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L’Assemblée générale adopte 4 résolutions sur l’assistance humanitaire après les records battus en 2017 en termes de besoins humanitaires et de financement

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AG/12106

Assemblée générale Plénière
Soixante-treizième session, 53e séance plénière – matin

En 2017, 135,7 millions de personnes dans le monde avaient besoin d’une assistance qui a nécessité un montant record de 23,5 milliards de dollars, et la tendance risque de se poursuivre. C’est consciente de cette réalité que l’Assemblée générale a adopté aujourd’hui quatre résolutions sur l’assistance humanitaire, à l’issue d’un débat auquel ont participé 27 délégations, dont le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).

Vingt-sept ans après l’adoption de la résolution sur « le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire », nous sommes obligés de reconnaître qu’il y a de plus en plus de personnes affectées par les conflits, les violences ou les catastrophes naturelles, a souligné le Vice-Président de l’Assemblée générale, M. KORNELIOS KORNELIOU. Cette année, la résolution a, une nouvelle fois, été adoptée sans vote, mais après le rejet des amendements présentés par les États-Unis en opposition à la mention du droit à la santé sexuelle et reproductive. Nous n’appuyons pas le droit à l’avortement, se sont-ils expliqués. En présentant le texte dont le libellé sur le droit international humanitaire a été renforcé, la Suède a ajouté que les dispositions sur la violence sexuelle et la violence fondée sur le sexe ont également été renforcées. La résolution place fermement les victimes et les survivants de ces formes de violence au centre de la réponse humanitaire et dit clairement que leurs auteurs doivent être poursuivis en justice.

La Suède a aussi fait état d’un « pas majeur » dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et le risque de famine, la résolution condamnant fermement le fait d’affamer les civils comme tactique de guerre. Le texte met en outre l’accent sur l’interdépendance entre les différentes formes d’assistance humanitaire, de même que sur l’importance du lien entre efforts humanitaires à court terme, investissement à long terme dans le développement durable et responsabilité commune de construire, de consolider et de maintenir la paix.

C’est aussi le cas de la résolution sur la « coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles », qui a également été adoptée sans vote, après le rejet d’un amendement des États-Unis pour les mêmes raisons. L’Égypte a expliqué que le texte reconnaît la corrélation « évidente » entre réponse d’urgence, reconstruction et développement et réaffirme que pour garantir une transition souple de la phase de secours à celle de la reconstruction et du développement, les secours d’urgence doivent être fournis de façon à appuyer la relève à court et moyen termes. Le texte met l’accent sur la nécessité de redoubler d’efforts pour la résilience des communautés et insiste sur les mesures précoces de réduction et d’atténuation des conséquences des catastrophes naturelles. Il encourage l’engagement soutenu du secteur privé et la mobilisation d’un appui financier prévisible et pluriannuel.

La résolution relative sur la « sûreté et sécurité du personnel humanitaire et protection du personnel des Nations Unies » a dû passer par un vote séparé, à la demande du Soudan, qui s’opposait aux références au Statut de Rome de la Cour pénale internationale. En présentant le texte, l’Autriche a rappelé que les agents humanitaires sont de plus en plus pris pour cible: l’année dernière, au moins 139 d’entre eux ont été tués. La résolution met en exergue la diversité des menaces auxquelles ils sont exposés dans un environnement qui globalement se détériore et demande une réaction collective forte. Elle salue aussi les améliorations apportées par les Nations Unies à la protection de leurs 180 000 agents humanitaires, ce qui est « une tâche herculéenne ».

Enfin, l’Assemblée générale a adopté sans vote, sans amendement ni vote séparé, la résolution sur la « Commission des Casques blancs et la participation de volontaires aux opérations de secours humanitaires et aux activités de relèvement et de coopération technique pour le développement entreprises par les organismes des Nations Unies ». L’Argentine a indiqué que le texte souligne que les Casques blancs forment un corps de volontaires exclusivement civils, dont les activités sont fondées sur la coopération, la solidarité et la participation des communautés. Il contient aussi de nouveaux éléments puisque d’autres accords multilatéraux ont été signés depuis lors, dont le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030. Le texte, a encore dit l’Argentine, demande aux secteurs public et privé, aux organisations de la société civile, aux universités, aux établissements scientifiques et aux instituts de recherche de conjuguer davantage leurs efforts et de créer des occasions de collaborer. L’Argentine a souligné, en concluant, que 2019 marquera le vingt-cinquième anniversaire de la reconnaissance des Casques blancs.

Par ailleurs, l’Assemblée générale a pris note de la nomination de la République islamique d’Iran au Comité des conférences pour un mandat du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2021.* L’élection des membres de la Commission de la consolidation de la paix a été reportée au vendredi 21 décembre.

L’Assemblée reprendra ses travaux le lundi 17 décembre à 10 heures pour examiner les recommandations de sa Troisième Commission chargées des questions sociales, humanitaires et culturelles.

* A/73/107

RENFORCEMENT DE LA COORDINATION DE L’AIDE HUMANITAIRE ET DES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE FOURNIS PAR LES ORGANISMES DES NATIONS UNIES, Y COMPRIS L’ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE

Pour l’examen de cette question, l’Assemblée générale était saisie des rapports du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies (A/73/78); sur l’assistance au peuple palestinien (A/73/84); sur le Fonds central pour les interventions d’urgence (A/73/170); et sur la coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase de secours à celle de l’aide au développement (A/73/343).

Déclaration liminaire

Le Vice-Président de l’Assemblée générale, M. KORNELIOS KORNELIOU, a souligné que chaque année, depuis l’adoption de la première résolution sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire il y a 27 ans, nous sommes obligés de reconnaître qu’il y a de plus en plus de personnes affectées par les conflits, la violence ou les catastrophes naturelles, et qui nécessitent une assistance humanitaire. Ce moment n’est pas une exception: à la fin 2017, un autre record a été vu avec 135,7 millions de personnes nécessitant une assistance humanitaire.

