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Plus de 400 ONG co-signent une déclaration au Sommet des peuples pour le climat, les droits et la survie de l’humanité

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New-York - Dans le cadre du sommet spécial des Nations Unies « Action Climat 2019 », et de la tenue du Sommet des peuples pour le climat, les droits et la survie de l’humanité les 18 et 19 septembre 2019, la FIDH et plus de 400 organisations de défense des droits humains et de l’environnement, unissent leurs voix dans une déclaration conjointe pour appeler à faire de la justice climatique une réalité immédiate.

Depuis plus de 10 ans, la FIDH met en avant la pertinence de la Déclaration universelle des droits de l’Homme dans le débat actuel portant sur la crise climatique dont les effets menacent directement la survie de l’humanité et l’exercice de tous les droits fondamentaux pour les générations actuelles et futures Le lundi 16 septembre 2019, cinq organes des traités des Nations Unies sur les droits humains publiaient une déclaration conjointe appelant les États à agir face à l’imminence de la crise climatique, dénonçant que leur inaction pourrait constituer une violation de leurs obligations en vertu du droit international des droits de l’Homme.

Malgré cela et bien que le dernier rapport spécial du GIEC 1.5°C sur les effets d’un réchauffement climatique de 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels démontre clairement que notre fenêtre d’action pour tenter de freiner la hausse des températures et donc les effets catastrophiques pour la vie sur terre ne se cesse de se réduire, un énorme effort reste encore à produire pour la mobilisation générale de toutes les organisations de défense des droits humains.

Cette déclaration conjointe constitue une première étape importante dans l’élaboration d’une stratégie commune aux organisations de défense de l’environnement, de la justice sociale et des droits humains, une stratégie qui s’appuiera sur les forces et l’histoire de ces trois mouvements.

Consultez la déclaration ci-dessous :

Sommet des peuples pour le climat, les droits et la survie de l’humanité

DÉCLARATION

I - Nous croyons en un monde où les personnes peuvent s’épanouir en tant que partieintégrante de la nature et où les droits humains – y compris les droits des peuplesautochtones – et l’environnement passent avant les profits des entreprises, dans une èreoù les personnes sont plus connectées entre elles et avec la planète. Nous voulons vivredans des sociétés sûres, égalitaires, pacifiques et justes. Dans des sociétés où chaquepersonne et toutes les populations bénéficient de moyens d’existence justes, sûrs etdurables ; participent à la prise de décision sur les sujets qui concernent leur vie, et ontaccès à l’information et à la justice. Dans un monde où les biens communs sont protégéset gérés durablement par les communautés et où les gouvernements et les entreprisesagissent de manière responsable et sont tenus de rendre des comptes pour lesconséquences de leurs actes. Il nous semble que le moment est venu et qu’il est urgentde transformer nos systèmes économiques, sociaux, judiciaires et politiques pour garantir l’équité et la protection des droits humains ; mettre fin à la crise climatique et auxextinctions massives ; protéger l’avenir de nos enfants ; tenir les pollueurs responsablesde leurs actes, et faire en sorte que les combustibles fossiles et toutes les pratiquescommerciales non durables ne soient plus qu’un vestige du passé. Nous pensons quecette vision de l’avenir nécessite de protéger et soutenir les personnes qui souffrent desconséquences de la crise climatique et celles qui luttent en faveur de la justice climatique,et de faire preuve de solidarité avec ces personnes.

II - Nous reconnaissons que les atteintes aux droits humains, la discrimination et lesinégalités actuelles trouvent leur fondement dans les comportements, les mentalités etles structures de pouvoir qui sont également à l’origine de la crise qui menace notreplanète. Protéger les droits humains et préserver notre planète et son climat nécessitentque nous cessions de considérer les écosystèmes comme des marchandises et que nousacceptions le fait que la dignité humaine et les droits humains dépendent de toutes lesmanifestations de la vie.

