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République Démocratique du Congo : une évaluation du plan stratégique de pays provisoire du PAM 2018-2020 (Rapport d’évaluation, octobre 2020)

Pays
RD Congo
Sources
WFP
Date de publication
Origine
Voir l'original

Résumé Exécutif

Introduction

Caractéristiques de l’évaluation

1. L’évaluation du plan stratégique de pays provisoire (PSPP) pour la République démocratique du Congo a été réalisée entre octobre 2019 et mars 2020 et portait sur la stratégie, les interventions et les systèmes du PAM mis en œuvre pendant la période 2017-2019. Elle a répondu aux deux objectifs consistant à rendre compte de l’action menée et à favoriser l’apprentissage – il s’agissait de mesurer les résultats effectivement obtenus à l’aune des plans arrêtés, tout en offrant des possibilités de tirer des enseignements aux niveaux national, régional et institutionnel. Les résultats de l’évaluation ont servi de référence pour l’établissement du nouveau plan stratégique de pays (PSP) pour la République démocratique du Congo.

2. L’approche retenue était axée sur l’utilisation et de nature consultative. Au cours de la phase initiale de l’évaluation, l’équipe qui en était chargée a déterminé quatre domaines thématiques présentant un intérêt particulier pour le pays et qui ont servi de lignes directrices pour chacune des questions prévues dans le cadre de l’évaluation: l’adaptation du PAM aux conditions extrêmes régnant dans le pays; l’intégration des interventions du PAM selon l’axe "action humanitaire-développement-paix"; l’établissement de priorités et le ciblage; et les partenariats stratégiques.

3. La principale mission d’évaluation menée en République démocratique du Congo s’est déroulée sur une période de trois semaines et demie, en novembre et décembre 2019. Des entretiens ont eu lieu avec diverses parties prenantes dans la capitale et des visites sur le terrain ont été menées pendant deux semaines dans les zones d’intervention du PAM. Une enquête locale succincte a également été réalisée dans le but de déterminer quelle était la perception des résultats obtenus par le PAM en matière de ciblage et de responsabilité à l’égard des populations touchées. Les constatations et recommandations issues de l’évaluation ont fait l’objet d’un débat interne au PAM dans le cadre d’un atelier en ligne tenu en mars 2020.

4. L’évaluation s’est concentrée sur les aspects des programmes liés à la problématique hommesfemmes: on a pris en compte les biais culturels, respecté l’équilibre entre femmes et hommes parmi les répondants à l’enquête, établi le contact avec des groupes de femmes et de filles bénéficiaires et analysé les résultats obtenus selon le point de vue des femmes. Parmi les difficultés rencontrées, quelques incohérences ont été relevées d’une province à l’autre s’agissant des données relatives aux effets directs, des modifications ont été apportées à la présentation des informations communiquées au fil de la période couverte par l’évaluation, et l’accès à certains sites et activités a été limité en raison de problèmes de sécurité et de restrictions imposées aux déplacements en raison du virus Ebola. Toutefois, des données adéquates ont été recueillies et un nombre suffisant de sites a été visité, ce qui a permis d’obtenir les renseignements voulus au sujet de l’ensemble des thèmes, interventions et processus prioritaires.

Contexte

5. La République démocratique du Congo est le deuxième plus grand pays d’Afrique par la taille; dotée de ressources naturelles abondantes et d’une population jeune et très diversifiée, elle compte quelque 84 millions d’habitants, nombre qui devrait doubler au cours des 20 prochaines années. L’agriculture emploie 70 pour cent de la population et représente 40 pour cent du produit intérieur brut (PIB). En dépit de conditions naturelles très favorables à l’agriculture, la vaste majorité des exploitants pratiquent l’agriculture de subsistance et la République démocratique du Congo enregistre un déficit vivrier. Plusieurs décennies de mauvaise gouvernance et d’ingérence étrangère ont créé des situations de fragilité partout dans le pays: institutions dysfonctionnelles, corruption généralisée, infrastructure publique fortement détériorée et services publics lacunaires, conflits et actes de violence récurrents liés pour la plupart aux ressources naturelles, mouvements forcés de populations, flambées de maladies, accès limité aux terres agricoles et aux marchés et accès humanitaire restreint.

6. Les conflits congolais ont débuté en 1996 et ont entraîné une crise prolongée qui compte aujourd’hui parmi les plus dévastatrices que le monde connaisse. En dépit de plusieurs accords de paix, les répercussions de cycles intermittents de conflit violent persistent dans les provinces orientales. Les conflits intercommunautaires et interethniques sont également fréquents et le nombre de personnes déplacées a augmenté régulièrement pour atteindre aujourd’hui 4,5 millions d’individus. Quelque 0,9 million de Congolais ont fui la République démocratique du Congo, cependant qu’environ 0,5 million de personnes y trouvaient refuge pour échapper à la violence qui faisait rage dans des pays voisins. Depuis le début de 2018, le pays a fait face à deux flambées d’Ebola distinctes, la première dans la province de l’Équateur, la seconde dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. La plus récente est de loin la plus grave qui ait jamais été enregistrée dans le pays et une situation d’urgence de santé publique de portée internationale a été déclarée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). En 2019, le pays a également connu des flambées de rougeole et de choléra.

7. Dans ce contexte, les indicateurs relatifs au développement demeurent extrêmement défavorables; en 2019, à l’aune de l’indice de développement humain, la République démocratique du Congo était classée 179ème sur 189 pays (tableau 1). On estime que 76,6 pour cent de la population vivent avec moins de 1,90 dollar É.-U. par jour. En 2019, 15,6 millions de personnes, dont 4,6 millions d’enfants, relevaient de la phase 3 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) ou d’une phase encore plus élevée (crise ou famine). Vingt-sept millions de personnes supplémentaires relevaient de la phase 2 (stress). Le retard de croissance touchait 43 pour cent des enfants de moins de 5 ans, 8 pour cent d’entre eux souffraient d’émaciation et 22 pour cent d’insuffisance pondérale. Les déplacés et les rapatriés touchés par le conflit armé sont les groupes les plus touchés par l’insécurité alimentaire aiguë.