« Nous sommes tous responsable de veiller à ce que les personnes affectées par les conflits, la violence et les catastrophes naturelles soient assistées et protégées », a prévenu le Vice-Président. En 2017, les financements nécessaires se sont élevés au nombre record de 23,5 milliards de dollars. « Nous sommes tous responsables de veiller à ce que les financements soient mis à la disposition des agences de l’ONU et autres organisations humanitaires. »

À la fin de l’année 2017, a poursuivi le Vice-Président, 68,5 millions de personnes étaient déplacées de force, fuyant les persécutions, les conflits ou une violence généralisée. Alors que le bon sens nous dicte d’aider ces personnes piégées, blessées ou tout simplement malades, nous savons tous que tout n’a pas été fait. Les civils sont toujours la cible d’attaques, en violation flagrante du droit international humanitaire. Les hôpitaux sont toujours bombardés et l’assistance humanitaire est toujours entravée, a-t-il martelé, et c’est « inacceptable ». Non seulement c’est « inacceptable » mais prendre pour cible les infrastructures médicales et le personnel humanitaire et entraver une assistance qui pourrait sauver des vies sont également une violation du droit international humanitaire. « Nous sommes responsables de veiller à ce que ce droit soit respecté. »

Notre rôle ne s’arrête pas à la fourniture de l’assistance, a ajouté le Vice-Président. Nous devons aussi travailler à la prévention des conflits, à l’amélioration de la médiation dans les conflits en cours et à l’atténuation des conséquences tragiques des catastrophes naturelles, en améliorant la préparation. Nous devons aussi travailler aux causes profondes des conflits et des catastrophes naturelles, la pauvreté, le manque de respect des droits de l’homme et la mauvaise gouvernance. Nous devons également prévenir les effets des changements climatiques sur les conflits et les catastrophes naturelles.

Nous ne saurons prétendre que « tout va bien » alors que la réalité nous dit autre chose, a souligné le Vice-Président, en ajoutant que le système international multilatéral nous pousse à agir de concert. Nous ne sommes pas là pour inventer la roue, a-t-il conclu, mais pour rechercher des solutions à long terme car l’Assemblée générale, ce « parlement de l’humanité », peut changer les choses.

Présentation des projets de résolution

S’agissant du texte sur la « coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase de secours à celle de l’aide au développement » (A/73/L.18/Rev.1), M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a, au nom du Groupe des 77 et la Chine, indiqué que le texte réaffirme l’importance de cette coopération, conformément à la résolution 46/182, tout en reconnaissant que la responsabilité première de l’initiation, l’organisation, la coordination et la mise en œuvre de l’assistance humanitaire incombe d’abord et avant aux autorités nationales. La résolution, a poursuivi le représentant, reconnaît la corrélation « évidente » entre réponse d’urgence, reconstruction et développement et réaffirme que pour garantir une transition souple de la phase de secours à celle de la reconstruction et du développement, les secours d’urgence doivent être fournis de façon à appuyer la relève à court et moyen termes. Le texte met l’accent sur la nécessité de redoubler d’efforts pour la résilience des communautés et insiste sur les mesures précoces de réduction et d’atténuation des conséquences des catastrophes naturelles. Il encourage l’engagement soutenu du secteur privé et la mobilisation d’un appui financier prévisible et pluriannuel.

M. JAN KICKERT (Autriche) a présenté le texte sur « la sûreté et la sécurité du personnel et la protection du personnel des Nations Unies » (A/73/L.51), et a souligné que les agents humanitaires sont de plus en plus pris pour cible: l’année dernière, au moins 139 d’entre eux ont été tués. La communauté internationale a donc une obligation à leur égard et une responsabilité collective de les protéger et de demander des comptes à ceux qui les mettent en danger. La résolution met en exergue la diversité des menaces auxquelles les agents humanitaires sont exposés dans un environnement qui globalement se détériore. Elle demande une réaction collective forte et attire l’attention sur la vulnérabilité du personnel recruté localement. Le texte exprime une préoccupation face à l’augmentation du nombre des attaques d’ordre sexuel contre les femmes mais aussi les hommes. Il salue les améliorations apportées par les Nations Unies à la protection de leurs 180 000 agents humanitaires, ce qui est « une tâche herculéenne ». Il faut se souvenir, a conclu le représentant, qu’une action humanitaire efficace est impossible si les agents ne peuvent faire leur travail. Il est donc de notre devoir de tout faire pour les aider et améliorer leur sûreté et leur sécurité.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a ensuite présenté la résolution intitulée « Commission des Casques blancs: participation de volontaires aux opérations de secours humanitaires et aux activités de relèvement et de coopération technique pour le développement entreprises par les organismes des Nations Unies », (A/73/L.53). Le représentant a indiqué que le texte souligne que les Casques blancs forment un corps de volontaires exclusivement civils, dont les activités sont fondées sur la coopération, la solidarité et la participation des communautés. Il contient aussi de nouveaux éléments par rapport à celui de la soixante-dixième session puisque d’autres accords multilatéraux ont été signés depuis lors, dont le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030. Le texte, a encore dit le représentant, demande aux secteurs public et privé, aux organisations de la société civile, aux universités, aux établissements scientifiques et aux instituts de recherche de conjuguer davantage leurs efforts et de créer des occasions de collaborer. Les entreprises doivent intégrer le risque de catastrophe dans leurs pratiques de gestion, ajoute le texte. Alors que 2019 marquera le vingt-cinquième anniversaire de la reconnaissance des Casques blancs, le représentant a appelé les États à appuyer fermement la résolution.

Enfin, Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède) a présenté la résolution omnibus sur « le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies » (A/73/L.61), expliquant que cette année, le libellé sur le droit international humanitaire a été renforcé, incluant entre autres la sûreté et la sécurité du personnel médical et l’accès à la santé dans les conflits armés, soit des questions « fondamentales ». Les dispositions sur la violence sexuelle et la violence fondée sur le sexe ont également été renforcées. La résolution place fermement les victimes et les survivants de ces formes de violence au centre de la réponse humanitaire et dit clairement que leurs auteurs doivent être poursuivis en justice. La représentante a ensuite fait état d’un « pas majeur » dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et le risque de famine, faisant écho à la résolution 2417 (2018) du Conseil de sécurité. Désormais, la résolution condamne fermement le fait d’affamer les civils comme méthode de guerre, comme une violation du droit international humanitaire. Le texte met en outre l’accent sur l’interdépendance entre les différentes formes d’assistance humanitaire, de même que sur l’importance du lien entre efforts humanitaires à court terme, investissement à long terme dans le développement durable et responsabilité commune de construire, de consolider et de maintenir la paix. Un large appui à la résolution sera la preuve de la nature véritable de la solidarité humanitaire, a conclu la représentante.

