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L’activisme et la mobilisation des filles et des jeunes femmes en Afrique de l’Ouest

Países
Guinea
+ 4
Fuentes
Plan International
Fecha de publicación
Origen
Ver original

RÉSUMÉ

Il existe en Afrique de l’Ouest une culture dynamique et vivante de l’activisme et de l’organisation des filles et des jeunes femmes. Pourtant, l’activisme des filles et des jeunes femmes dans la région n’est pas bien documenté ni largement connu. Qui sont ces activistes, comment s’organisentelles, qu’est-ce qui les pousse à exiger le changement, quels sont les obstacles auxquels elles sont confrontées ? L’intention de cette recherche était de commencer à répondre à ces questions et d’identifier les opportunités afin que des organisations comme Plan International puissent davantage soutenir et catalyser les mouvements de filles et de jeunes en Afrique de l’Ouest.

En 2019, le bureau régional de Plan International en Afrique de l’Ouest et du Centre a réalisé la première phase d’une étude sur l’activisme des filles et des jeunes femmes dans la région. Notre intention était de commencer à combler le manque de connaissances sur l’activisme et l’organisation des filles et des jeunes femmes en Afrique de l’Ouest.

La recherche s’est appuyée sur l’examen de la littérature existante et sur des entretiens avec des expertes: les OING, la société civile et les bailleurs de fonds travaillant sur l’engagement des jeunes dans la région. Nous avons interrogé des activistes de la société civile, dont certaines étaient d’anciennes activistes. Mieux encore, nous avons parlé et exploré les perspectives et expériences de 10 jeunes femmes et jeunes filles activistes de cinq pays d’Afrique de l’Ouest au cours d’un atelier de conception centré sur l’humain.

Une note sur les termes : la recherche utilise les termes “filles et jeunes femmes” pour désigner une tranche d’âge mixte d’adolescentes (10-19) et de jeunes femmes (15-24) en relation avec leur activisme, leur organisation et leurs groupes. Lorsque Plan International a conçu cette recherche, ils avaient pour objectif de se concentrer sur l’activisme des adolescentes en Afrique de l’Ouest. Cependant, en exécutant le projet, nous, le consultant, avons réalisé que les activistes que nous identifiions faisaient partie d’un sous-ensemble plus ancien de 15-24 ans et surtout de 18 ans et plus. En outre, nous avons constaté que dans les entretiens et les discussions, le terme “fille” était utilisé de manière fluide pour inclure une tranche d’âge plus élevée que les seules “adolescentes”. Par conséquent, pour être transparents sur le groupe dont nous avons appris l’existence, Plan International avaient étendu l’étude aux filles et aux jeunes femmes, en se concentrant sur la tranche d’âge des 15-24 ans.

L’état des lieux de l’activisme et de l’organisation des filles et des jeunes femmes en Afrique de l’Ouest

Il existe en Afrique de l’Ouest un espace d’organisation et d’activisme actif pour les filles, les jeunes femmes et les jeunes. Les OING et les donateurs sont de plus en plus intéressés à travailler avec cet espace, mais éprouvent des difficultés à identifier les jeunes femmes et en particulier les activistes et les groupes d’adolescentes, notamment des groupes dirigés par des adolescentes, au niveau de la communauté et loin des centres urbains.

La recherche identifie un éventail de groupes et structures de leadership, allant de groupes établis et dirigés par des filles et des jeunes femmes, à des groupes établis par des adultes où les filles et les jeunes femmes jouent des rôles variés de leadership et de prise de décision. Le rapport constate que l’organisation des filles et des jeunes femmes est rarement organique ou auto-créée et que leurs groupes existent rarement sans aucune influence extérieure.

Nous avons parlé à des filles et des jeunes femmes activistes dont la motivation devenir des activistes venait de leurs expériences personnelles ou de rôles modèles. Les recherches ont surtout permis de découvrir de l’activisme et des groupes d’activistes qui ont été suscitées d’une manière ou d’une autre, à travers l’implication dans des OING, des organisations locales et des initiatives telles que les clubs de débat. Les expertes ont estimé qu’il n’est pas réaliste d’attendre des adolescentes qu’elles deviennent spontanément des activistes, en particulier dans les contextes ouest-africains où l’exposition des filles et des jeunes femmes à l’activisme est limitée et où il peut y avoir des obstacles à ce qu’elles se rencontrent et s’organisent ensemble.

