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De retour de la RDC et du Nigéria, la Vice-Secrétaire générale estime que les femmes, trop souvent « victimes », peuvent devenir des « solutions »

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Nigeria
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UN SC
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CS/12949
10 AOÛT 2017

De retour du Nigéria et de la République démocratique du Congo (RDC), où elle s’est rendue du 19 au 27 juillet dernier, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, a fait, ce matin au Conseil de sécurité, le compte rendu de la mission de solidarité conjointe ONU-Union africaine (UA), « la première » à spécifiquement porter sur les liens entre femmes, paix, sécurité et développement.

Figuraient à ses côtés lors de cette mission, la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka; la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles dans les conflits, Mme Zainab Hawa Bangura; et l’Envoyée spéciale de la Commission de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité, Mme Bineta Diop.

« Nous étions quatre Africaines, en déplacement dans deux pays, avec un objectif: promouvoir la paix au travers de l’égalité, de l’autonomisation et du bien-être des femmes », a déclaré Mme Mohammed, cette mission illustrant à ses yeux la volonté d’approfondir le partenariat entre l’ONU et l’UA à l’appui de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 « L'Afrique que nous voulons ».

Ce partenariat « émergeant » entre les deux organisations doit encore être renforcé, a plaidé l’Observateur permanent de l’UA, M.Téte António, qui a appelé à une « lecture créative » des dispositions du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies afin de permettre à l’Union et à ses mécanismes régionaux de jouer pleinement leur rôle de « composantes de la sécurité collective ».

Le Nigéria et la RDC, a rappelé la Vice-Secrétaire générale, ont en commun des taux « consternants » de participation des femmes à la vie politique, des conflits caractérisés par des niveaux extrêmement élevés de violence sexuelle et sexiste, et des crises humanitaires graves, dont les femmes et les enfants souffrent de manière disproportionnée.

Elle en a voulu pour preuve une « nouvelle tendance alarmante » signalée dans certains camps de personnes déplacées, où la nourriture se monnaie contre des faveurs sexuelles, ce qui justifie, pour la numéro deux de l’ONU, de confier à l’avenir la distribution de vivres aux femmes.

Tandis qu’en RDC, la violence sexuelle est « généralisée », dans le nord du Nigéria, les enlèvements, les mariages forcés et l’utilisation des femmes pour commettre des attentats-suicides ont de lourdes conséquences, a relevé Mme Mohammed, en faisant le récit des divers témoignages que sa délégation a recueillis. Lesquels révèlent que les femmes, trop souvent « victimes », veulent devenir des « solutions », sous réserve toutefois d’être pleinement associées aux processus de paix et de consolidation de la paix.

Conformément à la résolution pionnière 1325 (2000), les membres du Conseil ont unanimement plaidé aujourd’hui pour faire des femmes des instruments de paix.

Ainsi, les Congolaises de Goma, contraintes de réintégrer leur communauté d’origine après la fermeture d’un camp de personnes déplacées ne réclament pas davantage de « sécurité », mais un accès élargi au microcrédit pour financer leurs moyens de subsistance au niveau local.

Encore pour cela faut-il que les ressources nécessaires soient mises à disposition de l’ONU et de la communauté humanitaire pour y parvenir, a noté Mme Mohammed.

« Nous pouvons bien disserter sur les liens existant entre l’aspect humanitaire et le développement; sans les fonds nécessaires à ces deux piliers simultanément et un véritable investissement dans le relèvement précoce, nous ne pourrons pas garantir de paix durable ni prévenir des violences fondées sur le genre », a prévenu la Vice-Secrétaire générale de l’ONU.

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

Exposé

Mme AMINA MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a fait un compte rendu de la mission qu’elle a effectuée au Nigéria et en République démocratique du Congo (RDC) du 19 au 27 juillet dernier, « la première en son genre », puisqu’elle était centrée exclusivement sur la problématique des femmes, de la paix, de la sécurité et du développement.

« Nous étions quatre Africaines, en déplacement dans deux pays, avec un objectif: promouvoir la paix en promouvant l’égalité, l’autonomisation et le bien-être des femmes », a-t-elle déclaré. La mission a également permis d’approfondir le partenariat entre les deux organisations –l’ONU et l’Union africaine– dans la perspective de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 « L’Afrique que nous voulons ».

L’un et l’autre de ces deux pays ont des niveaux très faibles de participation des femmes à la vie politique et se heurtent à des conflits caractérisés par des niveaux extrêmement élevés de violence sexuelle et sexiste, a expliqué la numéro 2 de l’ONU.

« En RDC, la violence sexuelle est généralisée. Dans le nord du Nigéria, les enlèvements, les mariages forcés et l’utilisation des femmes pour commettre des attentats-suicides ont de lourdes conséquences et, dans les camps, l’exploitation sexuelle, y compris sous la forme de nourriture contre des faveurs sexuelles, est une nouvelle tendance alarmante, a relevé Mme Mohammed.

