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Urgence humanitaire de niveau 3 en R.D. Congo - Rapport de situation n° 1 – Janvier 2018 (en date du 31 janvier 2018)

Pays
RD Congo
Sources
OCHA
Date de publication

Ce rapport a été produit par OCHA RD-Congo en collaboration avec les partenaires dans l’ensemble des zones déclarées en L3. Il couvre la période du 1er au 31 janvier 2018. Les zones en L3 sont : (1) La Région du Kasaï : Province du Kasaï Central, Kasaï, Kasaï Oriental, Lomami, Sankuru et Kwilu; (2) La Province du Tanganyika, et les Territoires de Pweto (Province du Haut-Katanga) et de Malemba-Nkulu (Province du Haut-Lomami) ; (3) la Province du Sud-Kivu et le Territoire de Kabambare (Province du Maniema).

Faits saillants

• La situation reste extrêmement dynamique dans les trois zones L3, avec de multiples mouvements de population signalés, pour un total de près de 2,2 millions de déplacés internes et 1,8 millions de retournés.

• Dans le Haut-Katanga, 826 incidents de protection - tortures, tueries, vols des biens et extorsions- ont été rapportés par les acteurs de protection dans le seul Territoire de Pweto, du 1 janvier au 10 février 2018.

• Environ 339 000 personnes ont reçu une assistance au mois de janvier 2018, soit soit au total 1,14 million de personnes depuis la déclaration de crise L3 (le 20 octobre 2017).

• Le 31 janvier, une enveloppe de 22 millions USD a été a allouée par le Fonds central d’intervention d’urgence (CERF), sous la fenêtre « réponse rapide », afin de renforcer les capacités des acteurs humanitaires et l’assistance dans les zones L3.

• La Région du Kasaï demeure la moins couverte par l’assistance (par rapport aux besoins priorisés dans les plans operationnels L3), avec seulement 38,9 pour cent des personnes ciblées atteintes, contre 61,2 pour cent au Sud-Kivu- Kabambare, et 84,4 pour cent dans la zone de Tanganyika - Pweto - Malemba-Nkulu.

Aperçu de la situation

Région du Kasaï: Dans certaines zones de la Région du Kasaï, la recrudescence des conflits a entrainé des problématiques de protection ainsi que de nouveaux déplacements de population dont les chiffres sont en cours de vérification. Le 2 janvier dernier par exemple, dans la Province du Kasaï Central (Territoire de Kazumba), des affrontements entre les FARDC et les miliciens Kamuina Nsapu, auraient poussé plusieurs centaines de ménages de la localité Mbulongo (à 127 km de Kananga sur l’axe Tshikapa) à fuir vers la brousse. A la même date, dans la Province du Kasaï (Territoire de Kamonia), des populations de plusieurs localités situées à une vingtaine de kilomètres de Tshikapa (Mbawu, Mukwayi et Ntumba Mupoyi), se seraient également massivement déplacées vers la brousse suite à des opérations des FARDC contre les miliciens Bana Mura. D’autres déplacements ont été rapportés par des sources locales : le 29 janvier dans le Territoire de Mweka : 6 568 personnes auraient ainsi trouvé refuge dans des abris de fortune sur les axes Kakenge -Mweka, Kakenge – Bakwakenge et Kakenge – Momono.

Province du Tanganyika, Territoire de Pweto (Province du Haut-Katanga), et Territoire de Malemba-Nkulu (Province du Haut-Lomami ): Dans la Province du Haut-Katanga, plusieurs villages (Kabulembe, Kanzunzi et Lwantente) du Territoire de Pweto se seraient vidés de plus de 90 pour cent de leur population à partir du 14 janvier 2018, suite à des conflits intercommunautaires entre Batwa et Bantou – soit environ 8 652 personnes déplacées vers Lukonzolwa et Lwanza2. Entre le 1er janvier et le 10 février, 826 incidents de protection – tortures, tueries, vols des biens et extorsions- ont été répertoriés par les acteurs de protection dans le Territoire de Pweto, dont la plupart, dans la zone de Lukonzolwa. Parrallèlement des mouvements de retour des Congolais qui s’étaient réfugiés en Zambie depuis le mois d’octobre 2017 ont été signalés: 1 752 personnes seraient rentrées dans leurs 12 villages d’origine dans le Territoire de Pweto pendant la deuxième quizaine de janvier. Par ailleurs, dans la Province du Tanganyika (Territoire de Kongolo), près de 4 800 habitants des villages de Butondo et Mulunguyi auraient fui vers Makutano et Mbulula suite à l’attaque d’une position des FARDC par les Mayi Mayi APA NA PALE à Butundo. Dans le Territoire de Nyunzu, les violences liées aux incursions des milices (maisons incendiées, civils tués ou kidnappés) freinent l’élan de retour dans plusieurs villages. A Kalemie, 1 742 PDI ont été identifiés du 15 au 30 janvier dans le cadre d’un exercice de vérification et de collecte d’intentions de retour, dont un nombre important de ménages qui ont exprimé vouloir être relocalisés sur le site de Kalunga et une fraction souhaitant retourner dans leur zone d’origine. En raison de l’insécurité croissante, neuf acteurs humanitaires ont suspendu temporairement leurs activités dans les territoires de Nyunzu et Kalemie. Outre l’insécurité, les acteurs humanitaires font face à des contraintes administratives à l’accès, telle que la multiplicité des barrières payantes et péages des services étatiques.

Province du Sud-Kivu et Territoire de Kabambare (Province du Maniema): Dans le Territoire de Kabambare,15 000 personnes se seraient déplacées vers l’axe Misisi – Nyange (secteur Ngandja/Fizi) à partir du 10 janvier, suite à des opérations militaires lancées contre les Mayi-Mayi et leurs alliés Twa, dans la zone frontalière entre les provinces du Maniema, du Tanganyika et Sud Kivu. De même, le 29 janvier, 3 500 personnes auraient fui à Musochi et Mahembe suite à des affrontements à Kasanga. Dans la Province du Sud-Kivu (Territoire de Fizi), 100 000 personnes vivant dans 11 aires de santé sont affectées par les conflits, dans le contexte des opérations militaires lancées depuis le 21 janvier contre les Mayi-Mayi de la Coalition nationale pour la souveraineté du peuple congolais (CNPSC). Les violences ont également provoqué des déplacements internes, notamment 1 400 personnes à Uvira et Nemba, vivant dans des conditions précaires dans des écoles ou lieux de culte. En raison de l’insécurité, au moins deux ONG ont du suspendre leurs activités, réduisant l’accès humanitaire au Sud de Fizi mais ausssi vers Kabambare (Maniema). Entre le 24 et le 30 janvier, les violences auraient aussi poussé près de 7 000 congolais à traverser le Lac Tanganyika pour trouver refuge au Burundi. Parmi ces demandeurs d’asiles, 1 200 ont déjà été transférés par le Haut Commissariat pour les Réfugiés (UNHCR) vers trois sites de transit3. Au 30 janvier, un calme précaire était observé dans la presqu’île d’Ubwari, favorisant de timides mouvements de retour des déplacés internes dans certaines localités. Cependant, ces personnes se trouvaient dans une grande précarité car les habitations, structures sanitaires et écoles avaient été pillées ou détruites. La situation humanitaire demeurait tributaire du contexte instable dans la zone.

UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs: To learn more about OCHA's activities, please visit https://www.unocha.org/.