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Rapport mensuel de monitoring de protection Nord Kivu | Mars 2020

Countries
DR Congo
Sources
INTERSOS
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RESUME

En mars 2020, la situation de protection au Province du Nord-Kivu a été caractérisée par la réduction des tueries des civils par des présumés éléments de l’Allied Democratic Forces (ADF) en territoire de Beni et la reddition du chef d’un groupe armé Mai-Mai en territoire de Rutshuru. Ces deux faits majeurs seraient le résultat des actions entreprises par les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), à savoir la poursuite des opérations militaires de grande envergure contre ces présumés ADF et l’appel à la reddition des groupes armés.

En effet, le territoire de Beni a enregistré une réduction d’incursions par les présumés ADF entre février-mars 2020 comparativement à la période de novembre 2019-janvier 2020, où une centaine de civils avaient été tués. En mars 2020, 11 civils ont été tués au cours de 3 incursions enregistrées durant ce mois, alors que 114 tueries avaient été enregistrés pour le mois de décembre 2019. A la suite de cette relative accalmie, il s’observe un retour de personnes déplacées internes (PDIs) dans certaines parties du territoire. Par exemple, la cellule de crise de la chefferie de Watalinga a informé qu’en mars 2020, environ 1547 ménages ont quitté l’agglomération de Nobili pour retourner vers leurs villages d’origines (Kamango, Mukakati, Katibombo, Mpoku, Bandiguya, Musu et Buisegha) en chefferie Watalinga, zone de santé de Kamango. Aussi, un autre mouvement a été observé dans la commune rurale de Mangina où est signalé le retour des personnes qui s’étaient refugiés à Beni et ses environs en février 2020.

En territoire de Rutshuru, le chef du groupe armé Mai-Mai qui opérait dans le groupement Binza (Nyamilima) s’est rendu aux FARDC avec 112 de ses combattants le 25 mars 2020. Ce groupe armé Mai-Mai opérait au bord du lac Edouard, dans les agglomérations de Nyamilima, Nyakakoma et Kisharo. Il imposait des taxes illégales forfaitairement aux agriculteurs pour accéder à leurs champs et imposait des prélèvements sur les vivres après la récolte. Néanmoins, malgré cette reddition, certains éléments Mai-Mai qui sont restés dans le maquis et des éléments d’un autre groupe armé continuent tracasser les habitants.

Cependant, malgré la réduction de l’activisme des présumés ADF à Beni, la situation générale de protection en Province du Nord-Kivu demeure inquiétante. Le nombre d’incidents de protection documentés est passé de 1279 incidents en février 2020 à 1620 incidents de protection en mars 2020, soit une hausse d’environ 27%. Cette hausse s’explique par de multiples tracasseries que les groupes armés multiplient sur les populations civiles dans les territoires de Masisi, Lubero et Rutschuru. Ces trois entités ont enregistré respectivement 39 %, 22 % et 20% du total d’incidents de protection.

Le territoire de Masisi a enregistré à lui seul 62 % des viols qui sont concentrés dans les villages de Karumu, Lushebere, Luibo et Kishonja. Il en est de même des tueries dont 42 % ont été documentés dans le territoire de Masisi (à Bulenda, Hembe, Badahunga et Bindobodobo).