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Sècheresse et érosion, ennemies de la pêche à Marigot

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MINUSTAH
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Marigot, 5 Octobre, 2015 – «Une journée sans le poisson, c’est une journée de désespoir», se lamente Edeline, 35 ans. «Ici, nous dépendons de la mer. C’est la mer qui nourrit nos enfants et paye l’écolage », explique cette mère de famille.

A environ trois semaines de la réouverture des classes, aucun de ses 5 enfants ne peut encore espérer se rendre à l’école, faute de moyens économiques

Edeline se trouve parmi une dizaine de femmes qui chaque matin à partir de 5h00 avec leurs récipients, viennent guetter, au bord de la mer l’arrivée des pêcheurs.

Partis généralement la veille ou depuis deux jours, les pêcheurs reviennent le plus souvent, bredouilles. Car cette année, «la situation est encore plus difficile que les précédentes» avoue Ti Jacques, 33 ans et père de 3 enfants. Il pratique cette activité depuis dix ans déjà.

Prévilon est dans la quarantaine. Il a quant à lui grandi dans les eaux de la contrée. Il sait exactement où se rendre et se positionner pour trouver du poisson. Mais depuis le début de cet été, rien ne semble aller pour le secteur de la pêche dont dépend pourtant la grande majorité des habitants de Marigot. Une commune située dans l’arrondissement de Jacmel, dans le département du Sud-Est d’Haïti, à environ deux heures de voitures de Port-au-Prince.

Pour pouvoir satisfaire ses nombreux clients et aider sa famille, Prévilon a dû partir loin à l’horizon. Contre vents et marées, avec son beau-fils, sur un petit voilier, il atteint parfois même les eaux frontalières dominicaines.

Des mesures pour éviter le pire

Philémon, jeune agronome de la zone, estime que cette pénurie de poissons provient de la sécheresse et de l’érosion. Car, souligne-t-il, «la terre ne nourrit pas seulement ses habitants mais aussi les êtres vivants de la mer». Il croit également que les types de matériels utilisés par les pêcheurs empêchent les petits poissons d’atteindre leur maturité.

Autres problèmes, la disparition des mangroves sur les côtes du Sud. Selon lui, la coupe continue des mangroves a entraîné la disparition de plusieurs catégories de poissons et de crabes. À cette situation, se sont ajoutées la salinisation des sols (terres devenant impropres à certaines cultures) et la violence des vents venant de la mer. «Des mesures doivent être prises afin d’éviter le pire», recommande-t-il. Dans ce reportage, pêcheurs et marchands de poisson lui donnent raison.

La pêche et l’agriculture en ont déjà sérieusement pâti ; et de nombreux paysans ont dû laisser leurs communautés pour venir s’établir dans les centres urbains et dans la capitale haïtienne. Ces déplacements, contrairement à leurs attentes, exacerbent les conditions de vie déjà médiocres de ces Haïtiens, tout en aggravant les situations de promiscuités et de violences dans les quartiers déjà désorganisés.

La population de Marigot compte une fois de plus sur l’Etat haïtien et la bienveillance des futurs décideurs devant sortir des élections de cette année pour se pencher sur son sort.

Texte : Anderson LAFORET