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Afrique : baisse spectaculaire du nombre de migrants traversant le Sahel vers l'Europe

Countries
Niger
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UN Radio
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D'après l'Agence des Nations Unies chargé des migrations (OIM), au 11 octobre 2017, 142.913 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la mer. Plus de 75 pourcent sont arrivés en Italie et le reste est réparti entre la Grèce, Chypre et l'Espagne. A la même date l'année dernière, ils étaient 318.791. D'après les chiffres officiels du Ministère italien de l'intérieur rapportés hier jeudi 12 octobre par l'OIM à Rome, 108.402 migrants sont arrivés par la mer cette année, soit presque 26 pourcent de moins que l'année dernière à la même période, lorsque 144.574 migrants étaient arrivés en Italie.

Au mois d'octobre de cette année, seuls 2989 migrants ont réussi à franchir les côtes italiennes dont les 1374 secourus depuis dimanche dernier. A la même période en octobre dernier, 27.384 migrants avaient débarqué sur les rives siciliennes. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) lie cette baisse considérable par les mesures prises par Tripoli et Niamey pour combattre la migration irrégulière.

En effet, le nombre de migrants transitant par le Niger pour rejoindre la Libye a considérablement chuté. Selon l'OIM, cette réduction n'est pas étrangère aux mesures « énergiques » prises par les autorités nigériennes pour arrêter les passeurs et pour fermer les « ghettos », ces lieux de transit où vivent les migrants. Le Niger a ainsi fermé trois des six maisons de transit dans la ville d'Agadez, où les migrants s'arrêtaient souvent avant de poursuivre leur voyage devant les mener à la traversée de la Méditerranée.

Selon Giuseppe Loprete, chef de la Mission de l'OIM au Niger, les migrants attendaient dans ces maisons de transit avant que les véhicules des passeurs les acheminent en Algérie ou en Libye. « De nombreux véhicules ont été récupérés par l'armée le long des routes migratoires. Les contrebandiers ont été arrêtés », a déclaré M. Loprete. « Tout ceci a créé un contexte – envoyé sur un message aux candidats au départ disant que le transit via Agadez n'est pas facile, n'est pas si facile que ça ».

Du coup, de moins en moins de migrants arrivent et restent à Agadez en raison des difficultés à trouver des passeurs pour les acheminer en Afrique du Nord. « L'an dernier, nous estimions à 5.000 à 7.000 migrants transitant hebdomadairement en Algérie ou en Libye », fait remarquer l'OIM qui souligne qu'« actuellement, les chiffres tournent autour de 5.500 migrants en transit par mois. « Donc, certainement moins de migrants », a ainsi déclaré le Chef de la Mission de l'OIM au Niger. Il faut juste rappeler que le Niger est non seulement un pays d'origine et de destination mais également un pays de transit pour les hommes, femmes et enfants victimes de traite et soumis au travail forcé. Le pays continue donc d'être un lieu central pour les activités de lutte contre la traite et contre le trafic illicite de migrants depuis l'Afrique de l'Ouest et à l'intérieur de la région.

Maintenant face aux durcissements de la lutte contre les migrants transitant par le Niger, les migrants cherchent des itinéraires alternatifs, « au moins tout aussi dangereux », met en garde l'OIM. Le Niger avait deux routes pour atteindre la Libye : une plus proche du Tchad qui servait à faire passer des migrants et une autre plus proche de la frontière algérienne qui était beaucoup plus dangereuse et utilisée par des groupes extrémistes mais aussi pour le trafic de la drogue et des armes à feu. Selon l'OIM, l'autre solution adoptée par les migrants est de traverser le Nord du Mali en proie pourtant à des conflits entre des groupes rivaux. Selon l'Agence des Nations Unies pour la migration, la route considérée comme la plus sûre par les migrants se trouverait le long de la côte ouest de l'Afrique, via le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc jusqu'au Détroit de Gibraltar où les flux migratoires auraient augmenté ces derniers mois.

(Interview : Giuseppe Loprete, Chef du Bureau de l'OIM au Niger ; Propos recueillis par Alpha Diallo)