III - Pour faire de la justice climatique une réalité, nous devons reconnaître que l’urgence climatique menace la survie de l’humanité,

l’environnement et l’exercice de tous les droitsfondamentaux, pour les générations actuelles et futures. Nous devons égalementreconnaître que bien que la crise climatique constitue un problème mondial qui touchetout le monde, elle affecte de manière disproportionnée les personnes, groupes etpopulations en situation de vulnérabilité qui voient leurs droits violés et subissent desformes de discrimination multiples et convergentes. La crise climatique touche aussi lespays de manière inégale. Cela donne lieu à une augmentation des conflits et de l’instabilité politique et provoque une insécurité alimentaire, des déplacements depopulation et des migrations. Nous devons défier les groupes opposés aux droitsfondamentaux et les États qui prennent comme prétexte le dérèglement climatique et lanécessité de protéger l’environnement pour bafouer les droits humains.

IV - Nous condamnons l’incapacité des États à prendre des mesures adaptées pouratténuer le changement climatique, et en particulier les États qui sont les plusresponsables de la crise et contrôlent le plus de ressources. Cet échec constitue uneviolation des obligations des États en matière de droits humains. De même, l ’incapacité àprendre suffisamment de mesures efficaces pour renforcer la résilience face auxdommages du changement climatique, dans le pays et à l’étranger, perpétue ces atteintesaux droits humains – en particulier parmi les personnes qui sont marginalisées et sontmoins en capacité de s’en sortir.

V - Nous sommes vivement préoccupé·es par le fait que des États continuent d’adopter et de promouvoir des politiques et actions climatiques défaillantes qui donnent lieu parla suite à des atteintes aux droits humains, souvent au détriment des personnes et despopulations qui sont déjà les plus affectées par les conséquences du changementclimatique, tout en étant celles qui sont les moins responsables de cette crise. Desmesures climatiques inadaptées et mal conçues peuvent conduire à l’adoption de faussessolutions ne réduisant pas les émissions de gaz carbonique, perpétuant une économiedépendante des énergies fossiles et exposant la population à des risques, ce qui impacteles droits humains – en particulier ceux des peuples autochtones et des autres personnesconfrontées à la discrimination.VI - Les États ont été complices de la perpétuation du changement climatique par lesentreprises ; ils ont été généralement incapables de réglementer les activités desentreprises dans ce domaine et d’assumer leurs responsabilités pour les atteintes auxdroits humains et les dommages causés à l’environnement, bien qu’ils soient tenuslégalement de le faire. En effet, de nombreux États apportent leur soutien à despolitiques, y compris des traités relatifs au commerce et à l’investissement, quipromeuvent des industries détruisant le climat et leur accordent privilèges, avantages etimpunité.VII - Nous reconnaissons que certains secteurs — en particulier l’industrie des énergiesfossiles et l’agro -industrie à grande échelle – et ceux qui les soutiennent financièrementsont au cœur de la détérioration de notre climat. De nombreuses entreprises ontdélibérément ignoré leurs responsabilités en matière de respect des droits humains,contribuant ainsi à la dégradation des droits fondamentaux de femmes, enfants, peuplesautochtones, populations locales et autres groupes affectés de manièredisproportionnée, et à la destruction d’écosystèmes sur toute la planète.
L’industrie desénergies fossiles, en particulier, connaît les impacts de ses produits depuis des décennies,mais n’en a pas pour autant averti certains de ses investisseurs, le public, la populationlocale et d’autres parties concernées. Au contraire, cette industrie s’e st livrée à une habilecampagne de désinformation et de récusation du changement climatique.VIII - Nous réitérons que les États sont tenus du fait de leurs obligations relatives aux droitshumains de veiller à ce que des réponses adaptées soient apportées à la crise climatique.Ces réponses doivent reconnaître les populations les plus marginalisées et affectéescomme moteurs du changement et leur donner la priorité. Ce n’est

qu’en honorant cesobligations que des actions plus efficaces, durables et équitables pourront être menéespour une transition vers la justice climatique.IX - Les connaissances traditionnelles et la science nous montrent également que centrersur les droits humains l’atténuation du changement climatique, l’adaptation et lespolitiques d’indemnisation pour les pertes et dommages causés par le changementclimatique contribue à l’élaboration de réponses plus justes et efficaces, le tout donnantlieu à une ambition accrue en matière d’action climatique.

