impatiente de voir les axes et actions qui seront proposés afin de renouveler la confiance dans les organisations sensées défendre les droits de la population au lieu de l’exposer à la violence, a conclu Mme Baipo Temon.

Le Royaume-Uni a pris de nouveau la parole pour réagir au discours de la Ministre des affaires étrangères de la RCA. La délégation a rappelé que l’embargo sur les armes a pour but principal de protéger les populations en veillant à ce que les armes ne tombent pas dans les mains des groupes armés. Le Royaume-Uni a également invité la Ministre à soumette au Conseil de sécurité toutes les demandes en armement du Gouvernement centrafricain.

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