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Note sur la situation actuelle dans la commune d’Inates-Tillabéri, Niger, août 2019

Countries
Niger
Sources
UNHCR
Publication date

I. Contexte

La commune d’Inates tout comme ses voisins sahéliens du Mali et du Burkina Faso, fait face à des attaques récurrentes des GANE venant de part et d’autres des trois frontières.
A noter que la situation sécuritaire qui prévaut dans la commune d’Inates est étroitement liée au contexte sécuritaire actuel dans le Sahel, particulièrement dans la partie nord malienne (commune de Ménaka, Tin Hama, Andraboukane), en passant par les zones des trois frontières du Liptako Gourma.
Selon les sources communautaires, les groupes armés non étatiques qui opèrent dans ces zones utilisent cette partie du triangle Niger-Mali-Burkina du fait de la présence de deux réserves (la réserve partielle de faune d'Ansongo-Ménaka à la frontière avec le Mali et la réserve Sylvo-Pastorale partielle de faune du Sahel) comme lieu de cachette et de zone de repli (cf carte ci-dessous).
La bonne connaissance du terrain par les GANE aide à leur mobilité mais la proximité de la commune d’Inates avec ces deux (2) zones boisées ne facilite pas le travail des FDS dans la lutte contre le terrorisme ainsi que les opérations militaires.
Ce contexte d’insécurité a réduit considérablement voire totalement les échanges commerciaux et les mouvements de transhumance dans certaines localités frontalières. Ceci est en partie dû aux incidents sécuritaires et aux exactions des GANE en activité dans cette zone du sahel.
Comme illustré sur la carte, ces localités, sujettes aux incursions des GANE, sont très affectées actuellement par l’insécurité dans le Sahel avec un impact sur la libre circulation des personnes et des biens selon les points focaux communautaires.
Toutefois, les opérations militaires se poursuivent et exercent une forte pression sur les GANE, les obligeant à chercher de nouvelles localités propices pour leur implantation et leurs activités. Les frontières étant poreuses, pas totalement couvertes par les opérations militaires, les GANE ont profité pour renforcer leur stratégie d’ancrage communautaire.
Jusque-là épargné par les mouvements de départ, le chef-lieu de la commune d’Inates qui accueille les PDI depuis mars 2018, a connu une pression sécuritaire considérable en raison de la recrudescence des incidents sécuritaires et la descente des GANE venant du nord Mali et du sahel. Ce qui a eu comme conséquences une forte mobilisation des FDS ainsi qu’une multiplication des opérations militaires dans la commune d’Inates. Les incidents sécuritaires ayant eu lieu dans la commune d’Inates au cours des trois (3) derniers mois ont complètement changé les conditions de vie des populations civiles qui y vivent.
Avec l’arrivée des PDI à Inates, les acteurs humanitaires ont apporté plusieurs assistances telles que: la réhabilitation et/ou construction des infrastructures sociales de base (Santé, WASH, écoles, NFI/abris etc.), les réponses de protection et d’autres assistances humanitaires en biens alimentaires et non alimentaires.
Ces actions ont permis aux populations déplacées et aux populations hôtes d’améliorer leurs conditions de vie à travers l’accès à l’eau potable, aux soins de santé notamment grâce à l’appui du CSI d’Inates en médicaments de la part de l’Etat et plusieurs autres réponses multisectorielles. Ce qui a favorisé la mise en confiance des populations face à une situation sécuritaire qui se dégradait de jour en jour dans cette zone.
Selon les communautés hôtes d’Inates actuellement déplacées à Ayorou, il existait une bonne cohabitation entre elles et les militaires ce qui a permis l’assouplissement des mesures de l’état d’urgence par les militaires au profit des populations vivant à Inates.
Au début du mois de Février 2019, les points focaux et les informateurs clés de la commune d’Inates ont rapporté régulièrement des informations faisant état de la reconstitution des anciens groupes armés non étatiques et l’apparition des nouveaux GANE dans la zone. Par la suite, ont succédé celles faisant état des rencontres entre les groupes armés non étatiques et certains chefs de tribu ou de campement en vue d’éventuels accords de « non-agression » en échange de taxe sur le bétail. Les personnes interviewées mentionnent que la situation sécuritaire a commencé à prendre des tournures inquiétantes lorsque les groupes armés non étatiques ont voulu forcer plusieurs familles à enrôler les bras valides (hommes et jeunes garçons) comme combattants. Suite à plusieurs refus des leaders communautaires, s’en sont suivi des menaces, des enlèvements et assassinats entrainant les mouvements de populations vers Ayorou et Tillabéri.