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Le Fonds CERF alloué à l'OMS a permis d'améliorer l'accès aux services de santé primaires et secondaires pour les nouveaux réfugiés et rapatriés congolais en provenance du Burundi, y compris les déplacés dans la Province du Sud-Kivu

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L'intervention sanitaire d'urgence a fortement soulagé les réfugiés burundais, les déplacés internes et les communautés hôtes, mais les besoins urgents demeurent de plus en plus nombreux, dépassant largement les ressources financières.

UVIRA/KINSHASA, 22 février 2016. L'insécurité croissante et la situation précaire au Burundi depuis la crise électorale remontant à la mi-avril 2015 dans ce pays ont contraint plus de 20.846 réfugiés burundais à traverser la frontière pour gagner la Province congolaise du Sud-Kivu. Selon le Haut-Commissariat des Nations-unies pour les Réfugiés (UNHCR), à la date du 5 février 2016, au moins 14.046 de ces réfugiés étaient délocalisés au site du regroupement de Lusenda, à plus ou moins 60 km plus au Sud d'Uvira. D'autres, estimés à 650 personnes étaient encore au camp de transit de Kamvivira, tandis que 5.300 d'entre eux, identifiés par la même agence onusienne vivent quant à eux dans des communautés d'accueil réparties dans les 6 zones de santé à savoir: Nyangezi, Lemera, Ruzizi, Uvira, Nundu et Fizi."Pour le moment, nous n'avons pas encore observé un mouvement de retour des réfugiés chez eux au Burundi, car le contexte de l'autre côté [du Burundi] ne semble pas encore favorable à un retour sûr et sécurisé", indique le Dr Aloïs Kapama, Médecin Chef de Zone (MCZ) d'Uvira. Selon lui, l'afflux continue, car "le HCR a récemment enregistré 726 nouveaux réfugiés entre le 12 janvier et le 5 février 2016". Cette région avait déjà enregistré une présence de plus de 9.000 anciens réfugiés burundais et plus de 8.000 déplacés internes dans la plaine de la Ruzizi, (Territoire d’Uvira) à la suite d'un conflit du pouvoir coutumier qui a dégénéré en affrontements intercommunautaires.

Pour faire face à cette situation humanitaire, quelques 612.000 USD du Fonds central pour les interventions d'urgence (CERF) avaient été alloués au Bureau de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) de la République Démocratique du Congo (RDC) pour lui permettre, avec l'ONG Médecins d'Afrique (MDA), son partenaire de mise en oeuvre de répondre aux besoins humanitaires et sanitaires critiques de ces réfugiés, ainsi que leurs communautés d'accueil dans le Sud-Kivu. Le but était de les aider à accéder gratuitement aux soins de santé afin de réduire leurs vulnérabilités et morbidité, d'autant plus que la Province du Sud-Kivu est endémique au choléra et tributaire de l'appui des partenaires internationaux pour faire face aux multiples épidémies qui la frappent de manière récurrente. Le projet couvre en effet 13 aires de santé à savoir: Bwegera, Kaboke II, Kamanyola, Kamvivira, Kenya, Kilomoni, Luvungi II, Luberizi, Mboko, Nazareno, Ndunda, Nundu et Rusabagi. "La faible couverture sanitaire de ces zones, la présence massive des déplacés et des réfugiés et l’absence des soins de santé primaires dans bon nombre de ces localités ont dicté le choix de ces zones prioritaires", explique le Dr Jean-Louis Nzita, Coordonnateur du Projet chez MDA dans le Sud-Kivu.

Depuis le début de l'année 2016 (de la semaine épidémiologique 1 à 5), un total de 826 cas de choléra avec 9 décès (taux de létalité de 1%) ont été notifiés dans 11 zones de santé du Sud-Kivu affectées, parmi lesquelles la zone de santé de Fizi (441 cas). Quant à celle de Ruzizi, elle est en épidémie depuis 5 semaines, notifiant 134 cas avec 4 décès (taux de létalité de 3%). "Cette forte létalité est due à l'insuffisance à la fois du personnel soignant au Centre de traitement du choléra (CTC) et des intrants de prise en charge médicale", note le Dr Eric Muhubiri, MCZ de Ruzizi. Il ajoute: "nous avons certes reçu à deux reprises l'approvisionnement en médicaments de la part de MDA fournis par l'OMS, mais la consommation est supérieure par rapport au nombre de réfugiés qui continuent d'affluer dans la zone".

