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Conseil de sécurité: le Chef du Bureau de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest appelle à soutenir la lutte contre la « menace gravissime » du terrorisme

Countries
Mali
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Sources
UN SC
Publication date
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CS/12910
13 JUILLET 2017
CONSEIL DE SÉCURITÉ
8002E SÉANCE – MATIN

Face à la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest et au Sahel, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour la région (UNOWAS), M. Mohamed Ibn Chambas, a appelé, ce matin, le Conseil de sécurité à soutenir davantage les initiatives nationales et régionales contre cette « menace gravissime », en procédant notamment au renforcement de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.

Les efforts des États de la région en faveur du développement, des investissements dans les infrastructures et de la création d’emplois sont mis à mal par des facteurs d’insécurité « à la fois traditionnels et nouveaux », a mis en garde le Chef de l’UNOWAS. Le terrorisme et l’extrémisme violent, qui aggravent les crises humanitaires et érodent l’intégrité des États de la région, ont exacerbé les menaces traditionnelles en l’Afrique de l’Ouest et au Sahel. Ces facteurs, ajoutés aux changements climatiques, au chômage des jeunes et à l’urbanisation à tout crin, contribuent à l’intensification des migrations irrégulières et du trafic des êtres humains, a indiqué M. Mohamed Ibn Chambas aux membres du Conseil, qui étaient saisis du dernier rapport* du Secrétaire général sur l’UNOWAS, pour la période allant du 1er janvier au 30 juin 2017.

Au Sahel, a poursuivi le Représentant spécial, l’instabilité qui touche le Mali continue de se propager dans le nord-est du Burkina Faso et l’ouest du Niger, comme en témoignent les attaques meurtrières survenues récemment dans les zones frontalières entre ces trois pays. Dans la région du Liptako-Gourma, qui relie le Mali, le Burkina Faso et le Niger, le mois écoulé a été marqué par une intensification des activités terroristes et de l’extrémisme violent, y compris des attaques transfrontalières coordonnées contre des postes frontière.

Les dirigeants de ces trois pays, a poursuivi le Représentant spécial, se sont réunis à Niamey, le 24 janvier dernier, sous les auspices de l’Autorité de développement intégré de la région du Liptako-Gourma, une organisation régionale qui œuvre au développement de la zone. À cette occasion, ils ont annoncé la formation d’une Force de sécurité multinationale. Cette annonce, a ajouté M. Chambas, est intervenue dans le contexte des discussions en cours sur l’opérationnalisation de la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel (FC-G5S), une initiative qui regroupe également, en plus du Mali, du Burkina Faso et du Niger, le Tchad et la Mauritanie. M. Chambas a ainsi appelé le Conseil de sécurité à appuyer encore davantage les initiatives nationales et régionales des États du Sahel contre l’extrémisme violent et le terrorisme.

Dans le bassin du lac Tchad, a par ailleurs déclaré le Représentant spécial, malgré les efforts remarquables de la Force multinationale mixte contre Boko Haram, les attaques récentes ont démontré que le groupe terroriste demeurait une « menace gravissime » pour la région. Le mode et la sophistication de ces attaques, a-t-il ajouté, laissent à penser que le groupe terroriste a bénéficié de renforts. Ces attaques, a poursuivi M. Chambas, ont des « conséquences humanitaires dévastatrices » dans le bassin du lac Tchad, où 5,2 millions de personnes, dont beaucoup sont déplacées, se trouvent dans une situation vulnérable.

En janvier, a par ailleurs déclaré M. Chambas, l’insécurité qui règne dans les zones frontalières du nord du Nigéria et du Cameroun a continué de nuire au travail de la Commission mixte Cameroun-Nigéria. Le 31 janvier, un groupe armé non identifié a abattu quatre membres d’une équipe de suivi technique des Nations Unies qui réalisait une mission dans le cadre du mandat de la Commission. Le Représentant spécial a indiqué qu’une enquête était en cours et que l’ONU travaillait avec la Commission mixte pour renforcer les conditions de sécurité dans la zone.

La menace des groupes extrémistes et terroristes, a par ailleurs estimé M. Chambas, ne devrait pas occulter les autres menaces traditionnelles à la sécurité dans la région, y compris la montée des tensions intercommunautaires dans plusieurs pays, notamment les heurts entre éleveurs et agriculteurs, ainsi que l’intensification des activités de contrebande, de la criminalité transfrontalière et de la traite des êtres humains dans les zones où les structures étatiques sont peu présentes. L’insécurité, a-t-il dit, s’étend également au golfe de Guinée, où la piraterie est en augmentation.

Face à ces menaces, le Représentant spécial a estimé que la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel présentait une réponse multidimensionnelle efficace pour rationaliser les efforts et réduire les doublons entre les différentes initiatives au Sahel. Dans ce cadre, M. Chambas s’est dit prêt à continuer à travailler avec les États de la région pour renforcer la justice, l’état de droit, la réforme de la sécurité et la réconciliation nationale.

« C’est important que cela se fasse en coordination avec les organisations régionales », a souligné le représentant de la Fédération de Russie, citant l’Union africaine (UA), le G5S, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Commission du bassin du lac Tchad. Tout en appelant à renforcer les capacités de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, le délégué a indiqué que la priorité est de soutenir la région sans imposer « des modèles étrangers » aux États africains. « L’ingérence extérieure est inacceptable », a-t-il martelé, affirmant que l’une des principales causes de l’instabilité dans la région est l’intervention extérieure en Libye en 2011, un avis partagé par son homologue de la Bolivie.

Par ailleurs, les représentants de l’Uruguay, du Kazakhstan et de la Bolivie ont mis l’accent sur les progrès récents enregistrés dans la région, comme en témoignent, selon eux, la clôture de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), la transition politique en Gambie et la préparation des élections en Sierra Leone. « Les pays de la région font face à des difficultés considérables, mais leur volonté mérite le soutien de la communauté internationale », a déclaré le représentant de l’Uruguay.

* S/2017/563