Skip to main content

Rapport du Secrétaire général sur la situation dans le bassin du lac Tchad (S/2017/764)

Countries
Nigeria
+ 3 more
Sources
UN SC
Publication date
Origin
View original

I. Introduction

1. Le présent rapport est soumis en application de la résolution 2349 (2017) du 31 mars 2017, dans laquelle le Conseil a prié le Secrétaire général de lui présenter, dans un délai de cinq mois, un rapport écrit sur l’évaluation par l’Organisation des Nations Unies de la situation dans le bassin du lac Tchad. On y trouvera une présentation de la situation eu éga rd à certains éléments de la résolution, des progrès accomplis et des défis qui restent à relever, et des propositions de mesures à envisager.

II. Principaux faits nouveaux survenus dans le bassin du lac Tchad

A. Tendances et faits nouveaux en matière de sécurité

2. L’offensive militaire menée dans la région par la Force multinationale mixte et les armées nationales du Cameroun, du Niger, du Nigéria et du Tchad a permis d’accomplir des progrès remarquables dans la lutte contre Boko Haram. Après la reprise de la forêt de Sambisa en décembre 2016, un grand nombre de terroristes de Boko Haram, notamment le tristement célèbre commandant Abu Nazir, auraient été mis hors d’état de nuire à Jarawa, dans l’État de Borno (Nigéria). Plusieurs armes appartenant au groupe ont été saisies et les enfants que celui -ci avait enlevés pour en faire des soldats ont été libérés. Le 6 mai 2017, 82 des écolières qui avaient été enlevées par Boko Haram à Chibok en 2014 ont été libérées. Les autorités nigérianes ont récemment arrêté 126 personnes soupçonnées d’être des terroristes de Boko Haram qui auraient infiltré le camp de déplacés de Damboa dans le cadre d’un plan visant à attaquer la ville. Toutefois, la Force multinationale mixte conti nue de se heurter à des difficultés financières qui l’empêchent d’être pleinement opérationnelle, notamment dans les domaines de l’échange de renseignements et de la logistique, en particulier en matière d’évacuations sanitaires et de matériel.

3. Boko Haram fait cependant toujours peser une menace considérable sur les populations civiles au Nigéria, au Cameroun, au Niger et au Tchad. Entre avril et juin 2017, 246 attaques ont été recensées; elles ont fait 225 victimes civiles. Boko Haram a de plus en plus recours à des attentats-suicides, ce qui semble indiquer une diminution de ses capacités de combat. En juin, les 13 attentats-suicides recensés ont fait 67 morts parmi les civils; il s’agissait d’une nette augmentation par rapport au mois de mai, au cours duquel 10 attentats-suicides avaient fait 17 victimes civiles. Boko Haram a poursuivi ses attaques contre les positions militaires (30 en avril, 9 en mai et 12 en juin). Le groupe s’est également livré à des raids et des pillages et fait des incursions dans l es villages à la recherche de produits de base en prévision de la saison des pluies.

4. Pendant les célébrations de l’Eïd al-Fitr, en juin, Boko Haram a organisé de multiples attentats à Maiduguri (Nigéria) et dans les environs; un attentat commis le 7 juin a fait au moins 13 morts. Le 24 juillet, des personnes soupçonnées d’être membres de Boko Haram ont commis, dans deux camps de déplacés proches de Maiduguri, des attentats-suicides qui auraient fait au moins huit victimes. Le 25 juillet, plus de 50 personnes auraient été tuées lors d’une embuscade tendue par Boko Haram à une équipe de prospection pétrolière dans la région de Magumeri (État de Borno).

5. Au Cameroun, la faction de Boko Haram dirigée par Abu Musab al -Barnawi a poursuivi ses activités dans la région de l’Extrême-Nord; le nombre de victimes civiles résultant de ces attaques a plus que doublé entre mai (11) et juin (24). Le 2 juin, le groupe a annoncé son intention d’attaquer Kousséri pour libérer certains de ses dirigeants qui avaient été arrêtés. Les autorités locales ont alors transféré ces dirigeants à Maroua. Il est toujours extrêmement difficile de contrôler la circulation des personnes et des biens à la frontière entre le Nigéria et le Tchad. Les incursions armées et les multiples attentats-suicides de Boko Haram ont été commis dans des villages éloignés des zones où se déroulent les principales opérations militaires.

6. Au Niger, les activités de Boko Haram se sont concentrées dans la région de Diffa. Le 10 avril, Boko Haram a lancé une attaque majeure contre une base des forces de sécurité et de défense située près de Gueskerou; 57 membres de Boko Haram sont morts lors de cet assaut qui a fait 13 blessés parmi les soldats et les civils. Le 28 juin, deux personnes ont commis des attentats -suicides à la bombe dans le camp de Kabalewa, tuant deux personnes déplacées. Le 2 juillet, des éléments de Boko Haram ont attaqué Ngalewa; ils ont tué 9 civils et en ont kidnappé 37 autres, dont 24 femmes et 13 enfants.

7. Au Tchad, les attaques attribuées à Boko Haram et les opérations militaires menées dans le nord de la région ont entraîné le déplacement de près de 2 000 personnes qui ont fui leurs villages des environs de Tchoukoutalia après l’attaque commise le 5 mai à Kaiga Kindjiria. Dans le nord du Camerou n, les vagues récurrentes d’attentats-suicides dont les auteurs sont soupçonnés d’appartenir à Boko Haram ont alimenté l’inquiétude quant à la possibilité que le groupe monte vers le Nord et commette des attaques similaires à N’Djamena, en dépit des effect ifs supplémentaires déployés par le Gouvernement.

8. Du 27 juillet au 1er août, les membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine se sont rendus dans les pays du bassin du lac Tchad pour recueillir davantage de renseignements sur les opérations de la Force multinationale mixte, les conséquences de la crise et la situation humanitaire.