« Elle a également fait observer que le Nigéria et la RDC se heurtaient tous deux à de graves crises humanitaires. Au Nigéria, un conflit de huit ans dans le nord-est du pays a suscité un risque de famine et provoqué le déplacement de 1,9 million de personnes et elles sont 8,5 millions à dépendre désormais d’une assistance.

En RDC, sept millions de personnes ont besoin d’assistance et 3,8 millions sont déplacées: « Il s’agit de la population déplacée la plus nombreuse en Afrique et l’une des pires situations au monde », a précisé la Vice-Secrétaire générale.

À ces circonstances, s’ajoute un facteur aggravant, celui de l’insuffisance des ressources disponibles pour la communauté humanitaire dans ses efforts pour répondre à ces crises, malgré les engagements pris lors de la Conférence d’Oslo. Au-delà des besoins immédiats, des solutions politiques intégrées au niveau régional seront nécessaires dans la mesure où ces deux crises sont enracinées dans les conflits, la pauvreté et les défis politiques, a préconisé Mme Mohammed.

Au Nigéria, a-t-elle relaté, sa délégation a été émue et impressionnée par la résilience des filles de Chibok qui avaient été détenues par Boko Haram, ainsi que par ses entrevues avec des femmes confrontées à l’exploitation et aux abus dans les camps.

Elle a ensuite plaidé pour un soutien international renforcé pour aider les Gouvernements du Niger, du Cameroun, du Tchad et du Nigéria dans leurs efforts pour promouvoir la stabilité, notamment dans le cadre de la Force multinationale mixte. La Vice-Secrétaire générale s’est félicitée de constater que le Président par intérim du Nigéria avait établi une commission judiciaire chargée d’enquêter sur des allégations de violations des droits de l’homme par les forces de sécurité nigérianes et émettre des recommandations pour prévenir leur répétition.

La situation en RDC est complexe et fragile, marquée par des violences perpétrées à la fois par des acteurs étatiques et non étatiques, qui sont également responsables de trafic illicite de ressources naturelles et de tensions politiques. L’instabilité politique risque de s’approfondir sous peine d’une mise en œuvre intégrale de l’accord conclu le 31décembre 2016, a observé Mme Mohammed.

La Vice-Secrétaire générale a rappelé aux parties que l’ONU était prête à les soutenir à cet égard. Elle a salué ensuite les efforts du Gouvernement congolais, qui a nommé un représentant personnel du Président pour les violences sexuelles et le recrutement d’enfants, en vue, notamment, de prendre des mesures conformes aux radiations demandées dans les rapports du Secrétaire général sur les violences sexuelles dans les conflits.

La haut fonctionnaire a encore salué l’engagement pris par le Président Joseph Kabila pour rendre public un calendrier électoral et pour tenir des élections « exemptes de violences et dirigées par les Congolais eux-mêmes », mais dans le cadre desquelles les observateurs internationaux seront les « bienvenus ».

Évoquant l’avenir des femmes de Goma, alors que le camp de personnes déplacées qui s’y trouve vient d’être fermé, la Vice-Secrétaire générale a dit avoir été informée que l’ONU n’avait pas les moyens ou la capacité de passer d’une phase d’assistance humanitaire à une phase de soutien aux communautés de réinsertion.

« Nous pouvons bien philosopher sur les liens existant entre l’aspect humanitaire et le développement, sans les fonds nécessaires à ces deux piliers simultanément et un véritable investissement dans le relèvement précoce, nous ne pourrons pas garantir une paix durable ni prévenir des violences fondées sur le genre », a prévenu la Vice-Secrétaire générale de l’ONU.

Déclarations

M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a rappelé que la Mission de solidarité conjointe ONU-Union africaine s’était déroulée dans le contexte d’un forum des dirigeantes africaines en Afrique, qui s’est tenu à New York du 31 mai au 2 juin et avait permis de renforcer l’impression qu’il était possible d’avoir un impact positif sur les vies des populations les plus pauvres et les plus vulnérables, mais seulement si et quand l’Union africaine, les Nations Unies, les gouvernements, les organisations de la société civile, les femmes et les enfants mettaient leurs efforts en commun. Les difficultés en la matière sont trop complexes pour qu’une organisation puisse agir seule, a estimé M. António.

M. António a rappelé que l’Afrique représentait une région stratégique pour la stabilité du monde et un continent où les femmes et les jeunes jouent un rôle essentiel dans la promotion de la paix. Il a également mis en avant le rôle de la Commission de l’Union africaine comme partenaire clef des Nations Unies dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ainsi que de l’Agenda 2063 « L’Afrique que nous voulons ». De même, l’Union africaine est à l’avant-garde de la mise en œuvre du Cadre commun ONU-UA pour un partenariat renforcé en matière de la paix et de sécurité.

Pour l’Observateur permanent, la nature changeante des conflits a mis en lumière des défis particulièrement alarmants tels que l’aggravation de la situation humanitaire et une violence croissante de l’extrémisme, qui affectent particulièrement le bien-être des femmes et des filles.

