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Rapport sur le développement humain en Afrique 2016 : Accélérer les progrès en faveur de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes en Afrique

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UNDP
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Préface

Au nom du Bureau régional pour l’Afrique du PNUD, j’ai le plaisir de présenter le deuxième Rapport sur le développement humain en Afrique, consacré à la concrétisation accélérée de l’égalité des genres sur le continent.

L’égalité des genres n’est pas une priorité de développement nouvelle pour les pays d’Afrique. Son importance est depuis longtemps reconnue à l’échelle du continent.

En effet, l'Union africaine et son prédécesseur, l'Organisation de l'unité africaine, n’ont eu de cesse, des décennies durant, de militer en faveur des droits des femmes et des filles.

Ainsi, l’Union africaine a proclamé 2016 Année africaine des droits de l’homme avec une attention particulière sur les droits des femmes, alors qu’elle avait déclaré 2015 Année de l’autonomisation des femmes et du développement. Néanmoins, les progrès en matière d’égalité des genres ont été plus lents que prévu et irréguliers dans de nombreux pays africains.

Le présent rapport sur l’égalité des genres a donc pour objectif de recentrer l’attention sur ce qui demeure un défi de développement fondamental, alors même que l’Afrique connaît une période de transition économique, sociale et politique sans précédent. Le rythme rapide de la croissance économique de certains pays africains il y a quelques années à peine a été freiné par le récent ralentissement de la demande de produits de base au plan mondial.

Les troubles politiques et civils induits par les inégalités, les conflits localisés et les attentes non satisfaites continuent d'affecter de nombreux pays d'Afrique. En outre, l'épidémie d'Ebola de 2014 et les épisodes de sécheresse qui ont frappé l’Afrique de l'Est, l’Afrique de l'Ouest et l’Afrique australe en 2015/2016 montrent le degré de vulnérabilité et de fragilité des sociétés africaines, même celles qui sont en pleine mutation, face aux chocs imprévus et aux crises économiques.

Dans de telles conditions, les femmes africaines portent souvent, en tant que mères pourvoyeuses de soins et soutiens de famille, un fardeau bien plus lourd que celui des hommes.

Dans l'analyse qui suit, le rapport met en avant les progrès réalisés en matière d’égalité des genres, mais souligne également les insuffisances qu’il reste à combler et les défis à relever. Il fournit tout d’abord un état des lieux des avancées enregistrées en matière de développement humain sur le continent, en s’appuyant sur les différents indicateurs de développement humain du PNUD. En particulier, l'indice de développement de genre et l’indice d'inégalité de genre ont été privilégiés. Le rapport analyse ensuite plus en détail les comparaisons et les tendances propres à la dimension de genre en termes de santé, d’éducation, d’opportunités et d’obstacles économiques, de représentation politique et de leadership. Les causes profondes et sousjacentes des inégalités persistantes entre les hommes et les femmes font en outre l’objet d’une attention spécifique, notamment les images négatives véhiculées par certaines normes sociales, qui entravent la réalisation de l’égalité des genres ainsi que les dilemmes politiques auxquels les États africains sont confrontés dans leurs efforts pour concilier les normes juridiques et la jurisprudence avec les traditions et les coutumes sociales préjudiciables aux femmes.

Le rapport examine ensuite les politiques et approches institutionnelles adoptées par les États africains pour remédier aux inégalités entre les genres et accélérer l’autonomisation des femmes ainsi que la concrétisation de l’égalité des chances sur le plan économique, social et politique. Le propos est éclairé par des comparaisons établies, d’une part, entre les pays africains et d’autre part, entre l'Afrique et différentes régions en développement, telles que l’Asie ou l’Amérique latine et Caraïbes.

Le rapport présente, dans son dernier chapitre, un programme d’action reposant sur un cadre politique et stratégique qui place l’égalité des genres au cœur du programme de développement. Quatre grands « axes » sont proposés, qui offrent un cadre politique et programmatique susceptible d’accélérer la réalisation de l'égalité des genres et d’intégrer pleinement la dimension de genre dans le programme du développement au sens large :

• soutenir l'adoption de réformes juridiques, de politiques et de programmes visant à promouvoir l'autonomisation des femmes ;

• soutenir les capacités nationales pour promouvoir et accroître la participation et le leadership des femmes dans la prise de décisions au sein du foyer, de l’économie et de la société ;

• soutenir les capacités à mettre en œuvre des approches multisectorielles destinées à atténuer les impacts des pratiques de santé et d'éducation discriminatoires à l’égard des femmes ;

• soutenir les femmes dans leur lutte pour l’acquisition des droits de propriété et de gestion des actifs économiques et environnementaux.

La raison d’être de ces axes est fondée sur le principe selon lequel les gouvernements ne peuvent pas garantir que les progrès réalisés en matière de croissance économique et de développement humain soient pleinement inclusifs pour tous leurs citoyens et durables à long terme à moins de veiller à ce que les femmes bénéficient des mêmes possibilités économiques, sociales et politiques que les hommes, en passant d’une égalité des genres juridique à une égalité de fait.

Nous espérons que ce rapport stimulera la discussion et le débat sur cette question, qui demeure un défi essentiel et une opportunité inexploitée pour l’avenir de l’Afrique.

Abdoulaye Mar Dieye Administrateur assistant du PNUD et Directeur du Bureau régional pour l’Afrique