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Dengue - Mayotte, France: Bulletin d'information sur les flambées épidémiques, 23 avril 2020

Countries
Mayotte (France)
Sources
WHO
Publication date
Origin
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Grâce à une surveillance fondée sur les événements mise en œuvre tout au long de l'année 2019, l'OMS a eu connaissance d'une flambée épidémique de dengue sévissant à Mayotte (France) depuis juillet 2019. Selon l'autorité sanitaire locale de Mayotte (Agence Régionale de Santé), des cas de dengue ont été signalés dès mars 2019, mais l'épidémie s'est intensifiée en janvier 2020, avec une augmentation considérable du nombre de cas.

Entre le début janvier 2020 et le 17 avril 2020, 3533 cas confirmés de dengue, dont 16 mortels, ont été notifiés sur l'île. Sur ces 3533 cas, 339 ont été hospitalisés et 21 ont été pris en charge en soins intensifs. Du 23 février 2020 au 21 mars 2020, six des 17 communes de Mayotte enregistraient un taux d'incidence de plus de 5 %.

La grande majorité des cas associés à cette flambée étaient imputables au sérotype 1 du virus de la dengue (DENV-1).

Mayotte a déjà connu quatre flambées de dengue dans le passé, en 1993 et 2010 (dues au DENV-3) et en 2013 et 2014 (dues au DENV-2), lesquelles avaient touché plusieurs communes de l'île principale de Mayotte et de la petite île de Petite-Terre. La flambée de dengue actuelle est la plus importante qu'ait enregistré Mayotte à ce jour. Auparavant, la plus grande flambée observée était celle de 2014, comptant 522 cas confirmés en laboratoire, dont 494 confirmés par RT-PCR (transcription inverse suivie d'une amplification en chaîne par polymérase) et 27 par des épreuves sérologiques. Lors de la flambée de 2014, seul le sérotype DENV-2 avait été identifié.

Action de santé publique

Les autorités sanitaires de Mayotte ont appliqué les mesures suivantes :

  • Renforcement des activités de lutte antivectorielle intégrée ;

  • Renforcement de la surveillance pour identifier les cas ;

  • Actualisation des lignes directrices relatives à la prise en charge clinique, mobilisation sociale et communication sur les risques en situation d'urgence.

Évaluation du risque par l'OMS

L'île de Mayotte, qui fait partie de l'archipel des Comores (canal du Mozambique, sud-ouest de l'océan Indien), est sous administration française. Depuis 2019, le sérotype DENV-1 est le seul dont la circulation a été constatée à Mayotte. Cependant, des épidémies dues à d'autres sérotypes sévissent actuellement dans la région de l'océan Indien et il est donc possible qu'un autre sérotype soit introduit à Mayotte. Tout changement du sérotype DENV prédominant pourrait conduire à la survenue d'infections secondaires plus sévères et de cas graves de dengue nécessitant une hospitalisation et une prise en charge appropriée. Une stratégie globale de communication sur les risques doit être élaborée.

Compte tenu de la présence et de la densité suffisante des vecteurs compétents (Aedes albopictus and Aedes aegypti), du climat chaud et humide et de la saison des pluies en cours (climat maritime tropical avec une saison des pluies chaude de novembre à mai), une nouvelle recrudescence des cas ne peut être exclue.

La riposte à cette flambée de dengue à Mayotte pourrait s'avérer difficile en raison de la situation actuelle liée à la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) et à la surcharge des établissements de santé. Au 18 avril 2020, Mayotte avait notifié 263 cas confirmés de COVID-19. Il est en outre possible qu'une partie de la population ait des difficultés à accéder au système de santé. La population de Mayotte est jeune, mais comprend des groupes vulnérables, comme les personnes économiquement défavorisées, les minorités raciales et ethniques, les personnes sans assurance et les sujets souffrant d'affections chroniques, telles que le diabète ou l'hypertension, qui rencontrent souvent des obstacles à l'accès aux services de santé.

Mayotte ne dispose que d'un hôpital, avec un service de soins intensifs doté de 16 lits. Le recours à la médecine traditionnelle est également fréquent. En outre, on ne peut exclure une sous-notification des cas de dengue.

Conseils de l'OMS

Il n'existe aucun traitement spécifique contre la dengue. Cependant, la détection rapide des cas, l'identification des signes avant-coureurs de dengue sévère et la prise en charge précoce et appropriée des cas sont des éléments essentiels pour prévenir les décès dus à cette maladie. Chez les cas de dengue sévère, le recours tardif aux soins médicaux est souvent associé à une issue fatale. Dans les îles périphériques, il est important que les cas soient transférés ou qu'une assistance soit demandée le plus rapidement possible.

En outre, les activités de lutte antivectorielle intégrée doivent être renforcées en vue d'éliminer les gîtes larvaires potentiels, de réduire les populations de vecteurs et de limiter autant que possible l'exposition individuelle. Cela repose sur des stratégies de lutte contre les vecteurs à la fois au stade larvaire et adulte (gestion de l'environnement, réduction à la source et mesures chimiques). Des mesures de lutte antivectorielle doivent être mises en œuvre dans les foyers, les lieux de travail, les écoles et les établissements de soins, entre autres, afin d'éviter les contacts entre le vecteur et l'homme.

Étant donné que les moustiques Aedes qui constituent le vecteur compétent, sont plus actifs pendant la journée, il est recommandé de prendre des mesures de protection individuelle, comme le port de vêtements couvrant au maximum la peau et l'utilisation de produits répulsifs pouvant être appliqués sur la peau exposée ou sur les habits en respectant strictement les prescriptions d'usage. Les écrans protecteurs aux portes et aux fenêtres, ainsi que les moustiquaires (imprégnées ou non d'insecticide), peuvent réduire les contacts avec le vecteur dans les espaces clos la journée aussi bien que la nuit.

Il convient de prendre des mesures de réduction à la source avec l'appui de la communauté et d'appliquer des mesures de surveillance des vecteurs et de lutte antivectorielle. Dans les situations de confinement imposées par la COVID-19, on encouragera les habitants d'un même foyer à travailler de concert, à l'intérieur et autour de leur maison, pour éliminer les eaux stagnantes, réduire les déchets solides et couvrir convenablement tous les récipients servant au stockage de l'eau. Ces mesures, qui peuvent prendre la forme d'une activité familiale hebdomadaire, contribueront à réduire la densité des moustiques.

Pour plus d'informations sur la dengue, veuillez consulter :

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