Avec le financement du CERF reçu de l'OMS, MDA a pu réhabiliter trois Centres ou Unités de traitements du choléra dans certaines zones où les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) s'étaient retirées (notamment dans la plaine de la Ruzizi) pour renforcer la prise en charge médicale des réfugiés et des déplacés internes, particulièrement ceux qui ne sont pas dans le site de regroupement de Lusenda - situé dans la zone de santé de Nundu. Cette intervention sanitaire d'urgence permet ainsi de leur offrir des soins de santé primaire, couvrant également les besoins de la population hôte. Les deux partenaires fournissent des intrants et consommables qui manquent cruellement ainsi qu'une somme mensuelle de fonctionnement de plus de 250 dollars américains par structure. Une cinquantaine des prestataires de santé (42 hommes et 13 femmes) ont été renforcés en capacité sur la prise en charge intégrée des maladies de l'enfance (PCIME), la prise en charge du choléra et l’utilisation des ordinogrammes.

Dans le même temps, 77 relais communautaires locaux (49 hommes et 28 femmes) ont été également formés à cet effet au cours de cinq séances pour l'ensemble des zones ciblées. "Ce sont eux qui nous aident à identifier les nouveaux réfugiés et à les sensibiliser à venir se faire soigner gratuitement dans nos Centres", explique Dr Solange Nansoro, Médecin-Directrice du Centre hospitalier Croix-Rouge de Kilomoni, à Uvira. Depuis mi- avril 2015 à février 2016, au moins "21 accouchées réfugiées burundaises ont été prises gratuitement en charge dans la maternité de notre structure sanitaire", dit-elle.

Selon le rapport préliminaire à mi-parcours de MDA sur l'exécution du projet susmentionné, "au moins 12.945 patients ont été pris en charge au cours des deux premiers mois et deux premières semaines de janvier 2016; ce qui représente 4.183 (32,3%) réfugiés, 8.762 (67,7%) autochtones et 106 personnes vulnérables, tandis que 440 patients ont été référés aux structures secondaires pour une meilleure prise en charge". En outre, toutes les 13 structures sanitaires, y compris les 5 hôpitaux de référence ont bénéficié de la première dotation en médicaments de prise en charge, souligne encore le rapport.

A la fin du mois de février 2016, le projet CERF qui appuie les centres de santé et hôpitaux généraux de référence susmentionnés est sensé prendre fin, au terme d'une mise en œuvre de 4 mois, visant une assistance plus de 38.890 personnes. "Mais les besoins des réfugiés, particulièrement les 5.000 qui vivent dans des communautés d'accueil et les difficultés auxquelles ils sont quotidiennement confrontés sont toujours croissants" estime le Dr Constantin Makakala, épidémiologiste en charge des urgences dans l'équipe de l'OMS du Sud-Kivu. "Une aide supplémentaire et significative est toujours nécessaire pour les 6 prochains mois à venir, pour éviter que des communautés entières ne soient durement affectées par les épidémies de choléra ou de rougeole et le manque des soins de santé", ajoute-t-il. Selon lui, "c'est pour cette raison que nous avons entrepris une évaluation à mi-parcours avec notre partenaire MDA afin de voir comment le projet a été exécuté sur le terrain, et relever les gaps dans les 13 structures sanitaires qui organisent les services de première urgence grâce au soutien du CERF". L'OMS, à cet effet, voudrait s'assurer que la gratuité des soins de santé en faveur des réfugiés nouvellement arrivés dans la zone et leurs communautés hôtes est correctement mise en œuvre, au moment où les besoins humanitaires et sanitaires des nouveaux arrivants concernés continuent de dépasser largement les ressources financières.

