Aller au contenu principal

Plan de réponses socio-économiques des NU contre la Covid-19

Pays
Cameroun
Sources
UNSDG
Date de publication
Origine
Voir l'original

Déplacement forcé des populations : Avant le déclanchement de la COVID-19, le pays était déjà confronté à trois crises parallèles aux causes et conséquences différentes: premièrement, la région de l'Extrême-Nord, depuis 2014, continue d'être touchée par le conflit armé lié à Boko Haram et le Cameroun reste le deuxième pays le plus touché par l'urgence du bassin du lac Tchad; deuxièmement, les régions orientales du Cameroun abritent toujours plus de 270 000 réfugiés vulnérables provenant de la République centrafricaine. L'afflux de réfugiés exerce une pression importante sur les ressources naturelles et les services sociaux de base dans les zones d'accueil et exacerbe les vulnérabilités préexistantes. Un troisième défi est apparu en 2016 lorsque la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, majoritairement anglophones, s'est transformée en une situation de violence et l'augmentation des besoins humanitaires (HRP2020).Du fait de ces crises qui ont entrainé des mouvements de populations, le Cameroun compte actuellement 6,2 millions des personnes qui ont besoin d’aide humanitaire (HNO, mise au jour Mars 2020), dont 1 753 425 personnes relevant de sa compétence du HCR et de l’OIM, dont 22 324 réfugiés et demandeurs d’asile (centrafricains, nigérians, urbains), 976 773 personnes déplacées internes (dans l'Extrême-Nord et les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest) et 354 328 retournés (anciennes personnes déplacées internes, ou réfugiés de retour au Cameroun) dans les régions de l'Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ces populations migrantes représentent 6,65% de la population totale au Cameroun.

Sur le plan national, il existe depuis le 27 Juillet 2005 la loi N°2005/006 portant statut des réfugiés au Cameroun. Le statut et le traitement des réfugiés sont régis par cette loi nationale, qui donne aux réfugiés entre autres le droit de travailler au même titre que les nationaux, mais son application reste partielle et irrégulière. En revanche, aucun document officiel encadrant les migrations en provenance, en direction ou à l’intérieur du Cameroun n’existe à l’heure actuelle, malgré la priorité soulignée par le Gouvernement pour rédiger un document national de gouvernance des migrationslors d’une rencontre préparatoire à la signature du Pacte mondial pour les migrations, le 10 décembre 2018, à Marrakech. Les conflits en cours et l'insécurité dans l’extrême Nord continuent d’avoir des impacts néfastes sur les moyens de subsistance aussi bien des réfugiés, des personnes déplacées que des populations hôtes. Pendant la crise causée par Boko Haram, les réfugiés et les personnes déplacées ont largement perdu leurs moyens de subsistance. Les communautés d'accueil ont également vu leurs moyens de subsistance et leur accès aux services de base gravement touchés. Compte tenu des incertitudes actuelles concernant la fin de la crise, il est plus important de commencer à intégrer les efforts de relèvement dans les programmes d'urgence dès que possible.

Quant aux régions orientales qui sont touchées par des crises récurrentes en RCA, leur économie est principalement basée sur l'agriculture et l'élevage. Cela conduit à une pression croissante sur les ressources et sur les services sociaux de base déjà rares et les tensions qui en résultent (malgré les affinités historiques et ethniques) entre les réfugiés et les communautés d'accueil. Selon les résultats de l’étude sur « L'analyse de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité à la pauvreté » menées par l'Université américaine de Beyrouth (AUB) en collaboration avec le HCR et le PAM en 2018, plus de 80% sont considérés comme « extrêmement vulnérables ». Sans couvrir ces besoins et aller au-delà de la survie de base, les réfugiés sont incapables de développer des moyens de subsistance significatifs, de réduire leur dépendance à l'aide et de devenir autosuffisants. Ces régions sont également les régions de d’accueil de la transhumance internationale en provenance du Tchad et de la République centrafricaine, qui provoquent de nombreux conflits autour de la gestion des ressources naturelles.

Enfin, les réfugiés en milieu urbains vivent au Cameroun depuis près d'une décennie, dans des conditions précaires, avec peu ou pas de capacité à résister aux chocs, nécessitant l'utilisation fréquente de stratégies d'adaptation négatives, telles que le mariage précoce, le saut de repas, le travail des enfants ou le travail dans des conditions dangereuses.