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L’Afrique centrale, une région en retard ?

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UNDP
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Ce rapport présente une analyse des dynamiques sous-régionales affectant les résultats du développement en Afrique centrale. Commandé pour servir de référence au PNUD et à ses partenaires en vue de leurs interventions, il est le premier d’une série programmée d’évaluations stratégiques sous-régionales.

POURQUOI UNE APPROCHE SOUS-RÉGIONALE ?

Les thématiques et les dynamiques sous-régionales exercent une forte influence sur les résultats du développement en Afrique. Les approches de la programmation et de la planification en faveur du développement en Afrique qui tiennent plus explicitement compte des dynamiques sous-régionales se justifient de plus en plus, ainsi que l’illustrent de façon tragique les conflits violents qui font rage en Afrique centrale comme ailleurs. Du Sahel aux localités menacées par Boko Haram dans le bassin du lac Tchad, en passant par la Corne de l’Afrique et l’est de la RDC, les conflits africains contemporains les plus graves présentent tous, sans exception, une forte dimension supranationale. Les groupes armés non étatiques se multiplient en réponse à différents facteurs, parmi lesquels : le sous-développement et les zones de non-droit des régions frontalières ; les frontières poreuses qui facilitent la circulation des armes et la contrebande de marchandises de valeur ; les liens d’identité qui unissent de nombreux pays ; et la pénurie de biens publics et d’institutions étatiques ou régionales en mesure de pourvoir aux besoins des citoyens.

Dans le même temps, les conflits engendrent une insécurité croissante, qui s’inscrit dans un climat mondial d’insécurité transnationale marqué par l’extrémisme violent, mais aussi des crises humanitaires, à l’image du nombre sans précédent de migrants et de réfugiés qui perdent la vie au large des côtes européennes.

Bien que l’importance des contextes sous-régionaux pour comprendre les conflits armés contemporains soit reconnue, les gouvernements ainsi que les partenaires internationaux accusent un retard systématique sur les activités des groupes armés menées de part et d’autre des frontières.
Cela démontre l’importance d’une analyse et d’un suivi plus proactifs, à l’avenir, des dynamiques sous-régionales.

Si le domaine de la paix et de la sécurité constitue un exemple criant de cette urgence, d’autres secteurs d’intervention et de planification du développement (économie, santé, environnement) sont également touchés et pâtissent de perspectives trop rigides à l’échelle des Étatsnations, qui risquent d’ignorer les défis et les possibilités propres au contexte sous-régional. Ainsi que l’affirme résolument la Commission de l’Union africaine (CUA) dans ses cadres économiques, son Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) et sa vision pour 2063 (unité, prospérité et paix), le renforcement de l’intégration et de la coopération régionales constituera un élément essentiel de la réussite du continent dans les temps à venir.

Les partenaires du développement qui tentent de répondre aux thématiques et dynamiques sous-régionales se heurtent toutefois à des obstacles, étroitement liés à leurs partenariats avec les gouvernements nationaux et les mécanismes de financement propres à chaque pays.
Ainsi, le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD), sur lequel le PNUD et les autres organismes du système des Nations Unies fondent leurs interventions, se base sur les plans nationaux de développement des États membres. Par sa perspective essentiellement nationale, le PNUAD constitue à ce jour un mode opératoire peu controversé et très répandu. Le système des Nations Unies n’est pas le seul aux prises avec les défis d’une action sousrégionale. Même si quelques partenaires du développement accordent depuis pas mal d’années une partie de leur aide au développement dans le cadre de programmes régionaux qui sont clairement circonscrits à l’une ou l’autre des sous-régions, il ne s’agit toujours que d’un volet mineur et moins établi des relations d’aide générales.

Lors d’une réunion des pays du Comité d’aide au développement de l’OCDE, en 2010, les ministres ont reconnu que la mise en œuvre des projets régionaux était souvent lente et épineuse, car elle suppose des négociations complexes entre les pays concernés, mais qu’il était important que l’aide internationale « [trouve] des solutions pragmatiques pour rassembler l’ensemble des parties prenantes de la coopération régionale ».

Au sein des organismes des Nations Unies, un certain nombre d’activités visent à s’adapter aux dynamiques transfrontalières et sous-régionales, y compris en Afrique centrale. Le Programme régional pour l’Afrique du PNUD exprime clairement l’importance d’une perspective régionale pour étayer et formuler les interventions en faveur du développement dans différents secteurs stratégiques en Afrique. Il a notamment adopté à cet égard cinq « principes de régionalité ». Cependant, il ressort tout aussi clairement des recherches menées pour ce rapport qu’il est possible d’aller encore plus loin dans ce domaine pour mieux s’adapter au caractère sous-régional des dynamiques de la sécurité et du développement. Ce document (ainsi que les évaluations sous-régionales ultérieures qui paraîtront en 2016) fait partie d’une réponse globale du PNUD à ces facteurs.