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Stop aux mutilations génitales féminines : Faire, ensemble, du Burkina Faso un endroit plus sûr pour les filles

Países
Burkina Faso
Fuentes
Enabel
Fecha de publicación
Origen
Ver original

On estime à 200 millions le nombre de filles et de femmes à travers le monde à avoir subi des MGF et rien qu’en 2020, cette menace pèse sur 4,1 millions de filles. Les femmes subissent fréquemment les conséquences des mutilations génitales à vie.*

Les mutilations génitales féminines (MGF) sont une pratique qui consiste à altérer ou léser les organes génitaux de la femme pour des raisons non médicales. Grave violation des droits de la personne, cette pratique traditionnelle ancestrale est un problème de santé publique induisant des risques pour la santé tant physique que psychologique. Les mutilations génitales féminines sont presque toujours pratiquées sur des mineures et constituent de ce fait également une violation des droits de l’enfant.

Au Burkina Faso, cette pratique est illégale. Et pourtant, elle fait encore chaque jour des victimes parmi les femmes et les filles. Les normes sociales et la pression des pairs jouent un rôle majeur à cet égard. Dans la région du Centre-Est du Burkina Faso, Enabel enquête sur les motifs sous-jacents de cette pratique, en collaboration avec le gouvernement, le personnel de santé, les organisations de femmes et de jeunes burkinabè, ainsi que les chef·fes de communauté. L’objectif est d’optimiser la stratégie de sensibilisation et de lutter de manière ciblée contre les MGF.

CADRE LÉGAL

En 1996, le Burkina Faso a adopté une loi sanctionnant cette pratique. Révisée en 2018, ladite loi prévoit désormais des peines de prison et des amendes supplémentaires.

Une enquête gouvernementale réalisée en 2015 montre que 84,7 % des femmes interrogées pensent que les MGF devraient être progressivement éliminées. Les femmes qui vivent dans les villes rejettent cette pratique plus fréquemment que celles vivant à la campagne. Il n’empêche que 18 % des Burkinabè - hommes et femmes confondu·es - pensent que cette pratique devrait être maintenue.***

Le gouvernement du Burkina Faso, en collaboration avec plusieurs partenaires de développement, a déployé des efforts pour mettre en place des campagnes de sensibilisation, qui ont produit des résultats positifs prudents. La prévalence chez les filles âgées de 15 à 19 ans est de 42,4 %, alors qu’elle est de 87,4 % pour celles âgées de 45 à 49 ans.** Il se peut dès lors que les cas d’excision diminuent de génération en génération.

Le cadre législatif ne semble toutefois pas suffisant pour éradiquer totalement cette pratique.

UNE LOI À ELLE SEULE NE SUFFIT PAS

La mise en place de nouvelles mesures visant à renforcer la loi s’est accompagnée d’autres défis à relever. Parfois, les femmes excisées au Burkina Faso ne font pas appel à des soins médicaux appropriés précisément en raison de ces nouvelles mesures.

Ainsi, elles n’osent souvent pas accoucher dans un hôpital de peur que la sage-femme ou le gynécologue n’avertisse la police comme l’exige la loi. Ou encore, des jeunes filles malades, ayant subi des MGF, ne sont pas emmenées chez un·e médecin, car celui ou celle-ci pourrait établir lors de la visite médicale que la jeune fille a été excisée.

Par conséquent, il est essentiel d’investir dans une éducation culturellement adaptée et dans des activités de sensibilisation du public pour accompagner ces lois afin de continuer à faire reculer cette pratique et de combattre ses effets secondaires négatifs.

COMPRENDRE LE POURQUOI

Mais quelle est alors la meilleure façon de procéder ? Afin d’obtenir une réponse à cette question, il est important d’examiner les raisons invoquées par les communautés elles-mêmes pour justifier la poursuite des MGF. Des entretiens de recherche révèlent les motifs suivants :

La culture et la tradition, des raisons d’ordre social comme la possibilité de se marier, des avantages perçus pour la santé, la pression des ancien·nes, la régulation du désir sexuel des femmes, et certaines répercussions comme l’aliénation au sein de la communauté et de son réseau de référence.

Malgré l’adoption de la loi, la pratique se poursuit toujours 24 ans plus tard. Et c’est précisément la raison pour laquelle Enabel veut réellement comprendre pourquoi ces arguments sont invoqués et pourquoi ils sont jugés suffisamment importants pour perpétuer les MGF. En collaboration avec le gouvernement et les citoyen·nes de la région du Centre-Est, nous entendons trouver des solutions durables.

À cette fin, nous travaillons en partenariat avec des instituts de recherche au Burkina Faso et en Belgique. L’Université de Liège, l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, l’Université de Gand et l’Institut Supérieur des Sciences de la Population de Ouagadougou s’associent pour réaliser une vaste étude socioanthropologique.Les premiers résultats sont attendus au printemps 2021 et seront progressivement affinés.

AGIR ENSEMBLE

Des avancées peuvent être enregistrées lorsque les communautés pratiquantes décident elles-mêmes d’abandonner les mutilations génitales féminines. Il existe en effet, au sein de ces communautés, bon nombre de personnes qui œuvrent à la recherche de solutions, des personnes qui s’expriment, qui essaient d’ouvrir le débat sur ce sujet et de l’exposer au grand jour.