Citant en exemple les violences au Kasaï, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ou encore dans le nord-est du Nigéria, où des groupes armés tels que Boko Haram utilisent de plus en plus des jeunes filles comme agents de la violence, il a jugé indispensable, pour contrecarrer cette tendance, de soutenir l’autonomisation sociale et économique des femmes afin d’éviter une marginalisation qui peut mener à l’exclusion et la radicalisation. Ce n’est donc pas un hasard si la mission conjointe s’est déroulée sur le thème de la « revitalisation de la participation et du leadership des femmes dans la paix, la sécurité et le développement », a expliqué M. António.

Les personnes consultées lors de la mission conjointe ont mis en avant le besoin de renforcer les actions de terrain en faveur de la paix, de la sécurité et du développement, d’autonomiser les femmes par une éducation de qualité et le renforcement des capacités en matière d’emploi, et de leur offrir les infrastructures nécessaires pour soutenir la réhabilitation physique et mentale dans les pays affectés par des conflits ou qui en sortent.

L’Union africaine continue ainsi d’appuyer la réinsertion des personnes déplacées et des survivantes de violences sexuelles, a poursuivi M. António. Dans le contexte de la Conférence d’Oslo sur les violences sexuelles au Nigéria et dans la région du lac Tchad tenue en février dernier, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a appelé la communauté internationale à fournir une aide qui serait proportionnelle aux besoins des personnes touchées et à décaisser rapidement les sommes promises.

Dans cet esprit, l’Union africaine se félicite de l’allocation par le nouveau fonds humanitaire des Nations Unies de 10,5 millions de dollars afin d’aider les personnes, -hommes, femmes et enfants– qui ont besoin d’une assistance humanitaire vitale, en relation avec le fonds humanitaire nigérian. L’Union africaine estime en outre que la communauté internationale devrait consentir davantage d’efforts humanitaires au profit des régions de la RDC affectées par des conflits.

M. António a également rappelé que la mission de solidarité conjointe ONU-UA avait mis en exergue des recommandations essentielles pour assurer une sécurité pérenne et le développement: le renforcement de l’autonomisation des réfugiés et déplacés, particulièrement les femmes et les enfants, la stabilisation des pays confrontés à des défis en matière de paix et sécurité, le renforcement des capacités d’accès des organisations humanitaires ou encore le renforcement de la participation effective des femmes et filles à la prévention des conflits, à la médiation et aux processus électoraux et de prise de décisions, afin d’en faire des agents de paix.

M. António a encore rappelé que la mission de solidarité conjointe avait pris place dans le cadre et l’esprit du « réseau des femmes dirigeantes africaines », lancé par la Commission de l’Union africaine en partenariat avec ONU-Femmes et l’Allemagne. Ce réseau, a-t-il expliqué, représente un point d’entrée pour le renforcement du partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine, ainsi qu’une contribution spécifique à la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000). Le plan d’action du Réseau renforce la nécessité de créer un fonds capable de mener des actions de terrain concrètes.

Le partenariat émergeant entre les Nations Unies et l’Union africaine dans le domaine de la paix et de la sécurité doit encore être renforcé, a encore affirmé M. António, qui a appelé à une « lecture créative » des dispositions du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies afin de permettre à l’Union africaine et à ses mécanismes régionaux de jouer pleinement leur rôle en tant que composantes de la sécurité collective.

Enfin, l’Union africaine reconnaît l’importance de facteurs souvent ignorés des conflits, tels que les violences fondées sur le genre et les inégalités entre hommes et femmes. Elle réaffirme son engagement en faveur de stratégies de prévention pour renforcer l’autonomisation des femmes et traiter ainsi une source d’instabilité pour le continent, a conclu M. António.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a regretté de constater que les souffrances se poursuivent dans les deux pays dont la situation est à l’ordre du jour du Conseil. Il s’est désolé d’apprendre que deux millions de personnes sont déplacées dans le bassin du lac Tchad, dont 80% en raison des conflits qui y sévissent.

Le représentant s’est également alarmé des informations en provenance de la République démocratique du Congo (RDC), en particulier des Kasaï, où des fosses communes ont été découvertes. Dénonçant le cycle d’instabilité qui alimente la violence et affaiblit l’état de droit, il a indiqué que la responsabilité première du règlement de ces situations revenait aux Gouvernements de ces deux pays. Ils doivent toutefois y parvenir dans le respect des droits de l’homme, a souligné M. Rycroft, en mettant fin aux violences sexuelles, y compris celles perpétrées par les forces gouvernementales ou les Casques bleus.

Pour sa part, le Royaume-Uni a fourni une aide d’un montant de 600 000 dollars pour répondre à la crise dans les Kasaï, ainsi qu’une formation aux forces gouvernementales congolaises. Mais, en fin de compte, des interventions comme celles-ci ne porteront leurs fruits que si des processus politiques et de paix leur sont associés, processus auxquels les femmes peuvent apporter une contribution significative.