X - Nous nous inquiétons vivement de voir que les homicides, les violences liées au genre,les menaces, le harcèlement et la répression pénale des personnes qui défendent lesdroits humains liés à l’environnement se multiplient et restent souvent impunis. Nousprêtons une attention particulière aux personnes confrontées à des formes dediscrimination multiples et convergentes, qui sont les plus exposées aux agressions et auxrestrictions fondées sur le genre, la couleur de la peau et d’autres formes dediscrimination, comme les personnes qui défendent les droits humains des femmes ou les droits des peuples autochtones ou d’autres populations et défenseur·es exclus etmarginalisés. Nous défendrons contre la répression arbitraire et la persécution toutes lespersonnes qui manifestent pacifiquement et s’engagent dans des actions dedésobéissance civile pour exiger une intervention en faveur du climat. Nous demandonsla reconnaissance de l’importance du rôle que jouent les personnes qui défendent lesdroits humains liés à l’environnement dans l’élab oration de politiques, l’accès aux droitset les campagnes en faveur d’un développement durable.XI - Il est possible et nécessaire de s’attaquer à la crise climatique. De nombreusespolitiques et solutions techniques efficaces sont déjà connues et disponibles et peuventêtre immédiatement mises en œuvre . Il revient principalement aux gouvernements et auxentreprises de lancer les actions qui pourraient avoir un impact sur les facteurs duchangement climatique et renforcer durablement la résilience et la capacité d’adaptation des populations. Nous allons renforcer nos actions en vue de mobiliser le mouvement despeuples le plus puissant, uni et divers jamais réuni. Une action en faveur du climat ayantde véritables effets ne sera pas possible sans le plein engagement de la société civile etde la population.Pour faire de la justice climatique une réalité, nous, signataires de cette Déclaration,convenons de ce qui suit :

Nous allons accroître nos efforts pour placer les droits humains au cœur dumilitantisme climatique . Pour cela, nous emboîterons le pas des peuplesautochtones, des jeunes, des femmes, des personnes vivant dans la pauvreté, despersonnes en situation de handicap, des personnes vivant de la pêche, de l’agriculture ou de l’élevage, des travailleurs et travailleuses, des populations localeset d’autres groupes touchés de manière disproportionnée, qui mènent la lutte contreles activités qui détruisent la planète et en faveur de la justice climatique.

Nous exigerons des mesures immédiates, audacieuses, impulsées par lapopulation, respectueuses des droits humains et d’une ampleur sans précédentpour réduire les émissions de gaz à effet de serre et protéger ainsi les peuples, lesécosystèmes et la biodiversité contre le dérèglement climatique. Ces mesurespassent par la transformation de nos systèmes économiques, sociaux et politiques etnécessitent de remédier aux inégalités dans toutes les facettes de la vie. Cechangement implique une distribution équitable des ressources, en particulier enréduisant la consommation inutile de ressources par les groupes privilégiés. Il estprimordial que nous parvenions à réduire rapidement nos émissions au niveaumondial et que nous parvenions à un futur sans énergie fossile pour réduire aumaximum l’augm entation de la température, qui ne devrait pas dépasser 1,5 degré.Ceci est d’autant plus important que le niveau actuel du réchauffement climatiquedonne déjà lieu à des atteintes aux droits humains.

Nous exigerons que les politiques, mesures et actions relatives au climat adoptéespar les gouvernements respectent, protègent et mettent en œuvre les droitshumains , notamment le droit des personnes à être pleinement informées et à avoirla possibilité de véritablement participer aux prises de décisions concernant le climat.Nous demanderons aussi que les entreprises honorent leurs responsabilités enmatière de respect des droits humains tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement.
Nous nous opposerons à toute mesure de lutte contre lechangement climatique ou de soutien à l’adaptation qui serait prise au détriment desdroits humains ainsi qu’aux mesures qui augmenteraient les inégalités et provoqueraient appauvrissement, faim, dépossession et exclusion économique,sociale et politique.

