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Remarques de RSSG VSLC Patten à la rencontre virtuelle en RDC pour marquer la Journée Internationale de lutte contre les violences sexuelles en période de conflit

Страны
ДР Конго
Источники
OSRSG Sexual Violence in Conflict
Дата публикации
Происхождение
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Excellences, distingués invités, mesdames et messieurs, tout protocole observé,

Je suis extrêmement reconnaissante à la Première Dame pour son leadership et son engagement à l’égard de la lutte contre les violences sexuelles commises en période de conflit, et pour nous rassembler à un moment où le monde fait face à une crise sans précédent.

Avec cette crise sanitaire mondiale, de nombreux survivants sont confrontés simultanément à un conflit armé, à des déplacements de population et à une pandémie mondiale qui, à la fois, révèle et amplifie les inégalités entre les sexes.

Alors que la pandémie de COVID-19 est avant tout une crise sanitaire, ses implications sont beaucoup plus profondes.

Premièrement, la pandémie représente une menace importante pour le maintien de la paix et de la sécurité internationale. La crise a entravé les efforts internationaux, régionaux et nationaux de résolution des conflits. De nombreux processus de paix sont au point mort alors que le monde réagit à COVID-19.

En même temps, de nombreux groupes armés profitent de l’incertitude qui prévaut pour intensifier leurs opérations, malgré les appels au cessez-le-feu.

Vendredi dernier, nous avons commémoré la 6ème journée internationale sur l’élimination des violences sexuelles en temps de conflit. Cet événement a été l’occasion de mettre en lumière l’impact de COVID-19 sur la prévention et la réponse aux violences sexuelles en période de conflit. Ce fut aussi l’occasion d’exprimer notre solidarité envers les survivants ainsi que les travailleurs de première ligne qui luttent contre la pandémie et qui prennent souvent des risques importants pour assurer l’accès aux soins de ces populations vulnérables.

COVID-19 ne fait pas de discrimination mais son impact le fait et les victimes de violences sexuelles en en paient déjà le prix.

Déjà un crime considérablement sous-déclaré, les violences sexuelles risquent d’être davantage obscurci par la pandémie. En plus de la honte, de la stigmatisation et de la peur des représailles, les cas ne sont désormais pas signalés en raison de l’imposition de quarantaines, de couvre-feux et d’autres restrictions de circulation; un accès limité aux premiers intervenants, tels que les organisations de la société civile qui servent souvent de premiers interlocuteurs; ainsi que la peur de contracter le virus.

Un résultat direct de la pandémie est une charge accrue pour les services de santé. Les ressources sont désormais priorisées pour la réponse COVID-19. La contraction des services de santé de routine entraîne des obstacles à la prestation de services aux victimes de violences sexuelles, notamment une réduction de l’offre de services essentiels et l’accès à la santé sexuelle et reproductive. Les défis de la disponibilité et de l’accessibilité des services sont pires pour les réfugiés et les personnes déplacés.

Le COVID-19 a aussi affecté le bon fonctionnement de l’appareil judiciaire. Le rythme de la justice pour les violences sexuelles liées aux conflits est déjà lent, et dans certains cas, il a été davantage interrompu en raison de la fermeture des tribunaux et de la suspension d’enquêtes et des procès en cours.

Je suis préoccupé par le fait que le procès de Cobra Matata à Kinshasa n’a pas encore abouti. J’encourage les acteurs judiciaires à travailler avec l’ONU et ses partenaires pour trouver des solutions afin de rendre justice rapidement aux survivants. En ce sens, je suis encouragé d’apprendre que le procès de Sheka à Goma a redémarré la semaine dernière. Nous ne devons pas oublier que les survivants ont besoin d’un soutien économique pour reconstruire leurs vies et que le paiement effectif des réparations judiciaires doit enfin être effectué par les autorités nationales.

Les principales initiatives de réforme du secteur de la sécurité, telles que la formation des forces armées nationales à la prévention et à la lutte contre les violences sexuelles, ont également été suspendues. Toutes les parties prenantes doivent travailler ensemble pour trouver des moyens de surmonter ces défis et continuer à fournir ce soutien crucial à la Police Nationale Congolaise (PNC) et aux Forces armées de la RDC (FARDC) conformément aux engagements qu’ils ont pris à travers leurs plans d’action respectifs pour prévenir et répondre aux violences sexuelles.