« Il faut défendre leur pleine participation, pour qu’elles puissent ne plus être victimes, mais parties prenantes des solutions », a plaidé la délégation britannique en conclusion.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a estimé que le choix du Nigéria et de la République démocratique du Congo (RDC), « géants du continent africain », pour renforcer la participation et le leadership des femmes dans la paix, la sécurité et le développement était « à plus d’un égard » judicieux.

Il s’est dit convaincu que l’approche « femme paix et sécurité » est un élément déterminant des processus et mécanismes politiques et socioéconomiques de réponse aux crises, et surtout de résilience des États et communautés en question face aux menaces et défis divers.

Il a en outre estimé que la configuration de la mission, qui a associé le haut leadership féminin des Nations Unies à celui de l’Union africaine, « au-delà de la symbolique », apparaît comme un parfait modèle de coopération entre les Nations Unies et l’organisation continentale.

« Ce modèle d’action concertée constitue assurément un pas de plus dans la mise en œuvre de la résolution 2242 (2015) en ce que la visite a permis de mettre en lumière les situations de crises au niveau des pays visités sous l’angle particulier de la place et du rôle des femmes dans le devenir de leurs sociétés et pays, surtout en période de conflit », s’est félicité le représentant.

Ce dernier a aussi relevé « avec satisfaction » la volonté d’aligner et de mettre en cohérence les objectifs de développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union africaine, ainsi que son Architecture de paix et de sécurité (APSA).

M. SACHA LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a salué l’initiative de la Vice-Secrétaire générale, estimant que la Mission de solidarité conjointe pourrait servir d’exemple pour d’autres pays africains ou d’autres régions du monde. La Bolivie considère que les violences sexuelles dans les conflits représentent un des aspects les plus inhumains de ces conflits, qui affectent ensuite pendant toute leur vie les victimes et constituent en soi une menace à la paix et la sécurité internationales.

Il se félicite de la volonté manifestée par les Nations Unies pour appliquer les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité relatives à la participation des femmes à la paix et la sécurité, ou encore pour protéger les femmes des violences sexuelles dans les conflits armés. « Voilà 17 ans que nous soulignons au sein du Conseil de sécurité le lien fondamental entre égalité des sexes et paix internationale », a poursuivi le représentant.

Les violences dans les conflits armés affectent particulièrement les femmes, a rappelé le représentant, qui a cité les violences sexuelles utilisées comme armes de guerre mais aussi de financement de la guerre. Il faut donc lutter contre le blanchiment de l’argent issu de tels trafics dans des paradis fiscaux.

M. Llorenty Solíz a également rappelé que les victimes des violences sexuelles et sexistes étaient souvent victimes de stigmatisation sociale. Il faut donc que la communauté internationale appuie les initiatives nationales ou locales pour assurer leur réhabilitation et leur réintégration. La Bolivie appuie la stratégie proposée en la matière par le Secrétaire général.

La Bolivie souligne le renforcement de la coopération entre les Nations Unies, l’Union africaine et les autres organisations régionales africaines pour mettre en œuvre les programmes en faveur de l’autonomisation des femmes et de leur participation à la paix et à la sécurité. Sans les femmes comme actrices principales, il sera impossible d’avancer sur la voie du progrès social et de réaliser les objectifs de paix et de développement durable, a affirmé le représentant.

Depuis la promulgation de sa nouvelle Constitution en 2009, la Bolivie a pour sa part insisté sur l’autonomisation politique des femmes, a déclaré le délégué, qui a fait observer que la Bolivie était désormais le deuxième pays au monde ayant la plus forte représentation féminine au Parlement.

Dans le domaine économique, la réforme agraire a garanti le droit des femmes à la propriété foncière, a poursuivi le représentant. D’ailleurs, a-t-il ajouté, la Bolivie a proposé l’adoption au plan international d’un pacte pour garantir l’autonomisation politique des femmes par le biais de législations adéquates, leur participation égalitaire aux processus de paix et leur autonomisation socioéconomique par le biais d’un droit d’accès à la propriété foncière ou au crédit.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a encouragé le Conseil de sécurité à s’impliquer davantage pour comprendre la gravité des menaces auxquelles les femmes sont confrontées dans les situations de conflits, en particulier les violences sexuelles, qui sont récurrentes, comme l’illustre la situation récente dans les Kasaï, où 600 signalements de ce type de violence ont été faits auprès de l’ONU jusqu’à présent.

Évoquant le déplacement qu’elle a effectué récemment dans le bassin du lac Tchad, la représentante s’est dite émue des témoignages qu’elle a recueillis de la part de victimes qui se sont retrouvées aux mains d’acteurs étatiques et non étatiques.

Mme Sison s’est attardée sur l’insuffisance, voire l’absence de soins psychosociaux dispensés aux victimes, et sur les difficultés rencontrées par celles qui ont été relâchées par Boko Haram, le plus souvent stigmatisées dans leurs communautés d’origine.