Débat

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme JO-PHIE TANG (Singapour) a souligné que sa région fait face en ce moment à des crises et à des catastrophes induites par l’homme d’une grande complexité. L’impact de ces catastrophes a inversé la tendance vers la réalisation de la « Communauté de l’ASEAN 2025 » et du Programme de développement durable à l’horizon 2030. En conséquence, la région a élaboré la Vision 2025 sur la gestion des catastrophes et adopté la Déclaration « Une ASEAN, une réponse ». Au cœur de tous ces efforts figure le Centre de coordination de l'aide humanitaire de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est pour la gestion des catastrophes (AHA). Au-delà de l’ASEAN, le travail se fait étroitement avec les Partenaires du Dialogue dans la région Asie-Pacifique. La réduction des risques de catastrophes et la gestion de ces catastrophes est aussi un élément central du partenariat global de l’ASEAN avec les Nations Unies. Les choses devraient d’ailleurs aller plus loin avec le Plan de coopération stratégique ONU-ASEAN pour la gestion des catastrophes et la collaboration resserrée entre le Secrétaire général de l’ASEAN et le Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies. L’ASEAN ambitionne de devenir un leader mondial de la gestion des catastrophes d’ici 2020, formulant l’espoir que les efforts nationaux et régionaux continueront à compléter ceux du système des Nations Unies.

M. KIM ELING, délégué de l’Union européenne, a estimé que les tâches à accomplir ne s’arrêtent pas à connaître le nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire, le montant des financements requis et celui des sommes versées, car les facteurs sous-jacents qui alimentent les besoins humanitaires ne disparaissent ni ne s’atténuent. Si la communauté internationale veut vraiment empêcher les situations d’urgence, elle n’a pas d’autre choix que de reconnaître que la majorité des crises sont le fait de l’homme. En 2019, s’est expliqué le représentant, les conflits devraient rester les principaux moteurs des besoins humanitaires et les violences continueront à affecter négativement les indicateurs du développement humain, dont les niveaux de pauvreté, de malnutrition, d’accès aux services essentiels et aux droits sociaux. Hormis le coût humanitaire élevé de la violence, les conflits poussent les gens hors de chez eux et le nombre des déplacés dépasse désormais les 68,5 millions de personnes. Les conflits minent aussi la sécurité alimentaire et créent de graves difficultés d’accès pour les agents humanitaires. Si la faim est utilisée comme tactique de guerre, alors on parle d’une grave violation du droit humanitaire international. Nous voyons en effet des violations constantes de ce droit par les parties aux conflits, a rappelé le représentant. Les hôpitaux sont attaqués, les patients, les médecins, les infirmières et les agents humanitaires, ciblés voire tués. Les civils sont piégés dans des sièges meurtriers et les parties au conflit n’ont souvent que faire de la protection des populations civiles. Les conséquences des conflits sont donc plus que « dévastatrices »: les plus vulnérables sont frappés et frappés durement, et restent à la merci des belligérants.

L’Union européenne, a assuré le représentant, poursuivra ses efforts en 2019, en cherchant à mieux anticiper les besoins, par l’amélioration des mécanismes de financement. L’Union européenne compte insister sur la lutte contre l’impunité et estime que des enquêtes approfondies, impartiales et effectives sont indispensables, y compris en dernier ressort, la saisine de la Cour pénale internationale (CPI). Nous devons apprendre du passé et mettre en place des réponses plus durables, a encouragé le représentant. Opérationnaliser le nexus humanitaire-développement et tenir compte de la dimension « paix », dans le plein respect des différents mandats, peut contribuer à réduire à long terme les vulnérabilités et les besoins. L’aide humanitaire n’étant pas la panacée, le représentant a exhorté la communauté internationale à travailler à des solutions politiques pour mettre fin aux conflits, seule manière de stopper les souffrances humaines.

Également au nom de la Suède, M. TANMAYA LAL (Inde) a voulu corriger les lacunes de l’assistance humanitaire. Il a d’abord appelé à une coordination renforcée et à la complémentarité entre les divers acteurs humanitaires pour favoriser par exemple la participation des acteurs locaux. Il a recommandé une approche focalisée sur les victimes qui doivent pouvoir dire de quels biens et services elles ont besoin. Il a appelé à davantage d’efforts dans l’évaluation multisectorielle des besoins et à la mise en place de bases de données fiables pour améliorer l’efficacité, la redevabilité et la transparence de l’action humanitaire. Le représentant a également pointé l’écart persistant entre le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF), auquel son pays et la Suède contribuent depuis longtemps, et les besoins humanitaires réels. Il a donc appelé les États à accroître leurs contributions. Il a insisté sur les financements « non assignés » pour que l’argent puisse être utilisé par les agences humanitaires de la façon la plus souple et efficace possible, en fonction des besoins réels. Pour l’Inde et la Suède, l’accès et la protection des agents humanitaires demeurent des sujets de préoccupation qui exigent une attention particulière. Il est tout aussi important que ces agents adhèrent strictement à la politique de tolérance zéro à l’exploitation et aux abus sexuels.

Mme YANISA CHUCHOTTHAVORN (Thaïlande) a, à son tour, pointé le fossé entre les besoins et les financements. C’est la raison pour laquelle, a-t-elle dit, la Thaïlande verse depuis 2012 un don annuel de 20 000 dollars au CERF. Le Royaume alloue aussi chaque année un million de dollars au budget de l’assistance humanitaire qui peut être utilisé en toute souplesse. La Thaïlande a aussi mis en place un Comité de coordination pour fournir une assistance aux pays concernés, sous la forme de dons en nature ou d’argent, sans oublier le déploiement d’équipes de secours et d’équipes médicales. La Thaïlande est aussi un membre à part entière de tous les efforts déployés par l’ASEAN.

