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Dynamique transfrontalière et services de santé dans la région du Nil occidental, Ouganda

Countries
Uganda
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Sources
SSHAP
Publication date

Depuis le début de la flambée épidémique d’Ébola en République démocratique du Congo (RDC) en août 2018, un épisode unique d’Ébola a été signalé en Ouganda. Il s’agit d’une famille qui se rendait dans la zone de zanté de Mabalako, dans la province du NordKivu, en RDC, en provenance de l’Ouganda, pour assister aux obsèques de leur grand-père le 1er juin 2019 (qui a été confirmé comme ayant contracté le virus Ébola le 2 juin). Ils ont retraversé la frontière, en provenance de RDC, pour se rendre dans le district de Kasese le 10 juin, en passant par le poste frontière de Bwera et ont reçu des soins médicaux à l’hôpital Kagando. Le petit-fils âgé de cinq ans présentait des symptômes et, soupçonné d’avoir contracté le virus Ébola, a été transféré à l’Unité de Traitement d’Ébola (UTE) de Bwera. L’Institut de recherche sur les virus de l’Ouganda (UVRI) a confirmé qu’il était atteint du virus Ébola le 11 juin, ainsi que deux autres membres de la famille, sa grand-mère, âgée de 50 ans, et son frère de 3 ans qui ont également été admis à l’UTE de Bwera. Ils sont décédés tous les trois. À la date du 26 juin, 108 contacts exposés avaient été identifiés et étaient surveillés quotidiennement. Aucun nouveau cas ou décès n’ayant été signalé, l’Ouganda a terminé avec succès sa période de suivi de 21 jours le 3 juillet 2019.

Le 30 juin 2019, un cas (une mère de cinq enfants infectée par le virus Ébola, dont deux étaient déjà décédés) a été confirmé au sein de la zone de santé d’Ariwara, dans la province de l’Ituri, ayant voyagé par voie terrestre en provenance de Beni (à 460 km au sud d’Ariwara). Il s’agit du premier cas confirmé dans cette zone de santé. Au moment de la rédaction de la présente note stratégique (5 juillet 2019), 177 contacts familiaux avaient été identifiés, et 40 d’entre eux avaient déjà été vaccinés. La ville d’Ariwara est située à moins de 10 km de la frontière avec Arua, en Ouganda, et accueille un grand marché hebdomadaire qui représente un carrefour important pour les commerçants locaux originaires de la région du Nil occidental, de RDC et du Soudan du Sud. 2 La mise en œuvre d’activités de préparation a rapidement été intensifiée au sein des zones frontalières d’Arua, de Maracha et de Yumbe. Le groupe spécial du district d’Arua s’est mobilisé le 2 juillet et le ministère ougandais de la Santé a déployé l’équipe de riposte nationale pour qu’elle procède à une évaluation des besoins. Une équipe de vaccination originaire de Kasese a également été déployée au sein du district d’Arua le 3 juillet pour vacciner les membres du personnel de santé de première ligne.

Dans le contexte du travail de préparation réalisé en Ouganda en rapport avec la flambée épidémique d’Ébola survenue en RDC, cette note stratégique résume les considérations clés inhérentes à la dynamique transfrontalière, aux structures de santé et aux comportements au sein de la sous-région du Nil occidental du nord-ouest de l’Ouganda. Elle est fondée sur la note stratégique de la SSHAP « Ouganda-RDC : dynamique transfrontalière » (publiée en décembre 2018).4 Suite au cas identifié à Ariwara, l’équipe de recherche a contacté plusieurs intervenants clés à Arua qui avaient participé à des études précédentes et ont confirmé que, de manière générale, les communautés locales étaient davantage préoccupées (percevaient un risque plus élevé) par ce cas déclaré à Kasese en raison de sa proximité géographique avec la région du Nil occidental, et du fait que les mouvements transfrontaliers (par exemple, vers le marché d’Ariwara) constituent un élément essentiel de la vie quotidienne.

Cette note stratégique a été élaborée par Elizabeth Storer (the London School of Economics and Political Science) et Georgina Pearson (St George’s, University of London), avec l’assistance d’Ingrid Gercama, Theresa Jones et Juliet Bedford (Anthrologica). Elle est basée sur des recherches ethnographiques à long terme sur des questions relatives à la santé et la guérison menées au sein des districts ougandais d’Adjumani, d’Arua, de Maracha et de Moyo entre 2009 et 2018. Des expériences sur le terrain précédentes ont été actualisées avec une étude de la littérature grise récemment publiée, de discussions informelles ayant eu lieu avec des collègues basés à Kampala, Arua, Adjumani et Moyo ainsi qu’une évaluation rapide réalisée dans la ville d’Arua (mars 2019) et d’un suivi plus approfondi réalisé en juillet 2019. Des informations complémentaires ont été fournies par le Dr. David Kaawa-Mafigiri (Université de Makéréré, détaché auprès de l’UNICEF en Ouganda). Avant sa finalisation, elle a été examinée par des conseillers experts d’Anthrologica, de l’Université de Durham, de la Gulu University, de l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, de l’Université de Makéréré, et du bureau régional de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe. La responsabilité inhérente à cette note stratégique revient à la Plateforme Social Science in Humanitarian Action (SSHAP).