Nous accentuerons notre travail de pression sur les pays et les entreprises les plusresponsables du changement climatique et disposant du plus de ressources.
Nousdemandons instamment que tous les pays fixent et fassent respecter des objectifsde réduction des émissions basés sur une évaluation scientifique et compatibles avecla protection des droits humains. Nous demanderons que ces objectifs soient atteintsdans les délais fixés, ou avant. Nous nous opposerons à toute tentative visant àtransférer la charge et la responsabilité de procéder à des changements depuis lespays fortement émetteurs vers les pays ayant moins de ressources et des émissionshistoriquement plus basses ; ainsi qu’à tout transfert depuis des groupes privilégiéset des entreprises vers des groupes moins privilégiés. Nous obligerons ceux qui sontles plus responsables de la crise à reconnaître leurs actions et à prendre des mesuresen conséquence.

Nous exhorterons les pays qui disposent du plus de ressources et qui sont les plusresponsables du dérèglement climatique à fournir aux pays du Sud les moyensfinanciers et technologiques nécessaires pour faciliter la mise en œuvre de leursmesures ambitieuses en faveur de l’atténuation du changement climatique et de l’adaptation à ses effets. Nous demandons également que ces États donnentégalement des moyens adaptés – y compris sous forme de compensation – auxpopulations et aux particuliers affectés pour leur permettre de faire face aux perteset dommages causés par la crise climatique, en consultation avec ces personnes etdans le respect de leurs coutumes et de leurs droits individuels et collectifs. Nousencouragerons la transparence et l’utilisation adéquate de ces ressources et nousopposerons à ce que ce soutien se traduise par de nouvelles dettes et chargesfinancières.

Nous nous élèverons constamment contre la mainmise des entreprises sur lespolitiques et les institutions et exigerons que les industries destructrices du climatet leurs soutiens financiers assument leurs responsabilités.

Nous demanderons une transition juste, équitable et inclusive menant à l’abandon des combustibles fossiles et conduisant vers une agriculture durable et une énergierenouvelable qui, plutôt que de les exclure, renforcent le pouvoir d’action despeuples autochtones, des travailleurs et travailleuses, des personnes œuvrant dansles secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche et des populations locales .Nous demanderons que des mesures soient prises pour que toutes les personnesaient accès aux ressources, aux formations, aux savoirs et aux emplois dignesnécessaires pour une transition menée par la population vers une sociétédécarbonée et résiliente.

Nous œuvrerons en faveur de la protection, du respect et de l’accomplissement desdroits des peuples autochtones, y compris leurs droits à leurs terres et territoiresancestraux.
Nous chercherons à obtenir la protection, la reconnaissance et lapromotion des savoirs locaux et traditionnels qui se sont révélés efficaces etappropriés pour faire face à la crise climatique et à rendre possible la transition et larésilience dont nous avons un besoin urgent au sein de nos systèmes alimentaires,toujours avec le consentement et au bénéfice des peuples autochtones.

Nous demanderons un accès véritable à la justice pour les personnes et les populations dont les droits sont touchés par la crise climatique ou l’absence

d’action climatique – ceci inclut les personnes confrontées à des dommages induitspar le climat et celles dont les droits sont menacés par des déplacements en lien avecle climat. Nous œuvrerons pour qu’elles aient accès à la justice et à de véritablesvoies de recours et que les responsables de dommages climatiques soient tenus derendre des comptes. Nous utiliserons de manière proactive les instances et lesinstruments juridiques existant aux niveaux national, régional et international pourfaire en sorte que les droits humains et les obligations dans ce domaine soienteffectivement respectés pour promouvoir la justice climatique.

Nous soutiendrons toutes les personnes qui défendent les droits humains liés à l’environnement, en particulier celles qui protègent individuellement oucollectivement leur territoire, leur accès à la terre, leurs moyens de subsistance et l’environnement et celles qui font campagne pour défendre les populations et laplanète contre les activités destructrices et le dérèglement climatique.
Nousexigerons un environnement sûr et favorable au sein duquel toutes les personnes quidéfendent les droits humains, en particulier les personnes qui sont confrontées à desinégalités et des formes de discrimination multiples et convergentes, soientréellement protégées et puissent défendre et promouvoir les droits humains sanscraindre de sanctions, de représailles ou de tentatives d’intimidation.