La plupart des filles et des jeunes femmes activistes avec lesquelles nous nous sommes entretenues étaient engagées dans des travaux communautaires et des activités de plaidoyer sur les questions relatives aux droits des filles. La violence basée sur le genre, le mariage des enfants, les MGF/E, l’accès à l’éducation, le mentorat, l’hygiène menstruelle, les programmes alimentaires, les orphelins et les enfants vulnérables figuraient au cœur de leur travail. Toutefois, il convient de se demander dans quelle mesure cela reflète un éventail complet de questions sur lesquelles les filles veulent travailler, plutôt que de refléter simplement les priorités des OING et des donateurs dans un état des lieux influencé par les questions de développement (des adultes).

Cette étude, ainsi que d’autres, établit une corrélation entre des niveaux d’éducation supérieurs et l’avantage social et économique, et l’activisme des filles et des jeunes femmes. L’enseignement supérieur offre aux filles et aux jeunes femmes l’espace et les connexions nécessaires pour s’organiser. En outre, les filles et jeunes femmes activistes qu’une recherche en ligne a permis de faire ressortir, utilisent Facebook, WhatsApp ou Twitter pour promouvoir leur travail et se connecter avec d’autres activistes. Etant donné que les activistes ayant accès aux réseaux sociaux sont immédiatement plus visibles pour les OING qui les recherchent, le risque est que l’activisme soutenu par les OING reflète un petit sousensemble privilégié. L’espace activiste en ligne en Afrique de l’Ouest ne représente pas directement les voix d’un grand nombre de filles et de jeunes femmes qui ne sont pas en ligne et qui n’ont pas accès aux possibilités d’organisation que crée l’université ou l’enseignement secondaire. La littérature plus large appelle à une approche intersectionnelle de l’activisme des filles, reconnaissant que les filles et les jeunes femmes issues de milieux plus pauvres, de groupes minoritaires tels que LGBTQI+ et celles vivant avec un handicap sont toutes moins susceptibles d’être impliquées dans l’activisme (visible).

Bien que cette recherche n’ait pas trouvé beaucoup d’exemples d’activisme divers ou au niveau communautaire, les expertes ont fourni des explications sur les raisons pour lesquelles ces groupes peuvent être difficiles à identifier. En plus du manque de présence en ligne, les activistes communautaires sont susceptibles de travailler à petite échelle et peuvent délibérément garder un profil bas tout en travaillant sur des questions sensibles. Il est possible que les filles et les jeunes femmes, en particulier celles issues de milieux ruraux, ne s’identifient pas en tant qu’activistes et ne se promeuvent pas comme telles.

Une recommandation majeure qui ressort de la recherche est la nécessité d’une cartographie approfondie des activistes et des groupes de filles et de jeunes femmes, y compris au niveau communautaire, pour réellement comprendre la portée de l’activisme et de l’organisation des filles et des jeunes femmes dans la région. L’une des limites de cette étude est qu’elle repose sur des recherches en ligne et sur des entretiens (principalement) avec des spécialistes adultes de l’engagement des jeunes ainsi qu’avec des activistes adultes, sur un phénomène qui n’est pas toujours visible. Le manque de visibilité d’une grande partie de l’activisme des filles et des jeunes est un défi pour les OING qui cherchent à identifier des filles activistes et leurs groupes.

Obstacles et besoins urgents des filles et des jeunes femmes activistes

Les filles et les jeunes femmes activistes avec lesquelles nous avons parlé sont confrontées à un certain nombre de défis, notamment le fait de ne pas être prises au sérieux. De plus elles se sentent exploitées par les adultes avec lesquels elles travaillent, ces derniers ne leur laissant pas suffisamment d’espace pour prendre des décisions ou faire un travail utile.

Celles qui ont participé à l’atelier HCD sont passionnées par leurs défis, mais elles sont occupées à jongler entre de nombreux engagements. L’épuisement est un risque réel pour elles. En effet, les activistes font face à des menaces d’abus et d’intimidation très réelles, en ligne et hors ligne. Beaucoup d’entre elles sont menacées et plusieurs ont subi des violences physiques. Certaines disposent de mécanismes informels pour y faire face, mais beaucoup n’en ont pas. La majeure partie des activistes travaillent dans des contextes où les structures et les services de soutien à leur sécurité sont très limités, voire inexistants.

Comment rester en sécurité dans leur travail est une notion qui figure parmi les compétences et l’apprentissage que les filles et les jeunes femmes activistes recherchent auprès de leurs pairs, des activistes adultes et des OING. Ajouté à cela, elles ont du mal à identifier, à obtenir des possibilités de financement et à savoir où se trouvent les possibilités; elles manquent de savoir-faire pour s’en sortir dans des processus de demande complexes.