M. TALAL S. S. S. ALFASSAM (Koweït) a fait part des efforts de son pays au niveau régional. Le Koweït a consacré 10% de son aide publique au développement (APD) à l’assistance des pays touchés par les catastrophes. Il a répondu aux appels de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNWRA) et versé la somme de 50 millions de dollars pour combler son déficit. Le représentant n’a pas oublié de remercier les « soldats » que sont les agents humanitaires des Nations Unies.

Mme ANAT FISHER-TSIN (Israël), s’est enorgueillie du fait que MASHAV, l’Agence israélienne de la coopération au développement international, ait les moyens d’organiser et de déployer rapidement des fournitures humanitaires et une assistance médicale quel que soit l’endroit et le moment où une catastrophe frappe: l’assistance humanitaire au Guatemala, l’installation de 40 générateurs en Papouasie-Nouvelle-Guinée, 10 unités de purificateurs d’eau au Cameroun, des unités ultramodernes de traumatologie en Guinée et au Togo. « Former les formateurs », tel est le slogan de MASHAV depuis des décennies. Israël envoie des équipes de secours et de recherche dans le monde entier après les catastrophes naturelles et le mois dernier, l’équipe du milieu urbain a réussi le test « très difficile » du Groupe consultatif international de la recherche et du sauvetage (INSARAG).

M. SAUD HAMAD GHANEM HAMAD ALSHAMSI (Émirats arabes unis), a souligné la nécessité de mettre en place des marqueurs plus forts pour veiller à ce que les besoins des gens soient satisfaits et a estimé que le marqueur « sexe-âge » introduit par le Comité permanent interorganisations est un pas dans la bonne direction. Appelant à l’introduction d’un marqueur « handicap », le représentant a aussi jugé important que la réponse humanitaire se concentre davantage sur le développement de l’enfant comme partie intégrante du nexus humanitaire-développement.

M. AGUSTÍN SANTOS MARAVER (Espagne) a appelé à la participation pleine et entière des femmes dans les réponses d’urgence et à la prise en compte de la diversité des populations dans le besoin. Il a aussi insisté sur l’obligation de protéger les agents, avant de relever que la dégradation du climat vient s’ajouter aux conflits comme cause des situations d’urgence. Le représentant a donc défendu l’Accord de Paris car il est plus nécessaire que jamais de tirer parti des synergies ente cet Accord et le Programme 2030.

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a plaidé pour une action humanitaire adaptée au genre afin d’habiliter les femmes et les filles à agir comme moteurs de changement et de veiller à ce qu’elles aient une voix et une représentation égales dans la prise de décisions sur les enjeux qui les touchent. Il a salué l’inclusion d’un nouveau libellé sur la prévention de l’exploitation et de la violence sexuelle dans les résolutions humanitaires présentées cette année. Le Canada, a dit le représentant, dirigera l’Appel à l’action pour la protection contre la violence sexiste dans les situations d’urgence. Il a ensuite salué les mesures prises par la communauté internationale pour lutter contre les déplacements forcés et a dit attendre avec impatience l’adoption du Pacte mondial sur les réfugiés. Il a estimé que le tout premier Forum mondial sur les réfugiés qui aura lieu en décembre 2019 sera un moment crucial pour démontrer la mise en œuvre efficace du Pacte.

Le représentant a ensuite estimé qu’il faut intensifier les efforts visant à garantir que l’aide humanitaire atteigne les personnes qui en ont le plus besoin. Nous devons, a-t-il encouragé, constamment nous opposer aux obstacles à l’accès et aux attaques contre les civils, les établissements de santé et le personnel médical et humanitaire, autant d’actions qui empêchent l’offre d’une aide et contreviennent au droit humanitaire international. Le représentant a conclu en se félicitant que la résolution omnibus comporte un paragraphe sur les maladies non transmissibles mais s’est inquiété des tentatives de réviser et de supprimer le libellé qui favorise la sécurité des populations touchées par des crises. La santé sexuelle et génésique et les droits connexes, a-t-il martelé, sont « indissociables » de l’égalité entre les sexes, de l’autonomisation économique des femmes et des filles, de la réduction de la pauvreté et du développement durable.

Mme LUO JIN (Chine) a insisté sur le fait que l’assistance humanitaire doit respecter les principes d’humanité, de neutralité et d’impartialité; et la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays concernés. Cette assistance, a-t-elle ajouté, doit se garder de s’ingérer dans les affaires intérieures des États et de politiser les questions humanitaires. Les pays récipiendaires de l’assistance doivent pouvoir jouer un rôle de chef de file dans le lancement et la coordination des activités humanitaires. La solution « fondamentale » aux crises humanitaires, a-t-elle poursuivi, réside dans la promotion du développement et de la paix. Elle a aussi insisté sur la nécessité d’aider les pays en développement à mieux répondre aux catastrophes naturelles, grâce à une assistance technique et financière. La représentante a conclu en faisant état de l’aide apportée par son pays aux pays en difficultés, dont une somme de 600 millions de yuan pour la Syrie, la Jordanie et le Liban et une autre d’un milliard pour l’Afrique.

M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse) a insisté sur trois points fondamentaux et d’abord que l’aide humanitaire doit, en toutes circonstances et dans tous les contextes, être fournie conformément aux principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance. Dans un deuxième temps, il a souligné que le droit international humanitaire représente le cadre légal universellement accepté pour la protection de toutes les victimes dans les conflits armés et la fourniture de l’assistance humanitaire. Il est primordial qu’il soit respecté par toutes les parties et en toutes circonstances, y compris dans les contextes ou des groupes désignés comme étant terroristes sont présents, ainsi que dans la préparation et la mise en œuvre des mesures antiterroristes, a-t-il encore martelé. Enfin, dans un troisième temps, il a expliqué que le phénome de déplacement forcé dû aux catastrophes naturelles, aux changements climatiques ou aux conflits armés requiert une étroite coordination entre acteurs de l’aide humanitaire et du développement, mais aussi ceux de la promotion de la paix et des droits de l’homme. Il nous faut développer des approches qui englobent la prévention, la protection et la résilience, a-t-il insisté. Les personnes déplacées sont trop souvent les « laissées pour compte ». Le représentant a conclu en déplorant que les textes présentés aujourd’hui soient « encore en-deçà » de ce que la situation humanitaire globale exige, notamment concernant l’accès humanitaire et la protection.