Elle a espéré que cette réunion et l’exposé de la Vice-Secrétaire générale permettront de sensibiliser les membres du Conseil au sort des femmes dans les situations de conflit, un combat à l’avant-garde duquel les États-Unis continueront de se trouver, a assuré la représentante.

M. VASSILY ALEKSEEVICH NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit appuyer les efforts consentis par l’Union africaine et les organisations régionales et sous-régionales africaines pour régler les conflits en Afrique, car ce sont les mieux à même de le faire. C’est aussi pourquoi la Fédération de Russie appuie le partenariat Nations Unies-Union africaine. Elle considère comme très important de renforcer effectivement et concrètement le rôle des femmes dans les sociétés affectées par des conflits ou qui émergent de conflits.

La Fédération de Russie condamne fermement les violences sexuelles commises dans les conflits armés et appelle la communauté internationale à lutter contre cette « économie de l’ombre » qui consiste à pratiquer la traite des femmes ou des enfants pour financer les conflits.

Le représentant s’est également dit très inquiet des violences, y compris sexuelles, commises dans certaines zones de conflit, comme dans le nord-est du Nigéria ou dans les Kasaï, en République démocratique du Congo (RDC).

En même temps, le représentant a appelé à la prudence face aux tentatives par certains de rejeter l’ensemble de la responsabilité des atrocités commises sur les seules forces de l’ordre, notamment en République démocratique du Congo. La protection des femmes dans les conflits armés, y compris contre les violences sexuelles, incombe en premier lieu aux États concernés, a déclaré le représentant, qui a aussi rappelé les mesures prises par les autorités nationales des États concernés pour mieux protéger leurs populations.

La communauté internationale et les Nations Unies doivent contribuer au renforcement des capacités nationales des États concernés pour les aider à assumer leurs responsabilités, a conclu le représentant.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) s’est félicitée du partenariat renforcé entre l’Union africaine et l’ONU que la mission dirigée par l’Observateur permanent de l’UA, M. Téte António, et la Vice-Secrétaire générale, Mme Amina Mohammed, inaugure. Promouvoir la participation des femmes aux processus de paix et de sécurité est indispensable pour parvenir à une paix pérenne, a assuré le représentant, pour qui celles-ci sont le moteur de paix.

Il a rappelé que les femmes et les enfants sont les premières victimes des crises humanitaires graves qui sévissent au Nigéria et en République démocratique du Congo (RDC). Le délégué a espéré que le Gouvernement congolais mènera des enquêtes pour faire la lumière sur les violations graves des droits de l’homme perpétrées dans les Kasaï.

Pour sa délégation, le climat politique en cours en RDC est un facteur de crise, et plaide pour la mise en œuvre intégrale de l’accord conclu le 31 décembre dernier entre le Gouvernement congolais et l’opposition.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) s’est félicitée des efforts de la Vice-Secrétaire générale et de la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine pour mieux protéger et autonomiser les femmes et filles en Afrique. Elle a ensuite mis l’accent sur la vulnérabilité des femmes et filles dans les zones de conflit de la République démocratique du Congo (RDC) et du Nigéria.

Pour l’Éthiopie, il faut accorder une place accrue aux femmes et aux filles dans les programmes de paix et de développement pour tenir compte de leurs vulnérabilités et besoins spécifiques. C’est là qu’apparaît l’importance de la résolution 1325 (2000) et des résolutions subséquentes du Conseil de sécurité, a estimé la représentante.

La déléguée a également mis l’accent sur la nécessité d’une collaboration plus intense entre acteurs humanitaires et du développement pour venir en aide aux personnes vulnérables déplacées, notamment les femmes et les filles.

En les autonomisant davantage, on les rendrait moins dépendantes de l’assistance humanitaire, a rappelé la représentante, qui a conclu en réaffirmant l’engament de son pays en faveur du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a estimé que l’échec ou le succès des accords de paix dépendaient largement du degré d’engagement des femmes dans ces processus. « Avoir un siège à la table des négociations, façonner une feuille de route inclusive des problématiques de genre sont des conditions sine qua non », a-t-il dit.

Le représentant a également déclaré que la « nature profondément horrible » du phénomène des violences contre les femmes dans les situations de conflit armé rendait impératif pour la communauté internationale de s’impliquer davantage contre ce fléau.

Élaborer des politiques de prévention, garantir la lutte contre l’impunité, fournir un soutien adéquat et réinsérer les victimes doivent faire partie intégrante de tout effort destiné à résoudre un conflit, a-t-il affirmé.

Pour M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay), il est clair que l’Union africaine est un allié essentiel des Nations Unies en matière de paix et de sécurité. L’Uruguay apporte un appui sans faille à l’initiative de la Vice-Secrétaire générale, qu’il considère comme particulièrement utile pour mieux comprendre la situation des femmes et des filles dans les conflits armés. N’oublions pas que ces dernières jouent un rôle essentiel en faveur de la stabilisation et de la paix, a insisté le représentant.

