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Note de plaidoyer - Fermeture des sites de Kalemie, Province du Tanganyika, septembre 2019

Countries
DR Congo
Sources
Protection Cluster
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Publication date

I. Historique

La volonté du gouvernement de la RDC de fermer les sites de personnes déplacées dans son territoire date des années 2014. En effet, ce processus a débuté à l’Est du pays en Décembre 2014, avec la fermeture brusque du site de Kiwanha (60km/N de Goma) à la suite de la découverte d’armes à feu et qui a suscité la décision de fermer tous les sites de déplacés de la province du Nord-Kivu. En 2016, ce processus a continué avec la fermeture des sites de Mokoto, Bweru, Mpati, Kivuye, et Bibwe dans le Masisi, au Nord-Kivu. Les causes principales de ces fermetures par les autorités Congolaises étaient l’insécurité exacerbée par l’infiltration de ces sites par les groupes armés, notamment par des combattants Nyatura et FDLR au NordKivu dans une période où des opérations militaires de la FARDC étaient en cours.

Au Sud-Est du pays, dans la province du Tanganyika, plusieurs sites de déplacés situés près de Kalemie ont été détruits entre mi-2017 et début 2018. Il s’agissait des sites de Kaseke, Kalunga, Lukwangulo, Moni, Kabubili et Katanyika. Alors que certains sites avaient été détruits par des incendies dont l’origine reste inconnue, d’autres brulaient facilement car ils étaientsurpeuplés, manquaient d’espace et de constructions en dur (composé d’huttes en paille). Le site de Kaseke avait été déguerpis en mai 2017 par les autorités locales qui considéraient que la situation sécuritaire s’était améliorée dans les zones d’origine des déplacés. Cependant, le site a été brulé par la police pendant que des personnes déplacées y vivaient encore. D’autres sites, comme celui de Katanyika ont subi des cas d’incendies volontaires commis par les déplacés eux-mêmes, et des attaques à la suite de l’importation du conflit dans les sites. C’est d’ailleurs l’incendie dans de Katanyika qui a déclenché la décision ferme des autorités provinciales à fermer tous les sites de PDIs autour de Kalemie, en aout 2018. Ces fermetures ont entrainé le déplacement et la réinstallation d’environ 24,000 personnes.

Pendant ce processus, les acteurs humanitaires ont déploré leur non-implication dans l’organisation de la fermeture de certains sites, et le manque de consultation de la part des autorités. Les acteurs humanitaires insistent continuellement sur la nécessité du respect du caractère volontaire des retours, dans la sécurité et la dignité, conformément aux Principes Directeurs relatifs au déplacement interne (principes 28-30) et à la Convention de Kampala (article 11).

Les autorités étatiques, elles, déploraient le manque d’appui concret de la part des acteurs humanitaires, à travers la recherche et mise en place de solutions durables pour accompagner le processus de retour des PDIs. Malgré les différents plans de travail conjoints établis entre autorités provinciales (Ministère des Affaires Humanitaires) et acteurs humanitaires à travers le Comité Régional Inter Organisations (CRIO) du Tanganyika, les actions d’appui aux retours manquaient. A cela s’ajoutai un certain mécontentement des autorités vis-à-vis des acteurs humanitaires pour la publication de chiffres de PDIs vivant dans les sites, qu’ils considéraient comme exagérés, ce qui avait déjà suscité un exercice de fixing en septembre 2017 et une revue à la baisse.

Malgré la détérioration de la situation sécuritaire et de protection entre la fin 2018 et le premier semestre de 2019, notamment à l’Est du pays dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, un retour progressif au calme semble se confirmer dans les provinces du Grand Kasaï et du Tanganyika, créant non seulement un climat favorable au retour des personnes déplacées, mais également une augmentation effective du nombre de personnes retournées spontanément. Au Tanganyika, bien que plus de 60,000 personnes ont continué de fuir les violences entre groupes armés Bantu et Batwa dans les territoires de Kabalo, Kalemie et Nyunzu au premier trimestre de 2019, les retours des personnes déplacées étaient aussi importants, avec une estimation de 72,960 personnes qui auraient regagné leurs zones d’origine en Mars 2019 (EH Tools, OCHA).

Il est important de rappeler que c’est dans le contexte décrit ci-dessus, que les décisions récentes des autorités étatiques de poursuivre la fermeture des sites de PDIs de Kalemie s’inscrivent.