Mme DILYARA RAVILOVA-BOROVIK (Fédération de Russie) a indiqué qu’en 2018, le volume du financement russe pour les agences humanitaires a dépassé les 80 millions de dollars. Il faut, a-t-elle pressé, diversifier le « club » des donateurs, notamment en obtenant l’adhésion des « nombreux pays arabes » et en renforçant la coopération avec la Banque mondiale. Pour la Fédération de Russie, la formule de la transition de l’aide humanitaire au développement reste valable « malgré l’opposition de certains », car elle garantit une bonne répartition des tâches et la sécurité de l’espace humanitaire. La Fédération de Russie s’oppose en revanche au « nexus » avec la paix et les droits de l’homme car cela risque de créer une confusion « contreproductive ». Il n’y a « pas » d’accord sur ce « nexus », a-t-elle martelé, appelant au respect des principes humanitaires et à leur caractère inviolable. Il est « inacceptable », s’est emportée la représentante, d’utiliser les urgences humanitaires comme levier pour servir des intérêts politiques. De même, l’aide humanitaire ne saurait être conditionnée aux processus politiques internes car c’est injuste pour les personnes dans le besoin. Nous devons surmonter nos divergences car il s’agit d’apporter de l’aide à ceux qui en ont besoin, a conclu la représentante.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN, (El Salvador) a salué les résolutions présentées aujourd’hui et a insisté pour que les dispositions pertinentes soient appliquées conformément au Cadre de Sendai et aux objectifs de développement durable. Il a mis en garde contre le fait qu’en 2019, il y a 80% de chance qu’El Salvador et toute la région d’Amérique centrale soient à nouveau frappés par le phénomène El Niño, ce qui risque de générer des urgences humanitaires, des déplacements, une insécurité alimentaire et des mouvements migratoires. Il a attiré l’attention sur le paragraphe 69 du dispositif de la résolution soumise par le Groupe des 77 et la Chine ainsi que sur la résolution adoptée à la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières sur la « réponse globale aux effets du phénomène El Niño ». Il a d’ailleurs regretté que la résolution omnibus présentée aujourd’hui ne fasse aucune mention de ce phénomène.

Le représentant a en revanche appuyé la référence aux conséquences des urgences humanitaires sur les migrants et vivement appuyé le nouveau Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, disant attendre avec impatience l’adoption du Pacte mondial sur les réfugiés. Il a enfin félicité le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) pour le lancement du Panorama humanitaire mondial 2019 et pour les données et tendances humanitaires mondiales en 2018 qu’il a qualifiées de « complètes et basées sur des preuves ».

M. PATRICK HAUGHEY (Irlande) s’est dit particulièrement préoccupé par le conflit au Yémen et a appelé les parties prenantes à coopérer pour parvenir à une solution politique, à respecter le droit international humanitaire et à assurer l’accès sans restriction des convois humanitaires ainsi que la libre circulation des produits commerciaux. Le représentant s’est également dit préoccupé par le sort réservé aux agents humanitaires. Il est de la responsabilité des États, a-t-il martelé, de veiller à ce que tout violateur du droit international humanitaire soit traduit en justice. Face à tous ces défis, a-t-il estimé, la communauté internationale doit aider les pays en conflit à s’acheminer vers la réconciliation et pour prévenir les conflits, elle doit s’attaquer à leurs causes sous-jacentes comme les changements climatiques, la faim, la pauvreté et les inégalités. L’Irlande s’est engagée à augmenter d’ici 2030 son aide publique au développement (APD) à 0.7% de son PIB. L’Irlande s’est aussi engagée à faire en sorte que ses financements humanitaires soient de moins en moins liés et de plus en plus pluriannuels pour permettre aux partenaires de planifier les opérations efficacement et d’affecter les fonds là où l’on en a le plus besoin.

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a souligné que son pays s’est porté coauteur de toutes les résolutions présentées aujourd’hui. Cinq années d’un conflit dû à l’agression russe ont en effet conduit à une crise humanitaire prolongée et complexe dans l’est du pays. Selon les Nations Unies, a affirmé le représentant, quelque 3,5 millions d’Ukrainiens vulnérables affectés par l’intervention russe auront besoin d’une aide et d’une protection d’urgence l’année prochaine. Plus d’1,5 million d’Ukrainiens sont déjà enregistrés comme personnes déplacées, soit 4% de la population totale du pays. Le représentant a donc qualifié d’essentielle la cessation des hostilités pour permettre une réponse humanitaire efficace, et la protection des civils et du personnel humanitaire. Il a fait part des efforts du gouvernement en ce sens et remercié tous les partenaires de son pays. Concluant par l’agression russe dans la mer d’Azov, il a indiqué que l’Ukraine a intensifié le développement économique et social de sa partie et apprécierait hautement un appui international pour résoudre cette question.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a rappelé l’annonce faite en 2016 par son Premier Ministre sur un train de mesures de 2,8 milliards de dollars environ entre 2016 et 2018 en faveur des réfugiés, des migrants et des communautés d’accueil. « Je suis heureux de vous annoncer que notre contribution a d’ores et déjà dépassé ce montant initial », s’est-il enorgueilli. Une utilisation « efficace » de l’aide est cruciale, a-t-il souligné, en prônant une approche conjuguant efforts humanitaires, de développement et de paix, et en espérant davantage d’exemples de bonnes pratiques sur le terrain. Notant que les catastrophes naturelles peuvent exacerber les crises dans les conflits, le délégué a salué l’inclusion, dans certaines des résolutions présentées aujourd’hui, du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030. M. Kawamura a insisté sur la nécessité d’intégrer cette perspective dans la fourniture de l’aide humanitaire. Il a par ailleurs annoncé que son pays accueillera en août prochain à Yokohama, la septième « Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD VII) ». Nous appelons la communauté internationale à mieux aider l’Afrique à réduire ses vulnérabilités et à renforcer sa résilience, a conclu le délégué.