Quant aux personnes ayant le statut de leader religieux et culturel, elles ont elles aussi un rôle important à jouer ici. Ainsi, grâce aux émissions de radio - première source d’information pour de nombreuses personnes, surtout dans les zones rurales - elles s’adressent directement aux habitant·es du Burkina dans les langues les plus parlées. Des représentations théâtrales sur les MGF lors de fêtes et dans les villages constituent également un moyen efficace de lancer le débat.

« Si nous voulons mettre fin aux MGF, tout le monde doit s’impliquer. Elles ne peuvent plus demeurer un sujet tabou. »
Frédéric - Chef du Conseil municipal des jeunes de Tenkodogo

LA VIOLENCE À L’ENCONTRE DES FEMMES, UN PROBLÈME QUI VA BIEN AU-DELÀ DES MGF

Outre son appui au gouvernement burkinabè dans la lutte contre les MGF, Enabel adopte également une approche globale combattant toute forme de violence à caractère sexiste.

« Au Burkina Faso, 41 % des femmes se font battre parce qu’elles refusent d’avoir des relations sexuelles ou de s’occuper des enfants. Et 54 % d’entre elles sont exclues des processus décisionnels concernant leur propre santé. Et pourtant, dans cette société largement patriarcale, beaucoup de personnes trouvent cela normal ; la prise de conscience est donc compliquée. », explique Thierry Nkurabagaya, Expert Enabel et Coordinateur du projet She Decides au Burkina Faso.

En raison de la complexité du contexte et de l’imbrication des différentes formes de violence, il est essentiel de proposer une approche qui aborde les problèmes sous différents angles : « La promotion du planning familial et l’éradication de la violence à l’encontre des femmes et des filles constituent le fil conducteur de toutes nos actions. Ces dernières se fondent sur une approche holistique combinant le droit à l’information, le droit à la protection des victimes de violences et le droit à l’accès à des soins de proximité de qualité », déclare Thierry.

DES EFFORTS CONTINUS SONT NÉCESSAIRES

Nous sommes en train de rénover, dans la région du Centre-Est, un hôpital au sein duquel nous allons créer un Centre pour la mère et l’enfant, où les victimes de violences pourront trouver refuge. À terme, ce Centre proposera également des opérations de réparation clitoridienne.

Le ministère burkinabè de la Protection de la famille, des femmes et des enfants a mis sur pied un système de placement en famille d’accueil pour les filles qui se sont enfuies de chez elles afin d’éviter les MGF, les mariages forcés ou d’autres types de violences domestiques. « Nous nous efforçons de renforcer ce service en identifiant des familles d’accueil adéquates et en offrant des formations à ces familles et aux organisations communautaires de femmes », explique Thierry.

Enfin, nous collaborons étroitement avec les écoles dans le but d’intégrer au programme des cours sur la violence sexuelle et à caractère sexiste. Ce faisant, nous nous assurons que les enfants et les jeunes - filles et garçons - sachent que l’école est aussi à leur écoute. En collaboration avec le FNUAP, nous investissons également dans l’élargissement d’une plateforme en ligne pour les jeunes appelée ‘QGJeunes’, qui offre des informations factuelles sur la santé et les droits sexuels et reproductifs ciblant spécifiquement un public de jeunes adultes.

« Nous conseillons à nos ancien·nes de cesser la pratique des MGF, les effets négatifs sur la santé des filles et des femmes sont tout simplement trop nombreux. »
Blandine - membre du mouvement de jeunesse de Koupela

EN RÉSUMÉ

  • On estime à 200 millions le nombre de filles et de femmes ayant subi des mutilations génitales féminines à travers le monde.

  • En 1996, le Burkina Faso a adopté une loi sanctionnant cette pratique.

  • Dans ce pays, cette pratique a diminué chez les filles de moins de 15 ans. Elle est ainsi passée de 13,3 % en 2010 à 11,3 % en 2015.**

  • Dans la région Centre-Est où travaille Enabel, 75% des femmes ont subi des MGF selon les statistiques de 2018***

  • Budget : le budget total s’élève à 4 millions d’euros, dont 850.000 euros sont consacrés à l’information, la communication et la sensibilisation, et 750.000 euros à l’hébergement des victimes de violences sexuelles et à caractère sexiste. Les actions portant spécifiquement sur la prévention des MGF en font partie intégrante.

  • Durée du projet : 2018-2023

Sources utilisées pour ce webstory :

*Rapport du FNUAP sur l'état de la population mondiale en 2020
https://www.unfpa.org/sites/default/files/pub-pdf/UNFPA_PUB_2020_EN_State_of_World_Population.pdf

**Les Mutilations Génitales Féminines (MGF) - INSD Burkina Faso (2015)
http://www.insd.bf/n/contenu/autres_publications/Analyse_MGF_ME_Final_INSD.pdf

***L’étude pays SIGI-Burkina Faso (2018)
http://www.oecd.org/development/development-gender/ETUDE-PAYS-SIGI-BURKINA-FASO.pdf