Le délégué a ensuite rappelé le rôle du Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité mis en place par la résolution 2242 (2015) et coprésidé par l’Uruguay et la Suède. Le représentant a rappelé que le groupe d’experts avait tenu depuis sa création 12 séances, consacrées à la situation des femmes et des filles dans diverses régions du monde en conflit.

Concernant la situation au Nigéria, l’Uruguay constate avec une grande préoccupation l’utilisation des violences sexuelles comme arme de guerre et le recours croissant de femmes dans des attentats-suicides.

L’Uruguay a présenté des propositions pour agir dans différents domaines, tels que la coopération judiciaire transfrontière, la lutte contre la stigmatisation sociale des victimes et de leurs enfants, les soins génésiques ou encore l’éducation. Il faut considérer les survivantes des violences sexuelles comme des victimes du terrorisme, a poursuivi le représentant.

Il a rappelé que la Mission du Conseil de sécurité dans la région du lac Tchad en mars dernier avait été l’occasion d’entendre des témoignages particulièrement édifiants mais aussi de leurs frustrations, leurs rêves ou encore les initiatives prises. Les femmes, mêmes victimes, sont lucides et doivent pouvoir contribuer librement à la vie de leur pays, a ajouté le représentant.

À propos de la République démocratique du Congo (RDC), le représentant a rappelé que le Conseil de sécurité avait donné à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) un mandat pour assurer la participation des femmes au processus politique.

Il s’est félicité de la création par le Gouvernement d’un ministère de la femme et l’encourage à poursuivre ses efforts pour assurer une participation égale des femmes à la vie du pays, y compris dans le cadre du processus électoral.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a estimé que la Mission conjointe ONU-Union africaine avait été importante pour combler l’écart qui sépare la perception de la réalité, entre New York et l’Afrique, en ce qui concerne les femmes et la paix et la sécurité et le programme du Conseil de sécurité.

Il a constaté que la Mission avait permis de mettre en évidence le fait que l’inégalité entre les sexes et la discrimination à l’encontre des femmes figuraient parmi les causes sous-jacentes des conflits dans les deux pays. Il a également rappelé qu’au cours de leur visite dans la région du bassin du lac Tchad, au mois de mars dernier, les membres du Conseil avaient pu constater le rôle important joué par les femmes pour assurer la paix et la sécurité dans la région.

Le représentant a ensuite averti que les conflits ne feront que perdurer davantage, et la paix s’éloigner encore, si les pays de la région et la communauté internationale échouent à protéger les femmes et n’assurent pas leur participation aux efforts de consolidation de la paix.

En matière de protection des femmes, M. Kawamura a estimé qu’il fallait s’attaquer en premier lieu à la violence sexuelle en tenant leurs auteurs judiciairement responsables et en permettant aux victimes d’obtenir un recours judiciaire. Il a aussi jugé important de permettre aux femmes de jouer un rôle de leadership, faisant observer que la participation de celles-ci rendait leurs communautés plus résilientes, ce qui, a-t-il affirmé, empêchera l’infiltration de groupes extrémistes violents et mettra un terme à la spirale négative de la pauvreté et du conflit.

Se disant par ailleurs encouragé par la libération d’un groupe des filles de Chibok, le représentant a appelé à ne pas oublier que de nombreuses filles demeuraient captives et étaient utilisées comme armes de guerre par le groupe terroriste. Il s’est aussi inquiété du fait que même après leur libération, nombre d’entre elles étaient stigmatisées.

S’agissant de la République démocratique du Congo (RDC), il a salué le fait que des auteurs de viol fussent tenus pour responsables. Il a aussi souligné que pour assurer le succès des élections, il était essentiel que les femmes participent activement aux processus de prise de décisions.

Le délégué a ensuite annoncé que la réunion ministérielle de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique se tiendra ce mois-ci au Mozambique et que le Japon accueillerait à l’automne la quatrième Assemblée mondiale des femmes.

M. CARL SKAU (Suède) a souligné qu’aucune paix durable ne pourra être réalisée dans faire le lien entre les efforts déployés sur le plan humanitaire et sécurité ainsi qu’en matière de développement et de droits de l’homme. Il a aussi estimé que l’objectif de développement durable numéro 5 devait guider les efforts déployés par le Conseil pour veiller à ce que les besoins des femmes et des filles soient pris en compte.

« Rien ne doit être débattu au sujet des femmes sans les femmes », a notamment souligné le représentant, qui a averti que l’exclusion risquait de faire perdurer les conflits alors qu’une participation effective des femmes était essentielle pour la réalisation d’une paix durable.

Il a notamment parlé de la situation en République démocratique du Congo (RDC), se félicitant notamment des efforts déployés pour améliorer l’inscription des femmes au fichier électoral. Il a également salué les efforts en cours au Nigéria où, a-t-il relevé, les femmes occupent moins de 6% de sièges du Parlement et des tribunaux.

