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Ogossagou, un village malien au cœur de la violence

Countries
Mali
Sources
ICRC
Publication date
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Le 23 mars 2019, à Ogossagou, petit village au centre du Mali, le temps semble s’être figé sur une vision d’apocalypse.

Une poussière rougeâtre soufflée par le vent recouvre tout : cases et greniers incendiés, bâtisses criblées d'impacts de balles, voitures calcinées, cadavres d'ânes. Les puits pollués avec des carcasses d'animaux sont inutilisables. Les troupeaux ont été emportés.

Les familles ne se remettent pas encore du choc de ce massacre qui vient s'ajouter à une série récente d'événements très violents entre éleveurs et agriculteurs de la région.

Selon les autorités, plus de 160 personnes auraient péri dans une attaque perpétrée par des hommes armés.

Sadio Kelly, dix-sept ans, rescapée, témoigne : « Nous n'avons pas eu le temps de fuir. Ceux qui ont essayé se sont fait tirer dessus. Ils ont jeté beaucoup de personnes dans le puits. »

La population essaie de se relever mais les conditions de vie sont précaires.

La Croix-Rouge malienne est rapidement intervenue pour évacuer les 74 blessés – dont 43 dans un état grave – depuis Bankass, ville la plus proche située à une vingtaine de kilomètres du village d'Ogossagou, vers l'hôpital de Mopti. Quelques rescapés y sont soignés.

Afin de répondre aux besoins urgents, une assistance alimentaire a ensuite été remise à l'ensemble des habitants du village d'Ogossagou dès le 31 mars, soit plus de 1500 personnes, aussi bien dogons que peuls, par la Croix-Rouge malienne et le CICR.

Les blessures, invisibles, tapies au fond des cœurs et des souvenirs, risquent de s'enraciner pour longtemps. Le CICR a dépêché une psychologue à l'hôpital de Mopti pour aider les blessés hospitalisés et les patients les plus affectés à mettre des mots sur leur détresse.

Insaf Mustafa, psychologue : « Quand on parle d'événement traumatique de ce genre, les douleurs ne sont pas uniquement physiques. Les dégâts sont également psychologiques. Le trauma ne s'exprime pas seulement par des pleurs ou de la tristesse mais aussi par des symptômes physiques, des maux de tête, des difficultés à trouver le sommeil ou une perte d'appétit. »

La population restée au village vit dans l'angoisse d'une nouvelle attaque. Cette angoisse est d'autant plus forte qu'elle est seule à occuper les esprits : les gens n'ont plus accès à leurs champs et ont perdu tous leurs moyens de subsistance.

Le drame qu'a vécu le village d'Ogossagou est extrêmement préoccupant et vient souligner la dégradation sécuritaire et l'exacerbation des tensions intercommunautaires au centre du Mali, alors que le Nord du pays demeure extrêmement volatile.