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République Centrafricaine : un expert de l’ONU lance un appel urgent à un cessez-le feu pour protéger la population du COVID-19

Pays
République centrafricaine
Sources
UN HRC
Date de publication
Origine
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GENEVE (26 mars 2020) – La République centrafricaine (RCA) est frappée à son tour par la pandémie de COVID-19 et court vers une catastrophe sanitaire certaine si les hostilités ne cessent pas immédiatement, a déclaré Yao Agbetse, Expert indépendant de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en RCA.

« J’appelle à un arrêt immédiat des attaques des groupes armés pour créer un environnement propice à une mobilisation nationale plus forte contre le COVID-19. Toutes les énergies du pays doivent être canalisées vers la lutte collective engagée contre la pandémie.

« J’exhorte le Gouvernement centrafricain à poursuivre ses mesures destinées à limiter la propagation du COVID-19 et à les faire respecter sur l’ensemble du territoire national en accord avec les principes fondamentaux des droits de l’homme, y compris ceux relatifs à la santé publique, qui exigent des actions proportionnées, nécessaires et non discriminatoires.

« J’appelle le Gouvernement à poursuivre la mise en œuvre de ses engagements pris au titre de l’Accord de paix de février 2019 et à accélérer la mise en œuvre des mécanismes de justice transitionnelle. Le Gouvernement doit restaurer l’autorité de l’Etat, notamment par le redéploiement des services et agents de santé dans les zones encore sous contrôle des groupes armés.

« J’enjoins les groupes armés à cesser immédiatement toute attaque contre les populations civiles, les agents de l’Etat et les soldats de la Mission intégrée multidimensionnelle des Nations Unies en RCA (MINUSCA). Toute entrave aux opérations humanitaires doit être levée.

« Les groupes armés doivent libérer les bâtiments publics, y compris les centres de santé qu’ils continuent d’occuper, et doivent contribuer au respect dans les zones sous leur contrôle des mesures de lutte contre le COVID-19 prises par le gouvernement.

« J’appelle les garants de l’Accord de paix (Union africaine et CEEAC) à mobiliser les pays voisins au plus haut niveau pour faire respecter les engagements pris par les groupes armés. L’article 35 de l’Accord de Paix, qui prévoit des mesures répressives contre les signataires qui ne respectent pas leurs engagements, doit être activé.

« Je demande enfin à la communauté internationale de poursuivre et de renforcer son soutien au Gouvernement centrafricain dans ses efforts de lutte contre le COVID-19. La communauté internationale doit contribuer à faire respecter la cessation immédiate des attaques par les groupes armés, y compris par l’application de l’article 35 de l’Accord de Paix.

« Je salue les mesures prises par le Gouvernement contre le COVID-19. Mais ces mesures ne pourront être diffusées et respectées sur la majeure partie du territoire national occupée par des groupes armés qu’avec la forte implication de leurs leaders. L’observation de ces mesures, y compris des gestes barrières et des limitations des contacts, est hypothéquée dans un contexte de conflit marqué par des déplacements de populations fuyant les attaques.

« Si les hostilités ne cessent pas dès maintenant comme les groupes armés s’y sont engagés dans le cadre de l’Accord de paix du 6 février 2019, la République Centrafricaine court vers une catastrophe sanitaire certaine. »

FIN

M. Yao Agbetse (Togo) est un avocat des droits de l’homme, chercheur et enseignant qui a consacré les 25 dernières années de sa vie à la justice et aux droits de l’homme, y compris les droits de l’enfant. Il a mis en œuvre des programmes de droits de l’homme au niveau national et a fourni des conseils juridiques et techniques pour l’élaboration et suivi des lois et politiques nationales relatives aux droits de l’homme, notamment au Bénin, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, au Mali et au Togo. Il a créé un espace et des outils pour le dialogue et les efforts communs des acteurs étatiques et des OSC. En RDC, en Côte d’Ivoire et au Mali, il a mis en œuvre des programmes de DDR, formé des chefs de l’armée et de la police et fourni un soutien aux titulaires de mandat et aux opérations des Nations Unies, notamment en participant au dialogue interactif au titre du point 10 lors des sessions du Conseil des droits de l’homme à Genève. Il a fourni des informations factuelles de première main aux experts de l’ONU pour les aider à évaluer les défis relatifs aux droits de l’homme dans différents pays et formulé des recommandations spécifiques et réalisables pour garantir la responsabilité et l’accès à la justice.

Les Experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des « procédures spéciales* » du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du Système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le monde. Les experts des procédures spéciales travaillent à titre bénévole; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ils ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants des gouvernements et des organisations et ils exercent leurs fonctions à titre indépendant.*

Vous pouvez suivre l’expert indépendant sur Twitter : @UNIECAR1

*Page du HCDH sur le pays : *République centrafricaine

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