Le représentant de la Suède a en outre appelé à renforcer les efforts de lutte contre les crimes sexistes et sexuels, s’inquiétant par ailleurs du fait qu’au Nigéria et dans la région du lac Tchad, les victimes risquent également d’être stigmatisées en raison de leur association avec les insurgés ce qui selon lui, outre leur isolement, risque aussi de faire perdurer les conflits.

Le délégué a par ailleurs formulé l’espoir que la reddition, à la Mission pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), de Ntabo Ntaberi Sheka, qui est accusé d’avoir commis des viols multiples, contribuera à rendre justice aux 387 personnes qui ont été violées à Walikale en août 2010.

Le délégué a en outre estimé que la violence sexuelle et sexiste ne se voyait pas accorder suffisamment de place dans les rapports de l’ONU, appelant par ailleurs le Conseil à accorder davantage d’attention à ces types de transgression lors de la mise en œuvre de ses mandats. La Suède souhaite notamment que cette question soit prise en compte dans le cadre des régimes de sanctions, a-t-il indiqué.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a plaidé pour un renforcement du partenariat entre l’Union africaine et l’ONU à l’avenir. Il s’est déclaré favorable à un dialogue pour que les problématiques femmes, paix et sécurité soient intégrées à toutes les questions à l’ordre du jour du Conseil.

Très préoccupante, la situation des droits des femmes en République démocratique du Congo (RDC) et au Nigéria doit faire l’objet d’un suivi par une « agence spécialisée dépendante de l’Union africaine », a suggéré le représentant. Il s’est dit convaincu, lui aussi, qu’une paix pérenne ne pourrait être garantie sans répondre aux causes profondes des conflits.

La délégation s’est, en conclusion, félicitée de la création du réseau de leadership des femmes à l’initiative de la Commission de l’Union africaine et d’ONU-Femmes.

M. WU HAITAO (Chine) a estimé que la visite conjointe Nations Unies-Union africaine permettait à la communauté internationale de mieux comprendre la situation dans les pays concernés. La République démocratique du Congo (RDC) et le nord-est du Nigéria connaissent des situations gravissimes et complexes.

Pour la Chine, la communauté internationale devrait veiller de plus près à assurer la protection des femmes et des enfants dans ces régions en conflit. Elle doit inviter les différentes parties à régler leurs différends par des moyens pacifiques, lutter contre la criminalité économique et transfrontière, assurer l’accès humanitaire aux personnes qui en ont besoin.

Mais il faut aussi renforcer les capacités des pays concernés, dont les gouvernements sont les principaux responsables de la protection leur population, en leur apportant une assistance dans le respect de leur souveraineté.

La Chine souhaite par ailleurs un renforcement de la coopération entre les organes de l’ONU et entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a estimé que les échanges d’aujourd’hui attestaient de la nécessité, pour le Conseil, de prendre en considération de manière bien plus régulière et plus systématique, la défense des droits des femmes, la lutte contre les violences dont elles font l’objet, « mais surtout leur pleine participation pour la réalisation d’une paix durable ».

« Lorsqu’on néglige la moitié de l’humanité, on s’assure de voir des conflits perdurer », a-t-elle notamment déclaré, soulignant par ailleurs que la situation de nombreuses femmes était intimement corrélée aux réponses que le Conseil tente d’apporter aux menaces à la paix et à la sécurité.

S’agissant de la situation en République démocratique du Congo (RDC), la représentante a qualifié d’essentielles la tenue des élections et la mise en œuvre des mesures de décrispation politique prévues par l’accord du 31 décembre. Elle s’est aussi alarmée du « niveau insoutenable » de la violence dans les Kasaï et a appelé les autorités congolaises à coopérer pleinement avec l’équipe d’experts internationaux mise en place par le Conseil des droits de l’homme en juin dernier.

Elle a également appelé le Secrétaire général à mettre en place sans plus tarder un mécanisme spécial d’enquête pour faire la lumière sur la mort des deux experts du Comité des sanctions concernant la RDC. La représentante s’est aussi inquiétée de la situation humanitaire en RDC « qui atteint tout particulièrement les femmes ».

Au sujet de la région du bassin du lac Tchad, Mme Gueguen a rappelé que le Conseil s’y était rendu au mois de mars dernier et avait largement abordé la question des violences faites aux femmes, compte tenu de l’ampleur des crimes commis contre les civils par Boko Haram.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a salué les efforts déployés par le Nigéria contre les violences sexuelles commises par Boko Haram, y compris par l’entremise de programmes de réinsertion et d’appui aux victimes. Selon lui, la lutte contre ce fléau exige une coopération renforcée avec les pays de la région, avec l’appui de la communauté internationale.

Le représentant s’est ensuite élevé contre la stigmatisation des victimes de violences sexuelles, condamnant par ailleurs les « extrémistes » qui s’efforcent de légaliser le « viol religieux ». L’Égypte a également salué les progrès réalisés par les autorités congolaises, notant la création du poste de représentant personnel du Président pour les violences sexuelles et le recrutement d’enfants ainsi que la nomination de juges femmes et leur déploiement dans différentes régions de la République démocratique du Congo (RDC).

