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Concilier les utilisations des ressources : Évaluation du nexus eau, alimentation, énergie et écosystèmes dans le Système Aquifère du Sahara Septentrional : Partie A « Défis et Solutions Nexus »

Страны
Алжир
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Источники
GWP
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Synthèse

Le chemin vers la coordination entre les secteurs de l’eau, de l’énergie et de l’alimentation est semé d’embûches et se révèle d’autant plus complexe dans les contextes transfrontières. Le recours à une approche nexus pour gérer les ressources interdépendantes permet d’améliorer la sécurité hydrique, énergétique et alimentaire, grâce à une efficacité accrue, une diminution des arbitrages, la création de synergies et l’amélioration de la gouvernance, tout en assurant la protection des écosystèmes. Cette approche contribue à la conciliation des différents objectifs sectoriels et à la réalisation, tant au niveau national que régional, des Objectifs de Développement Durable étroitement liés entre eux.

Ce rapport s’attache à présenter les principaux résultats d’une évaluation participative des interactions entre l’eau, l’alimentation, l’énergie et les écosystèmes dans le Système Aquifère du Sahara Septentrional (SASS). Partagé par l’Algérie, la Libye et la Tunisie, cet aquifère, qui s’étend sur plus d’un million de kilomètres carrés, constitue la plus grande réserve d’eau souterraine transfrontière d’Afrique du Nord. Ses ressources hydriques sont pour la plupart non renouvelables et leur capacité de reconstitution est limitée. En outre, le développement socioéconomique du bassin au cours des dernières années ainsi que les progrès technologiques réalisés en matière de foration, ont entraîné une augmentation constante du captage de l’eau. Actuellement, la somme totale des quantités d’eau prélevées de l’aquifère par les trois pays est trois fois supérieure à son taux naturel de renouvellement. De ce fait, les pays se retrouvent confrontés à des enjeux de taille : l’épuisement et la perte de pression des eaux souterraines, la salinisation, la dégradation des sols et la baisse de la productivité agricole, l’augmentation de la demande énergétique pour le pompage de l’eau et la déminéralisation.

La volonté et l’action politiques dans la région ont déjà établi des bases solides pour le renforcement de la coopération. Depuis les années 1970, l’Algérie, la Libye et la Tunisie ont développé leur coopération en matière d’échange d’informations et de consultation en vue d’éclairer la gestion de l’aquifère partagé. Le Mécanisme de Concertation du SASS, créé en 2006, dispose d’un programme de travail assorti d’un budget et mène son action au travers de réunions annuelles regroupant de hauts responsables, des groupes de travail ad hoc et des comités nationaux. Les pays ont récemment engagé des discussions pour examiner les possibilités d’améliorer le fonctionnement du Mécanisme, son autonomie et sa soutenabilité financière, ainsi que les possibilités de renforcer encore davantage la coopération transfrontière. Au sein de leurs politiques et stratégies nationales d’adaptation au changement climatique, les pays ont également prévu une série de mesures susceptibles de promouvoir des actions conjointes en tirant parti et en créant des synergies entre les secteurs concernés par les interactions entre l’eau, l’alimentation, l’énergie et les écosystèmes. Le renforcement d’actions synergiques, coordonnées, multisectorielles et menées à plusieurs niveaux à travers une approche nexus appliquée à grande échelle, peut contribuer à assurer un avenir durable au Système Aquifère du Sahara Septentrional.

L’évaluation nexus au sein du SASS est le des résultat du processus participatif, constitué de consultations nationales et de deux ateliers transfrontières. L’évaluation a mobilisé des représentants des trois pays et des quatre secteurs, et a impliqué des experts multidisciplinaires locaux et internationaux dans sa réalisation. Grâce à un dialogue transfrontière, l’évaluation nexus a permis d’identifier les liens majeurs qui existent entre les ressources énergétiques, hydriques, terrestres et écosystémiques, ainsi que les solutions possibles pour parvenir à une gestion durable et efficace des ressources.

L’amélioration de la gestion des ressources du SASS est d’une importance capitale pour assurer le développement socio économique des trois pays et de la région dans son ensemble. Le système aquifère est constitué de deux aquifères profonds superposés, et constitue l’unique source d’eau douce dans un environnement extrêmement aride, avec des précipitations annuelles inférieures à 150 millimètres et des températures estivales supérieures à 40 °C.

L’agriculture est la plus grande consommatrice d’eau dans les trois pays et la consommation d’eau par hectare pour l’irrigation dans le SASS est très élevée : en moyenne, la consommation d’eau est d’environ 11 000 m3 /ha, mais elle peut atteindre 16,800 m3/ha. Ce niveau de consommation d’eau pour l’irrigation, exacerbée par son inefficience, le recours à des infrastructures inadéquates et des pratiques agricoles néfastes, engendre la salinisation des sols et réduit leur fertilité déjà en déclin.

