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Des ressortissants haïtiens sous menace constante de renvoi au Canada Spécial

Countries
Canada
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Sources
GARR-Haiti
Publication date
Origin
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Suite à des changements de la politique migratoire du Canada, près de 3500 ressortissants haïtiens se sont retrouvés, du jour au lendemain, sous la menace d’une mesure de renvoi. Une telle situation fait donc ressortir l’urgence de régulariser le statut de ces migrants haïtiens.

Au Canada, la diaspora haïtienne est estimée à environ 150 000 personnes, dont environ 75 000 résident dans la ville de Montréal, au Québec. Bon nombre de ces ressortissants n’arrivent pas à acquérir un statut régulier.

En 2004, en raison des violences et de l’instabilité faisant rage en Haïti, le gouvernement canadien mettait en place un moratoire sur les renvois de ressortissants haïtiens. Ce faisant, si un Haïtien se voyait refuser la résidence permanente ou le statut de réfugié sans toutefois poser un risque de sécurité pour le Canada, il pouvait demeurer sur le territoire canadien pour préserver sa sécurité. Ce moratoire a cependant été levé le 1er décembre 2014, lorsque le gouvernement conservateur a décidé d’accorder 6 mois aux Haïtiens sans statut pour faire une demande de résidence permanente.

Pour justifier la levée du moratoire, le gouvernement a affirmé qu’il n’existait plus de risque généralisé pour la population civile, puisqu’Haïti n’était pas en guerre, qu’il n’existait pas de conflits graves, et que les conditions générales de vie, la stabilité politique et le niveau de sécurité s’étaient grandement améliorés depuis 2004.

Cependant, parallèlement, le gouvernement recommandait aux Canadiens voyageant en Haïti de « faire preuve d’une grande prudence en raison du taux de criminalité élevé » et « des tensions politiques persistantes », en plus « d’éviter tout voyage non essentiel » dans certains quartiers de Port-au-Prince, jugeant que « les conditions de sécurité y sont particulièrement instables et dangereuses ».

Alors que le gouvernement conservateur exigeait de ces sans statut qu’ils remplissent une demande de résidence permanente, la plupart des personnes concernées par la levée du moratoire avaient déjà vu leur demande d’immigration ou d’asile rejetée par le passé. Aux yeux de certains d’entre eux, cette situation ouvrait la porte à des décisions rendues au cas par cas, et donc à une certaine discrimination quant à l’acquisition du statut.

Vers la fin de l’année 2015, alors que le nouveau gouvernement libéral du Canada attendait la venue de 25 000 réfugiés syriens, les ressortissants haïtiens sans statut vivaient toujours dans l’incertitude et la crainte d’être renvoyés à tout moment. Bien qu’ils saluaient l’initiative du gouvernement d’accueillir des réfugiés susceptibles d’être victimes de violences ou même tués, ils dénonçaient le fait que des Haïtiens établis depuis plus de 10 ans puissent parallèlement être forcés de retourner faire face au même type de persécutions dans leur pays. Confronté à ces allégations, le gouvernement a donc rétabli le moratoire sur les renvois le 10 décembre 2015 sans précision sur sa durée.

Bien que le rétablissement du moratoire en décembre dernier permette à ces ressortissants de demeurer sur le sol canadien, cette tranche d’histoire a démontré l’importance de régulariser le statut de tous les Haïtiens concernés par le moratoire. En effet, en attendant que le gouvernement canadien ne propose une réelle solution au problème des sans statut, ils demeureront à la merci des diverses politiques migratoires de différents gouvernements.