Mme HANNE MELFALD (Norvège) a souligné quatre points et d’abord que les crises humanitaires sont de plus en plus définies par des crises de protection et d’accès. La communauté internationale doit condamner sans équivoque les attaques contre les infrastructures scolaires et médicales et assumer sa responsabilité de protéger les enfants dans les conflits armés. Il faut aussi protéger la sécurité et les droits de la femme et de l’enfant, comme partie intégrante de la réponse humanitaire. Nous devons promouvoir la participation des femmes et des organisations féminines et renforcer les efforts contre la violence sexuelle et fondée sur le sexe. Il faut également, a poursuivi la représentante, réduire les déplacements forcés. Les stratégies sur cette question doivent être la principale préoccupation de l’ONU en 2019 et au-delà. Pour conclure, la représentante a demandé que l’on continue de travailler à l’efficacité de l’assistance humanitaire et à mettre la personne au centre de toutes les réponses. Au début de l’année, a-t-elle rappelé, la Norvège a présenté sa nouvelle Stratégie humanitaire qui sera la base de sa politique humanitaire et de son appui financier dans les années à venir. La Stratégie prévoit des engagements financiers et pluriannuels plus souples pour veiller à une réponse humanitaire prévisible, prête à s’adapter à la situation et rentable.

Comme nation du Pacifique, la Nouvelle-Zélande, a dit M. CRAIG J. HAWKE, est bien consciente de la menace posée par les changements climatiques. C’est pourquoi elle reste la championne de l’Accord de Paris. Mon pays, a poursuivi le représentant, se félicite aussi que les résolutions présentées aujourd’hui parlent de la santé sexuelle et génésique et regrette que certains États aient cherché, durant les négociations, à compromettre la santé, le bien-être et les droits fondamentaux des femmes, en militant pour le retrait des dispositions pertinentes. Sans santé sexuelle et génésique, il n’y aura ni égalité entre les sexes, ni autonomisation de la femme, a martelé le représentant qui s’est aussi félicité que la résolution omnibus parle de l’implication des personnes handicapées dans les processus de prise de décisions. Il a mis l’accent sur le rôle des femmes et des jeunes handicapés et la nécessité de multiplier leurs chances d’exercer un leadership et de prendre des décisions.

M. AMMAR AWAD (République arabe syrienne) a souligné l’engagement des autorités de son pays en faveur de l’assistance humanitaire à tous ceux qui en ont besoin, dans le respect de la Charte, de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale, et en toute neutralité, impartialité et indépendance. Il a donc regretté que certains États et même le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) contribuent à une politisation de la question, confondant processus politique et action humanitaire et n’hésitant pas à s’ingérer dans les affaires intérieures des États. Il a dénoncé les justifications « immorales » des auteurs de certaines résolutions, notamment en ce qui concerne l’occupation israélienne. La violence et la pauvreté ne sont pas les seuls facteurs des crises humanitaires, a-t-il insisté, exhortant à prendre en considération d’autres facteurs encore, comme le terrorisme, qui est une des causes principales des souffrances de la population civile syrienne.

Il a appelé l’Assemblée générale à dénoncer Daech et le Front el-Nosra, principaux bénéficiaires du « prétendu » Mécanisme de coordination de l’action humanitaire dans son pays. Le représentant a aussi fustigé les sanctions coercitives unilatérales dont les conséquences socioéconomiques sont scrupuleusement consignées dans les rapports pertinents du Secrétaire général et étudiées régulièrement par le Rapporteur spécial sur les mesures unilatérales coercitives. Ces mesures ont des conséquences catastrophiques sur des centaines de milliers de Syriens et ont conduit un grand nombre d’entre eux à quitter le pays, a-t-il souligné.

Mme COURTNEY NEMROFF (États-Unis) s’est dit fière que son pays soit le principal argentier de l’assistance humanitaire. En 2018, les États-Unis ont fourni plus 8 milliards de dollars pour les crises dans le monde, a dit la représentante, qui s’est félicitée que d’autres donateurs aient augmenté leurs contributions, dans ce qui sera une année record pour le financement de l’assistance humanitaire. Insistant sur le nexus « humanitaire-développement, processus politique-sécurité », elle a estimé que l’Assemblée générale peut envoyer un message « de préoccupation et de solidarité » aux gens courageux qui risquent leur vie tous les jours pour fournir l’assistance humanitaire à des millions de gens dans le monde. Ces dernières années, il y a eu trop de victimes parmi eux, a déploré la représentante, qui s’est félicitée de toutes les résolutions, tout en estimant que l’accès des femmes à la santé ne devrait pas inclure l’avortement ou la promotion de l’avortement comme méthode de planification familiale. Elle a donc attiré l’attention sur les amendements américains à toutes les quatre résolutions.

M. MD TOUFIQ-UR RAHMAN (Bangladesh) a insisté sur les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance de l’action humanitaire et a appelé à une meilleure cohérence et coordination accrue entre les États, les agences de l’ONU et les autres parties prenantes. Les politisations « inutiles » des questions humanitaires doivent être évitées. L’action humanitaire doit être prévisible, rapide et efficace. Attaché à son engagement politique en faveur des biens publics mondiaux, le Bangladesh, a indiqué le représentant, a décidé d’accroître sa contribution modeste au CERF. Il a à son tour insisté sur le nexus « humanitaire-développement », avant d’en venir à la crise des Rohingya. Le Bangladesh, a-t-il rappelé, accueille 1,1 million des personnes qui ont fui l’État rakhine au Myanmar. Nous faisons tout notre possible pour leur fournir une aide humanitaire mais cela ne suffit pas, a-t-il constaté, tout en reconnaissant l’appui des mécanismes internationaux et les exhortant à mieux partager le fardeau. Le représentant a aussi prévenu que toute allégation de violations du droit humanitaire international doit se fonder sur des preuves pour garantir la probité des procédures et en tant que pays vulnérable aux catastrophes climatiques, a-t-il conclu, le Bangladesh consent à des investissements importants pour la réduction et l’atténuation des risques.