Conjugué à la teneur naturellement élevée en minéraux et faible en substances organiques des sols, ce phénomène fait peser de sérieuses contraintes sur l’irrigation : sur près d’un million d’hectares de sols cartographiés à ce jour, moins d’un dixième est considéré comme étant irrigable. Dans ce climat sec à forte évaporation, l’agriculture oasienne traditionnelle reste le mode de production le plus répandu. Une nouvelle agriculture industrielle s’est toutefois développée au cours des trente dernières années, et l’expansion agricole soumet les écosystèmes pastoraux fragiles et vulnérables, ainsi que des zones humides constituant des habitats importants pour les oiseaux migrateurs, à rude épreuve. Cette faible productivité physique et économique des terres et de l’eau, expose la population locale à une vulnérabilité économique sans précédent et la pousse, à terme, à l’émigration et à l’exode rural, en quête d’autres sources de revenus.

Les combustibles fossiles font partie des ressources naturelles les plus abondantes dans ces pays : l’Algérie et la Libye en sont des exportateurs nets et se classent parmi les premiers producteurs au monde de gaz naturel et de pétrole brut. Pourtant riches en énergie solaire et éolienne, ces pays ont principalement recours aux combustibles fossiles pour la production d’électricité, tandis que la mise en œuvre de plans ambitieux pour le déploiement des technologies renouvelables représente toujours un défi à relever et que les progrès accomplis en faveur de la décarbonisation restent lents.

Les défis fortement interdépendants auxquels les différents secteurs sont confrontés renforcent les interactions solides au sein de la région du SASS. La dépendance des secteurs vis-à-vis des ressources en eaux souterraines communes qui se raréfient face à une demande croissante, constitue la clé de voûte de l’interdépendance. Les réponses politiques sont également liées les unes aux autres par les conséquences indirectes et souvent involontaires de mesures spécifiques, telles que les subventions accordées aux énergies, le déploiement des énergies renouvelables ou la vulgarisation des cultures à forte valeur. En réponse à ces défis sectoriels liés de manière indissociable, l’adoption coordonnée de mesures synergiques par différents secteurs s’impose.

Ces défis sont tous directement ou indirectement liés à l’eau et ont été classés en trois groupes :

  • Défis liés à la gestion de l’eau du point de vue du développement économique et de la sécurité hydrique
  • Défis liés à la durabilité économique, sociale et environnementale du secteur agricole, et plus particulièrement des agrosystèmes oasiens
  • Défis liés à la sécurité énergétique et au développement des énergies, notamment des énergies renouvelables et leur potentiel à transformer la gestion de l’eau et l’agriculture.

L’ensemble de solutions nexus se compose de 15 solutions applicables et hautement prioritaires relevant du domaine de la gouvernance et de la coopération internationale, des instruments économiques et politiques, et des infrastructures et de l’innovation.

Les solutions se composent de 65 actions qui doivent être adoptées par les différents acteurs dans le secteur de l’eau, de l’énergie, de l’alimentation et de l’environnement. Si chaque solution relève d’un secteur donné auquel il incombe de diriger sa mise en œuvre, des acteurs issus d’autres secteurs jouent souvent un rôle de soutien essentiel et la coopération intersectorielle garantit l’efficacité des solutions. Sur un plan plus stratégique, sans pour autant cesser de contribuer au développement sectoriel, l’application simultanée et coordonnée de plusieurs solutions favorisera également la réalisation des objectifs intersectoriels comme une planification cohérente pour le développement durable, une résilience locale améliorée et une économie circulaire, tout en minimisant les arbitrages intersectoriels et les effets négatifs, et en tirant le meilleur parti des synergies. Le recours à l’approche nexus à des fins de mise en œuvre contribuerait à la réalisation d’objectifs communs, tels que l'Agenda 2030 pour le Développement Durable et les engagements internationaux pour le climat dans le cadre de l'Accord de Paris.

L’utilisation de l’approche nexus pour assurer la gestion du SASS présente des avantages multiples et son application peut considérablement contribuer au développement de la coopération transfrontière.

Cette évaluation nexus dans le bassin du SASS a été réalisée au titre de la Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux (Convention sur l’eau), en appliquant une méthode d’évaluation élaborée dans le cadre de cette Convention, en étroite collaboration avec le Partenariat Mondial pour l’Eau-Méditerranée et l’Observatoire du Sahara et du Sahel, dans le cadre du projet « Agir pour la coopération dans le secteur de l’eau en Méditerranée (Med Water Matchmaker) », financé par l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement. L’évaluation établit également des synergies avec le Programme Eau, Climat et Développement (WACDEP) du GWP.