Aller au contenu principal

Les États doivent lutter contre la violence domestique dans le cadre des mesures de confinement prises pour lutter contre la COVID-19 – Experte des droits de l’homme de l’ONU

Pays
Monde
Sources
OHCHR
Date de publication
Origine
Voir l'original

GENÈVE (27 mars 2020) – Les mesures restrictives adoptées à travers le monde pour lutter contre la COVID-19 font augmenter le risque de violence domestique ; les gouvernements doivent défendre les droits des femmes et des enfants et mettre en place des mesures d'urgence pour les victimes de tels actes de violence, a déclaré aujourd'hui une experte des droits de l'homme de l'ONU.

« Les taux de violence domestique généralisée vont sûrement augmenter, comme le suggèrent déjà les premiers rapports de la police et des lignes d'assistance téléphonique. Pour trop de femmes et d'enfants, le foyer peut être un lieu de peur et de maltraitance. La situation se détériore considérablement en cas d'isolement, comme c'est le cas avec les mesures de confinement adoptées durant la pandémie de COVID-19 », a alerté Dubravka Simonovic, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes.

« Tous les États doivent redoubler d'efforts pour lutter contre la menace que représente la COVID-19, mais ils ne doivent pas laisser de côté les femmes et les enfants victimes de violence domestique, car cela pourrait entraîner une augmentation de ce type de violence, y compris des féminicides commis au sein du couple », a-t-elle expliqué.

« Le risque est d'autant plus important en raison de la diminution, voire de la fermeture des refuges et des services d'aide ; de la difficulté d'accéder aux dispositifs qui fonctionnent encore ; de l'affaiblissement de l'appui communautaire ; de la diminution des interventions policières ; et de la réduction de l'accès à la justice, avec la fermeture de nombreux tribunaux. »

L'experte a indiqué que les mesures d'urgence nécessaires pour lutter contre la COVID-19 ont entraîné une augmentation de la charge de travail de beaucoup de femmes par rapport aux tâches domestiques, à la garde d'enfants et à la prise en charge de parents âgés et de membres de la famille malades. « Pire encore, les restrictions de mouvement, les contraintes financières et l'incertitude généralisée encouragent les auteurs de ces violences à passer à l'action et leur fournissent davantage de pouvoir et de contrôle. »

Mme Simonovic s'est déclarée particulièrement inquiète au sujet des femmes représentant un risque élevé de violence domestique, comme les femmes handicapées, les femmes migrantes sans papiers et les victimes de la traite.

L'experte a appelé les gouvernements à ne pas suspendre la protection des victimes et leur a demandé instamment de continuer à lutter contre la violence domestique durant la pandémie de COVID-19. Il est indispensable d'instaurer de nouvelles mesures et de continuer à mettre en œuvre les mesures existantes pour protéger les victimes durant la crise. En ce sens, il est nécessaire de garantir l'accès à des mécanismes de protection tels que les ordonnances de protection, et de maintenir l'ouverture des refuges et des lignes d'assistance aux victimes. La police doit également accroître ses efforts pour garantir une action rapide.

« Étant donné que les appels téléphoniques peuvent présenter des risques durant le confinement, les services d'assistance peuvent venir en aide aux victimes par le biais de discussions en ligne et de textos. Les États devraient également trouver des solutions nouvelles et créatives pour les soutenir », a indiqué l'experte.

« Les gouvernements ne doivent pas laisser ces circonstances exceptionnelles et ces mesures restrictives de lutte contre la COVID-19 nuire au droit des femmes à une vie sans violence ».

La déclaration de Dubravka Simonovic a été approuvée par Elizabeth Broderick (Vice Présidente), Alda Facio, Ivana Radačić, Meskerem Geset Techane (Présidente) et Melissa Upreti du Groupe de travail sur la discrimination à l'égard des femmes et des filles ; Maud de Boer-Buquicchio, Rapporteuse spéciale sur la vente et l'exploitation sexuelle d'enfants ; Catalina Devandas Aguilar, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées ; Agnès Callamard, Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ; et Maria Grazia Giammarinaro, Rapporteuse spéciale sur la traite des êtres humains, en particulier les femmes et les enfants*.

FIN

Les Rapporteurs spéciaux, les Experts indépendants et les Groupes de travail relèvent de ce qu'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d'experts indépendants au sein du système onusien des droits de l'homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d'enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l'homme afin de traiter de la situation spécifique d'un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n'appartiennent pas au personnel de l'ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.

Pour plus d'informations et pour toute demande de la part des médias, veuillez contacter Renata Preturlan (+41 22 928 92 54 / rpreturlan@ohchr.org) ou écrire à vaw@ohchr.org.

Pour toute requête des médias relative à d'autres experts indépendants des Nations Unies, veuillez contacter Xabier Celaya, (+ 41 22 917 9445 / xcelaya@ohchr.org).