Les violations du droit international humanitaire doivent cesser, s’est emporté M. OSCAR R. DE ROJAS, Ordre souverain de Malte. Il a rappelé que cette année, 700 professionnels de la santé ont été attaqués et que 230 centres de soins ont été détruits ou endommagés. Notre capacité à fournir une assistance « neutre, impartiale et apolitique » dépend « fondamentalement », a-t-il souligné, de la sûreté et de la sécurité de notre personnel et de ceux qui l’aident. Les attaques aveugles contre les hôpitaux, les écoles et l’assistance humanitaire sont profondément troublantes et tout simplement inacceptables. Il faut un accès rapide et sans restriction aux populations dans le besoin, a insisté le représentant, en se réjouissant que beaucoup d’États relayent cet appel. Il s’est aussi dit heureux du début d’un dialogue sur la manière dont les mesures antiterroristes peuvent parfois affecter négativement la fourniture de l’assistance humanitaire, par exemple en limitant l’accès à certaines zones ou groupes de personnes ou même en criminalisant les activités et personnels humanitaires et médicaux.

M. ROBERT MARDINI, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a attiré l’attention sur trois besoins humanitaires prioritaires pour les États: la sécurité et sûreté physique des civils, la prévention des disparitions forcées; et la reconnaissance que les conflits armés affectent la santé physique et mentale. Nous voulons un « élan multilatéral », a-t-il dit, en soulignant la dimension « multigénérationnelle » de ces trois points. À son tour, il a exhorté les États à traiter des obstacles à une action humanitaire « neutre, impartiale et indépendante », que sont les mesures antiterroristes et les sanctions. Les organisations humanitaires ne peuvent aider les gens efficacement si leur action risque d’être criminalisée ou compromise par des sanctions et des mesures antiterroristes. Ces mesures, a-t-il insisté, doivent être conformes au droit humanitaire international.

Mme LIANA GHUKASYAN, Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a attiré l’attention sur le rapport que vient de publier sa Fédération « Leaving no one behind in humanitarian response ». Elle a estimé que la communauté humanitaire internationale doit faire plus pour soutenir l’action locale et réfléchir à la manière de « localiser » davantage les partenariats, le renforcement des capacités institutionnelles, les financements et la coordination. Elle a aussi estimé qu’il faut investir davantage dans des lois et politiques climatiques « intelligentes » qui visent mieux les gens les plus vulnérables et les marginalisés. Il faut aussi, a-t-elle conclu, traiter du financement de l’action humanitaire, en particulier de l’alerte et de la réaction rapides. Tous les acteurs humanitaires doivent adopter une approche participative centrée sur les communautés car il est difficile de laisser les gens sur le côté quand on vit avec eux.

Examen et décisions sur les résolutions

Parlant de la résolution sur la « sûreté et sécurité du personnel humanitaire et protection du personnel des Nations Unies » (A/73/L.51), le représentant du Soudan a réclamé des votes séparés sur le paragraphe 29 du préambule et le paragraphe 7 du dispositif, qui tous deux mentionnent la Cour pénale internationale (CPI). Il a en effet souligné que la CPI n’est pas un organe des Nations Unies et rappelé que l’article 26 de la Convention de Vienne stipule que les traités ne sont pas contraignants pour les États qui n’en sont pas parties. Or, le Soudan n’est pas partie à la CPI et n’entend pas se faire imposer des obligations, à ce titre. Depuis 2003, la CPI a été un obstacle majeur à la paix au Darfour et le demeure. La Cour menace la paix et la sécurité dans cette région et d’ailleurs, dans toute l’Afrique et dans d’autres endroits du globe, sans parler des accusations de corruption et autres scandales liés à ses activités. C’est pour ces raisons que depuis le début, le Soudan s’oppose à la CPI.

Au nom de l’Union européenne, son homologue de l’Autriche, a regretté les amendements proposés pour les résolutions sur la « coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase des secours à celle de l’aide au développement » (A/73/L.18/rev.1) et sur le « renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies » (A/73/L.61). Il a fait valoir que les paragraphes 58 et 59 de cette dernière avaient été largement agréés au terme de négociations « délicates et transparentes ». La coopération internationale, a-t-il martelé, est indispensable dans le domaine humanitaire et requiert une « action responsable ». Miner le consensus sur de telles résolutions ne peut avoir que des conséquences négatives. Aussi les 28 États membres de l’Union européenne (UE) voteront-ils « non » aux amendements. Les paragraphes incriminés se lisent comme suit: « encourage les États Membres à veiller (…) à ce que les besoins humanitaires de base des populations concernées, notamment (…) les soins de santé, y compris en matière de sexualité et de procréation… » et « encourage également les États Membres à veiller (…) à ce que les femmes et les filles bénéficient, dès le début des situations d’urgence, de services de soins de santé de base, y compris d’un accès fiable et sans risque aux services de soins de santé sexuelle et procréative… ».

Par ailleurs, le représentant a regretté l’appel du Soudan à des votes séparés. La référence à la CPI existe depuis la première résolution qui a été adoptée en 1999. L’EU et ses États membres rappellent leur soutien à la CPI, outil important de la communauté internationale pour combattre l’impunité pour les crimes les plus graves. La création de la CPI a donné à des millions de victimes de ces crimes « atroces » un nouvel espoir de justice. Aussi les États membres de l’Union européenne (UE) voteront en faveur de ces paragraphes.

La représentante de la Suède s’est pleinement associée à la déclaration de l’Autriche et, en tant que principal auteur de la résolution, a souligné que la résolution omnibus a été adoptée sans problème pendant plus de 20 ans.

Au nom de l’Argentine, de l’Australie, de la Colombie, de l’Islande, du Liechtenstein, du Mexique, de la Nouvelle-Zélande, de la Suisse et de l’Uruguay, la représentante du Canada a aussi vivement regretté que cette résolution fasse l’objet d’une opposition. Un accès fiable et sûr aux services de santé reproductive est indispensable pour les femmes et les nouveau-nés, surtout dans les conditions fragiles des urgences humanitaires. Il est clair que l’accès à ces services est crucial d’autant que cette question a fait l’objet d’un consensus depuis de nombreuses années. Elle a demandé aux délégations de voter contre les amendements américains.

