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Vers des conditions d’accouchement plus sûres en Haïti

Countries
Haiti
Sources
ACTED
Publication date
Origin
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De jeunes enfants, patients du centre de santé de Cavaillon, dans le département du Sud, observent les allées et venues des ouvriers, attirés par leurs gilets orange fluo. Dans la salle d'attente, les mamans patientent avec leurs jeunes enfants, et autour d’eux, le personnel s’affaire. Le centre reçoit plus d'une quarantaine de patients par jour.

En Haïti, l'accès aux soins est difficile : seulement 60% de la population a accès au système de soins formels (médecins, hôpitaux, cliniques, pharmacies…), et la médecine traditionnelle est donc souvent sollicitée face à la maladie. Dans le domaine de la santé maternelle et infantile, la situation est particulièrement préoccupante : le taux d’accouchements assistés, c’est-à-dire avec l’intervention d’un obstétricien dans une salle d’accouchement suffisamment équipée, s’élevait à seulement 37,5% en 2012, et la mortalité materno-infantile demeure particulièrement importante.

Appuyer le développement des centres de santé materno-infantile

L'ouragan Matthew, qui a touché le Sud et la Grand’Anse en octobre 2016, a freiné le lancement des travaux de réhabilitation des centres de la région, en ajoutant des contraintes supplémentaires, entre dégâts considérables, contraintes logistiques, difficultés d’accès, de livraison et d’acheminement des matériaux, dans un contexte d’urgence généralisée. Avec les dommages causés par Matthew, les travaux de réhabilitation nécessaires ont pris une envergure plus importante que prévu initialement.

Haïti a aujourd’hui besoin de centres de santé avec une meilleure capacité structurelle et des équipements adéquats pour accueillir les patients et assurer un traitement efficace. Dans ce cadre, vingt structures de santé maternelle et infantile de référence dans les départements du Sud, de la Grand'Anse, et du Nord-Ouest vont faire l’objet de réhabilitations, dans le cadre d’un large programme de renforcement de la santé materno-infantile soutenu par l’Agence Française de Développement (AFD) et mis en œuvre par un consortium d’ONG franco-haïtiennes, coordonné par Médecins du Monde. Les équipes d’ACTED ont pris en charge les travaux de réhabilitation de ces centres de santé, et notamment l’équipement énergétique, de gestion de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement, ainsi que la construction d’une nouvelle salle d’accouchement. L’amélioration des capacités structurelles de ces centres permettra de garantir des meilleures conditions sanitaires et donc une prise en charge et un traitement plus efficaces.

À Cavaillon, une réponse à l’un des problèmes principaux : les mauvaises conditions d'accouchement

Nous avons rencontré l’équipe de réhabilitation menée par Mickerlange, responsable du projet pour le département du Sud, lors du premier jour des travaux dans l’un des centres de santé, à Cavaillon, près des Cayes (Sud). Malgré un ciel gris et pluvieux, les ouvriers se mettent au travail avec entrain. Mickerlange nous explique : « D'abord nous allons effectuer quelques travaux simples, pour améliorer la sécurité et l'accès au centre. Ensuite, nous allons construire une nouvelle salle d'accouchement, ainsi qu'une unité de gestion des déchets. Enfin et surtout, nous allons réhabiliter le système d'adduction en eau potable et d'électricité, grâce à l'installation de panneaux solaires qui rendront le centre autonome en énergie. À la fin du projet, nous formerons le personnel des centres de santé à la maintenance des lieux et à la gestion des déchets. »

L'administrateur du centre, Fito Ginuis, ne travaille normalement pas ce jour-là, mais il est venu observer le lancement des travaux et discuter avec le chef de projet. Il a accepté de répondre à quelques questions.

Pensez-vous que ces travaux répondront efficacement aux besoins du centre et de ses patients ? Êtes-vous satisfait de ce projet ?

FG : « Oui, je suis très content de ce projet, je pense qu'il répond bien aux besoins du centre de santé. L'évaluation initiale menée par ACTED ici avec le personnel du centre a permis cette adéquation. Vous savez, le plus important pour nous, c'est d'améliorer rapidement les capacités d'accueil du centre. Nous recevons beaucoup de patients, il est nécessaire d'avoir les moyens appropriés pour les soigner au mieux. »

Quelles améliorations cela entraînera-t-il pour l’accès aux soins materno-infantiles ?

FG : « Nous allons pouvoir répondre à un de nos problèmes principaux : les mauvaises conditions d'accouchement. Ici, même si beaucoup de femmes se rendent au centre de santé pour les consultations prénatales et post natales, elles ne viennent que rarement pour l'accouchement. Cela se passe alors chez elles, ce qui est dangereux pour la maman et pour le bébé. Souvent, elles font ce choix par ignorance, parce qu'elles ne connaissent pas les risques. Bien sûr, nous les sensibilisons au besoin d'assistance médicale lors des consultations prénatales. Mais le problème, c'est que le centre n'offre pas encore de bonnes conditions d’accouchement. Nous voulons donc encourager les femmes à venir nous solliciter, grâce à la nouvelle salle d'accouchement construite par ACTED, mieux équipée. Cela va aussi permettre de libérer de l'espace pour une salle de repos et de suivi pour les mères et leurs bébés. »

Avec ces améliorations, pensez-vous que les femmes de la zone prendront l’habitude de solliciter le centre pour l'accouchement et les soins materno-infantiles ?

FG : « Oui, je pense que c'est un premier pas vers cela en tous cas. Nous voulons renforcer la qualité et la quantité des soins disponibles au centre. Si les habitants le savent, cela peut initier une habitude durable. Plus les femmes auront confiance dans les capacités du centre, plus il y a de chance qu'elles fassent le choix de le solliciter pour leur santé et celle de leur enfant. Grâce au bouche à oreille, cette confiance peut se diffuser largement et avoir d'importants effets. »

Pour assurer la qualité des soins, vous aviez aussi besoin d'un meilleur accès à l'eau, l'électricité et la gestion des déchets.

FG : « Absolument, l'eau et l'électricité sont essentielles ! Nous pourrons enfin fonctionner le soir aussi, ce qui permettra de prendre en charge les mamans qui accouchent la nuit. Actuellement, dès que la nuit tombe, à 18h, l'accès aux soins pour les mères et enfants de la localité est malheureusement très compromis. Et nous ne serons plus contrariés par les problèmes de manque d'eau. Parallèlement, nous avons énormément besoin d'une meilleure gestion des déchets. Pour l'instant, nous avons juste une fosse à déchets et un petit incinérateur, mais il n'est pas fonctionnel. Or, certains déchets sont contaminés, et peuvent transmettre des maladies aux nouveaux patients. Ça ne sert à rien d'avoir un centre de santé si c'est pour que les gens tombent malades. Pour soigner, il faut un environnement sain. Grâce à l'unité de gestion de déchets, nous pourrons être sûrs de pouvoir faire notre travail correctement, et donc d'offrir un meilleur environnement de santé aux mamans et à leurs bébés. »