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Rapport de l’Observateur Indépendant - Observations sur la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger (Décembre 2020)

Countries
Mali
Sources
Carter Center
Publication date
Origin
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BAMAKO, MALI (16 décembre 2020) — Le Centre Carter, qui tient le rôle d'Observateur Indépendant de la mise en œuvre de l'Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, rend public aujourd'hui son rapport de fin d'année. Ce rapport rend compte des principales causes des progrès limités enregistrés en 2020 : le manque d'engagement des Parties ; la crise socio-politique, ayant conduit au coup d'État et à la mise en place de la Transition, ainsi que la pandémie de COVID-19.

L'Observateur Indépendant présente son appréciation générale de la mise en œuvre, après trois ans d'observation. Il formule six grandes observations et leçons, et propose six recommandations pour soutenir un nouvel élan.

Si 2020 a été une année particulièrement difficile, la Transition introduit de nouvelles opportunités. La Charte de Transition reconnaît la place centrale de l'Accord, et le Gouvernement de Transition s'est engagé à renouveler la dynamique de mise en œuvre afin de soutenir la paix au Mali et dans la sous-région.

C'est pourquoi les recommandations de l'Observateur Indépendant mettent l'accent sur des actions structurantes et de court terme qui contribueraient à recentrer les efforts des Parties, renouveler la méthode de travail, et surmonter les obstacles, afin de réaliser des progrès concrets pour la paix et la sécurité au Mali. Le rapport présente aussi des observations spécifiques sur la période d'avril à novembre 2020, ainsi qu'un bilan détaillé de l'état d'exécution des engagements contenus dans l'Accord.

Le rapport souligne les retards considérables pris dans la mise en œuvre des dispositions essentielles de l'Accord. Il montre que les deux piliers politico-institutionnel et sécuritaire sont interdépendants et devront avancer ensemble ou aucun ne réussira. Il insiste ainsi sur l'absence d'avancées significatives sur les questions de démobilisation des ex-combattants, d'intégration d'une partie d'entre eux dans les forces nationales, y compris au niveau de commandement, et de réforme de la sécurité. De la même manière, des dispositions centrales restent à mettre en œuvre pour une décentralisation approfondie et une représentation des populations, y compris du Nord, dans les institutions nationales.

Une autre observation clé réside dans l'impact négatif lié au manque d'un organe de travail malien décisionnel et dédié à la mise en œuvre de l'Accord. Pour réaliser des progrès significatifs, l'Observateur Indépendant suggère l'instauration d'un organe, ou cadre, de travail inter-malien cohérent et efficient. Celui-ci devrait jouir de l'autorité nécessaire et être capable de coordonner l'exécution de décisions concertées sur tous les aspects de l'Accord.

Le rapport appelle le Président, le Vice-Président, le Premier ministre, et les Mouvements signataires, désormais représentés au sein du Gouvernement, à exprimer publiquement leur soutien à l'Accord afin d'expliquer aux Maliens ses bénéfices pour la paix et la sécurité nationale, et ce, dans tout le pays.

Un appel est également adressé à la communauté internationale qui s'est réellement mobilisée dans la période qui a suivi le coup d'État pour défendre la pertinence et la centralité de l'Accord pour la paix et la stabilisation du Mali. Pour une transition réussie, son accompagnement constant sera indispensable pour aider les Parties à surmonter les obstacles persistants et assurer le suivi des engagements pris dans l'Accord.

Dans l'immédiat, le rapport insiste sur des actions urgentes à mettre en œuvre pendant la Transition. Le Gouvernement devrait finaliser le redécoupage administratif indispensable à l'établissement des listes électorales, étape cruciale pour garantir que tous les Maliens, y compris ceux des régions de Taoudéni et Ménaka, se sentent représentés lors des prochaines élections. En parallèle, il s'agit de soutenir pleinement les premières unités de l'armée reconstituée, qui, au départ, ont manqué d'équipement et d'attention, afin d'en faire un outil de confiance, ainsi qu'un modèle pour la suite de la réforme du secteur de la sécurité. Porter l'effort sur ces unités reconstituées permettra également de contribuer à la sécurité, de garantir le retour des services sociaux de base, de renforcer le soutien à l'Accord, et de reconstruire la confiance des populations dans un Mali en paix.