La délégation a condamné vigoureusement les violences sexuelles signalées dans les Kasaï ou encore dans le Sud-Kivu. Aussi M. Aboulatta a-t-il insisté en conclusion sur l’importance de mettre en œuvre la Stratégie nationale de lutte contre ces violences.

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a condamné dans les termes les plus fermes l’enlèvement, la traite des femmes, leur réduction au rang d’esclaves sexuelles et les autres mauvais traitements qui leur sont infligés par les groupes extrémistes et terroristes, y compris les actes haineux commis par Boko Haram dans la région du lac Tchad et notamment dans le nord-est du Nigéria. Il s’est félicité des efforts des Nations Unies pour améliorer la coordination interagences, le plaidoyer et les mesures d’appui au niveau national.

Pour le Nigéria, la recherche de solutions durables aux défis représentés par les violences sexuelles suppose que l’on traite des causes profondes des conflits et qu’on crée un environnement favorable à cette lutte en traitant les causes profondes des conflits que sont la pauvreté, la faim, les violations des droits de l’homme, l’injustice, le chômage, la corruption, l’impunité ou l’exclusion.

Les auteurs de violences sexuelles doivent être punis, mais il faut aussi répondre aux besoins d’État ayant des institutions trop faibles pour y parvenir par le biais notamment de la coopération multilatérale.

M. Itegboje a ensuite rappelé que les activités terroristes de Boko Haram avaient provoqué le déplacement de plus de deux millions de personnes. Le Nigéria a toujours agi pour assurer la redevabilité des auteurs de ces crimes, a assuré le représentant, qui a insisté sur la coopération de son pays avec les Nations Unies et autres partenaires internationaux pour améliorer les services aux communautés touchées et renforcer leur protection. Ces efforts se font en outre dans le cadre des opérations militaires du Nigéria pour affaiblir Boko Haram.

Le Nigéria a toujours été en première ligne pour promouvoir le rôle des femmes dans la paix et la sécurité. Il a lancé en mai dernier une version révisée de son plan national d’action pour assurer la mise en œuvre de la résolution 1325 et des autres résolutions pertinentes. Il a en outre pris des mesures pour déradicaliser les terroristes par diverses mesures afin de permettre leur réinsertion, pour lutter contre la propagande extrémiste ainsi que pour revitaliser l’économie en visant les personnes les plus touchées par l’extrémisme violent et le terrorisme, ou encore pour assurer la sécurité des écoles.

Il a jugé très importantes les mesures pour réinsérer les filles victimes d’enlèvement. Le représentant a également rappelé la politique nationale de l’enfant de son pays, ajoutant qu’il était en première ligne pour assurer la ratification et la mise en œuvre du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme relatif aux droits de la femme africaine, qui prévoit entre autre l’interdiction du mariage avant 18 ans.

Le Gouvernement nigérian honorera toutes ses obligations concernant les droits des femmes et des enfants, ainsi que le droit international humanitaire. Il a notamment mis en place, le 4 août dernier, une commission judiciaire nationale afin d’examiner les allégations de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire par des militaires.

Par ailleurs, le personnel militaire et paramilitaire a été renforcé dans les camps de personnes déplacées dans le nord-est du pays, afin d’assurer l’exercice de leurs droits par les femmes et les filles qui s’y trouvent et afin de s’assurer que les auteurs d’abus ou violences sexuelles soient jugés conformément au droit national.

Enfin, le représentant a souhaité une meilleure coordination entre les différentes agences des Nations Unies travaillant au Nigéria et une plus grande cohérence dans leurs travaux, afin de les rendre plus efficaces.

Reprenant la parole, Mme Amina Mohamed, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a dit que ce déplacement au Nigéria et en RDC était une « réaction », « nous voulions placer la vie au centre de nos préoccupations », a-t-elle dit. Elle a jugé important de commencer à réfléchir aux moyens de combler le fossé entre la réalité et nos aspirations », en soulignant la nécessité de se montrer « concrets » et de voir comment, avec l’Union africaine, nous pouvons changer les choses.

La haut fonctionnaire a annoncé que des missions similaires seraient effectuées à l’avenir dans des pays et régions, « en gardant à l’esprit que les contextes diffèrent », et en soulignant la nécessité d’un suivi après la visite « pour réaliser les promesses ».

Revenant sur les témoignages selon lesquels de la nourriture se monnaie dans des camps contre des faveurs sexuelles, Mme Mohamed a dit qu’il faut que les personnes qui s’occupent d’assurer la distribution de vivres dans les camps soient des femmes et non des hommes.

En outre, ce que les femmes veulent lorsqu’elles réintègrent leur communauté d’origine, ce n’est pas de la sécurité, mais un accès élargi au microcrédit pour financer des activités de développement au niveau local.

Enfin, a-t-elle ajouté, il faut faire traduire en justice tous les responsables des violences sexuelles.