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Rapport mensuel de monitoring de protection Ituri | novembre 2019

Countries
DR Congo
Sources
INTERSOS
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RESUME

634 incidents de protection ont été documentés durant le mois de novembre contre 963 en octobre 2019. Il se dégage une baisse de 329 incidents, soit 34%. Cette diminution des incidents ne reflète pas une amélioration de l’environnement protecteur des civils. Elle est liée aux contraintes sécuritaires observées dans certaines zones (les localités Muvaramu, Gobi, Musekere etc. situées au bord du Lac Albert en territoire de Djugu et les localités de Mandumbi, Mbopi, Luemba etc. en territoire de Mambasa) 1 au cours de ce mois, qui n’ont pas permis aux animateurs de protection de documenter et rapporter les incidents de protection dans ces zones.

En dépit de cette baisse, la situation de protection des civils demeure préoccupante. Ceci à cause de la poursuite de l’activisme des groupes armés (présumés Maï Maï Mutomboki dans le territoire de Mambasa, des hommes armés non identifiés dans le territoire de Mambasa et des miliciens de la Force de Résistance Patriotique de l’Ituri (FRPI) dans la partie sud du territoire d’Irumu et la commission des incidents impliquant certains éléments des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC).

En ce qui concerne les types d’incidents, il s’observe une diminution dans toutes les catégories de violations. Les violations du droit à la propriété ont connu une diminution de 109 cas par rapport à octobre 2019. La catégorie liée aux droits à la liberté a connu une diminution de 100 cas et celle liée au droit à l’intégrité physique 69 cas. Les violences sexuelles et basées sur le genre ont connu une baisse de 51 cas.

Comparativement au mois d’octobre 2019, le territoire de Djugu a connu une diminution de 146 incidents. Malgré cette diminution des incidents de protection, le groupe armé inconnu demeure actif dans cette zone. En quête de vivres et autres biens de première nécessité, ce groupe a mené des incursions dans certains villages (Lenge2 , Kenge3, Ngopa4 , Mbudha5 Kpadroma6 , Muvaramu7 etc.), suivies d’exactions à l’encontre des civils. Profitant des vides sécuritaires laissés par les FARDC, il a pris, depuis le 17 novembre 2019, le contrôle de certaines localités (à titre d’exemple, Gobu28 , Muvaramu, Agere9 ) situées au bord du Lac Albert. La persistance de l’activisme et de l’insécurité entretenue par les hommes armés non identifiés dans le territoire de Djugu, constitue toujours une menace pour la protection des civils. Les trois types d’incidents qui ont le plus affecté les civils ont été les pillages (61 cas), les coups et blessures (29 cas) et les travaux forcés (16 cas).

La situation de protection des civils a été préoccupante dans le territoire de Mambasa à cause des incursions récurrentes des présumés miliciens Maï Maï Mutomboki et des affrontements récurrents entre ces miliciens et les éléments des FARDC. Cette insécurité persistante a été non seulement à la base de mouvements de population (70 ménages) ; elle a aussi contraint certains habitants à limiter leurs mouvements vers les zones où ils se procurent les vivres et autres biens de première nécessité.

En outre, les présumés Maï Maï perturbent le déroulement des activités de la riposte de la maladie à virus Ebola (MVE) qui sévit dans ce territoire. Ces présumés Maï Maï ont été auteurs présumés de quarante pourcent du total des incidents rapportés dans ce territoire au cours de ce mois par rapport aux dix-neuf pourcent du mois d’octobre.

Dans la partie sud d’Irumu, certains présumés miliciens de FRPI qui n’ont pas rejoint le site de pré-cantonnement pour des motifs non élucidés, continuent de s’attaquer aux civils. La recherche de vivres et autres biens de première nécessité explique cette situation. Ces miliciens ont été plus impliqués dans des cas de pillages de biens des civils (47 cas). Bien que ce groupe continu à commettre les exactions contre les civils, une baisse des incidents attribuables aux FRPI est observée.

Des passages des éléments Allied Democratic Forces(ADF) sont observés dans la partie frontalière avec le Nord-Kivu (Mutueyi, Samboko, ChaniChani, Batonga et Mulango). Cela fait suite aux opérations de grandes envergures déclenchées contre eux dans le nord Kivu depuis mi-novembre.

Après trois mois d’accalmie, l’environnement protecteur des civils a été perturbé au cours de ce mois dans le territoire de Mahagi, par les attaques des hommes armés non identifiés venus du territoire de Djugu. Les habitants de certaines localités (par exemple, les localités de Jupayaka et Jupunvor, situées respectivement à environ 22 et 26 kms à l’ouest d’Angumu en Chefferie de Mokambu) ont été plus affectés par ces attaques. La recherche des moyens de survie est à la base de ces attaques.

30 % des violations des droits humains auraient été commises par des éléments des FARDC sur le total des incidents documentés, tandis que les civils auraient été les auteurs de 82% des cas de Violences Sexuelles et Basées sur le Genre (VSBG) rapportés.
Les FARDC commettent des violations de droits humains à l’encontre des civils lors de leurs opérations militaires. Ils transforment les points de contrôles en points d’extorsion des biens des civils. Le manque de discipline de certains militaires expliquerait cette situation. 61 cas d’extorsion ont été documentés au courant du mois sur différents axes.
Notamment, en territoire de Djugu sur l’axe Katoto-Kparanganza-Largu, en territoire d’Irumu sur les axes Bunia-Kasenyi, Bunia-Gety-Boga et Bunia-Komanda, en territoire de Mambasa sur les axes Mambasa-Lwemba et Niania-Bafwanakengele et en territoire de Mahagi sur l’axe Mahagi-Nioka.

Il sied également de signaler que, la crise institutionnelle qui sévit en Ituri suite à la motion de défiance lancée contre le gouverneur de la province, par certains députés provinciaux le 20 novembre 2019, risquerait de créer des tensions intercommunautaires si elle persiste. Les communautés seraient divisées sur cette question. Certains membres de la communauté, soutiendraient le départ du gouverneur et d’autres insisteraient qu’il soit réhabilité. En outre, elle pourrait perturber le processus de réduction des hommes armés inconnus dans le territoire de Djugu.