D’autres problèmes de protection sont également apparus en raison de la pandémie. Des inquiétudes ont également été exprimées au sujet de l’exploitation sexuelle en raison de désespoir économique, en particulier dans les camps pour personnes déplacées.

Des normes sociales restrictives empêchent les femmes d’accéder à des informations potentiellement vitales, en particulier dans les environnements à haut risque et avec un accès limité aux nouvelles technologies, tels que les camps de déplacés et les zones rurales. Je tiens à saluer l’initiative du gouvernement en partenariat avec le Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) et les Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) pour le lancement d’une ligne verte, ouverte 24h sur 24 et 7 jour sur 7 pour atteindre tous les survivants de violences sexuelles dans différentes parties du pays  et de s’assurer que ces derniers ont accès aux informations dont elles ont besoin pour accéder aux services de soins immédiats ainsi qu’au soutien psychosocial nécessaire.

Face à cette crise sans précédent, je suis reconnaissante à tous les acteurs sur le terrain qui continuent de fournir des services essentiels aux survivants malgré les restrictions-quarantaines, couvre-feux, sans compter les priorités changeantes et les ressources toujours plus limitées.

Alors qu’on estime qu’une femme déplacée ou réfugiée sur cinq subit des violences sexuelles, moins d’un pourcent de l’aide humanitaire mondiale est consacrée à la prévention et à la lutte contre les violences sexuelles.

L’événement d’aujourd’hui est une occasion pour nous de réfléchir à la manière dont nous pouvons faire davantage pour attirer l’attention et les ressources nécessaires vers ces acteurs, qui gardent les droits et les besoins des survivants au cœur de leur réponse malgré la complexité et les défis supplémentaires causés par la pandémie.

Excellences, distingués invités, mesdames et messieurs,

Aucune crise semble neutres sur le plan du genre et aucune réponse efficace ne peut être apportée sans tenir compte des questions d’égalité des sexes. «Reconstruire en mieux» à la suite de cette pandémie nécessite une approche inclusive, intersectionnelle, en tenant compte des besoins sexospécifiques. Cela signifie notamment de tenir compte des diverses réalités des personnes déplacées et des réfugiés, des minorités ethniques, des communautés autochtones et rurales, des personnes handicapées et des autres groupes marginalisés vivant en République démocratique du Congo pour veiller à ce que personne ne soit laissé de côté lors de la construction d’un nouveau pays pacifique.

La crise actuelle est un test de notre détermination. Nous ne devons pas permettre que le COVID-19 puisse inverser les progrès que le Gouvernement congolais, en collaboration avec les Nations Unies et d’autres partenaires clés, a réalisé pour lutter contre la discrimination fondée sur le genre en tant que cause profonde et moteur de la violence sexuelle et sexiste, en temps de guerre et de paix. Nous ne pouvons pas non plus permettre que les engagements politiques obtenus ces dernières années, grâce à la signature du communiqué conjoint et à l’addendum, soient perdus ou ralentis dans leur exécution.

Permettez-moi de terminer avec trois recommandations concrètes, que, je pense, sont particulièrement pertinentes dans le contexte de la RDC:

Premièrement, toutes les parties au conflit doivent cesser immédiatement toutes les formes de violence sexuelle, dans le cadre de l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial. La conformité doit être surveillée et appliquée.

Deuxièmement, les services de réponse à la violence sexuelle doivent être désignés comme services essentiels, afin d’éviter un manque de ressources et de financement. C’est une leçon des épidémies passées, comme Ebola, que plus de femmes meurent du manque d’accès aux services, y compris la santé sexuelle et reproductive, que de la maladie elle-même.

Troisièmement, les efforts visant à lutter contre la violence sexuelle devraient être intégrés dans les plans nationaux d’intervention de COVID-19, y compris des mesures proactives pour diffuser des informations aux plus vulnérables. Les besoins des survivants ne peuvent être mis en pause.

Je tiens à remercier sincèrement son excellence, Madame la Première Dame, Championne Globale pour la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits pour avoir utilisé sa plate-forme pour rassembler les États membres, la société civile et le système des Nations Unies, qui travaillent pour une cause commune, à garder la question des violences sexuelles liées aux conflits au cœur de tous nos combats. Nous ne pouvons pas laisser les survivants être oubliés, quelles que soient les circonstances, surtout en cette période de COVID-19.

Je vous remercie.

Tuesday, 23 June 2020