Elle a fait de même pour les votes demandés par le Soudan. La CPI, s’est-elle expliquée, juge des crimes de guerre et le paragraphe incriminé ne fait qu’appeler à la protection du personnel des Nations Unies et à la fin de l’impunité là où les tribunaux nationaux ne sont pas en mesure de le faire. Toute attaque contre les Casques bleus et le personnel humanitaire est « intolérable ».

L’amendement américain (A/73/L.64) au paragraphe 59 de la résolution sur la « coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase des secours à celle de l’aide au développement » A/73/L.18/Rev.1 se lit comme suit: … invite les donateurs et les autres pays fournisseurs d’aide, à prendre en considération les vulnérabilités et les capacités des femmes et des filles, en mettant en place des programmes soucieux de l’égalité des sexes, notamment des programmes en matière de santé sexuelle et procréative qui ne reposent pas sur l’avortement comme méthode de planification familiale… ». Il a été rejeté par 137 voix contre, 4 voix pour (Guatemala, États-Unis, Philippines, Soudan) et 6 abstentions (Burundi, Côte d’Ivoire, Fédération de Russie, Kazakhstan, Panama, Sénégal).

Les amendements américains (A/73/L.65) aux paragraphes 58 et 59 de la résolution sur « le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organisations des Nations Unies » (A/73/L.61) se lisent comme suit: « encourage les États Membres à veiller, …, à ce que les besoins humanitaires de base des populations concernées, notamment …, les soins de santé, y compris en matière de sexualité et de procréation, qui ne recouvrent pas l’avortement comme méthode de planification familiale, …, soient pris en compte dans l’action humanitaire, … » et « encourage également les États Membres à veiller,…, à ce que les femmes et les filles bénéficient, dès le début des situations d’urgence, de services de soins de santé de base, y compris d’un accès fiable et sans risque aux services de soins de santé sexuelle et procréative qui ne recouvrent pas l’avortement comme méthode de planification familiale… ». Ils ont été rejetés par 102 voix contre, 7 voix pour (Bélarus, Cameroun, États-Unis, Guatemala Iraq, Qatar, Soudan » et 27 abstentions.

L’Assemblée a ensuite adopté par 131 voix, 3 voix contre, Guatemala, États-Unis, Soudan) et 6 abstentions (Burundi, Fédération de Russie, Ghana, Panama, Sénégal, Togo) les deux paragraphes originaux qui se lisent comme suit: « encourage les États Membres à veiller, …, à ce que les besoins humanitaires de base des populations concernées, notamment… les soins de santé, y compris en matière de sexualité et de procréation, … » et « encourage également les États Membres à veiller, …, à ce que les femmes et les filles bénéficient, dès le début des situations d’urgence, de services de soins de santé de base, y compris d’un accès fiable et sans risque aux services de soins de santé sexuelle et procréative… »

L’Assemblée générale a ensuite adopté sans vote le texte sur la « sûreté et sécurité du personnel humanitaire et protection du personnel des Nations Unies » (A/73/L.51), après avoir maintenu par 93 voix pour, 13 voix contre et 26 abstentions l’alinéa 29 qui se lit « rappelant que les attaques délibérées contre le personnel participant à une mission d’aide humanitaire ou de maintien de la paix, …, sont considérées comme des crimes de guerre au regard du Statut de Rome de la Cour pénale internationale… ». Par 95 voix pour, 14 voix contre et 25 abstentions, elle a maintenu le paragraphe 7 du dispositif qui se lit: « engage également tous les États à envisager de devenir parties au Statut de Rome de la Cour pénale internationale.

La représentante des États-Unis a estimé que le libellé de la résolution n’établit pas clairement la différence entre partie et non partie au Statut de Rome et est donc contraire à la position américaine sur la Cour pénale internationale, comme l’a clarifiée la Maison Blanche le 10 septembre dernier. Les États-Unis, a-t-elle souligné, ont une objection de principe à toute allégation selon laquelle la compétence de la Cour prime sur celle des États non parties au Statut, y compris eux-mêmes et Israël, qu’il y ait ou non une saisine de la Cour et qu’il n’y ait ou non consentement de l’État concerné. Les États-Unis réitèrent leurs préoccupations « fondamentales » face à la proposition du Procureur de la CPI d’enquêter sur la conduite du personnel américain en Afghanistan. Nous espérons, a dit la représentante, que notre décision de ne pas adhérer au Statut de Rome et de ne pas placer nos citoyens sous la compétence de la Cour, sera respectée. Quant aux autres résolutions, elle a indiqué que pour les États-Unis, elles n’ont aucune nature contraignante et ne créent ni droit et ni obligations, en vertu du droit international. Elles n’obligent pas non plus les États à un engagement financier.

Les États-Unis rappellent aussi, a poursuivi la représentante, qu’ils ont décidé de se retirer de l’Accord de Paris et en conséquence, ils ne se sentent pas concernés par les références à ce texte dans les résolutions. Par ailleurs, les États-Unis ne sauraient appuyer un libellé qui compromet les incitations à l’innovation tels que les appels au transfert obligatoire de technologies. Les États-Unis font aussi valoir leur droit souverain au commerce, y compris celui d’imposer des restrictions. Ils soulignent également la responsabilité souveraine des États de gérer la migration conformément à leurs lois et à leurs politiques. Encore une fois, a conclu la représentante, les États-Unis soulignent que les résolutions adoptées aujourd’hui ne consacrent aucun droit à l’avortement car pour eux, l’avortement n’est pas une méthode de planification familiale. Leur aide internationale en matière de santé n’appuie pas l’avortement, a martelé la représentante en rappelant que dans d’autres instances, son pays a déjà émis des réserves aux références sur le Programme 2030, le Cadre d’action de Sendai et le nouvel Agenda pour les villes.

La représentante de l’Égypte a demandé à tous les États Membres de ne pas faire obstacle aux résolutions humanitaires.

Son homologue d’Israël a contesté l’ajout de nouveaux coauteurs, ce qui est contraire à la procédure.

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