Les réfugiés burundais vivant dans les communautés d'accueil sont plus nombreux dans la zone de santé rurale de Lemera, à mi-chemin entre la zone de santé de Kamanyola, près de la frontière rwandaise et la ville d'Uvira, au large du lac Tanganyika, en face Burundi. Un total de 2.172 réfugiés sont hébergés dans des familles d'accueil, selon UNHCR.

"En novembre 2015, 133 réfugiés étaient venus consulter dans notre centre de santé. En décembre, ce chiffre a presque triplé, atteignant 381 cas de consultation des réfugiés burundais, sur un total général de 610 consultations", précise Samson Kanyegere Bakomo, Infirmier titulaire du Centre de santé '8ème CEPAC de Luvungi II, dans la ZS de Lemera. Selon lui, "grâce à l'aide fournie par l'OMS via son partenaire MDA, le taux de fréquentation a été amélioré et les malades soulagés, particulièrement les réfugiés qui, avant l'arrivée de cet appui, restaient souvent à la maison en souffrant en silence". L'infirmier affirme qu'une nette amélioration du taux d'utilisation de service curatif a été observée. Avant octobre 2015, ledit service tournait autour de 11,5%. "Dès qu'on a reçu cette aide à partir du mois de novembre 2015, le taux d'utilisation du service curatif est passé à 16,7% en novembre pour atteindre 42,5% en décembre 2015", se félicite-t-il.

Une autre aire de santé regorgeant une population importante des réfugiés burundais est celle de Nyangezi, avec un total de près de 2.000 réfugiés jusqu'en janvier 2016. Sur le plan sanitaire, "les pathologies les plus fréquentes que nous enregistrons sont généralement des cas d'anémie, de gastro-entérite aiguë fébrile, des infections sexuellement transmissibles (IST), des infections respiratoires aiguës (IRA), de paludisme grave ou encore la diarrhée. Mais notre Centre de santé offre les premiers soins; nous éprouvons juste la difficulté de référer les cas les plus graves à l'hôpital, par manque d'une ambulance", indique pour sa part Jean-Pierre Mukulu Wa Kenge, Infirmier titulaire du Centre de santé de Kamanyola, à Nyangezi. Il ajoute: "l'approvisionnement en médicaments doit continuer; car s'il y a rupture de stock ou arrêt de ce projet CERF, nous ne saurions plus faire face à la prise en charge gratuite des réfugiés dont les besoins en santé sont de plus en plus croissants et urgents, particulièrement pour les personnes les plus vulnérables telles que les femmes, les personnes âgées et les enfants".

Il est essentiel de noter que l'OMS est un partenaire majeur du gouvernement de la RDC, travaillant à la fois en étroite collaboration avec le gouvernement provincial du Sud-Kivu, la Division Provinciale de la Santé (DPS), les autres partenaires (MDA, UNHCR, ADES et la Croix-Rouge de la RDC) pour venir en aide aux personnes vulnérables. Les fonds fournis par CERF à l'OMS ont permis à ses partenaires de renforcer le fonctionnement à un meilleur niveau des 13 structures sanitaires ciblées et d'améliorer l'accès aux réfugiés burundais, rapatriés congolais, déplacés internes et populations hôtes à des soins de santé gratuits et de qualité au cours de ces 4 derniers mois. Pour garantir la continuité de l'approvisionnement en médicaments à ces structures et assister davantage les personnes vulnérables susmentionnées, l'OMS poursuivra son plaidoyer auprès des donateurs potentiels dont CERF, afin de renforcer leur appui financier dans cette région du Sud-Kivu qui risque de voir un triplement en 2016 du flux de réfugiés burundais rejoignant l’Est de la RDC.

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L'OMS est très reconnaissante pour le financement généreux du CERF sans lequel la prise en charge des réfugiés burundais nouvellement arrivés dans le Sud-Kivu (Est de la RDC) depuis mi-avril 2015 allait être de plus en plus précaire. Ils sont nombreux les réfugiés qui disent ne pas être prêts à retourner de sitôt au Burundi tant qu'il n'y aura pas encore de paix dans leurs milieux d'origine.

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